AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anaïs Llobet (203)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Au café de la ville perdue

En mettant en exergue la belle phrase d'Italo Calvino tirée des Villes invisibles : "les ville comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles obscures leurs perspectives trompeuses, et toute chose en cache une autre".

Nous savons que l'auteure va nous parler d'une ville perdue, mais qu'est ce qu'une ville perdue ?

Nous allons découvrir une ville abandonnée, ceinturée de barbelés, qui est l'objet de convoitise politique mais il y a des souvenirs, des désirs, des espoirs dans les murs de ces maisons abandonnées. La narratrice est une écrivaine qui souhaite écrire un roman sur l'histoire des personnes qu'elle croise dans un café à Chypre. elle va alors nous raconter à travers plusieurs personnages touchants, énervants, troublants l'histoire de cette île et en particulier de ce qui s'est passé en 1974 et qui a conduit à la séparation de l'île en deux.

L'auteure nous entraîne dans un livre qui parle d'histoire avec un grand H mais aussi d'histoires plus intimes. c'est aussi une sorte d'enquête sur le passé de certains, sur leur façon d'avoir vécu l'Histoire et pas facile de faire des choix, des non choix. Ce n'est pas toujours facile de faire des choix en amour, en amitié.. De beaux portraits de personnages, qui tentent d'oublier, de continuer à espérer, de tenter de passer à autre choses mais le passé est toujours là, les secrets de famille, les souvenirs. Des personnages de plusieurs générations, que ce soient les anciens qui passent l'après midi à jouer aux cartes dans le café, que ce soient les jeunes qui se retrouvent sans distinction lors de soirées techno...

Un très beau texte et surtout une façon très romanesque de nous parler d'une histoire récente et encore d'actualité. Des choix de géopolitique qui entraînent des êtres dans des tragédies, dans des secrets de famille, dans des dénis. Je ne suis pas prête d'oublier Varosha, cette ville perdue, emprisonnée, entourée de barbelés, abandonnées.



Commenter  J’apprécie          50
Au café de la ville perdue

Varosha. Autrefois semblable à la couverture de ce roman. Un paysage idyllique où les stars internationales de l’époque venaient se prélasser ou tourner un film. Varosha,le joyau de la côte Est chypriote. Mais que reste-t-il de Varosha à présent ? Des bâtiments déserts et délabrés. Une ville fantôme tombée aux mains des Turcs en 1974. Près de 50 ans que les Chypriotes grecs ont abandonné leurs maisons et la terre de leurs ancêtres sans jamais pouvoir y retourner. Ils ne sont qu’à quelques kilomètres d’elle. L’exil au sein même de son île. N’est-ce pas finalement ce qu’il y a de plus terrible ?



Parmi eux il y a la famille d’Ariana. Serveuse au bar de son père le « Tis Khamenis Polis », elle a grandi avec le poids du 14 rue Ilios. Son père Andréas est le fruit de l’union d’une chypriote turque et d’un chypriote grec. Ses parents se sont rencontrés dans les années 60 une époque où la tension est déjà palpable sur l’île. Aridné, sa mère, est une fervente militante de la paix entre les chypriotes. N’existe-t-il pas qu’un seul peuple chypriote après tout ? D’un côté comme de l’autre, les choses ne sont pas aussi simples. Mais envers et contre tout Aridné et Ioannis s’aimeront faisant fi des préjugés jusqu’à ce que la guerre vienne s’en mêler…Aridné serait partie avec un soldat turc et Ioannis finit par abandonner son fils à sa sœur Eleni. Mais l’histoire familiale ne renferme-t-elle pas d’autres secrets ?

 

N’y allons pas par quatre chemins: j’ai A.D.O.R.É !! Et comme souvent quand une lecture nous marque, il est difficile de trouver les bon mots.

J’ai aimé le cadre, l’intrigue, l’alternance passé/présent, la complexité humaine et de ses sentiments, l’histoire familiale qui nous émeut et nous bouscule, le tout sous fond de conflit géopolitique et historique. Bien que connaissant dans les grandes lignes l’histoire chypriote, je ne connaissais rien de l’histoire de Varosha.

J’ai eu, comme souvent, une petite préférence pour la partie « passé », que l’on lit comme un thriller. On sent qu’il s’est passé quelque chose au sein de la famille, mais nous sommes bien loin d’imaginer ce que l’on finit par découvrir. Une fin tout aussi complexe que les habitants, où j’ai été partagée entre l’impossibilité de la situation et toute son horreur.



Une tragédie où l’amour en est le cœur, et qui restera longtemps gravée en moi.

