Citations de Amal Tahir (46)
Une personne sous l’emprise d’une relation toxique reste avec son partenaire parce qu’elle n’a pas confiance en elle, parce qu’elle pense qu’elle ne vaut rien, et parce qu’elle croit que c’est ça, l’amour passionnel : elle a grandi avec l’idée ferme qu’il faut « se battre » pour qu’une relation perdure.
Enfin, il existe aussi un « effet miroir », que je nomme réponse toxique, à ne pas négliger. En effet, dans une relation à dynamique toxique, la personne la plus toxique va mettre en place des « habitudes » et l’autre va les accepter, les trouver attirantes, et va donc se positionner au même niveau et partager les mêmes énergies, aussi nocives soient-elles.
Il m’a fallu du courage pour admettre que je n’étais pas aussi saine que je voulais le croire. Je pense que j’ai mis des années à me poser cette question pourtant cruciale : « Est-ce que je suis saine dans mes relations ? » Je vivais un peu en pilotage automatique et j’ai dû me mettre à nu, pour moi, devant moi. J’ai alors disséqué plusieurs événements de ma vie et j’en ai pris la responsabilité.
Pendant longtemps, il a semblé normal de toucher les gens ou le ventre des femmes enceintes sans leur en demander la permission, ou encore d’insister auprès d’un enfant pour obtenir un bisou ; peu de choix s’offraient aux femmes quant à leur avenir dans ce monde où règne l’inégalité entre les sexes, ce monde où les personnes racisées et la communauté queer souffrent. Tu vois de quoi je parle ?
Ces souvenirs qui prennent brusquement place dans ta tête peuvent être un bon point de départ pour comprendre l’ensemble des schémas hétérosexuels que nous vivons quotidiennement…
La vie d’une femme est secouée par de fortes turbulences dès l’adolescence, avec l’arrivée des premières règles et des conflits, internes et externes, que ces décharges hormonales entraînent dans leur sillon. Vient alors le temps du doute : on se compare aux corps utopiques peuplant les magazines – et aujourd’hui les réseaux sociaux –, on se lisse les cheveux, puisque la société – semble-t-il – ne trouve pas ça joli autrement, on constate que nos seins poussent brutalement, sans savoir si ça nous aidera ou non à conquérir les hommes.
Au cours de leur adolescence, les femmes grandissent au sein d’une société qui semble prôner cette « validation masculine » qu’elles finissent par traduire ainsi : « Je dois être jolie, docile et douce, et surtout me contenter de ce qu’un homme me proposera, car je n’aurai pas mieux. »
Les relations amoureuses toxiques sont souvent les plus glamourisées, et surtout, malgré les nombreuses informations disponibles dans les médias et les livres, elles sont les plus dures à stopper, parce qu’elles renferment plusieurs dimensions très compliquées (à la différence de l’amitié, par exemple).
Ce n’est pas évident de détailler noir sur blanc les peurs qui t’empêchent de dire stop à une relation toxique, car tu crains alors de ne plus pouvoir aimer sincèrement l’autre, qui ne te le rendra pas en retour… Cette dynamique toxique ne te rend pas heureuse, elle ne te comble pas. Au contraire, elle est rythmée par des hauts et des bas, des cris, des pleurs, des séparations et des retrouvailles, une baisse brutale de l’estime de soi…
Généralement, lorsque tes choix s’alignent à ton être et que tu es guérie d’éventuels traumas, tu n’as pas ce genre de réactions. Malheureusement, beaucoup de personnes ont peur d’être seules ou « de finir seules », ce qui les empêche de sortir d’une une relation toxique. Mais d’où peut bien provenir cette peur ?
Pour beaucoup, il est important de se dire « en couple » en société, car il est compliqué de se présenter comme « célibataire », un statut parfois perçu comme un échec parce que synonyme de solitude, de rejet et de tristesse. Je tiens à te rassurer : le célibat n’est pas un échec.
En effet, Cassie est une femme qui cherche dans les yeux des hommes ce qu’elle n’a jamais trouvé dans ceux de son père. Elle a envie d’aimer sans limites, d’être acceptée par un homme. Elle est prête à tout ; si elle n’aime pas, elle ne se sent pas vivante.
Chaque personne réagit différemment aux manques, aux traumatismes et aux blessures. Mais ce que l’on veut nous faire croire à l’écran – et plus largement dans la société – c’est que les femmes qui ont grandi sans figure paternelle sont accessibles, faciles et ouvertes à la sexualité. Certains hommes adorent croire que les femmes qui ont grandi sans père sont plus fragiles ; ça les arrange bien.
En réalité, il n’existe pas de bon moment pour dire à l’autre « je t’aime », et qu’importe que tu le dises en premier ou non, ça ne te rendra ni plus faible ni plus fort. Le tout est d’être avec une personne qui ne te fasse pas ressentir que tu ne mérites pas son « je t’aime », et à qui tu n’auras pas peur de le dire : si tu es avec quelqu’un de sain, avec qui tu te sens en sécurité, tes émotions sont les bienvenues.
Pour construire une relation saine, la première étape est donc de se détacher de tous ces fantasmes amoureux qui naissent des histoires que diffusent nos petits et nos grands écrans, mais aussi de nos traumatismes et de nos blessures, qui nous poussent à combler un vide plutôt qu’à guérir.
Certaines personnes ne souhaitent pas être en couple, dans le fond. Elles veulent juste ressentir les émotions de manière puissante, aimer puissamment. Je pense notamment à l’une de mes coaché·e·s, qui m’expliquait souffrir d’une relation tout juste terminée répondant à un système dont elle n’arrivait jamais à sortir et qui l’empêchait de vivre une relation stable : elle rencontre un mec, ils deviennent amis, ils couchent ensemble, ils tombent follement amoureux, et puis… c’est je t’aime moi non plus, ce schéma se répétant sans fin.
Sans le savoir, on veut ressentir ce qu’on voit. Et finalement, lorsqu’on rencontre un homme qui nous entraîne dans une relation toxique, on finit par se dire que c’est normal, qu’il faut souffrir pour être aimée passionnément… une sorte de « il faut souffrir pour être belle » rapportée à la relation amoureuse.
Le fantasme amoureux répond, sans que l’on en prenne conscience, à une injonction, selon le même principe qu’avec le physique. On commence à s’imaginer avec des nouveaux seins, un ventre plus plat, mais sans passer à l’action dans un premier temps. Puis, à force de s’observer avec dégoût et sévérité dans le miroir, on tape sur Google « prix pour refaire ses seins », et on finit par passer le cap sans se poser les bonnes questions : « Est-ce que je le fais pour moi ? Est-ce un choix personnel ? » Le fantasme est rapidement devenu une injonction.
La vérité est la suivante : soit on s’aime et on veut être ensemble, soit on ne s’aime pas. Mais il faut réfléchir à tout cela avant la relation, et il faut être deux à se poser la question. Ce qu’il faut justement éviter, lorsqu’on construit un couple, ce sont les malentendus. Pousser la relation jusqu’à sa limite, c’est un enseignement typique des films : dans la vraie vie, lorsqu’on souhaite construire quelque chose de sain, de réel, on y a déjà souvent réfléchi, avant même d’être en couple.
Même muet, même en noir et blanc, le cinéma a toujours représenté l’amour passionnel. Et nombreux sont les films qui montrent comment les femmes sont sauvées par les hommes, combien elles ont besoin d’un mariage pour s’en sortir dans la vie, et comment la passion pénètre dans le corps humain. Ces films valident la relation amoureuse scène après scène et célèbrent cet amour magique, puissant, qui ne connaît aucune faille.