Amal Tahir

L'idée n'est pas de survivre à ton cycle mais plutôt d'apprendre à vivre avec, ressentir ses différentes énergies et en profiter.

On dit souvent qu’il faut se projeter avec l’autre, je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça. Au tout début, tu ne sais rien de l’autre, ce n’est qu’une fois entrée dans une dynamique amoureuse que tu pourras commencer à te poser des questions et à te projeter dans le futur pour savoir si vous êtes sur la même longueur d’onde.

Il y a une vraie différence entre le fait de « vivre » à travers l’autre et le fait de changer pour s’en rapprocher. Faire évoluer son comportement ou ses centres d’intérêt pour se rapprocher de l’autre, ou encore découvrir d’autres aspects de sa personnalité grâce à l’autre, ça, c’est totalement ok. Lorsque je dis « qu’il faut se connaître avant tout », c’est d’un point de vue amoureux : définis ce que tu apprécies ou n’apprécies pas –, imagine-toi dans certaines situations pour pouvoir déterminer ce que tu tolères ou pas chez l’autre… Je l’ai déjà dit et je tiens à le répéter : savoir si ton partenaire comble ou non tes attentes prime sur l’intérêt que tu as pour lui.

La validation, ce besoin de toujours obtenir l’approbation de l’autre, peut également se manifester par des questions fréquentes – « Tu me trouves jolie ? », « Tu n’es pas déçu ? », « J’étais comment ? » – posées avec insistance, et qui par ailleurs sont biaisées parce qu’elles appellent chaque fois une réponse liée à ce besoin de validation. Mais tu sais, on peut s’aimer, être heureux en couple et pas d’accord sur tout ! Il faut faire la paix avec ça.

La passion, d’après Le Larousse, est « un amour considéré comme une inclination irrésistible et violente » ou encore « un état affectif et irraisonné qui domine quelqu’un ». De nombreuses personnes ressentant une passion émotionnelle (que j’ai l’habitude, dans ma pratique, de distinguer de la passion sexuelle) la traduisent, dans leurs comportements amoureux, par une sorte d’addiction à l’autre, une obsession.

L’amour évolue, non seulement dans son intensité mais aussi dans sa construction. Il est inutile de comparer deux ex, ce n’est jamais la même chose.

Lorsqu’on aborde les relations amoureuses en tenant compte de ces diverses prises de conscience, on peut ressentir une sorte de nostalgie, regretter ses amours de jeunesse autrefois animés par la passion. Beaucoup d’adultes aimeraient pouvoir, et ce pour toujours, aimer comme avant – autrement dit, avant la déconstruction.

C’est sûr qu’à l’âge de la puberté, on cherche surtout à appartenir à un groupe social, à « faire comme les autres », et à ressembler à celles et ceux qu’on voit sur les écrans – cinéma, télé, réseaux sociaux. On veut correspondre à l’image de ce que l’on consomme en pensant que c’est la réalité.

Si tu souffres de dépendance affective, tu iras vers des personnes qui stimuleront cette dépendance, te rendant malgré toi plus dépendant·e encore. Pour que personne ne vienne alimenter tes blessures, nourrir cette dynamique, il est absolument capital de savoir tout ce que tu renfermes, surtout ta part « sombre », et de bien faire la distinction entre tes propres failles et celles de la personne que tu rencontres, entre ton histoire et son histoire. Le fait de distinguer sa propre réalité et celle de l’autre est déterminant.

Aujourd’hui, je me laisse naviguer au gré de mes émotions et je n’ai plus besoin de personne pour me sentir vivante : au fond, c’est ce que je cherchais à travers mes relations. Aujourd’hui, c’est grâce à mes propres émotions que je me sens vivante, je n’attends plus de ressentir ça à travers l’autre. J’aborde les choses plus calmement, je réfléchis et j’analyse en me laissant guider : l’équilibre, c’est la clé.