Une découverte de l’autrice Anaïs Llobet
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Au café de la ville perdue

Quand vous cherchez Varosha sur Google, s’affichent des photos perturbantes, celles d’une ville fantôme, abandonnée derrière son grillage, privée de vie et d’animation, laissée à une dégradation certaine. C’est cette histoire que nous raconte ici Anaïs Llobet, maintenant elle aussi habitante de Chypre. S’appuyant sur l’histoire de la famille Karangelou, elle raconte le désastreux destin d’une île coupée en deux face à l’incapacité de ses habitants de vivre ensemble et à la gourmandise des pays limitrophes. Elle raconte l’invasion de 1974, ce jour où la vie des parents et grand-parents d’Ariana a basculé, ce jour où Varosha est devenu un point mort sur une carte.



Journaliste de profession, Anaïs Llobet nous offre un récit au plus près de la réalité historique et personnelle des Chypriotes dont elle a collecté les histoires – les remerciements en fin de livre suffisent à nous révéler que cette histoire est avant tout basée sur des faits, et ça rend sa lecture d’autant plus poignante. Alternant les points de vue, elle montre la difficulté, pour un romancier extérieur, de raconter ces histoires qu’il n’a pas vécu, de se mettre à la place de ceux dont la vie a été entièrement bousculée par la haine, les attaques, la partition et les secrets. Dans ce récit, la narratrice, qui rédige son livre au Tis Khamenis Polis, le café de la Ville Perdue, reste toujours « l’étrangère« , celle qui reçoit les histoires, de vies brisées et de familles ruinées sans jamais savoir ce que c’est de l’intérieur. Jouant avec cette réalité inhérente au métier d’écrivain, Anaïs Llobet parvient pourtant à nous offrir un livre très intime, restituant des listes de ressentis livrés par ses personnages et partageant son engagement profond et sans limites dans ce travail de vérité.



Après Les hommes couleur de ciel, sortir un roman avec autant d’épaisseur historique, politique et émotionnelle n’a pas dû être facile. Pour autant, Anaïs Llobet réussit haut la main ce pari, en nous proposant une histoire complètement différente, racontée d’une manière unique, nous offrant des montagnes russes émotionnelles et gravant à jamais dans notre mémoire le nom de Varosha.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          50
Au café de la ville perdue

Ce roman est une quête, la quête d'un passé. Ariana a grandi à l'ombre d'une ville vidée de tous ses habitants, d'une maison familiale sise de l'autre côté de la ligne de démarcation au 14, rue Ilios à Varosha, quartier touristique de la ville de Famagouste à Chypre.

Bâtie en 1972, Varosha était une station balnéaire qui est devenue 2 ans plus tard, une ville fantôme. La raison ? L'intervention militaire turque en 1974 et son inclusion dans la zone d'occupation turque de Chypre du Nord.

Parce qu'une cliente du café dans lequel Ariana travaille enquête sur Varosha et parce qu'elle apprend que son père veut vendre la maison familiale de Varosha, Ariana tentera de comprendre mais aussi de reconstituer l'histoire familiale.



Bien que le sujet soit intéressant, la plume de Anaïs Llobet agréable, j'avoue que ma lecture a été poussive. Il aurait gagné à être plus ramassé. Était-ce vraiment indispensable de consacrer les 80 premières pages au fait que l'auteure ne savait pas par quel bout commencer l'écriture de ce roman ?

Selon moi, clairement non.

Commenter  J’apprécie          60
Au café de la ville perdue



Coup de cœur pour ce roman passionnant.



J'avoue, je ne connaissais pas suffisamment l'histoire de Chypre.

L'île est divisée en deux : une partie turque et une partie grecque.

En 1974, Varosha devient une ville fantôme, entourée de barbelés, frontière de cette division...... elle a été envahie par l'armée turque, forçant de nombreuses familles à partir.

Pas facile de parler de ce beau roman.



Ariana travaille au café de son père, dans la partie grecque de l'île avec l'espoir de retrouver et de rénover la maison familiale au 14 rue Ilios après des années de conflits. Elle rêve d'une île réunifiée.

Une étrangère passe ses journées à écrire dans leur café.

Telle n'est pas la colère d'Ariana quand elle apprend que son père a vendu la maison familiale et brisé ses rêves de reconstruction.

Cette maison, elle l'a dans la peau, tatoué sur son corps, dans la tête et dans le cœur !

C'est décidé, l'étrangère écrira l'histoire de sa famille !

Histoire, politique, saga familiale, amour, trahison, argent, amitié......

Inutile d'en dire davantage, l'histoire est tellement prenante, riche et passionnante !

