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Daniel Maximin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782757807040
200 pages
Points (28/02/2008)
3.71/5   29 notes
Résumé :

Ce volume se compose du recueil Ferrements (1960) et d'un ensemble parcourant un demi-siècle de poésie. On y retrouve toute la force de la "parole essentielle" de Césaire : une poésie où le lyrisme vient conjurer l'informe, où l'imaginaire des Antilles, la sensualité des images, la flambée des mots rebelles éclairent les rêves et les angoisses d'un nouveau monde à forger.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'imagerie qui se dégage de ces poèmes est forte, pleine des notes vibrantes des Antilles, mais sombre aussi, la nuit y est omniprésente :

« […] La nuit en feu la nuit déliée le songe forcé
Le feu qui de l'eau nous redonne […] »
Extrait de En vérité.

Sombre, de par ses messages engagés, des spectres de ce que l'humanité fait de pire contre son propre sein, son propre sang, l'esclavage, l'oppression, l'injustice :
« […] Ainsi toute nuit toute nuit
Des côtes d'Assinie des côtes d'Assinie
Le courant ramène sommaire
Toujours
Et très violent […] »
Extrait de Nocturne d'une nostalgie.

« […]va-t'en chien des nuits va-t'en inattendu et majeur à mes tempes
tu tiens entre tes crocs saignante
une chair qu'il m'est par trop facile de reconnaître […]
Extrait de Va-t en chien des nuits.

Sombre, du fait de la profondeur de l'abîme dans lequel il faut descendre pour ramener à la lumière de midi, à la conscience des gens, ces émotions dont il se fait le héraut et qui sont durs comme de l'onyx :
« […] Contre tout ce qui pèse valeur de lèpre
Contre le sortilège mauvais
Notre arme ne peut être
Que le pieu flambé de midi […] »
Extrait de Indivisible.

Au travers de ses poèmes, on voit toute l'implication que Césaire met dans ses mots pour faire parler les causes qu'il défend. Tributaire d'une époque, d'un contexte, chacun de ses textes fait pourtant montre de la force de son engagement. Césaire n'abandonne, ni ne diverge, les hommes libres, c'est son credo :
« […]Histoire je conte l'Afrique qui a pour armes
ses poings nus son antique sagesse sa raison toute nouvelle
Afrique tu n'as pas peur tu combats tu sais mieux que
tu n'as jamais su tu regardes les yeux dans les yeux
des gouverneurs de proie des banquiers périssables […] »
Extrait de le temps de la liberté.

Mais il souffre et sa poésie est un cri du coeur, et les poèmes les plus étranges de Ferrements, où les mots surchargent sans vraiment nous dévoiler le sens de l'ensemble, nous touchent pourtant de leur lyrisme, de leur rythmique grave, comme un gong, un glas, un tambour :

« […] Rien de remis
À pic le long des pierres
À pic le long des os
Du poids du cuivre des fers des coeurs
Venins caravaniers de la morsure
Au tiède fil des crocs
Des crocs […] »
Extrait de Des crocs.
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C'est la première fois que je découvre la plume de ce poète et homme politique français. Des poèmes plutôt engagés et surtout qui parcourent un demi-siècle de poésie pour retrouver l'imaginaire des Antilles et la flambée des mots rebelles éclairent les rêves et les angoisses du nouveau monde qu'il reste à forger à travers ce que l'humanité a fait de pire comme les guerres et l'esclavage.
Une belle oeuvre que je recommande à toutes et à tous.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Hors des jours étrangers


mon peuple

quand
hors des jours étrangers
germeras-tu une tête tienne sur tes épaules renouées
et ta parole

le congé dépêché aux traîtres
aux maîtres
le pain restitué la terre lavée
la terre donnée

quand
quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre
au carnaval des autres
ou dans les champs d’autrui
l’épouvantail désuet

demain
à quand demain mon peuple
la déroute mercenaire
finie la fête

mais la rougeur de l’est au cœur de balisier

peuple de mauvais sommeil rompu
peuple d’abîmes remontés
peuple de cauchemars domptés
peuple nocturne amant des fureurs du tonnerre
demain plus haut plus doux plus large

et la houle torrentielle des terres
à la charrue salubre de l’orage

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Bucolique

Alors tout doucement la terre se pousse comme une crinière, vire en manoeuvrant sa tête bien huilée de poulpe, roule dans sa cervelle une idée très visible à l'endroit des circonvolutions, puis se précipite à toute allure, emportant en un vol ténébreux de roches et de météores, la rivière, les chevaux, les cavaliers et les maisons.
Et cependant que l'argent des coffres noircit, que l'eau des piscines se gonfle, que les pierres tombales sont descellées, que la bucolique installe au creux une mer de boue qui indolemment fume le meilleur macouba du siècle, de gigantesques lumières fusent au loin et regardent, sous leurs casques de noir champignon, une colline, bon berger roux, qui d'un bambou phosphorescent pousse à la mer un haut troupeau de temples frissonnants et de villes.
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Viscères du poème

Angoisse tu ne descendras pas tes écluses dans le bief de ma gorge

Peur dans l'écheveau fou je n'aurai que faire de chercher en tremblant
le fil rouge de mon sang de ma raison de mon droit
le dur secret de mon corps de l'orgueil de mon cœur
une étoile de toujours se lève grand'erre et sans laisser de lie
s'éteint pour mieux renaître au plus pur
si tranchant sur les bords qu’Éclipse tu as beau faire infâme
moi le bras happé par les pierres fondrières de la nuit
je refuse ton pacte sa fureur de patience
et le tumulte debout dans l'ombre des oreilles
aura vu pour une fois sur la blancheur du mur
gicler la noirceur de viscères de ce cri sans oubli
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Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen

N'y eût-il dans le désert
qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas,
dans le désert n'y eût-il
qu'une graine volante qui rêve tout haut,
c'est assez,
rouillure des armes, fissures des pierres, vrac des ténèbres
désert, désert, j'endure ton défi
blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.
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Nocturne d'une nostalgie


rôdeuse

oh rôdeuse

à petits pas de cicatrice mal fermée
à petites pauses d’oiseau inquiet
sur un dos de zébu

nuit sac et ressac

à petits glissements de boutre
à petites saccades de pirogue
sous ma noire traction à petits pas d’une goutte de lait

sac voleur de cave
ressac voleur d’enfant

à petite lampe de marais

ainsi toute nuit toute nuit
des côtes d’Assinie des côtes d’Assinie
le couteau ramène sommaire

toujours

et très violent.

p.26
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