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Critiques de Aminata Sow Fall (49)
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

« La grève des bàttu » de la sénégalaise Aminata Sow Fall est un délicieux conte satirique comme l'Afrique sait en raconter sur la valeur symbolique du don. Cette lecture m'a donné l'impression d'être témoin d'un cauchemar dans lequel le protagoniste court désespérément après un objectif, objectif de gloire qui peut à peu recule, perd son contour pour finalement disparaitre, notre protagoniste ayant tout fait pour parvenir à cette funeste fin. Une fable opposant deux extrêmes de la société : les mendiants d'un côté, les riches fonctionnaires à la tête du gouvernement de l'autre. Les pauvres, qualifiés parfois de « déchets humains » face à une soi-disant élite pour laquelle corruption et rêve d'ascension quel qu'en soit le prix sont les deux mamelles nourricières.

Un conte dans lequel l'auteure nous laisse également entrevoir la vie au Sénégal, notamment la vie trépidante des villes, l'animation colorée des marchés, la sérénité de ses villages, la place et le rôle des superstitions à travers la vénération faite aux marabouts ; elle distille également son militantisme pour la défense des droits de la femme africaine, notamment sa dénonciation de la polygamie ; elle y dénonce les travers des puissants ainsi que la corruption, mal qui semble toucher toutes les strates de la société.



« L'animation du Grand Marché : grappes humaines déferlant de toutes les directions appel des marchands ; vente à la criée, disputes et injures des badauds et des colporteurs, mais aussi éclats de rire ça et là ; tendres couleurs de fruits et légumes entassés le long des trottoirs ; teintes chatoyantes des objets multicolores qui garnissent les étals ; bigarrures des majestueux boubous des dames et des hommes qui déambulent autour du marché ».



Le don est au centre du livre, il est la morale de cette fable. Pourquoi donnons-nous aux plus pauvres ? Est-ce un acte réellement gratuit ? Qu'attendons-nous en retour ? du soulagement, une forme de reconnaissance, voire une place au paradis ? Ces questions-là sont subtilement posées par Aminata Sow Fall, de même que le livre se place du point de vue des mendiants. Peuvent-ils faire autrement que mendier ? Conservent-ils leur dignité en s'adonnant à la mendicité ? N'est-il pas plus digne d'essayer de travailler, de vendre même la plus futile chose, d'attendre que l'on nous donne au lieu de rendre la vie des citoyens impossible en ville, sautant sur le quidam au moindre feu rouge, devant les commerces, les lieux de culte ?

Dans la société sénégalaise décrite, ils sont en tout cas un maillon important de la société permettant finalement aux plus riches d'accomplir leur devoir religieux. Les plus riches ont besoin des plus pauvres par reconnaissance personnelle, sociétale et religieuse. Nous sommes bien dans le célèbre rapport du don et du contre-don qui est ici illustré de magistrale façon.



« Même ces fous, ces sans-coeur, ces brutes qui nous raflent et nous battent, ils donnent la charité. Ils ont besoin de donner la charité parce qu'ils ont besoin de nos prières ; les voeux de longue vie, de prospérité, de pèlerinage, ils aiment les entendre chaque matin pour chasser leurs cauchemars de la veille et pour entretenir l'espoir de lendemain meilleur. Vous croyez que les gens donnent par gentillesse ? Non, c'est par instinct de conservation ».



Les mendiants récoltent les dons à l'aide d'un bàttu, terme wolof désignant une calebasse. Mour Ndiaye est un ambitieux homme politique, un parvenu qui semble bien profiter de ses nouveaux privilèges. Suite à une circulaire ministérielle ordonnant l'assainissement des voies publiques, Mour souhaite débarrasser la ville de ses mendiants, ceux-ci effrayant les touristes tant ils sont nombreux et envahissants. Or la modernisation de la ville passe le développement du tourisme. Mour charge son subordonné, Keba Dabo, de cette opération, lequel va recourir à des méthodes tellement musclées que les mendiants vont finir par réagir à leur manière, excédés d'être battus mais bien conscients d'être un maillon important dans cette société africaine où le don aux pauvres est promu par la religion : ils vont faire grève c'est-à-dire cesser de mendier en restant cloitrés tous ensemble dans une maison aux abords de la ville à l'accès difficile. La solidarité se met en place grâce au système de tontine permettant de fournir abri, nourriture, chandelles à toutes et tous.

Mour pense avoir résolu le problème de cette mendicité chronique et se voit déjà promu vice-président ayant répondu à l'exigence du président. Or, la population est désormais désemparée car le don d'une partie de leurs revenus fait partie des obligations morales de tous bons musulmans. Finalement ce sont eux, les mendiants, les « déchets humains », qui auront le dernier mot dans cette histoire et qui vont décider de la destinée de Mour.



