Notre construction de l’amour naît en partie de la vision que nous avons de nos deux parents, ou d’un parent, et de leur statut amoureux, vision à laquelle viennent ensuite s’ajouter les histoires de nos ami·e·s, avant que vienne l’heure de se lancer soi-même dans une quête amoureuse… sans qu’on sache vraiment à quoi s’attendre.
Les relations amoureuses et la sexualité, selon moi, ne sont pas des domaines faciles, ils ne sont ni évidents ni apaisants. Ils se nourrissent de nos traumatismes et de toutes nos blessures ; un chagrin d’amour peut entrer dans l’une ou l’autre de ces catégories selon la force de son impact, la façon dont tu t’es investie dans la relation, ce que tu y as laissé, ce qu’on t’a pris et ce que tu as donné.
Pourquoi ces relations se dégradent-elles ? Pourquoi l’intérêt disparaît-il ? L’amour, même ? C’est pourtant le sentiment le plus puissant qui soit, celui qui permet sans doute à nos sociétés de ne pas s’écrouler sous le poids de la haine.
L’amour, c’est se sentir vivante à travers le corps de l’autre, être épuisée le lendemain mais adorer cette fatigue et même y trouver un certain réconfort. C’est partager des morceaux de son histoire avec l’autre, partager un repas ensemble et avoir l’impression que c’est le meilleur repas du monde. C’est se projeter dans le futur, avoir envie de tout partager avec l’autre.
Parce que, aussi grand et beau que soit l’amour, il réveille les blessures de l’enfance, dépend de l’image que nous avons de nos parents, et parfois de nos schémas corporels. La vie réelle détruit l’amour : on tombe de haut quand on réalise que ce que l’on voit dans les films n’est pas aussi passionnant dans la vraie vie, quand ça nous arrive à nous.
J’ai cherché dans les yeux de certains hommes ce que je ne trouvais pas dans les miens. J’aurais tant voulu qu’ils transforment le dégoût que j’avais pour moi-même en un amour passionnel, qu’ils convertissent ma colère en relations sexuelles passionnantes dont j’aurais pu tirer un minimum d’amour-propre. J’ai eu ce besoin de plaire, de me faire belle pour quelqu’un, ressentant toujours une certaine insatisfaction après avoir passé un long moment devant le miroir.