Citations de Alain Fleitour (91)
Elle voulait
serrer à chaudes mains le mari perdu,
et lui hacher des mots.
je la regarde craquer ses doigts,
comme des poings posés juste entre des mots.
Me manqueront ses genoux rouges,
et ses mains devenues bleues
La guerre élimine les vivants sans effacer les morts
Les morts auront la paix les vivants le remords.
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Qu’il est doux ce soleil
Qui fait poindre ses yeux
Sur les cœurs qui s’éveillent
Et se tiennent par deux
Des coeurs ont vu couler
Des grelots et des fleurs
Et leurs veines ravinées
D'où s'évade le bonheur
Dans ce temps qui s'égrene
Comme le refrain perdu
Les entraînent
Vers des ports inconnus
Je dénoue
Je dénoue mon écharpe,
Des mots s'échappent
Je voyage mes regards
Et le ciel de mes rêveries
S'élargit
Je tend la main
Le vent s'apaise
L'émotion me rejoint
Me culbute et je tombe
Sur les plis de tes tendresses
L'éclatement de tes désirs
M'ensevelit
Sur le lit de tes paresses
Je t’aime
Sur le silence de tes détresses
Je t’aime
Je t’aime comme le pas timidement posé
Sur la mousse rieuse
Je t’aime par-dessus l’écume des vagues
Langoureuses
Ils ont tiré à blanc ils ont dit qu'il était noir.
Le noir n'est pas rouge,
mais noir de colère,
un cri, une douleur,
un hurlement primal devant le corps inanimé
de son ami Prince Jones.
L'homme a peur
il est blanc comme un linge,
Il est noir la peur au ventre.
Une Colère Noire
La guerre élimine les vivants sans effacer les morts
Les morts auront la paix les vivants le remords
La guerre couve encore la haine est rancunière
La paix s’enfonce encore un peu plus dans l’ornière
La guerre ? Vous n’avez plus que cela à nous dire !
Foutez-nous la Paix !
Je ne perçois plus que ton absence
et des points douloureux,
qui forment une ligne étrange à travers mon corps,
des points d'acupuncture.
Ton inconsolable absence a tout contaminé,
comme un immense sanglot sur tout mon corps.
page 5
Il me semblait le connaître comme un ami d'avant.
Ses yeux brillants
sa main toute cabossée reflétait
sur sa peau noire
les fissures de l'aube...
Je me souviens j'avais six ans
Je marchais souvent dans cette allée
Bordée de talus aux pins noueux
Où la brise était chaude et légère...
Tu viens des sables
Des vents brûlés par le soleil
Des ciels chauffés à blanc
Des nuits peuplées d'étoiles...
La mer se déchaîne dans le silence des hommes,
les femmes et les enfants se serrent,
une psalmodie s’ouvre sur les lèvres des femmes
au rythme de la houle,
amplifie la fièvre
dompte le flot
perce le ciel.
Un fol espoir (Chap 1 partir)
L'étoile du berger
Les brebis émergeaient de la brume
Derniers jours avant les froids
Une torche effleura leur laine embuée de rosée
Le berger raccrocha de sa houe les étoiles
Une ombre un tourbillon de poussières
Sur les frémissements de l'aube
Sa cape noire tremble au vent
Sa main ouvre au loin la lumière
Lueur ouateuse sur un troupeau en éveil
Les agneaux se cachent
Eternels mendiants du ciel
Avec les gelées l'or des pâturages se fait rare
Du bout des lèvres la main respire la terre
Le froid sera bientôt là
Choisir le chemin d'Arès à Artienda franchir l'Aragon
On entend l'espoir des jeunes affamés
Les brebis s'enhardissent,
La grande plaine de Jaca s'ouvre
Le soleil atteindra son zénith
Des risées de latérite dessèchent les heures
Couleurs de vie
Chataigne les yeux d'Isham
Orge les mèches de Michel
Ebène les nattes de Wenjue
Coquelicot les lèvres de Carrie
Sépias les prunelles de Zulan
Miel la frange d'Angela
Prunes les boucles de Maryam
Ambrées les tresses de Kaouther
Vanillés les bras de Julian
Hortensias les pupilles de Marien
Rose de Noël les joues d'Hannah
Chocolats les joues de Khady
Toutes leurs mains lancent des pétales de rires
Petits cerfs volant brillants
Eclats de soleil dans ce ciel d'azur
La ruche.
Une petite main en caresse le volet.
Battements d’éternité
de petites lunes de miel
tombent
en bulles incandescentes d’ambre,
sur une large feuille de lierre
y dessinant un cœur.
(Lune de sang)
Aux Couleurs de l’automne
Caressé par les brises
Je retiens les essences
Du silence
Je respire
Des souvenirs de fleurs
Et ployant et déployant mes branches
Un frisson m’éclabousse
Au bout de mes doigts une feuille
Folle
Déploie ses bruns
En touches brûlées de terres
Rompt sa ligule
Se détache libre
Le vent enfin flirte avec ses dentelles
Son limbe à peine fardé rougit
L’iode s’épuise
Et déjà la farandole s’étire
Tu viens des herbes sauvages
Saturées de brûlures P18