Un beau coup de cœur !!!!!

Commenter  J’apprécie          40
Au café de la ville perdue

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui ont cru que leur amour serait plus fort que la haine qui oppose leur communauté. C'est l'histoire d' un village fantôme abandonné de force par ses habitants. D'hommes et de femmes incapables de panser leurs plaies et cadenassant à double tour de terribles secrets. Un roman saisissant et passionnant dans lequel les passions amoureuses et politiques se déchaînent autour de l'île de Chypre.

Après son magnifique premier roman "des hommes couleur du ciel" Anaïs Llobet signe un nouveau roman bouleversant. Elle mêle avec brio la grande Histoire du l'île de Chypre avec l'histoire intime d'une famille au passé douloureux.

Une superbe lecture à ne pas manquer !!
Commenter  J’apprécie          10
Au café de la ville perdue

Avant 1974, Varosha était une station balnéaire florissante avec ses plages idylliques qui faisaient la fierté de Chypre. Mais aujourd'hui, de cette renommée d'antan, il ne reste que des hôtels abandonnés, des rues silencieuses et des maisons délabrées.



Le temps s'est arrêté cette année-là lorsque les Turcs ont envahi la ville, obligeant les Chypriotes grecs à fuir en laissant tout derrière eux. Car la guerre a divisé l'île en deux, opposant les Grecs aux Turcs. Varosha est désormais un no man's land entourée de barbelés depuis bientôt cinquante ans.



Au Tis Khamenis Polis (le café de la ville perdue), une écrivaine française tente en vain de tisser l'histoire de cette ville désertée qui l'intrigue fortement mais celle-ci demeure insaisissable. Grâce à l'aide d'Ariana, la serveuse, dont les grands-parents ont vécu à Varosha, elle va enfin parvenir à entrevoir la véritable âme de la ville ainsi que ses secrets enfouis.



Je suis Anaïs Llobet depuis son premier roman et, à chacune de ses parutions, elle ne cesse de me surprendre avec ses histoires percutantes et sa plume d'une grande sensibilité.



La grande Histoire de Chypre s'entremêle ici à la petite par le biais d'une construction remarquable sous forme de patchwork. Malgré l'alternance des points de vue et des époques, le récit reste parfaitement fluide et captivant de bout en bout. L'identité, la transmission mais aussi l'amour sont au cœur de cette histoire poignante et je ne suis pas prête d'oublier l'impétueuse Aridné, la grand-mère d'Ariana.



Anaïs Llobet ressuscite Varosha avec un talent incroyable. À travers ses lignes, on ressent toute la douleur de ses habitants, arrachés brutalement à leurs terres en 1974. Dépossédés de leurs biens, de leurs souvenirs, les Chypriotes tentent de vivre avec l'ombre de cette ville fantôme qui plane désormais au-dessus d'eux, tout en gardant l'espoir de pouvoir un jour fouler à nouveau le sol de Varosha.



Une magnifique lecture, forte et dramatique. Anaïs Llobet a réussi son pari car je n'oublierai pas Varosha.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          100
Au café de la ville perdue

Au café de la ville perdue, c’est l’histoire…

De l’île de Chypre, séparée en deux… les chypriotes grecs d’un côté et les chypriotes turcs de l’autre…

De cette île en guerre depuis des années, dont les conflits perdurent au-delà des générations, presque malgré elles…

C’est l’histoire d’amours d’interdites qui se répètent au fil des générations… de ces amours répréhensibles socialement… de ces amours entre chypriotes grecs et chypriotes turcs…

Et avec ces amours, c’est aussi l’histoire de cette question sans fin : l’amour peut-il triompher de tout ?

C’est l’histoire de Varosha… cette ville que les turcs ont envahi en 1974 condamnant de fait les grecs à la fuir dans l’urgence et la peur, en emportant rien ou presque avec eux…

C’est l’histoire de ces fuites, de ces abandons qui eux aussi se répètent au fil des générations…

C’est l’histoire de ces personnes à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession du fait de leur vieillesse ou de leur maladie… ces gentils petits papis qu’on dit adorables mème s’ils frôlent la sénilité et qui pourtant ont été des moins fréquentables il y a quelques années en arrière et capables des pires cruautés…

C’est l’histoire d’une quête de soi, de ses racines…

C’est l’histoire de la peur de voir le passé, son passé, disparaître à jamais…

C’est l’histoire de générations…

C’est l’histoire d’une romancière prise dans l’Histoire…

C’est l’histoire d’Ariana, d’Andreas, de Mélina, de Ioannis, d’Aridné, d’Eleni, de Giorgos… et de tant d’autres…