J'ai beaucoup aimé le style de l'auteure, son parlé poétique et si particulier, parfois parsemé d'expressions en wolof ; ce style est une belle plongée dans la culture africaine.



« Un soleil d'hivernage, à l'heure où les djinns prennent leur bain de chaleur, enfonce des pointes de flamme dans les chairs déjà meurtries. Sur les visages d'épave, la peur et la mélancolie ont appliqué un masque de terreur. Las d'être frappés, las d'être traqués, las de courir ».



J'ai apprécié les portraits de femmes que défend l'auteure, que ce soit le personnage de Lolli, épouse de Mour tiraillée entre la tradition de la soumission au mari que prônent ses parents et la modernité communiquée par sa fille qui n'accepte pas la polygamie et la soumission de la femme africaine, celui de Raabi, fille précisément de Mour et de Lolli qui met en valeur l'évolution des moeurs dans la jeune génération, ou encore celui de Salla, la chef de file des mendiants qui va sceller le sort de Mour. Toutes trois, à leur manière, jouent un rôle important.



Je dois la lecture de ce savoureux conte dépaysant à la fois drôle et dénonciateur à Francine (@afriqueah) ! Un grand merci pour cette découverte !

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L'empire du mensonge

Un livre d’une romancière sénégalaise qui écrit en français.

Les premières pages, un repas, une famille, tout semble parfait, dans un style scénario, chargé de métaphores..... une mise en scène théâtrale, qui d’emblée m’a un peu rebutée. Ce style trouve vite son explication par la révélation de l’origine du titre, "L'Empire du Mensonge", nom choisi par Borso, l'un des personnages féminins, pour désigner l'espace aménagé chez elle, destiné à accueillir des représentations théâtrales. Dans une société pourrie par la corruption et le mensonge, où à force de jouer des rôles, on oublie vite d'être soi, d'être vrai, l’écrivaine insère une histoire profondément humaine, celle de Sada Wada, de sa famille et de ses amis, des démunis qui partagent même ce qu’ils n’ont pas.....

Un petit conte sur l’importance de l’éducation, la fraternité, le partage,la chaleur et surtout de la dignité humaine. Une histoire qui fait rêver et fait du bien, un rayon de soleil dans un monde où le mal est monnaie courante. Aller à la rencontre de Sada, Taaw et Mapaté sous son fameux Tamarinier et apprendre quelques mots en wolof ne peut que vous enchanter.



“L’essentiel est que, jamais, vous n’oubliiez d’où vous venez.”

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L'empire du mensonge

Rechercher des romancières africaines, particulièrement d'Afrique Noire, est une expérience intéressante. Après 5 ou 6 résultats pertinents, on se retrouve rapidement avec des romanciers africains, la question du genre étant joyeusement abolie par le moteur de recherche qui décide sans doute que la requête est trop fastidieuse. Et il est vrai qu'elles doivent se battre pour se forger une place, ses femmes auteurs de romans, comme dans la plupart des continents du monde d'ailleurs.



Rencontrer la prose d'Aminata Sow Fall est donc une chance, elle qui fut parmi les premières à se lancer dans le grand bain, son premier roman Les revenants étant publié dès 1976. Elle bénéficie tout de même d'un certain terreau propice puisque la littérature sénégalaise est tout de même, parmi ses consoeurs africaines, celle qui a laissé le plus de place aux auteures, Maryama Ba à son époque ou Ken Bugul et Fatou Diome à sa suite. Par facilité, je la découvre via son dernier roman L'Empire du mensonge, paru lui en 2017.



Le roman s'attarde sur un groupe d'amis, dont l'histoire commune a forgé l'envie de construire leur pays sur leur propre labeur, en lutte avec l'hypocrisie, les magouilles et les compromissions ambiantes. L'histoire s'ouvre sur une réunion habituelle du groupe où on sent que le respect des valeurs partagés vient parfois se heurter aux réalités politiques du quotidien. On est intéressé à l'avance par la façon dont l'auteur va faire s'affronter idéaux et monde concret... mais on est ensuite plongé dans le récit de la constitution de ce groupe fraternel, en partant de la rencontre dans l'enfance, puis en se centrant sur l'évolution du personnage de Sada, celui-là même qu'on sent en difficulté au début du livre. L'auteur tisse habilement tout ce qui fait la construction de l'homme, ses liens familiaux comme sa formation scolaire ou pratique, les préceptes religieux, tout ce qui fait ce "d'où il vient" que son père l'incite à ne pas oublier. Un "d'où il vient" plus philosophique que géographique, ce socle de valeurs qui doit permettre de ne jamais se renier.



Tout cela est plutôt bien narré, avec un style fait de beaucoup de phrases nominales qui ne m'ont pas gênées dans la lecture, l'émotion passant parfaitement bien même avec une pénurie de verbes que l'auteur n'use que quand il s'agit de décrire brièvement certaines actions. le recours aux proverbes de sagesse populaire africaine est également agréable, totalement en cohérence avec le propos qui insiste sur la nécessité des racines, d'un ancrage qui empêche de vaciller quand le bateau tangue.



