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Citations de Alexander McCall Smith (791)


Mma Ramotswe se demanda si son assistante parlait sérieusement. Mma Makutsi faisait parfois des remarques très particulières, mais elle n’avait encore jamais rien dit d’aussi ridicule. Voilà pourquoi la détective se dit qu’elle plaisantait et que la réaction à adopter était peut-être d’éclater de rire. En même temps, si elle s’esclaffait alors que son assistante était sincère, cette dernière s’en offenserait et il s’ensuivrait immanquablement une période de mauvaise humeur. Mma Ramotswe limita donc sa réaction à une question innocente :
— Les fourgonnettes ont des fantômes, Mma ? Vous croyez que c’est possible ?
— Je ne vois pas ce qui les en empêcherait ! rétorqua Mma Makutsi. Si les êtres humains en ont, pourquoi les autres choses n’en auraient-elles pas ? Sommes-nous donc si exceptionnels pour être les seuls à avoir des fantômes ? C’est ce que vous croyez, hein, Mma ?
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Mma Makutsi n’attendit pas que son employeur réponde à sa question.
— Cela signifie que l’une de vous a vu une chose que l’autre n’a pas vue.
Mma Ramotswe médita cette réflexion. Elle ne faisait guère avancer le problème, conclut-elle.
— Mais le fait que l’une de vous n’ait rien vu ne signifie pas qu’il n’y ait rien eu, poursuivit Mma Makutsi. Si elle n’a rien vu, c’est parce qu’en fait, elle n’a rien remarqué. Vous, vous avez vu une chose qu’elle-même n’a pas vue parce que cette chose n’était pas là, ou bien qu’elle n’était pas là de la façon dont vous pensiez qu’elle était là.
— Je ne suis pas sûre de bien vous suivre, Mma Makutsi…
Mma Makutsi se redressa.
— Cette fourgonnette, Mma Ramotswe, était un fantôme de fourgonnette. C’était l’esprit de la fourgonnette disparue. C’est cela que vous avez dû voir.
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Le livre de Clovis Andersen, lui semblait-il, consacrait un passage à ce genre de questions. Les Principes de l’investigation privée prodiguait une multitude de conseils dans tous les domaines, mais il était tout particulièrement pointu sur le sujet des indices et du recueil de témoignages. « Quand plusieurs personnes ont assisté à une même scène, avait écrit le grand expert, il est étonnant de constater combien de versions de cette scène l’enquêteur peut récolter ! Ce n’est pas que les gens mentent, mais chacun de nous voit le monde différemment. Un individu remarque une chose, un second en constate une autre, qui n’a aucun rapport. Et tous deux sont convaincus de dire la vérité ! »
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En temps normal, Mma Ramotswe aurait approuvé, mais elle s’en garda ce jour-là. Elle n’avait aucune envie de lancer Mma Makutsi sur le thème de la politique ou du comportement de la jeunesse, ni sur aucun des autres sujets qui inspiraient à l’assistante des opinions tranchées et parfois fort peu conventionnelles. Elle enchaîna donc en exposant la vision qu’elle avait eue de la petite fourgonnette blanche, puis rapporta sa conversation troublante avec la femme assise au bord de la route.
— Elle m’a soutenu dur comme fer qu’il n’y avait pas eu de fourgonnette, Mma, et je l’ai crue. Alors qu’en fait, je suis tout aussi certaine d’en avoir vu une. Je n’ai pas rêvé !
Mma Makutsi l’écouta avec attention.
— Donc, dit-elle, vous l’avez vue, mais pas elle. Qu’est-ce que cela signifie, Mma ?
Mma Ramotswe réfléchit.
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Mma Ramotswe reprit sa route et acheva d’accomplir les tâches pour lesquelles elle était sortie. Elle oublia la petite fourgonnette blanche jusqu’au moment où, de retour à l’agence, deux ou trois heures plus tard, elle mentionna l’incident à Mma Makutsi.
— J’ai vu quelque chose de très étrange ce matin, Mma, commença-t-elle en s’installant à sa table de travail.
— Cela n’a rien de surprenant, lui répondit Mma Makutsi de son bureau, à l’autre extrémité de la pièce. Il se passe beaucoup de choses étranges à Gaborone de nos jours.
