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Citations de Alice Danchokh (16)


Contre l’insomnie, j’ai un remède simple : quarante-six gouttes de valériane, quelques pages du Dictionnaire de l’Opéra et la lecture attentive de recettes de soupes, de salades et de collations diverses. Il m’arrive, inspirée par ce que j’ai lu, de filer en pleine nuit à la cuisine pour réaliser une recette.
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......il est vraisemblable que la tante Sacha ait été naturellement intelligente et fine, dotée d’un humour des plus aristocratiques, d’un tact et d’une bonté hors du commun. Grand-père ne lui faisait qu’un reproche : elle se lavait les pieds dans une cuvette qu’elle utilisait ensuite pour préparer les repas –ce qui n’avait, d’ailleurs, aucune incidence sur la qualité des plats.
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Tandis qu’Anna Vassilievna et moi mettions le couvert, le dessert refroidissait à la cuisine. Grand-père et grand-mère arrivèrent de la gare. Les premiers convives s’extasièrent sur leur bronzage criméen. Tout était prêt pour le festin, ne restait qu’à découper le gâteau et à le faire passer du moule dans un plat. Entrant dans la cuisine, Anna Vassilievna et moi ne pûmes retenir un cri : notre matou prodigue était mollement allongé sur la tourte. Notre joie de le revoir au bout de trois jours d’absence le sauva in extremis d’un châtiment sévère. Mais comment faire pour le gâteau ? Allions-nous le jeter ? Nous n’osions imaginer le nombre de microbes –venant d’où ? –squattant son appétissante surface dorée. Priver nos invités de dessert ? Il n’en était pas question ! Le moustachu à longue queue fut, séance tenante, chassé de la cuisine, et la couche supérieure du gâteau soigneusement grattée au couteau. Les traces furent masquées par ce qui restait de gelée et parsemées de sucre glace. Sans rien soupçonner, nos hôtes mangèrent le dessert, en firent l’éloge, demandèrent la recette. Anna Vassilievna la leur donna bien volontiers, évitant seulement de mentionner la part active du chat. Et Pussy tint sa langue.
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Anna Arkadievna a récemment fêté son quatre-vingtdixième anniversaire. Quand je lui ai demandé quel cadeau lui ferait plaisir, elle a d’abord répondu qu’elle n’avait besoin de rien, puis s’est ravisée et a dit qu’elle n’aurait rien contre les œuvres complètes de Shakespeare, parce qu’un type célèbre et intelligent avait déclaré : « Si vous voulez tout savoir, lisez tout Shakespeare. »
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Mon grand-père maternel avait été longtemps sans se remarier. En 45, toutefois, envoyé en mission à Novossibirsk, il avait rencontré Anna, splendide cosaque de Sibérie, qui en avait fait son captif. Il n’avait pas tardé à changer sa défaite en victoire et avait ramené la belle à Moscou. Une véritable histoire de Cendrillon ! Le prince, en l’occurrence, avocat connu et cossu, offrait une vie nouvelle –forcément heureuse –à une modeste et laborieuse jeune femme, terriblement attirante. Outre un époux, une voiture « Pobieda », un manteau de loutre, un appartement de seize mètres carrés, avec tapis, meubles en noyer et vases de Chine, Anna trouvait dans la corbeille de mariage une belle-fille de dix-sept ans au caractère compliqué. Par bonheur, celle-ci ne tardait pas à se marier à son tour et à mettre au monde une fille, ajoutant à sa belle-mère le souci d’un nourrisson. On prétend que mon grand-père était en adoration devant moi. Planté devant mon couffin, il déclarait, sans le moindre tact, à son épouse et à sa fille : « Voilà la femme de mes rêves et de ma vie ! » En contemplant par la suite la photo de ce bébé maigre et chauve, aux grandes oreilles et au nez imposant, je me suis franchement demandée si grand-père avait toute sa tête.
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....les enfants s’adonnaient à tous les plaisirs des vacances....nous fréquentions régulièrement le cinéma en plein air. Les matinées ne proposaient pas uniquement des films pour enfants. Il y en avait qui convenaient parfaitement aux adultes, tels que Le Prix d’un homme1. Une fois, on donna même Scaramouche, avec Mel Ferrer dans le rôle principal. Le film nous fit à tous la plus forte impression et, dès le lendemain, nous nous armions d’épées et ne cessions de nous provoquer en duel, reprenant à notre compte la phrase du héros qui nous avait tant plu : « La forme de votre nez ne me revient pas. Demain, six heures, derrière la cathédrale. »
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Au milieu des années 1920, le monde occidental décida d’apporter son aide au jeune pays des Soviets. Des spécialistes de tout poil affluèrent pour redresser notre économie en pleine dégringolade. Un groupe d’ingénieurs britanniques arriva à Saratov. La ville se sentit aussitôt revivre, surtout sa partie féminine. Cette résurrection s’acheva par la construction d’un important site stratégique et par un nombre impressionnant de cœurs brisés. Notre tante Natacha, elle, réussit non seulement à préserver le sien, mais à capturer un cœur anglais. Elle entérina sa victoire par un tampon dans son passeport et un départ pour Londres.
