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Citations de Alexander McCall Smith (785)


— Est-ce qu’une fourgonnette blanche est passée par là, Mma ? Pas une grosse… Une petite, à peu près de la taille de la mienne, mais bien plus vieille. Et blanche.
La femme fronça les sourcils.
— Quand ça, Mma ? Je ne suis là que depuis une demi-heure.
— Oh non, cela ne fait pas si longtemps ! C’était il y a deux ou trois minutes à peine. Quatre au grand maximum.
La femme secoua la tête.
— Non, Mma. Personne n’est passé par ici depuis au moins dix minutes, peut-être même plus. Et il n’y a eu aucune fourgonnette blanche. Je l’aurais vue. Je ne fais que regarder, vous comprenez.
— Vous en êtes sûre, Mma ?
L’autre hocha vigoureusement la tête.
— Sûre et certaine, Mma. Moi, je vois tout, vous savez. Je travaillais dans la police autrefois. Pendant trois ans, j’ai été policière. Seulement un jour je me suis fait mal en tombant d’un camion et ensuite, on m’a dit que je ne marchais plus assez bien pour rester. Qu’est-ce qu’ils peuvent être bêtes, quelquefois !
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— Les hommes oublient parfois ce genre de choses, commenta la détective. Ils disent qu’ils sont trop occupés pour faire ce que nous leur demandons, mais pour ce qui les intéresse, en revanche, ils ont tout le temps qu’il leur faut !

La femme se mit à rire.

— Comme vous avez raison, ma sœur ! Tenez, je les entends d’ici dire cela, avec cette voix que les hommes ont !
Mma Ramotswe se joignit à son hilarité, puis elle demanda :
— Est-ce qu’une fourgonnette blanche est passée par là, Mma ? Pas une grosse… Une petite, à peu près de la taille de la mienne, mais bien plus vieille. Et blanche.
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Une femme était là, assise sur une pierre au bord de la route, un petit balluchon renfermant ses affaires posé à ses pieds. Mma Ramotswe ralentit et la femme leva vers elle un regard interrogateur.
— Je suis désolée, Mma, lui dit Mma Ramotswe par sa vitre ouverte, mais ce n’est pas pour vous emmener là où vous avez besoin d’aller que je me suis arrêtée.
— Ah bon ? J’avais cet espoir, Mma, mais ce n’est pas grave. Mon fils m’a promis de venir me chercher et il va bien finir par arriver.
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Elle fronça les sourcils. Était-ce le fruit de son imagination ? Elle avait lu quelque part que les personnes en deuil revoyaient parfois leurs proches disparus ou se figuraient les revoir. Toutefois, elle n’était pas vraiment en deuil de sa fourgonnette, même si elle regrettait sa disparition. Elle n’était pas du genre à laisser une telle chose venir perturber son quotidien. Elle secoua la tête, comme pour tout effacer, puis, sur une impulsion, effectua un fulgurant demi-tour et s’engagea dans la rue où la fourgonnette blanche avait tourné.
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Son premier instinct fut de s’arrêter, ce qu’elle fit. Elle freina en braquant pour se ranger sur le bas-côté, soulevant un nuage de poussière et obligeant le véhicule qui la suivait à effectuer un écart rageur. Elle lui adressa un geste d’excuse – ce n’était pas le genre de conduite qu’elle-même approuvait chez les autres – avant de se retourner sur son siège pour jeter un coup d’œil à la rue où elle avait entraperçu le véhicule. Elle ne vit rien, aussi recula-t-elle de quelques mètres, afin de jouir d’une meilleure perspective. Mais non, la ruelle était déserte.
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Ce fut alors que, du coin de l’œil, elle distingua une forme qui ressemblait à sa petite fourgonnette blanche. Non pas simplement une fourgonnette blanche – ce type de véhicules était assez commun dans un pays où la couleur la plus prisée pour les voitures était le blanc. Non, en fait, ce qu’elle aperçut avait un air de sa fourgonnette, une allure particulière ou, pour ainsi dire, une façon de se mouvoir.