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Je travaillais dans la police autrefois. Pendant trois ans, j’ai été policière. Seulement un jour je me suis fait mal en tombant d’un camion et ensuite, on m’a dit que je ne marchais plus assez bien pour rester. Qu’est-ce qu’ils peuvent être bêtes, quelquefois ! Ce n’est pas étonnant que les bars soient pleins de criminels qui se racontent tout ce que la police n’a pas fait ! Des malfrats qui boivent de la bière et qui se moquent. Voilà ce qui se passe à notre époque, Mma ! Sûrement qu’un jour, Dieu punira les dirigeants par la faute à qui ce genre de chose arrive.
Mma Ramotswe sourit.
— Vous avez raison, Mma. Ces délinquants mériteraient une bonne leçon !
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— Est-ce qu’une fourgonnette blanche est passée par là, Mma ? Pas une grosse… Une petite, à peu près de la taille de la mienne, mais bien plus vieille. Et blanche.
La femme fronça les sourcils.
— Quand ça, Mma ? Je ne suis là que depuis une demi-heure.
— Oh non, cela ne fait pas si longtemps ! C’était il y a deux ou trois minutes à peine. Quatre au grand maximum.
La femme secoua la tête.
— Non, Mma. Personne n’est passé par ici depuis au moins dix minutes, peut-être même plus. Et il n’y a eu aucune fourgonnette blanche. Je l’aurais vue. Je ne fais que regarder, vous comprenez.
— Vous en êtes sûre, Mma ?
L’autre hocha vigoureusement la tête.
— Sûre et certaine, Mma. Moi, je vois tout, vous savez. Je travaillais dans la police autrefois. Pendant trois ans, j’ai été policière. Seulement un jour je me suis fait mal en tombant d’un camion et ensuite, on m’a dit que je ne marchais plus assez bien pour rester. Qu’est-ce qu’ils peuvent être bêtes, quelquefois !
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— Les hommes oublient parfois ce genre de choses, commenta la détective. Ils disent qu’ils sont trop occupés pour faire ce que nous leur demandons, mais pour ce qui les intéresse, en revanche, ils ont tout le temps qu’il leur faut !

La femme se mit à rire.

— Comme vous avez raison, ma sœur ! Tenez, je les entends d’ici dire cela, avec cette voix que les hommes ont !
Mma Ramotswe se joignit à son hilarité, puis elle demanda :
— Est-ce qu’une fourgonnette blanche est passée par là, Mma ? Pas une grosse… Une petite, à peu près de la taille de la mienne, mais bien plus vieille. Et blanche.
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Une femme était là, assise sur une pierre au bord de la route, un petit balluchon renfermant ses affaires posé à ses pieds. Mma Ramotswe ralentit et la femme leva vers elle un regard interrogateur.
— Je suis désolée, Mma, lui dit Mma Ramotswe par sa vitre ouverte, mais ce n’est pas pour vous emmener là où vous avez besoin d’aller que je me suis arrêtée.
— Ah bon ? J’avais cet espoir, Mma, mais ce n’est pas grave. Mon fils m’a promis de venir me chercher et il va bien finir par arriver.
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Elle fronça les sourcils. Était-ce le fruit de son imagination ? Elle avait lu quelque part que les personnes en deuil revoyaient parfois leurs proches disparus ou se figuraient les revoir. Toutefois, elle n’était pas vraiment en deuil de sa fourgonnette, même si elle regrettait sa disparition. Elle n’était pas du genre à laisser une telle chose venir perturber son quotidien. Elle secoua la tête, comme pour tout effacer, puis, sur une impulsion, effectua un fulgurant demi-tour et s’engagea dans la rue où la fourgonnette blanche avait tourné.
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Son premier instinct fut de s’arrêter, ce qu’elle fit. Elle freina en braquant pour se ranger sur le bas-côté, soulevant un nuage de poussière et obligeant le véhicule qui la suivait à effectuer un écart rageur. Elle lui adressa un geste d’excuse – ce n’était pas le genre de conduite qu’elle-même approuvait chez les autres – avant de se retourner sur son siège pour jeter un coup d’œil à la rue où elle avait entraperçu le véhicule. Elle ne vit rien, aussi recula-t-elle de quelques mètres, afin de jouir d’une meilleure perspective. Mais non, la ruelle était déserte.
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Ce fut alors que, du coin de l’œil, elle distingua une forme qui ressemblait à sa petite fourgonnette blanche. Non pas simplement une fourgonnette blanche – ce type de véhicules était assez commun dans un pays où la couleur la plus prisée pour les voitures était le blanc. Non, en fait, ce qu’elle aperçut avait un air de sa fourgonnette, une allure particulière ou, pour ainsi dire, une façon de se mouvoir.