Cela ne peut que nous faire regretter que la situation tendue du début ne soit pas mieux exploitée car on en reste finalement à de grands principes certes essentiels pour imaginer une Afrique plus autonome et responsable de ses actes, sans rechercher une tutelle continuelle de grandes puissances ou chercher à accuser le passé. Le malaise de la scène initiale était finalement le plus intéressant à interroger, car c'est lui qui fait que toutes ces belles idées tardent à trouver une application concrète dans des pays dont les forces vives ne manquent pourtant pas. L'auteure a décidé de ne faire que l'effleurer, consciente peut-être elle aussi que le défi était bien dur à relever.
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L'empire du mensonge

"L 'Empire du mensonge" est un livre de la grande écrivaine sénégalaise, Aminata Sow Fall . Cette dernière est une femme de Lettres , pétrie d 'humanisme et d 'une grande sagesse .Son roman fut publié en 2017 .Il s'agit d 'un plaidoyer en faveur de l'éducation sous toutes ses formes .Le roman retrace le parcours de "petits gens" .Sada ,est un enfant dont les parents sont des villageois installés en ville pour fuir la sécheresse . Ces derniers vivent d 'abord dans un quartier populeux ,où il n 'y a ni électricité ,ni eau .Les inondations poussent le père de Sada ,Mapaté , un boudjou ( appellation péjorative d 'un fouilleur d 'ordures ) à se déplacer vers une décharge où il implante son taudis .Cette petite famille naufragée tente se construire une nouvelle vie dans une société dominée par l 'argent : une société mercantile .

l''Empire du mensonge permet à la romancière de relever les tares de la société sénégalaise voire du monde :"l'argent, le maître absolu aujourd'hui ".Elle stigmatise aussi "la paresse ,la tendance ici "," le manque d 'estime de soi ".

Aminata Sow Fall met généralement en scène des personnages engagés dans une quête

permanente de l 'ascension éthique et morale .La romancière pointe du doigt le manque d 'éducation ,la corruption ,...etc .

" La faute revient à nous tous qui n 'éduquons plus nos enfants ,occupés que nous sommes à courir derrière les

honneurs" , à tout prix . Aminata indique que

"L 'éducation n 'est pas simplement ,le fait de l 'école "et

rappelle qu 'elle est surtout façonnée à partir de la maison .Elle invite" à se ressaisir , et à bannir la haine , le mépris ,

l'injustice , les cruautés incroyables " .

Un très beau roman et une grande femme de Lettres et pourquoi pas une icone !
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

"La Grève des bàttu , ou, les déchets humains", est un roman de la grande écrivaine sénégalaise ,Aminata Sow Fall .Cette dernière est une militante des droits de la femme africaine . Cette dernière est brimée dans cette société matriarcale et surtout elle ne doit pas dire "Non" à l 'homme .Aminata est contre la polygamie ,entre autres .

" La Grève des bàttu ,ou,les déchets humains", est un roman à la fois une peinture de moeurs et une satire politique .Il met face à face deux extrèmes de la société : les démunis , les faibles ,les pauvres , les humbles ,les mendiants et de l 'autre côté les nantis , la supposée élite du pays :les grands fonctionnaires ; les autorités ou ceux qui commandent .Les récit est supposé se dérouler dans un pays imaginaire d ' Afrique mais plusieurs indices

laissent penser qu 'il s 'agit de Sénégal .Un des protagoniste du récit est Mour Ndiaye , un homme politique véreux , ambitieux et sans scrupule .Il veut débarasser la ville de ses mendiants .Pour activer cette opération ,il charge son subordonné zélé , Keba Dabo .Ce dernier recourt à des méthodes musclées et pense , ainsi ,arriver à ses fins .Alors , les mendiants s 'organisent et se révoltent à leur manière :ils font la grève et cessent de

mendier .Mais cette grève provoque le désarroi des habitants .Ces derniers sont dans leur majorité des Musulmans .Ces derniers , leur religion leur ordonne d 'attribuer une partie de leurs revenus aux pauvres c'est-à-dire faire l 'aumône .Et dans cette société , les gens qui veulent que leurs vœux soient exaucés doivent faire des offrandes aux marabouts qui à leur tour attribuent une partie aux mendiants .Mais ces derniers ont déserté les lieux .Mais une ville sans mendiants est un non-sens .Mour Ndiaye qui pensait débarrasser la ville de ses mendiants et rendre ainsi la ville agréable aux touristes, doit s 'avouer vaincu car il pensait qui si son opération réussissait , il allait accéder au poste de vice-président de l 'Etat .Les vainqueurs de cette confrontation sont les humbles , les sans-grades .