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Ce matin-là, qui venait au terme d’un hiver durant lequel, malgré la fraîcheur des premières heures du jour, un soleil clair et constant avait inondé le Botswana, Mma Ramotswe eut sur la route une vision : celle de son ancienne fourgonnette. Cela se produisit alors qu’elle passait devant le ministère de l’Eau, l’esprit occupé par une affaire à laquelle elle travaillait depuis un certain temps sans progresser d’un pouce, et qu’elle se demandait s’il ne serait pas judicieux de repartir de zéro, d’abandonner toutes les informations récoltées et d’aller revoir chaque personne concernée. Sans doute ce serait plus facile si…
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Elle avait ainsi gardé cette éventualité à l’esprit, enfouie parmi ces autres fragments d’espoir avec lesquels nous traversons la vie, sans y penser beaucoup, mais résolus à ne pas les laisser tout à fait s’évanouir.
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La petite fourgonnette blanche était partie à la casse et Mma Ramotswe avait pensé que c’était la fin. Peu après, cependant, une femme rencontrée au hasard de ses enquêtes lui avait appris qu’un neveu à elle avait racheté la fourgonnette et l’avait remorquée chez lui, près du Tuli Block. Il adorait bricoler, avait-elle précisé, et il pourrait sans doute obtenir quelque chose des pièces qu’il tirerait de la carcasse. Mma Ramotswe n’avait pu en écouter davantage. C’était là, certainement, un sort plus enviable qu’une destruction totale entre les mâchoires d’un prédateur, d’un broyeur de métaux, mais elle espérait malgré tout que le jeune homme qui avait acheté la fourgonnette pour ses pièces exercerait ses talents de mécanicien à la restaurer.
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Cette réalité s’appliquait aussi au transport : il y avait un monde entre voyager sur une autoroute en car climatisé, derrière des vitres teintées, et effectuer le même trajet sur une route de campagne, dans une charrette tirée par des mules, avec l’air frais du matin qui vous caressait le visage et les branches des acacias qui vous frôlaient de si près qu’il suffisait de tendre la main pour en toucher les feuilles délicates. Oui, la différence était immense.
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Mma Ramotswe avait tenté de lui manifester sa gratitude, mais sans grand succès. Certes, la fonction d’un véhicule était de vous transporter sans encombre d’un point à un autre ; pourtant, estimait-elle, ce n’était pas le seul aspect à considérer. Si la fonctionnalité était l’unique chose importante dans l’existence, cela ne nous gênerait pas de manger chaque jour des aliments dénués de goût, mais nutritifs – et toujours les mêmes de surcroît. Ce régime nous maintiendrait en vie, mais comme nos repas seraient ennuyeux !
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Il avait marqué un temps d’arrêt, la considérant avec l’expression d’un médecin s’apprêtant à annoncer une mauvaise nouvelle.
— Si bien que…
Il avait fait de son mieux pour la consoler, bien sûr, et lui avait acheté une nouvelle fourgonnette, superbe, bleue cette fois, avec un tableau de bord doté d’une enfilade de boutons qu’elle n’avait pas encore osé expérimenter et un moteur si discret que l’on pouvait croire, par moments, qu’il n’était pas allumé du tout et que seule la gravité ou quelque autre force mystérieuse la propulsait sur la route.
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— Un garagiste, Mma, avait-il déclaré avec solennité, n’a rien à voir avec un faiseur de miracles. Un faiseur de miracles est une personne qui… qui fait des miracles. Un garagiste, non. Alors quand, pour un véhicule, le moment est venu de mourir – et les véhicules sont mortels, Mma, je puis te l’assurer –, il ne peut pas agiter sa baguette magique et le transformer en voiture neuve.
