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Citations de Aimé Césaire (422)


Aimé Césaire
L’heure de nous-mêmes a sonné.

Aimé Césaire, Lettre à Maurice Thorez,
Paris, le 24 octobre 1956
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Ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n'ai que haine.
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Et ces têtards en moi éclos de mon ascendance prodigieuse !
Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance
ceux qui n'ont connu de voyages que de déracinements
ceux qui se sont assouplis aux agenouillements
ceux qu'on domestiqua et christianisa
ceux qu'on inocula d'abâtardissement
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Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations de l'humanité s'arrêtent aux portes de la négrerie ; que nous sommes un fumier ambulant hideusement prometteur de cannes tendres et de coton soyeux et l'on nous marquait au fer rouge et nous dormions dans nos excréments et l'on nous vendait sur les places et l'aune de drap anglais et la viande salée d'Irlande coûtaient moins cher que nous, et ce pays était calme, tranquille, disant que l'esprit de Dieu était dans ses actes.
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Au bout du petit matin, sur cette plus fragile épaisseur de terre que dépasse de façon humiliante son grandiose avenir — les volcans éclateront, l'eau nue emportera les taches mûres du soleil et il ne restera plus qu'un bouillonnement tiède picoré d'oiseaux marins — la plage des songes et l'insensé réveil.
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Bucolique

Alors tout doucement la terre se pousse comme une crinière, vire en manoeuvrant sa tête bien huilée de poulpe, roule dans sa cervelle une idée très visible à l'endroit des circonvolutions, puis se précipite à toute allure, emportant en un vol ténébreux de roches et de météores, la rivière, les chevaux, les cavaliers et les maisons.
Et cependant que l'argent des coffres noircit, que l'eau des piscines se gonfle, que les pierres tombales sont descellées, que la bucolique installe au creux une mer de boue qui indolemment fume le meilleur macouba du siècle, de gigantesques lumières fusent au loin et regardent, sous leurs casques de noir champignon, une colline, bon berger roux, qui d'un bambou phosphorescent pousse à la mer un haut troupeau de temples frissonnants et de villes.
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Oiseaux

l'exil s'en va ainsi dans la mangeoire des astres

portant de malhabiles grains aux oiseaux nés du temps

qui jamais ne s'endorment jamais

aux espaces fertiles des enfances remuées
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Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen

N'y eût-il dans le désert
qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas,
dans le désert n'y eût-il
qu'une graine volante qui rêve tout haut,
c'est assez,
rouillure des armes, fissures des pierres, vrac des ténèbres
désert, désert, j'endure ton défi
blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.
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Songe donc

nous savoir
dans la pluie dans les cendres dans le gué
dans la crue

nous savoir qui rêvâmes



sans chiffres ni rune
rué par monts et vaux
nous savoir ce coeur lourd

grand rocher éboulé infléchi du dedans
par l'indicible musique retenue prisonnière
d'une mélodie quand même à sauver du Désastre
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Précepte

C'est bien je ne rentrerai que sauvage hirsute d'épines
de chemins
par l'arc à trois portes des selves vigoureuses

exclu mais violeur des sanctuaires
et rentrant par le triomphant portail
de la mer défonçant par saccades la pudeur de la pierre

au ban du pain blanc de la fête des enfants
mais avec ma rare gueule rentrant la gueule du vent
mordant le buisson nu de son rare rire obscène

un pays noir c'est selon un noir sommeil fidèle
saoul du pur vin du lait noir de la terre
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Un rude animal qui, par l'élémentaire exercice de sa vitalité, répand le sang et sème la mort, on se souvient qu'historiquement, c'est sous cette forme d’archétype féroce que se manifesta, à la conscience et à l'esprit des meilleurs, la révélation de la société capitaliste.
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Chose significative: ce n'est pas par la tête que les civilisations pourrissent. C'est d'abord par le coeur.
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Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
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La Négritude, à mes yeux, n'est pas une philosophie.
La Négritude n'est pas une métaphysique.
La Négritude n'est pas une prétentieuse conception de l'univers.
C'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire : l'histoire d'une communauté dont l'expérience apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d'hommes d'un continent à l'autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine?
En faut-il davantage pour fonder une identité?
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Aimé Césaire
Lire, c'est boire et manger celui qui ne lit pas est comme un corps qui ne mange pas
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Et l’Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
il n’est pas vrai que l’œuvre de l’homme est finie
que nous n’avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu’il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l’œuvre de l’homme vient seulement de commencé
et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force…
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Caliban
Il faut que tu comprennes, Prospero:
des années j'ai courbé la tête,
des années j'ai accepté
tout accepté:
tes insultes, ton ingratitude
pis encore, plus dégradante que tout le reste,
ta condescendance.
Mais maintenant c'est fini!
Fini, tu entends!
Bien sûr, pour le moment tu es encore
le plus fort.
Mais ta force, je m'en moque,
comme de tes chiens, d'ailleurs,
de ta police, de tes inventions!
Et tu sais pourquoi je m'en moque?
Tu veux le savoir?
C'est parce que je sais que je t'aurai.
Empalé! Et au pieu que
tu auras toi-même aiguisé!
Empalé à toi-même!
Prospero, tu es un grand illusionniste:
le mensonge, ça te connaît.
Et tu m'as tellement menti,
menti sur le monde, menti sur moi-même,
que tu as fini par m'imposer
une image de moi-même:
Un sous-développé, comme tu dis,
un sous-capable,
voilà comment tu m'as obligé à me voir,
et cette image, je la hais! Et elle est fausse!
Mais maintenant, je te connais, vieux cancer,
et je me connais aussi!

Et je sais qu'un jour
mon poing nu, mon seul poing nu
suffira pour écraser ton monde!
Le vieux monde foire!
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Aimé Césaire
C'est là le grand reproche que j'adresse au pseudo-humaniste : d'avoir trop longtemps rapetisse les droits de l'homme, d'en avoir eu, d'en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste. Au bout du capitalisme désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l'humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.
Discours sur le colonialisme.
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En vérité...

la pierre qui s'émiette en mottes
le désert qui se blute en blé
le jour qui s'épelle en oiseaux
le forçat l'esclave le paria
la stature épanouie harmonique
la nuit fécondée la fin de la faim

du crachat sur la face
et cette histoire parmi laquelle
je marche mieux
que durant le jour

la nuit en feu la nuit déliée le songe forcé
le feu qui de l'eau nous redonne
l'horizon outrageux bien sûr
un enfant entrouvrira la porte...

(extrait de "Ferrements") - p. 379
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Le très distingué européen porte en lui un Hitler qui s'ignore .Ce qu'il ne pardonne pas a' Hitler ce n'est le crime en soi mais l'application aux blancs de procédés dont ne relevaient jusqu'ici que l'arabe d'Algérie .le coolie d l'inde .le nègre d'Afrique .
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