" Avec humour , avec gravité aussi , Aminata Sow Fall dénonce dans ce roman les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles ,du Sénégal ou d 'ailleurs".

PS :le bàttu : mot wolof désignant la calebasse servant de

d 'obole ou de sébile aux mendiants .















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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Qu’est ce que donner ? En donnant, ne nous faisons pas, en premier lieu, plaisir ? en donnant n’attendons- nous pas un retour ? et lorsqu’on donne à ceux qui ne peuvent rendre, n’attendons nous pas, pour le moins, une reconnaissance ?

Marcel Mauss a étudié ce potlatch, échange avec obligation de réciprocité accumulée, donner prouvant le pouvoir de celui qui donne, contraignant le bénéficiaire, s’il ne veut pas se sentir déclassé, à recevoir et à rendre, ceci pas seulement dans les iles Trobriand, étudiées par Malinowski : mais, oui, si on invite 4 ou 5 fois des « amis », et que ce n’est pas suivi d’une invitation, ni même d’un merci, on s’arrête là.



Le thème principal du livre -génial- « la grève des bâttu », par une grande dame de la littérature africaine, Aminata Sow Fall, la plus grande selon Mabanckou, analyse le rapport des pauvres et des riches, ces derniers ayant besoin des premiers : pour exalter leur bonté, pour l’exhiber, pour en tirer des profits.

Transposition au Sénégal de la dialectique maitre et esclave , dans la Ville, pas nommée ,mais nous savons que Léopold Sédar Senghor avait décidé , dans les années 1970, de traquer les mendiants des rues de Dakar, même si Aminata Sow Fall en a nié le rapport avec son livre.

Dans la Ville, donc, un fonctionnaire, Mour Ndiaye, désirant monter dans la hiérarchie fait exécuter l’évacuation de tous les mendiants, estropiés, aveugles, vieillards en guenilles, femmes avec bébés.



Opération réussie: les pauvres mendiants, lassés d’être battus et chassés, se sont regroupés à l’extérieur de la ville.



Opération réussie surtout pour les pauvres, qui , eux, ont compris que mieux valait se tenir à la périphérie, car ce sont les riches qui ont besoin d’eux. Ils refusent d’être traités comme des chiens plus longtemps, ils font la grève de la mendicité ( en réalité, ils reçoivent encore plus, des cars entiers de « donneurs » se rendent dans le quartier des « Parcelles Assainies »).



Car donner aux pauvres est une règle morale dans l’Islam, et si, comme dans le roman, cette règle se double de la perspective d’une promotion politique, il est urgentissime de donner.

Et si on ne peut plus donner, alors pas de poste de vice-Président de la République prévue par le sorcier.

Catastrophe.

Sans les pauvres comme receveurs devant Dieu, votre bonté ne peut être prouvée.



Analyse tellement fine , que le bras droit de Mour, Kéba Dabo, probe, et obligé d’obéir aux ordres, a connu, lui, la pauvreté : il a vu sa mère se débattre contre la faim de ses propres enfants. Elle n’a jamais voulu se compromettre. Au lieu d’accepter la mendicité, avec les remerciements à la clé qu’elle aurait dû fournir, et les humiliations qu’elle aurait dû subir, elle a traversé la misère la tête haute, en faisant bouillir des marmites d’eau sans manioc…. Kéba , maintenant fonctionnaire, n’accepte pas de constater l’invasion des porteurs d’une calebasse, le bâttu, autour des voitures au feu rouge, essayant de faire pitié, rendant la vie des citoyens normaux impossible.



« Ton et originalité remarquable avec un regard éloigné de celui de ses consoeurs, empêtrées dans les thématiques attendues de la condition féminine, de l’excision, de la polygamie, de la dot ou de la stérilité » écrit Mabankou dans son Discours inaugural au Collège de France.

Polygamie, il en est pourtant question en filigrane pour donner de l’envergure à la femme de Mour, acceptant au nom de la tradition une seconde plus jeune et les dépenses qui vont avec, et pour enfoncer par là même Mour, achetant tout, y compris une petite.

Mais pas les mendiants trop malins.

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L'appel des arènes

C'est un livre sur un combat que mène un couple de Sénégalais qui choisit la modernité, l’Occident. Quand leur fils unique se tourne vers les combats dans les arènes, c’est l’incompréhension ! Beaucoup de doutes, beaucoup d’hypothèses, d’essais-erreurs de leur part, pour trouver la bonne réponse à la passion de leur fils. Au terme de batailles psychologiques douloureuses, tout converge vers une heureuse réconciliation des forces traditionnelles et de la rationalité… l’acceptation d’une double culture, d’une double influence, le nouveau choix d’une convergence.
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Les battù sont les calebasses que tendent les mendiants.