J’avais envie que les hommes me trouvent belle, j’avais soif de leur validation. Je me rappelle qu’en arrivant à l’université, il y avait un garçon que j’appréciais énormément. Ce petit crush prenait beaucoup de place dans ma tête : tu sais, ce petit haut-le-cœur que tu ressens à chaque fois que tu le vois, ces moments volés où tu essaies d’attirer son attention, cette pulsion alors qu’il n’y a strictement rien entre vous. Bien sûr, mes copines m’encourageaient : « Il m’a regardée, on est d’accord ? », « Il est clairement amoureux, non ? »… Bien sûr, dans ces cas-là, tes copines ne veulent pas te décevoir et abondent dans ton sens.

Pour qu’une rencontre amoureuse se déroule sainement, il est très important de rester authentique : plus tu seras « vraie », plus la relation le sera. Mon expérience de coach me l’a appris : énormément de personnes mentent lors des premiers rendez-vous ; elles tentent de lisser leur image, une image qui plaira à l’autre et permettra de « passer le test ».

Parfois, ceux qui manquent terriblement de confiance en eux utilisent des agents externes pour se sentir mieux. Malheureusement, ces « agents externes » sont des humains, et c’est bien le nœud du problème. Pour reprendre ma métaphore vestimentaire, ce n’est pas la même chose que quand ta confiance en toi est en berne parce que tu ne te sens pas à l’aise dans ton corps, par exemple, et que tu décides de t’acheter une nouvelle robe… non.

Le plus important, en matière de sexualité, c’est de reconnaître ton désir et d’analyser tes motivations : si tu as envie de faire l’amour pour nourrir ton besoin de « validation » et que tu utilises le sexe uniquement pour gagner confiance en toi, alors tu n’es pas dans une sexualité saine.

Et c’est en suivant leurs envies – par exemple coucher dès le premier soir – qu’elles ont vécu leurs plus belles relations. Et cela ne signifie rien, finalement, même si nous avons toutes grandi avec cette peur d’être considérée comme une « fille facile ».

Elle pensait qu’un homme très beau – selon les normes sociétales en vigueur – était plus difficile à « garder », car des milliers de femmes en quête d’un mari étaient prêtes à tout pour mettre la main dessus… et le garder ! C’est ce mécanisme « j’épouse et puis je garde » qui demeure aujourd’hui (même s’il a évolué du point de vue du vocabulaire puisque le mariage n’attire plus autant) inscrit dans nos mentalités.

Tu remarqueras que quand les hommes sont infidèles, on dit souvent que c’est simplement pour assouvir un besoin d’ordre sexuel ou pour acquérir de l’expérience ; mais quand les femmes sont infidèles, ce geste est perçu comme bien plus grave car elles trompent, dit-on, par amour. En banalisant ainsi la tromperie de l’homme, on sacralise l’amour qu’il est capable de donner, puisque ça sous-entend que quand il aime, lui, il aime vraiment et très fort…

Une révolution amoureuse est nécessaire pour permettre à l’hétérosexualité de s’installer plus sainement, sans validation ni domination masculine. Un tel changement nous permettra d’établir l’égalité dans notre accès aux relations : si les hommes peuvent coucher quand bon leur semble sans être jugés, les femmes doivent pouvoir prétendre à ce droit ; s’ils peuvent décider de se marier quand ils le veulent, sans que personne ne leur dise « tu n’es pas un trop vieux pour ça ? », les femmes doivent pouvoir le faire aussi !

Il est utopique de croire que les relations amoureuses ne sont rien de plus que du feeling et des émotions. On rencontre quelqu’un et hop, d’un coup de baguette magique, on tombe amoureux, et c’est tout ce qui compte… Ce n’est pas ainsi que les relations se construisent sainement, car ces émotions ne sont qu’un élément auquel il faut ajouter le poids du patriarcat et les inégalités émotionnelles et relationnelles qui en découlent, autant de paramètres importants dans une relation hétérosexuelle.

Lorsque quelqu’un me plaisait, je pensais que c’était une faiblesse de le lui avouer. Je pensais que pour plaire, je devais mentir sur mon état émotionnel réel