C’est l’histoire du 14 rue Ilios…

C’est l’histoire d’un coup de cœur 💛

Merci @editionsdelobservatoire pour cette nouvelle lecture qui confirme mon coup de cœur pour Anais Lobet 💛💛

Coup de cœur également pour les illustrations en débit de roman. L’arbre généalogique sur des feuilles de figuier 💛💛💛
Commenter  J’apprécie          33
Au café de la ville perdue

Ariana a grandi à l’ombre du 14, rue Ilios. Sa famille a perdu cette maison pendant l’invasion de Chypre en 1974, lorsque l’armée turque a entouré de barbelés la ville de Varosha. Tandis qu’elle débarrasse les tables du café de son père, elle remarque une jeune femme en train d’écrire. L’étrangère enquête sur cette ville fantôme, mais bute contre les mots : la ville, impénétrable, ne se laisse pas approcher.



Au même moment, Ariana apprend que son père a décidé de vendre la maison familiale, dans laquelle ont vécu Ioannis et Aridné, ses grands-parents. Se défaire de cet héritage, n’est-ce pas un peu renier leur histoire ? Car lui était chypriote grec, elle chypriote turque, et pendant que leur amour grandissait, l’île, déjà, se déchirait.



Ariana propose dès lors un marché à la jeune écrivaine : si elle consigne la mémoire du 14, rue Ilios avant que les bulldozers ne le rasent, elle l’aidera à s’approcher au plus près des secrets du lieu. Page après page, Varosha se laisse enfin déchiffrer et, avec elle, la tragédie d’une île oubliée.



« Au café de la ville perdue » est un livre poignant qui nous immerge au cœur de la situation tragique de Chypre depuis la seconde moitié du vingtième siècle. Au travers du roman, le lecteur peut se rendre compte que la situation est bien plus complexe que l’idée qu’il pourrait en avoir. L’histoire est bien équilibrée entre les deux camps qui ont peut-être être finalement autant subi la situation l’un que l’autre. La construction du livre est très intéressante avec cette trame qui fait alterner les points de vue ainsi que les périodes historiques, des troubles ayant mené à la partition à l’époque contemporaine. Anais Llobet montre bien comment ont pu évoluer les mentalités au cours du temps. Malgré tout, certaines choses ne changent pas et rendent l’évolution des rapports Nord/Sud encore particulièrement complexe. Les différents personnages sont véritablement réussis, parvenant à communiquer au lecteur les diverses émotions qui peuvent les traverser. Il apprend à les connaître, les découvrant et les apprivoisant petit à petit. Les premières impressions évoluent au fil des pages au fur et à mesure que leurs parcours et leurs motivations émergent.



Un roman à découvrir absolument !
Lien : https://mangeurdelivres.word..
Commenter  J’apprécie          20
Au café de la ville perdue

Superbe roman qui nous embarque dans la folle histoire de Chypre dont j'ignorais tout ! Varosha ville fantôme qui prend vie sous la plume de l'autrice, une belle réussite. Le style est fluide, hyper agréable à lire. Une très belle découverte pour ma part.
Commenter  J’apprécie          10
Au café de la ville perdue

Un livre très prenant, au départ j’ai eu un peu de mal à m‘accrocher à cause des allers retours entre deux époques, mais rapidement j’ai pris le rythme et je l’ai lu d’une traite.

Pour ceux qui voient Chypre comme un confetti en méditerranée, c’est une plongée dans son histoire paradoxale entre tourisme, plage de sable fin, dolce e vita, drame historique et déchirement familial.



Il y a un récit en deux temps, entre les années 70 où sont balayé les espoirs d’une Chypre unifiée entre les chypriotes grecs et turcs, scellant définitivement les adjectifs les reliant à une géographie extérieure et notre époque à quelques années près.



Nous nous identifions assez rapidement à la journaliste et auteur qui part sur les traces de Varosha, ville fantôme depuis l’intervention des troupes turques, statu quo qui perdure. Ses habitants ont dû la quitter en toute hâte lors des attaques et à présent impuissants ne peuvent que l’observer s’éteindre de l’autre côté à travers les barbelés. Son projet littéraire est instrumentalisé par Ariana, petite fille des personnages aux cœur de l’intrigue des années 70, hantée par le passé de sa famille. La quête de cette dernière permet peu à peu au lecteur de reconstituer le puzzle et de comprendre les liens troubles entre les 3 protagonistes du passé et la disparition de l’un d’entre eux.