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— Je ne suis qu’un garagiste, Mma Ramotswe, avait-il dit alors à son épouse. Un garagiste est une personne qui répare les voitures et les autres véhicules. Voilà ce que fait un garagiste.
Mma Ramotswe l’avait poliment écouté, mais son cœur, à l’intérieur, s’était mué en un bloc de terreur. Elle savait que le sort de sa fourgonnette était en jeu ; elle aurait préféré l’ignorer.
— Il me semble que je comprends ce que fait un garagiste, Rra, avait-elle répondu. Mais toi, tu es un très bon mécanicien, tout à fait capable de réparer une…
Elle s’était interrompue. Mr. J.L.B. Matekoni, si doux en temps normal, levait l’index.
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Mr. J.L.B. Matekoni, le mari de Mma Ramotswe, excellent homme, propriétaire du Tlokweng Road Speedy Motors et largement considéré comme le meilleur garagiste du Botswana, s’était attaché à traiter le problème de son mieux, mais il avait fini par se lasser de faire passer les amortisseurs d’un côté à l’autre pour équilibrer la tension exercée. Et puis, les choses s’étaient encore compliquées quand le moteur lui-même s’était mis à émettre un bruit sinistre, qui avait gagné en volume, jusqu’à la panne ultime.
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La fourgonnette de Mma Ramotswe l’avait bien servie, et elle l’aimait. Sa vie, pourtant, avait été pénible. Non seulement il lui avait fallu supporter la poussière qui, comme on le sait lorsqu’on habite dans un pays sec, peut tuer un véhicule par étouffement, mais ses suspensions avaient dû, en outre, se résigner à une surcharge persistante, du moins côté conducteur : il s’agissait bien sûr de celui où s’asseyait Mma Ramotswe, qui était – de son propre aveu et selon sa propre définition – une femme de « constitution traditionnelle ». Or une telle personne peut user même la plus coriace des suspensions, et c’était précisément ce qui s’était produit dans le cas de la petite fourgonnette blanche. Celle-ci, en conséquence, donnait en permanence de la bande sur la droite.
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Et, tout comme un être humain, une berline ou une fourgonnette a ses inclinations : il y a des choses qu’elle aime et d’autres qu’elle déteste. Une route bien goudronnée est un baume, tant pour l’homme que pour le véhicule, et le murmure de satisfaction qui s’ensuit peut venir à la fois de la voiture et de son conducteur. Une voie non pavée, qui dissimule derrière chaque tournant un nid-de-poule ou une chaîne montagneuse miniature, peut provoquer trémulations et grondements de protestation, même chez le plus conciliant des engins à moteur. Voilà pourquoi l’on peut pardonner aux automobilistes de penser que, sous le métal de leur véhicule, se cache une chose qui n’est guère différente de l’âme humaine.
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Pour les autres, ce n’est rien qu’une fourgonnette, mais pour celle qui la conduit, ce peut être une amie qui a fidèlement démarré chaque matin – sauf certaines fois –, qui a patienté pendant des heures devant la maison de maris ou de femmes adultères, qui vous a ramenée chez vous en fin d’après-midi, au terme d’une longue journée de travail à l’Agence N° 1 des Dames Détectives.
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La fourgonnette avait été sa compagne et son amie durant de longues années. Se peut-il qu’un véhicule – un assemblage de pièces mécaniques, d’écrous, de boulons, et même d’éléments dont le nom ne nous dit rien –, se peut-il qu’une telle chose soit une amie ? Certes, oui : il arrive que des objets matériels aient une personnalité, du moins aux yeux de leur propriétaire.
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La réminiscence de ce que nous avons perdu est un drôle de phénomène : des semaines, des mois, voire des années peuvent s’écouler sans que cela nous vienne à l’esprit et puis, tout à coup, un détail nous rappelle un ami disparu ou un objet que l’on affectionnait et qui a été égaré ou détruit. Et l’on se dit alors : Oui, j’avais cela et je ne l’ai plus.
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