Ce roman met en scène deux extrêmes : mendiants et puissants. Mour NDiaye, Directeur de la Salubrité publique, charge Keba Dabo de désencombrer la ville afin de la rendre plus présentable aux touristes étrangers. Mour NDiaye compte sur le succès de la campagne pour atteindre le sommet de la puissance : un poste de Vice-président de la République.



Keba Dabo, par des rafles musclées et brutales, réussit sa mission.



On découvre que la société des mendiants est remarquablement organisée. la solidarité est financée par la tontine quotidienne qu'organise Salla Niang dans sa cour, qui fournit un abri pour les nécessiteux, revend bouts de chandelles ou poulets donnés en aumône - tenant une sorte de commerce du produit de la nécessité - paie les obsèques du malheureux Madiabel, victime d'une des rafles, nourrit la communauté dans une sorte de cuisine collective.



Les puissants vivent dans des villas somptueuses, entretiennent maîtresses et secondes épouses, prodiguent satisfaction "aux demandes pressantes d'argent des parents, cousins, copains et beaux-parents...." sans parler des sacrifices sur les conseils des marabouts.



Car ce sont eux, les marabouts qui font le lien entre les extrêmes de la société! La réussite de tel ou tel politicien dépend de leur influences et de leurs prières. La politique nage dans le domaine magique. De la rencontre avec Sérigne Birama, un saint homme, date la prospérité de Mour Ndiaye. Il entretient cette relation par des dons substantiels et des sacrifices.

Mais à qui offrir les sacrifices prescrits par les saints hommes si les mendiants ont disparu? Comment se concilier le sort? A qui adresser les prières?
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Littérafrique : L'Appel des arènes

Une des grandes de la littérature africaine, et même, selon Alain Mabanckou dans son discours inaugural au Collège de France, »la plus grande romancière africaine »Aminata Sow Fall.

Dans « l’appel des arènes » un livre qui scintille d’intelligence, d’analyse entre la tradition et la modernité de ce Sénégal des années 80, l’auteur ne nous parle pas d’un sujet rabattu, la situation des femmes, vues souvent comme des victimes, ni de la polygamie, mais d’une famille moderne, avec un fils unique.

Lorsque le couple est parti en Europe pour faire des études, l’enfant de 3 ans a été confié à sa grand mère au village.

Voilà, l’enfance de Nalla a été baigné de contes universels, Siga Ndiaye /Eurydice, Banji Koto /le petit poucet. Il a compris quelles étaient ses racines, voyagé dans l’histoire de son peuple, aimé l’héroïsme et le surnaturel, partagé les mythes fondateurs que sa grand mère lui a offert avec son amour, avec aussi son chagrin d’avoir perdu un fils, et son lien à la terre qui nourrit et qui fait oublier non pas l’absence des morts, car ils sont là, bien présents, les morts, mais le chagrin de les avoir perdus.



C’est ça la vie, lui dit elle.



Livre avec retours en arrière, à la manière cinématographique, sans explication et pour expliquer le présent.

Le présent, c’est que le petit Nalla est distrait, ne réussit pas en classe, et sa mère Diattou, campagnarde qui a tronqué ses racines en partant étudier en Europe est navrée, offusquée que l’éducation supérieure qu’elle pense la meilleure pour lui ne lui convienne pas ; elle pleure, cette mère aimante, sans se rendre compte que son amour est lui même tyrannique, et qu’elle s’emporte à la moindre contrariété.

Selon ma lecture personnelle bien entendu, le personnage clé du livre est le Maitre Niang, qui essaie de comprendre la distraction « par moment » de Nalla, et découvre que le son du tam tam envoute le petit.

Niang comprend très vite l’aliénation des parents, d’autant plus dangereuse qu’elle est collective : ayant perdu leurs racines, ils n’acceptent pas que leur fils retrouve ces racines, le passé, la gloire de ce passé, qui s’exprime, concrètement, dans le son du tam tam , durant les joutes des arènes, ponctuées par les poèmes des griots autour du baobab sacré.



Aminata Sow Fall nous invite, et quelle somptueuse invitation, à découvrir le monde des arènes (combats entre hommes, avec rituels mystiques, chants de bravoure destinés à galvaniser les lutteurs, conjuration du mauvais sort, cortège des marabouts, priant pour la victoire, à l’aide de talismans, de gris gris et de bains rituels) ainsi que le monde terrien, à où on peut s’enraciner avec bonheur, les d’oiseaux dits du Paradis, les palmiers qui se balancent en s’entrelaçant, les pains verts de baobab « la rosée peu à peu se dissipe et les joyaux de cristaux qui tout à l’heure ornaient les feuilles pleuvent sur l’herbe grasse. »