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Ce matin-là, qui venait au terme d’un hiver durant lequel, malgré la fraîcheur des premières heures du jour, un soleil clair et constant avait inondé le Botswana, Mma Ramotswe eut sur la route une vision : celle de son ancienne fourgonnette. Cela se produisit alors qu’elle passait devant le ministère de l’Eau, l’esprit occupé par une affaire à laquelle elle travaillait depuis un certain temps sans progresser d’un pouce, et qu’elle se demandait s’il ne serait pas judicieux de repartir de zéro, d’abandonner toutes les informations récoltées et d’aller revoir chaque personne concernée. Sans doute ce serait plus facile si…
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Elle avait ainsi gardé cette éventualité à l’esprit, enfouie parmi ces autres fragments d’espoir avec lesquels nous traversons la vie, sans y penser beaucoup, mais résolus à ne pas les laisser tout à fait s’évanouir.
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La petite fourgonnette blanche était partie à la casse et Mma Ramotswe avait pensé que c’était la fin. Peu après, cependant, une femme rencontrée au hasard de ses enquêtes lui avait appris qu’un neveu à elle avait racheté la fourgonnette et l’avait remorquée chez lui, près du Tuli Block. Il adorait bricoler, avait-elle précisé, et il pourrait sans doute obtenir quelque chose des pièces qu’il tirerait de la carcasse. Mma Ramotswe n’avait pu en écouter davantage. C’était là, certainement, un sort plus enviable qu’une destruction totale entre les mâchoires d’un prédateur, d’un broyeur de métaux, mais elle espérait malgré tout que le jeune homme qui avait acheté la fourgonnette pour ses pièces exercerait ses talents de mécanicien à la restaurer.
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Cette réalité s’appliquait aussi au transport : il y avait un monde entre voyager sur une autoroute en car climatisé, derrière des vitres teintées, et effectuer le même trajet sur une route de campagne, dans une charrette tirée par des mules, avec l’air frais du matin qui vous caressait le visage et les branches des acacias qui vous frôlaient de si près qu’il suffisait de tendre la main pour en toucher les feuilles délicates. Oui, la différence était immense.
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Mma Ramotswe avait tenté de lui manifester sa gratitude, mais sans grand succès. Certes, la fonction d’un véhicule était de vous transporter sans encombre d’un point à un autre ; pourtant, estimait-elle, ce n’était pas le seul aspect à considérer. Si la fonctionnalité était l’unique chose importante dans l’existence, cela ne nous gênerait pas de manger chaque jour des aliments dénués de goût, mais nutritifs – et toujours les mêmes de surcroît. Ce régime nous maintiendrait en vie, mais comme nos repas seraient ennuyeux !
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Il avait marqué un temps d’arrêt, la considérant avec l’expression d’un médecin s’apprêtant à annoncer une mauvaise nouvelle.
— Si bien que…
Il avait fait de son mieux pour la consoler, bien sûr, et lui avait acheté une nouvelle fourgonnette, superbe, bleue cette fois, avec un tableau de bord doté d’une enfilade de boutons qu’elle n’avait pas encore osé expérimenter et un moteur si discret que l’on pouvait croire, par moments, qu’il n’était pas allumé du tout et que seule la gravité ou quelque autre force mystérieuse la propulsait sur la route.
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— Un garagiste, Mma, avait-il déclaré avec solennité, n’a rien à voir avec un faiseur de miracles. Un faiseur de miracles est une personne qui… qui fait des miracles. Un garagiste, non. Alors quand, pour un véhicule, le moment est venu de mourir – et les véhicules sont mortels, Mma, je puis te l’assurer –, il ne peut pas agiter sa baguette magique et le transformer en voiture neuve.
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— Je ne suis qu’un garagiste, Mma Ramotswe, avait-il dit alors à son épouse. Un garagiste est une personne qui répare les voitures et les autres véhicules. Voilà ce que fait un garagiste.
Mma Ramotswe l’avait poliment écouté, mais son cœur, à l’intérieur, s’était mué en un bloc de terreur. Elle savait que le sort de sa fourgonnette était en jeu ; elle aurait préféré l’ignorer.
— Il me semble que je comprends ce que fait un garagiste, Rra, avait-elle répondu. Mais toi, tu es un très bon mécanicien, tout à fait capable de réparer une…
Elle s’était interrompue. Mr. J.L.B. Matekoni, si doux en temps normal, levait l’index.
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