Deux cultures méditerranéennes s’opposent, une gastronomie qui se marche sur les pieds, on s’abrite du même soleil mais on se déteste et on se maudit.

Le fonds historique se mélange avec le destin d’Aridné, victimes de préjugés, dont nous comprenons, en tant que lecteur tout puissant, les silences et sautes d’humeur causées par les comportements et violences de son entourage.

Mais la fin est brutale -attention spoiler- dans une chambre d’un hôtel symbole des violences qui finit à moitié effondré suite aux attaques turques, et abandonné comme Aridné par sa belle-famille, conspuée et oubliée en tant que femme adultérine.

Belle métaphore de l’île, comme Aridné coincée entre l’histoire, l’amitié de 2 hommes, les haines, coincée dans cette chambre d’un hôtel dans une ville fantôme, cercueil de son histoire d’amour et de ses idéaux.

Commenter  J’apprécie          00
Au café de la ville perdue

On se demande souvent ce qui fait un écrivain. Il me semble que pour Anaïs Llobet la réponse est évidente : l'alliance exceptionnelle de la caresse de son regard et de la sensibilité de sa plume, qui véhicule une émotion profonde, bien loin du sentiment éphémère d'un simple plaisir de lecture. Les personnages créés par l'autrice imprègnent longtemps l'esprit du lecteur. Après le coup de poing Des hommes couleur de ciel dont le crescendo criait l'urgence de l'injustice et la douleur des chocs d'identités, Anaïs Llobet nous offre ici un roman à la portée universelle, à l'échelle d'un territoire meurtri par des conflits sans fin et dont on oublie les histoires de celles et ceux qui y sont pris en otage. Il y est question d'identité, de pouvoir, de transmission, de mémoire, de perte. Mais aussi d'amour.



Et l'on découvre surtout l'incroyable histoire de Varosha, une ville située sur la côte orientale de Chypre, station balnéaire en vogue dans les années 70 avant l'invasion des turcs qui la transformèrent en ville fantôme. Les habitants furent expulsés, leurs maisons abandonnées, la zone entourée de barbelés et d'un no man's land. Une péripétie de plus dans le combat que se livrent Turcs et Grecs depuis la nuit des temps pour le contrôle de cette île, dans l'indifférence générale. Cette ville à l'abandon, une jeune écrivaine française l'observe derrière les barbelés. Son intérêt est renforcé lorsqu'elle fait la connaissance d'Ariana, serveuse au Tis Khamenis Polis (Le café de la ville perdue) où elle s'installe chaque jour pour écrire. Ariana est la fille d'Andreas dont les parents habitaient Varosha. Elle n'a jamais connu la maison du 14 rue Ilios et rêve du jour où la ville sera rouverte pour enfin la découvrir. Mais Andreas décide de vendre ce qui désole Ariana. Pour elle, ce sont bien plus que des pierres. Dans cette maison ont vécu ses grands-parents, Ioannis et Aridné. Un chypriote grec et une chypriote turque, bravant les antagonismes mais pas le destin qui leur fut tragique. Alors l'enquête de l'écrivaine fait peu à peu renaître ce passé, tandis que l'écho avec l'époque contemporaine ressemble à une impossible consolation face à l'absurdité.



Anaïs Llobet compose son roman comme un puzzle, alternant les époques et les points de vue, mêlant petite et grande histoire et ponctuant les chapitres d' interludes étonnants. L'ensemble est captivant, par la profondeur des personnages (inoubliable Aridné...), les éléments qui se glissent de façon fluide pour donner au lecteur un aperçu de la situation politique de l'île sans jamais prendre le pas sur le fil romanesque. Une atmosphère palpable, de soleil et de pleurs mêlés accompagne la lecture, charriant des siècles de tragédies. L'émotion jaillit de maints détails. Une photo accrochée aux barbelés et battue par le vent, le regard tourné en lui-même d'un vieil homme, le tatouage d'une adresse sur la peau, le goût d'un plat tant aimé. "Que restera-t-il de Varosha lorsque ses habitants auront fini de l'oublier ?" se demande la jeune française engagée dans l'écriture de son roman. Que peuvent les mots à part tenter de faire revivre et raconter inlassablement ? Quoi qu'il en soit, ceux d'Anaïs Llobet touchent au cœur, et offrent à Varosha et à Chypre l'écrin magnifique de la littérature. Et pourquoi pas, l'espoir d'une nouvelle vie.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          130
Au café de la ville perdue

Pour débuter 2022, premier coup de coeur pour le nouveau roman d'Anais Llobet (souvenez-vous "Des hommes couleur de ciel"). Cependant, il y a des romans difficiles à résumer comme "Au café de la ville perdue" ; tout simplement car ce livre se vit, se ressent, s'imagine, se déchiffrer, fait vibrer, fait réfléchir, fait grandir..