Ecriture très subtile, entre l’éblouissement devant la beauté de la nature africaine, et le courage princier des combattants, puisque le combat est ponctué de poèmes déclamés par les griots, faisant appel à des faits glorieux du passé, aux faits héroïques des combattants, rendant aussi les spectateurs fanatiques, enfin entre l’analyse de cette famille sénégalaise, le père, Ndiogou, aristocrate parti étudier en Europe, conciliant, mesuré, comprenant le petit, comprenant que leur éducation avait échoué, que sans qu’ils s’en rendent compte la tige avait pliée et la mère, sortie une bonne fois de ses racines, aliénée, ne se rendant pas compte que l’univers qu’elle veut faire adopter par son fils est le sien propre. Enfin, Nalla, l’adolescent qui par des rencontres humaines sort de sa solitude, retrouve le monde de sa grand mère, ses racines, sa terre, le tam tam qui tape dans le cœur. Selon le Maitre Niang, il a coupé le cordon ombilical avec sa mère, et l’a renoué avec sa grand mère « Un des signes de notre temps. Signe encourageant, d’ailleurs meilleur que le vide, peut être même le salut :.. La grand’mère, c’est encore la terre…. Le lien avec la terre. »



Grand roman, subtil roman, ponctué de mots en wolof, réflexion sur la liberté à donner à celui que l’on éduque, sur la mort, jamais définitive, sur l’éveil d’un adolescent prêt à aimer ceux qui le rapprochent de son enfance magique ; livre qui de plus, nous fait connaître la lutte africaine, plus populaire au Sénégal que le football. C’est dire.

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L'appel des arènes

Louga, fin du 20ème siècle. Nalla, douze ans, rêve pendant les exercices de grammaire. Il s'ennuie. La solitude lui pèse. Inhabituelle, cette solitude d'enfant unique. Les enfants sénégalais se rencontrent plutôt en bande de cousins ou de frères. Ses parents, éduqués et modernes, vétérinaire et sage-femme, ont prévu une éducation occidentale, stricte et bien rangée. Nalla n'a pas le droit de jouer avec les enfants du quartier. Il doit réussir à l'école, même au prix des cours particuliers de Monsieur Niang.



Nalla s'étiole. Ses parents, inquiets, l’interrogent. Il ne rêve pas, il écoute les tambours de l'arène. Son seul ami, André était un lutteur du Saloum. Il lui a fait connaître Malaw, le grand champion, qui a fait de lui son garçon-fétiche. Le monde des lutteurs, est l'antithèse de ce que les parents modernes et occidentalisé imaginaient pour leur fils. Traditions ancestrales, brutalité de ce sport. Ils cherchent à l'éloigner des arènes.



Nalla trouve un allié inattendu chez Monsieur Niang qui voit toute la poésie dans le rêve de l'enfant. Poésie des chants des griots et des paroles des combattants qui'l a enregistrées sur un magnétophone. Poésie des contes que Malaw, le lutteur raconte à l'enfant. Traditions orales transmises par les griots et les chanteuses. Initiation des enfants qu'on a refusée à Nalla...Solidarités familiales et villageoises qu'il a connu, petit, chez sa grand mère dont on l'a éloigné.



Le diagnostic de Monsieur Niang est précis : aliénation.



"L'aliénation est assurément la plus grande mutilation que puise subir un homme"



[....] "l'homme perd ses racines et l'homme sans racine est comme un arbre sans racines : il se dessèche et meurt."



L'auteur raconte avec grâce le monde enchanté des lutteurs, des griots, les traditions, les hommes-lions, les fêtes et les gris-gris...
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Il y a trop de mendiants dans la ville. Ils gênent la circulation et les touristes. Alors, il faut faire le ménage, comprenez se débarrasser d'eux. La misère doit être éloignée des regards. Mais voilà, ces mendiants ont une utilité dans la société : bénir ceux qui font la charité.



Aminata Sow Fall dresse le portrait de deux mondes qui se côtoient, les puissants et les pauvres, chacun ayant ses codes et son mode de fonctionnement. le triste sort réservé aux laissés-pour-compte cache des ambitions personnelles qui se retourneront bientôt contre leurs instigateurs.



Un récit court qui met en exergue l'entraide entre les nécessiteux et qui étrille la tartufferie des couches aisées au Sénégal.

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La grève des bàttu ou Les déchets humains

La Ville est de plus en plus attractive, touristiquement parlant, mais les mendiants, munis de leurs bàttu, sont légion, et empêchent de voir encore proliférer ce tourisme qui rapporte tant. Alors Kéba-Dabo, en charge de la Salubrité de la Ville sous l'égide de Mour-Ndiaye, son supérieur, doit tout faire pour les faire décamper, quitte à les violenter. Jusqu'à des conséquences auxquelles personne, surtout pas Mour, ne s'attendaient...



