Amal Tahir

L'idée n'est pas de survivre à ton cycle mais plutôt d'apprendre à vivre avec, ressentir ses différentes énergies et en profiter.

On dit souvent qu’il faut se projeter avec l’autre, je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça. Au tout début, tu ne sais rien de l’autre, ce n’est qu’une fois entrée dans une dynamique amoureuse que tu pourras commencer à te poser des questions et à te projeter dans le futur pour savoir si vous êtes sur la même longueur d’onde.

Il y a une vraie différence entre le fait de « vivre » à travers l’autre et le fait de changer pour s’en rapprocher. Faire évoluer son comportement ou ses centres d’intérêt pour se rapprocher de l’autre, ou encore découvrir d’autres aspects de sa personnalité grâce à l’autre, ça, c’est totalement ok. Lorsque je dis « qu’il faut se connaître avant tout », c’est d’un point de vue amoureux : définis ce que tu apprécies ou n’apprécies pas –, imagine-toi dans certaines situations pour pouvoir déterminer ce que tu tolères ou pas chez l’autre… Je l’ai déjà dit et je tiens à le répéter : savoir si ton partenaire comble ou non tes attentes prime sur l’intérêt que tu as pour lui.

La validation, ce besoin de toujours obtenir l’approbation de l’autre, peut également se manifester par des questions fréquentes – « Tu me trouves jolie ? », « Tu n’es pas déçu ? », « J’étais comment ? » – posées avec insistance, et qui par ailleurs sont biaisées parce qu’elles appellent chaque fois une réponse liée à ce besoin de validation. Mais tu sais, on peut s’aimer, être heureux en couple et pas d’accord sur tout ! Il faut faire la paix avec ça.

J’avais envie que les hommes me trouvent belle, j’avais soif de leur validation. Je me rappelle qu’en arrivant à l’université, il y avait un garçon que j’appréciais énormément. Ce petit crush prenait beaucoup de place dans ma tête : tu sais, ce petit haut-le-cœur que tu ressens à chaque fois que tu le vois, ces moments volés où tu essaies d’attirer son attention, cette pulsion alors qu’il n’y a strictement rien entre vous. Bien sûr, mes copines m’encourageaient : « Il m’a regardée, on est d’accord ? », « Il est clairement amoureux, non ? »… Bien sûr, dans ces cas-là, tes copines ne veulent pas te décevoir et abondent dans ton sens.

Le fantasme amoureux répond, sans que l’on en prenne conscience, à une injonction, selon le même principe qu’avec le physique. On commence à s’imaginer avec des nouveaux seins, un ventre plus plat, mais sans passer à l’action dans un premier temps. Puis, à force de s’observer avec dégoût et sévérité dans le miroir, on tape sur Google « prix pour refaire ses seins », et on finit par passer le cap sans se poser les bonnes questions : « Est-ce que je le fais pour moi ? Est-ce un choix personnel ? » Le fantasme est rapidement devenu une injonction.

La vie d’une femme est secouée par de fortes turbulences dès l’adolescence, avec l’arrivée des premières règles et des conflits, internes et externes, que ces décharges hormonales entraînent dans leur sillon. Vient alors le temps du doute : on se compare aux corps utopiques peuplant les magazines – et aujourd’hui les réseaux sociaux –, on se lisse les cheveux, puisque la société – semble-t-il – ne trouve pas ça joli autrement, on constate que nos seins poussent brutalement, sans savoir si ça nous aidera ou non à conquérir les hommes.

Certaines personnes ne souhaitent pas être en couple, dans le fond. Elles veulent juste ressentir les émotions de manière puissante, aimer puissamment. Je pense notamment à l’une de mes coaché·e·s, qui m’expliquait souffrir d’une relation tout juste terminée répondant à un système dont elle n’arrivait jamais à sortir et qui l’empêchait de vivre une relation stable : elle rencontre un mec, ils deviennent amis, ils couchent ensemble, ils tombent follement amoureux, et puis… c’est je t’aime moi non plus, ce schéma se répétant sans fin.

Si tu souffres de dépendance affective, tu iras vers des personnes qui stimuleront cette dépendance, te rendant malgré toi plus dépendant·e encore. Pour que personne ne vienne alimenter tes blessures, nourrir cette dynamique, il est absolument capital de savoir tout ce que tu renfermes, surtout ta part « sombre », et de bien faire la distinction entre tes propres failles et celles de la personne que tu rencontres, entre ton histoire et son histoire. Le fait de distinguer sa propre réalité et celle de l’autre est déterminant.

Une révolution amoureuse est nécessaire pour permettre à l’hétérosexualité de s’installer plus sainement, sans validation ni domination masculine. Un tel changement nous permettra d’établir l’égalité dans notre accès aux relations : si les hommes peuvent coucher quand bon leur semble sans être jugés, les femmes doivent pouvoir prétendre à ce droit ; s’ils peuvent décider de se marier quand ils le veulent, sans que personne ne leur dise « tu n’es pas un trop vieux pour ça ? », les femmes doivent pouvoir le faire aussi !