Un roman comme un rubik's cube, où tout s'emboite à merveille. Le personnage principal est Chypre, et en particulier Varosha. Un pays divisé entre Grecs et Turcs, où tout s'impose la grande comme la petite histoire, la politique, l'amour, les liens familiaux. Une plongée dans la tragédie d'une île aux sangs mêlés.



Anais Llobet avait déjà montré ses talents de conteuse mais dans ce nouveau roman, elle arrive a un haut niveau. Elle embarque le lecteur dans l'histoire d'aujourd'hui et d'autrefois d'une île peu connue, dans les ressemblances et les divergences de Chypre, entre anciennes et nouvelles générations.



La construction du roman est très intelligente et originale car l'auteure mêle sa propre histoire d'écrivaine qui s'installe dans ce café perdu Tis Khamenis Polis, où elle va trouver l'histoire et l'inspiration de son roman grâce ou pour Ariana, qui apprend a ce moment là que la maison familiale va être vendue.



Anais Llobet trouve le fil rouge de son histoire dans le 14 rue Illios à Varosha, ville détruite, ville fantôme, mais fantômes qu'elle va faire revivre a travers un figuier généalogique qui rend ce roman grand, beau et plein de secret.



L'histoire de Chypre se dévoile au fil des pages, à travers des personnages attachants, à travers une construction romanesque originale, à travers des thèmes forts (l'exil, les racines, l'amour, l'Histoire..). Bref, il y aurait tellement à dire sur ce nouveau roman qu'il est impossible de tout vous raconter ici mais juste une chose : lisez ce roman et rencontrer le talent d'Anais !
Commenter  J’apprécie          80
Au café de la ville perdue

"L'eau des vagues cingle son visage, avale ses cris. Il lutte, puis finit par se taire. Une infirmière s'approche pour l'éloigner du bord, le mettre à l'abri. Il voudrait lui dire que ça ne sert à rien. Son port d'attache n'existe plus, Varosha n'est plus qu'un mot brodé de barbelés. (p174)"



Ce troisième roman est pour moi la confirmation du talent d'Anaïs Llobet. Après Des Hommes couleur de ciel que j'avais beaucoup aimé, elle nous convie sur l'île de Chypre où elle vit et qu'elle a choisi comme toile de fond  pour évoquer son thème de prédilection : l'exil mais également la perte, l'arrachement à ses racines, réussissant, une fois de plus, à nous entraîner dans un récit qui mêle habilement histoire, famille, politique et amour.



Ce j'ai particulièrement aimé c'est l'originalité de la construction utilisée par l'auteure mêlant sa propre histoire, celle d'une écrivaine en recherche des éléments nécessaires à la rédaction de son prochain roman (personnages, lieux, complexité géo-politique d'une terre divisée entre plusieurs pays et cultures : grecque, turque et chypriote) et cela sur plusieurs générations. Installée au café Tis Khamenis Polis (le café de la ville perdue) tenu par Andreas et sa fille Ariana, elle comprend que c'est dans ce lieu qu'elle va trouver l'inspiration et la trame de son récit, parmi ces gens qui ont vécu cette tranche d'histoire ou qui en sont les descendants, devenant ainsi les acteur(trice)s d'une occupation territoriale par la force et les porteur(se)s des sentiments de chaque camp.



Au fil des échanges avec Ariana elle va trouver sa source d'inspiration à

travers un lieu qui n'est plus qu'une ruine, une maison située au 14, rue Ilios à Varoscha, ville fantôme depuis l'invasion turque en 1974. Elle va y planter la lignée de ses occupants (comme le montre l'arbre généalogique sous forme d'un figuier figurant au début du livre et qui est bien utile je dois l'avouer) pour évoquer le drame d'un pays divisé, déchiré entre plusieurs communautés, celle d'Ariana, intimement mêlée à l'histoire de son pays et d'une ville aujourd'hui disparue.



Une nouvelle fois Anaïs Llobet explore le domaine de l'exil mais cette fois-ci quand celui-ci n'est pas au-delà des mers mais sur sa propre terre, quand l'arrachement à ce que vous avez de plus cher est à quelques kilomètres, derrière des barbelés infranchissables, sous la surveillance de l'armée d'occupation sans possibilité d'y retourner, un lieu où tout a été abandonné dans la précipitation, figé dans le temps et disparaissant peu à peu.