Ce bref roman, qui se lit avec une facilité déconcertante permise par une construction et un style maîtrisés, a des accents de conte philosophique, tant par ce que chacun symbolise, des Mendiants aux Puissants, par le retournement de situation/morale parfaitement préparé et amené, que par la pointe ironique, souvent mordante, qui parsème le récit pour mieux dénoncer les travers de la société sénégalaise, et plus loin même de la Société, en ce qu'elle considère souvent le pire comme le plus pertinent, voire juste.



Une lecture appréciée, que je n'oublierai pas de sitôt.
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L'empire du mensonge

Au Sénégal, trois familles partageaient une cour, un havre de paix où la cuisine, les souvenirs et l’amitié régnaient. Mais à force de misère, chacune est partie de son côté. Ce n’est que bien plus tard que les enfants se retrouvent, par un savant mélange de hasard et de volonté. Ainsi se recrée ce petit paradis où l’intelligence, l’amour et l’espoir vont à nouveau pouvoir s’épanouir.



Dans un monde pourtant difficile et violent, Aminata Sow Fall nous conte l’histoire de ces êtres bons. Elle multiplie les phrases nominales qui nous frappent en plein cœur par leur limpidité. Pas de circonvolutions dans cet Empire du mensonge qui paraît parfois être le royaume du silence, presque un temple de la dignité. Car ses personnages sont tout en droiture et en réflexion. Pas de préceptes ici, seulement des lignes de vie qui s’efforcent d’être les plus pures possibles. C’est un roman doux en forme de sourire et d’avenir.
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Une fable, au message clair comme de l'eau de roche, dans un pays imaginaire d'Afrique noire où règne, comme partout ailleurs dans le monde, corruption et laisser-aller. À l'approche d'un remaniement gouvernemental, Mour Ndiaye, le directeur du Service de la Salubrité Publique, brigue le poste de vice-président de la république. Il va donc faire du zèle et charger son fidèle adjoint Kéba Dabo de désencombrer la ville de ses mendiants, une tache bien trop visible aux yeux des touristes tant attendus. Mais c'est sans compter sur la capacité d'organisation et de résistance de cette confrérie, qui bénéficie d'une opinion très favorable au sein d'une population marquée par les croyances ancestrales en les bienfaits magiques des dons aux nécessiteux. Une bonne leçon va être administrée à ce puissant infatué de lui-même et se croyant au-dessus des lois. D'une portée universelle, tel un conte de Voltaire, ce pamphlet original et d'une grande qualité d'écriture démontre avec humour la vanité de ces puissants personnages, géants aux pieds d'argile, qui croient naïvement que le reste de l'humanité les admire et les respecte. Un bol d'air, bien salutaire…
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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Je suis dans ma période découverte de la littérature africaine et plus précisément sénégalaise. Grâce à ma lecture du recueil de textes choisis intitulé "Le goût du Sénégal" j'ai repéré quelques écrivains et écrivaines, notamment Aminata Sow Fall, une des pionnières de la littérature africaine francophone.

Après la lecture de "La grève des bàttu" je comprends mieux pourquoi Alain Mabanckou la «considère comme la plus grande romancière africaine» dans son discours inaugural au Collège de France.

Avec un ton naturel elle nous montre non sans humour le quotidien des sénégalais et des sénégalaises et c'est ce qui fait la richesse de cette histoire sociale qui se passe à Dakar où dans une ville qui lui ressemble.

Mour Ndiaye est directeur du service de la salubrité publique. Il a reçu l'ordre du gouvernement soucieux de promouvoir le tourisme, de procéder au désencombrement humain de la ville, ce qui veut dire supprimer les mendiants. Mais personne ne s'attendait à leur réaction : après quelques coups et blessures ayant entraîné la mort de certains d'entre eux, les mendiants décident de ne plus sortir. Maternés par Salla Niang, une femme de tête, ils restent retranchés en périphérie.

C'est sans compter qu'en Afrique la charité est un devoir et même une tradition. Alors, quand les marabouts consultés par l'ambitieux Mour Ndiaye lui imposent de donner à ceux qui sont appelés bàttu parce qu'ils tendent devant eux une petite calebasse du même nom pour demander l'aumône, la pénurie de mendiants pose problème. En effet, c'est la seule façon pour lui d'obtenir le poste de vice-président.

Ça peut faire rire mais ça a l'air très réaliste.

Ce que j'ai particulièrement apprécier ce sont les portraits de femmes qui jouent un rôle important.

Je pense en particulier à Lolli et Raabi, la femme et la fille ainée de Mour. Lolli est le pilier de la famille mais elle doit se soumettre quand son mari prend une deuxième femme. Raabi représente la nouvelle génération de femme cultivée qui prône l'émancipation. Elle est lucide et n'en veut pas à sa mère d'avoir cédé face à la pression sociale.

Roman qui a mérité son Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980.