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Trois ans avant le début de la perestroïka, la maison des vieux bolcheviks se fissura dangereusement et on nous dissémina tous d'urgence dans le quartier de Stroguino, en cours de construction. Les acteurs de la Grande Révolution d'Octobre encore en vie adressèrent au Comité municipal du Parti une lettre courroucée : alors quoi, c'est nous qui avons mis sur pied le pouvoir soviétique, et vous voulez nous chasser au diable vauvert, à Stroguino ? ! Ca ne se passera pas comme ça !
Et ça ne se passa pas comme ça. Tous les habitants de l'immeuble se sédentarisèrent au centre de Moscou. Grand-mère se retrouva rue Gorki.
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De nos jours, on trouve, toute l'année, une multitude de champignons, sous toutes les formes. Mais pour recréer l'authentique arôme du passé soviétique, des cèpes séchés s'imposent, dont je suggère de faire la sauce.
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On fêtait, cette année-là, le bicentenaire de Nicolas Gogol et l'idée avait été lancée d'organiser un dîner littéraire. Au menu, des plats inspirés des oeuvres du grand écrivain, accompagnés, bien-sûr, de citations.
L'estomac des convives en tira une satisfaction proche de la béatitude. Beaucoup me demandèrent les coordonnées du traiteur. Apprenant qu'à l'exception des charcuteries italiennes, j'avais tout préparé moi-même, aidée de mon employée de maison, les invités se répandirent en compliments et réclamèrent les recettes des plats qu'ils avaient le plus appréciés. Pour la première fois ce soir-là, il me fut suggéré de les publier.
Je promis d'y songer. Et tins parole. Toute maîtresse de maison a ses secrets culinaires, ses spécialités, ses préférences, ses livres de cuisine favoris.
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Il y avait, derrière la maison, un jardin potager, une grange toute en longueur qui servait de cuisine et, au bout du terrain la cabane des toilettes. Dans le potager régnait l'abondance (…) les arbres fruitiers donnaient aussi régulièrement. (…) Pendant la guerre, ces productions avaient été d'un grand secours.
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Les dames, échauffées par l’alcool, se remémoraient leurs origines villageoises pas si lointaines, elles formaient un cercle et chacune, à tour de rôle, venait danser au milieu, agitant un fin mouchoir et braillant des tchastouchki, ces petits poèmes sans prétention, pas toujours convenables, chantés ou criés, heurtant l’oreille des citadins, au son d’un accordéon campagnard. Deux de ces couplets me sont restés en mémoire, sans doute parce qu’ils contenaient des allusions coquines à des choses que mon esprit d’enfant ne saisissait pas tout à fait :
« Voilà que je vois dans la rue
Un coq qui chevauche une poule.
Alors, je crie : “Mais t’es maboul !”
Et le coq me montre son cul »
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Si Andersen avait vécu à Moscou dans un appartement communautaire, jamais il n’eût imaginé une marmite à clochettes chantant la vieille chanson du « Cher Augustin » et racontant qui préparait quel plat. Chez nous, même sans marmite, chacun savait tout sur tout le monde, et l’on fermait soigneusement les portes des pièces, afin de protéger un peu sa vie privée. Mais il était impossible de cacher qui mangeait quoi.
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Mais si tu violes les lois de la morale, épargne-nous, cher « grand auteur classique », ton hypocrisie et ta cagoterie. Au fond, il me fait un peu peur, Tolstoï, comme tous les gens sérieux, dépourvus du sens de l’humour et de l’autodérision. Les individus de cet acabit ne savent que créer des problèmes, il n’y a rien de bon à en attendre, tout un chacun a droit à leurs sermons et ils ne pardonnent rien. Bref, le nom du pilier russe de la littérature mondiale ne suscite en moi aucun frisson sacré, même si, en me regardant dans la glace, je reprends volontiers à mon compte les mots de sa chouchoute : « Quel ravissement que cette Natacha Rostov ! »
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Je relis régulièrement, avec un immense plaisir, les scènes paisibles de Guerre et Paix, dont je conclus à chaque fois que, tel Flaubert et Madame Bovary, Tolstoï s’est toujours reconnu dans la sincère – et un peu sotte – Natacha Rostov, et non, comme on le dit généralement, dans Anna Karenine qu’il détestait purement et simplement, dénonçant à travers elle l’affreux péché de luxure, avant de la précipiter, la malheureuse, sous les roues d’un train pour l’édification de ses contempo-rains et des générations futures.
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Contre l’insomnie, j’ai un remède simple : quarante-six gouttes de valériane, quelques pages du Diction-naire de l’Opéra et la lecture attentive de recettes de soupes, de salades et de collations diverses. Il m’arrive, inspirée par ce que j’ai lu, de filer en pleine nuit à la cuisine pour réaliser une recette.
Parfois, quand mon estomac crie famine, je me mets à raconter, pareille au héros du récit La Sirène de Tchekhov, quelles merveilleuses cuisinières étaient mes innombrables tantes et mamies. Je me lance dans l’alléchante description d’un délice de ma lointaine enfance. C’est ainsi qu’un jour, mon mari, ayant entendu le « récit de l’oie rôtie », que réussissait si bien ma grand-mère maternelle, proposa : « Pourquoi n’écrirais tu pas les souvenirs culinaires de ton enfance ? »
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