Une exploration pour laquelle elle a choisi de prendre le chemin le plus complexe et qu'elle réussit parfaitement à maîtrisé donnant à son récit un intérêt à multiples niveaux. L'histoire d'un conflit, des ressentiments des différentes communautés, de leurs confrontations anciennes et actuelles mais également comment s'élabore son roman permettant ainsi de voir les différentes étapes de sa construction, les pistes envisagées, les notes prises pour la cohérence de son récit, mais également les impasses où l'auteure se trouve parfois par manque d'éléments ou de pistes pour aborder des faits dont les blessures et cicatrices sont encore apparentes. Alors elle observe, questionne, écoute et comprend que c'est dans le café Tis Khamenis mais également grâce aux liens qu'elle noue avec ses occupants qu'elle parviendra à imaginer et comprendre ce qui anime encore certains.



C'est une histoire ou l'amour tient le rôle principal car nous sommes dans le bassin méditerranéen et la tragédie n'est jamais loin : tragédie humaine mais également amoureuse, celle d'un pays perdu, de rivalités et de pouvoirs pour arriver sous le couvert de double jeux à assouvir sa jalousie, où les silences et les absences hantent encore les lieux et ceux qui y sont restés. Comprendre son attachement à une terre, trouver sa place, être romancière et transmettre les dédales d'un conflit complexe, faire le lien entre réalité et fiction afin de dresser un portrait cohérent de l'attachement à une terre, d'une île convoitée par son emplacement stratégique.



L'originalité de la forme, de la construction peut dérouter dans un premier temps mais elle m'a séduite au fil des pages car cela a rejoint ma curiosité à savoir comment un roman se construisait. Je me suis attachée aux différents personnages, surtout féminins représentantes qui sont ici les figures emblématiques de la force, même quand elles sont bafouées,  leur ténacité à perpétuer les traditions de leurs racines, qu'elles soient turques, grecques ou chypriotes, endossant parfois le lourd fardeau de l'étrangère mais également à découvrir 



Je ne connaissais que peu de choses sur l'histoire de cette île et ai trouvé, à travers une forme romanesque, une histoire où la douleur de l'arrachement à une terre se transmet de génération en génération, même si d'autres quartiers ont été construits, ils ne remplaceront jamais, dans le cœur de ceux qui les ont habités, le lieu originel qui leur a été arraché. A travers la quête d'un lieu c'est la quête de soi-même à travers ses racines et quand un arbre est arraché c'est également ses racines que l'on arrache rendant la disparition définitive. 



"Certes, grâce à Giorgos, Ariana et peut-être aussi Andreas, j'étais parvenue à m'approcher au plus près de Varosha. Mais la contrepartie m'apparaissait de plus en plus insurmontable : cette obligation d'ériger mon roman en linceul pour le 14, rue Illios, d'être fidèle à ses murs et son jardin même si mes personnages s'y sentaient à l'étroit. (p177)"



J'ai beaucoup aimé pour l'originalité de sa construction, pour la manière dont l'auteure évoque à travers l'histoire d'un pays une histoire familiale brisée, son attention aux silences, aux blessures inavouées et à l'attachement à une terre perdue.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          270
Au café de la ville perdue

Véritable coup de coeur pour moi !



Suite à la décision de son Père de vendre la maison familiale, Ariana part en quête de sa propre histoire et surtout celles de ses grands parents Aridné et Ioannis.



Un aller retour Passé/Présent comme je les aime, où l'on va suivre Ariana de nos jours et l'Amour presque impossible d' Ioannis et Aridné, ses grands parents en 1974, pendant l'invasion de Chypre.

Ariana va faire la rencontre d'une jeune femme qui souhaite écrire sur Chypre, et plus particulièrement sur Varosha, cette île oubliée.. les secrets de famille d'Ariana vont ressurgir...



J'ai vraiment apprécié cette lecture, très belle découverte de la plume d'Anais Llobet, je vais m'empresser de découvrir Des Hommes couleur de ciel !

Malgré la dureté du sujet, j'ai été transporté dès les premières lignes, la fluidité du récit, les personnages, et les descriptions tellement "réelles"!



Émouvante, touchante, historique, une histoire de famille avec ses secrets, mêlée à l'Histoire de Varosha!



Je recommande sans hésitation ce joli roman!
Commenter  J’apprécie          10
Au café de la ville perdue

Coup de coeur!

Varosha, Chypre. Grâce à la plongée dans ce livre, j'ai découvert l'Histoire de cette île et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas simple. A Chypre, il y a les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs. A Chypre, il y a la guerre.