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La grève des bàttu ou Les déchets humains

J'ai commencé à lire ce livre dans le cadre d'un cours de littérature étrangère, mais je n'ai pas pu aller plus loin que les 30 premières pages ! Cela n'a rien à voir avec l'histoire, qui a pourtant l'air fort intéressante, mais avec l'écriture. Le style de ce roman m'a vraiment déplu, et malgré l'histoire je n'ai pas pu accrocher. Je reprendrais peut être sa lecture, quand il ne restera que ce livre dans ma PAL, en essayant cette fois de faire abstraction du style, mais rien n'est moins sur.
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L'empire du mensonge

Au Sénégal, il est de tradition de se retrouver dans la cour pour palabrer. Borso a nommé "L'empire du mensonge" un espace commun de débats et de lecture. C'est une façon de théâtraliser le mensonge, qui devient une règle courante dans le monde moderne d'après ce que disent les plus anciens.

En fait, Aminata Sow Fall raconte l'histoire de différentes personnes, notamment le trio d'amis Sada, Boly et Mignane qui se sont retrouvés à l'âge adulte après avoir été séparés petits. Ils étaient liés depuis leur enfance par la maison où leurs parents étaient colocataires bien que d'origines, de cultures et d'appartenances diverses.

C'est le plus pauvre, Sada, dont nous suivons l'histoire et celle de son père Mapaté qui veut marcher sur les traces de son illustre Grand-père Serigne Modou Waar, éminent érudit, descendant d'une lignée prestigieuse de l'empire Mandingue. Il donnera une mission à son fils : apprendre le monde et ne jamais oublier d'où il vient.

Les femmes ne sont pas en reste puisque Coumba est l'amie des jumelles Borso et Yassine la femme de Sada.

Entre le passé et le présent tout le monde s'entretient dans les bonnes intentions. Malheureusement il y a un côté c'était mieux avant... dieu et la tradition... qui m'a semblé un peu trop appuyé.





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La grève des bàttu ou Les déchets humains

Petite fable sociale aussi fun que prévisible :

au Sénégal, pour favoriser le tourisme, des mesures sont prises pour chasser les mendiants des villes. Traqués, n'osant plus se montrer de jour, ils décident, dans un élan de dignité revitalisée, de se mettre en grève. Déboussolant toute la cité, soudain privée de son droit à se mettre par la charité la conscience en règle, et les esprits en poche (ce qui n'est pas rien dans un système où les carrières se bâtissent sur les conseils des marabouts !)



On a beau voir arriver la fin gros comme un éléphant au bout d'un tunnel, reste ce plaisir revanchard du renversement réussi de situation sociale, dont on ne se lasse pas depuis l'antique et toujours fraîche Lysistrata d'Aristophane et sa grève du sexe pour arrêter la guerre. A lire aussi, et surtout, pour la couleur humaine, chaleureusement humaine des portraits, et la vivacité de la parole...
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L'empire du mensonge

Découverte de cette auteure, un livre intéressant et sympathique. L'on découvre la sage de trois amis qui vont réussir vies personnelles et vies professionnelles tout en conservant vertu, dignité, amitié et solidarité. Un bon livre.

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Le Jujubier du patriarche

Une curieuse découverte que celle du Jujubier du patriarche, qui nous plonge dès les premières pages dans les méandres de conflits familiaux entre époux et épouse, enfants d'adoption, tantes, oncles et cousins, autant attachés aux liens du sang qu'à leur tradition chantée par les griots, qui s'évertuent à perpétuer l'épopée de Yéllimanée.



J'ai rapidement accroché à ce récit de mesquineries et de joies de femmes dans une culture qui ne leur fait pas la part belle ; Aminata Sow Fall décrit sans autre jugement que celui de la tradition les disputes conjugales, la mainmise féroce de la belle-famille sur l'héritage du père et mari, délaissant son épouse désormais veuve, ou encore l'idée fixe que seules les femmes peuvent être stériles. On s'étonne d'autant plus de la soumission de toutes ces femmes qu'elles sont toute fermement ancrées à l'épopée de leurs ancêtres, qui dicte leur positionnement et leur valeur, mais qui narre surtout le la rébellion d'une femme qui se soustrait à son époux en allant se cacher dans le ventre d'une baleine.



Cette obsession pour l'histoire familiale amuse et fascine, tout comme la manie des griots cupides à la changer au gré de ceux qui les paient, et ne pourrait mieux mettre en lumière l'importance capitale des ancêtres et des liens familiaux dans la culture qui nous est ici décrite.



J'ai moins apprécié la seconde partie du Jujubier du patriarche, passant du présent à l'épopée que les personnages semblent revivre suite aux bourgeons ayant éclos sur l'arbre du patriarche. Je demeure cependant saisie par la facilité qu'à l'auteur de fondre et mêler ainsi épopée, conte et présent ; personnages actuels et leurs ancêtres ; un ouvrage à lire pour tout adepte de littérature africaine.
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