Albane Mondétour

« Le passé ne meurt pas. Il fait le mort. L'oubli est transparent. Derrière lui le passé reparaît, plus mélancolique d'être insaisissable, de n'être qu'une ombre. »
 
Henri de Régnier.

Certaines photographies contenues dans l’appareil risquaient de faire tiquer les enquêteurs. Posséder ce genre de clichés de sa sœur adoptive n’était certes pas illégal, mais on n’aurait pas manqué de l’interroger sur le sujet. Il aurait fallu tout expliquer, tout détailler dans les moindres détails, or Gabriel n’était absolument pas disposé à évoquer sa relation avec Adèle, avec qui que soit. Ils n’avaient pas de compte à rendre.

Dans la vie, rien n’est tout blanc ou tout noir Adèle. Les gens biens commettent parfois des actes abominables, ou font des concessions sur leur vision du bien et du mal par amour.

Cinquante pourcents de chance. Elle avait basée l’intégralité de sa vie sur ce principe. Quelle ironie. Tout ça pour quoi ? Vivre vite, vivre fort, et sans regrets. Certes, elle n’avait pas de regrets, en revanche des remords… Adèle se laissa tomber sur le canapé en soupirant. Elle n’avait décidément pas envie d’y songer ce soir. Peut-être demain.

« Heureuse la famille, qui dans l’union la plus pure, coule au sein de l’amitié et de l’amour ses paisibles jours, et semble n’avoir qu’un cœur à tous ses membres ! Ô innocence des mœurs, douceur d’âme, antique simplicité, que vous êtes aimables ! »
 
Jean-Jacques Rousseau.

Elle rêvait, enfin elle cauchemardait plutôt. L’adolescente se revoyait au bout de la rue, observant la maison où elle avait grandit, son sac à dos se balançant mollement au bout de son bras. Ses jambes semblaient fixées au sol. Elle ne parvenait plus à bouger, ni à avancer. Comment les choses avaient-elles pu déraper ainsi ? Hier encore, sa vie était parfaite et paisible. Lola aurait tout donné pour revenir en arrière et revivre cette journée. La dernière avant que son monde ne s’écroule.