C'est dans ce cadre historique qu'Anaïs Llobet va nous emporter. Nous allons suivre une galerie de personnages hauts en couleur.

Il y a d'abord Ariana. Ariana est la fille d'Andreas. Andreas est le fils de Ioannis et Aridne. Il y a aussi Eleni qui est la sœur de Ioannis. Et enfin, nous avons Giorgos qui est le meilleur ami de Ioannis.



Tout semble simple pour le moment sauf que Ioannis est Chypriote grec et qu'Aridne est Chypriote turque. Les choses se compliquent.

En effet, Ioannis est allé contre tous les avis de sa famille et de son ami Giorgos en épousant Aridne.Il passera une partie de sa vie à tenter de la faire accepter par les siens.



J'oublie un personnage important: Varosha! Parce que oui, cette ville est un personnage de l'histoire! C'est autour d'elle que tout se tisse.

Cette ville, les chypriotes grecs et les Chypriotes turcs se la disputent. Elle va être le théâtre de tous les combats. Et c'est dans cette ville que vivaient tous ses personnages.



Les discussions vont bon train au Tis Khamenis Polis, un café situé à Nicosie, quand soudain Andreas, le patron, décide de vendre aux Chypriotes turcs la maison familiale abandonnée de Varosha après qu'elle ait été encerclée par l'armée Turque il y a 50 ans. Tout bascule alors. Les secrets de familles sont dévoilés et les masques tombent.



C'est donc en suivant tous ces personnages, dans le temps et dans l'espace, que l'auteure nous fait vivre les grands moments de Chypre.

J'ai adoré les suivre, les aimer et pour certains les détester. L'écriture est très agréable et très immersive. Le livre est très dur à lâcher une fois qu'on est plongé dedans.

Très belle découverte!



Merci à Version Femina et aux éditions de l'Observatoire pour l'envoi de ce livre.
Commenter  J’apprécie          50
Des hommes couleur de ciel

Je n'ai pu lâcher ce roman, une fois commencé. J'ai été saisie par cette histoire, où Alice-Alissia professeure de russe, et Kirem, son élève, ainsi qu'Oumar-Adam le frère de Kirem, sont les protagonistes d'un drame qui coute la vie à 24 personnes dans leur pays d'accueil, les Pays Bas. Anaïs LLobet a construit des personnages à l'origine tchétchène commune, et dont l'expérience de la guerre, de l'homophobie et du code d'honneur, de l'exil et de la recherche identitaire, nous happent et nous questionnent.
Commenter  J’apprécie          90
Des hommes couleur de ciel

C'est curieux que ce très beau roman qui traite de la difficile assimilation et de l'impossible abandon de sa culture d'origine m'ait poussé, la dernière page tournée, à me demander: mais alors, que cherchiez-vous ici? Tous ces codes d'honneur donnent la nausée.
Commenter  J’apprécie          40
Les mains lâchées

J’ai été émue par Madel et sa collègue qui filment les ravages du tsunami sur la population délaissée.



Les secours mettent du temps à arriver et médecins et infirmiers manquent de tout.



Si la collègue de Madel cherche l’image choc pour chaque nouveau reportage, elle va découvrir une réalité qui dépasse son entendement et la choque littéralement.



J’ai aimé découvrir à hauteur de rue les ravages humains de la catastrophe.



Malgré le titre, les mains lâchées pendant la catastrophe ne m’ont pas émues plus que cela. J’ai trouvé que le propos de l’auteure était ailleurs.



Un roman qui montre que l’homme est impuissant face à la nature.



L’image que je retiendrai :



Celle des corps qui pourrissent dans l’eau.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
Commenter  J’apprécie          20
Des hommes couleur de ciel

" homosexuel n'est pas un mot, mais une insulte"... Oumar, tchétchène, homosexuel, devenu Adam aux Pays Bas a réussi à s'intégrer au prix de renier sa patrie. Mais son frère et son cousin viennent habiter à la Haye avec sa mère et le cauchemar commence. Il va devoir cacher sa nouvelle identité, devenu une honte à son pays. Quand un attentat perpétré par un tchétchène se produit dans un lycée de la Haye...

Une histoire qui ne nous laisse pas indifférent car l'indicible est perpétré. Il n'y a jamais de méchants et de gentils mais des personnes qui tentent d'être heureux et de trouver leur place dans une société aux antipodes de la leur.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anaïs Llobet (572)Voir plus

Quiz Voir plus

Quinze expressions

Que veut dire « adorer le veau d’or » ?

être naïf dans ses opinions
vénérer l’argent
avoir des goûts bizarres

15 questions
43 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}