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Critiques de Anaïs Llobet (202)
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Au café de la ville perdue

Je ne connaissais rien à l’histoire de Chypre mais dans cette partie du monde c’était assez évident de considérer que la partition d’une île ne s’était pas faite sans guerre. Et effectivement, ce roman montre l’horreur d’une guerre qui ne dit pas son nom, les exactions, les coups d’Etat et les interventions militaires. C’est parfois difficile à suivre car il y a beaucoup d’allers-retours historiques entre 1960 et aujourd'hui et parce que les personnages se révèlent parfois différents de ce qu'on peut en penser au début. Et pour une fois, je peux dire que je me suis attachée à un personnage : Aridné, une chypriote turque mariée à un Grec, situation bien compliqué.
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Au café de la ville perdue

Au café de la ville perdue d'Anaïs Llobet se passe à Chypre de 1962 à 2020. L'éditeur a placé en 1ère page une carte de Chypre pour permettre à ceux qui ignoreraient sa situation de mieux comprendre ce roman très intéressant.

Varosha, c'est la banlieue de Famagouste où ont dû s'installer les chypriotes grecs chassés par les turcs. Ils ont su en tirer parti et y construire des hôtels de luxe fréquentés par les plus grandes stars de l'époque. Mais tout a pris fin le 15 août 1974 quand touristes et chypriotes grecs ont été contraints de s'enfuir sous les bombardements turcs en abandonnant tout. Depuis Varosha est entourée de barbelés et tombe en ruine .

C'est la trame historique de ce roman qui conte les relations entre un chypriote grec et une jeune chypriote turque qui se rencontrent au début des années 1960.

c'est un roman très prenant malgré un début un peu difficile que j'ai d'ailleurs relu à la fin. L'auteure restitue bien l'ambiance poignante de Nicosie et plus généralement des abords de la ligne de séparation.

Ce qui m'a particulièrement touchée c'est l'analyse des sentiments des différents personnages même si certaines situations sont sans surprise.

L'écriture est très fluide, on entend les protagonistes parler, on voit les décors...

Je conseille vivement ce roman plein de charme qui ne peut pas laisser indifférent.
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Au café de la ville perdue

C'est une fresque familiale se déroulant sur l'île de Chypre que nous conte Anaïs Llobet.

En toile de fond, l'histoire d'amour réunissant Ioannis (chypriote grec) et Aridné (chypriote turque), sorte de Roméo et Juliette des temps modernes, en proie à la violence et au racisme intercommunautaire régnant sur l'île du début des années 60 jusqu'au coup d'État de juillet 1974.

De nos jours, leur petite fille Ariana, mène une enquête personnelle sur ses origines et son héritage. En particulier sur la maison du 14 rue Ilios (soleil en grec) où ses grands-parents ont vécu et qui se retrouve maintenant dans la zone tampon. Elle rencontre une journaliste (l'auteure du livre) et va lui demander d'intégrer son histoire familiale dans le roman qu'elle est en train d'écrire.

J'ai eu un réel intérêt historique à la lecture de cet ouvrage et j'ai beaucoup appris sur la partition de Chypre. J'avoue par contre avoir été un peu perdu entre les nombreux personnages et les différentes temporalités abordées. Un « figuier » généalogique est dessiné dès la première page cependant tous les protagonistes n'apparaissent pas car ils n'appartiennent pas à la famille principale. La plupart des chapitres se déroulant dans le passé sont datés contrairement aux autres et j'aurais préféré pouvoir me repérer plus facilement à chaque tête de chapitre.

J'ai par contre apprécié l'originalité des courts chapitres sous forme de listes insérés dans le roman : liste des souvenirs d'Andreas concernant Varosha, contenu du carton marqué Affaires d'Ioannis… Un peu moins le personnage de la journaliste qui ne m'a pas semblé si nécessaire au déroulement de l'intrigue.

« J'avais cru le 14, rue Ilios éternel (…) En réalité, tout changeait ; il n'y avait que l'écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. »

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Au café de la ville perdue

Je déambule dans le livre et je me perds comme ses personnages. Varosha apparaît et disparaît hier et aujourd'hui. Comme une guerre d'Espagne ou seraient mariés un républicain et une franquiste. Un figuier seul témoin vivant de l'effondrement. Une amitié de carton, sacrifice de l'autre, négation de soi. Que peut on sauver ?

On ne sait trop ? Quelques ombres du passés, quelques figues trop mûres que personne n'a mangé ?

Absurdité du nationalisme qui immole sur son autel la vie, l'amour, l'espoir ?

Et voilà que cela recommence...
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Des hommes couleur de ciel

C’est un roman où il est question des difficultés de vivre la vie rêvée que pourrait offrir l’exil… Mais l’éducation, la culture, le poids de la culpabilité semblent rattraper les deux personnages Adam et Alissa qui se sont crus libres et libérés du poids de la tradition et du regard de leur communauté. En cela, j’ai été passionnée par les passages concernant ces moments de doutes et de scrupules d'Alissa mais également de totale libération d'Adam. J’ai totalement embarqué avec ces personnages à la double identité : celle qu’ils construisent et s’imposent pour donner le change à leurs amis, leurs proches, leurs collègues et à toute la société néerlandaise, et celle qu'ils portent en eux. Pour Alissa, cela passe par le contrôle et la dissimulation. Et pourtant « depuis dix ans, son intégration n’avait souffert d’aucun angle mort. Elle était néerlandaise, de passeport et de volonté. « Vous qui êtes russe », avait dit le professeur, n’accordant aucun crédit aux dix dernières années qu’elle avait vécues ici, aux Pays-Bas, chez lui. Ces années ne valaient rien : elles étaient balayées par son accent, ses origines. Elle était prisonnière de son déguisement à double étage, ni Russe, ni Néerlandaise, à jamais Tchétchène et incapable de défendre son peuple lorsqu’il était attaqué par une chronologie simpliste et à charge. »

Ces passages qui relatent ces questions de l’intégration dans une nouvelle société, du choix (ou pas) et des raisons de l’exil, du poids du déterminisme font que la majeure partie du roman est prenant.

Cependant, une fois passée l’acmé de l’intrigue, j’ai trouvé la dernière partie du roman plus maladroite : les explications fournies et la manière de démêler le récit jusqu’au procès étaient longs et incertains. Je n’y ai pas cru. J’ai été déçue par le dernier tiers du roman.
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Des hommes couleur de ciel

Dans un lycée de La Haye, une bombe explose à la cantine peu après midi. Le terroriste serait un élève d’origine tchétchène, Kirem, aussi sombre et solitaire que son grand frère, Oumar, était solaire et brillant deux ans plus tôt. L’élève préféré d’Alissa, muée en Alice, professeur de russe qui tait son origine pour prix d’une intégration qu’elle veut parfaite. En arrivant seul aux Pays-Bas, envoyé par sa mère pour échapper à la guerre et à la misère, Oumar s’est autorisé à rêver et parfois même à être un autre, sous les traits d’Adam, pour explorer une part de lui-même qui n’a même pas de nom dans son pays, car elle représente l’offense au nom qui ne se lave que par le sang - un « homme couleur de ciel ». Confronté à la tradition, à l’identité qu’il a fuit, sous les traits de son jeune frère et leur cousin radical désormais aux Pays-Bas avec lui, Oumar enjambe un précipice qui s’apprête à l’engloutir.



Roman sur l’exil, l’identité, le poids des traditions et l’antagonisme, construit comme un thriller addictif et très efficace, il se dévore en apnée, le noeud au ventre. L’auteur cisèle des personnages complexes, décortique des culpabilités et construit habilement d’inextricables conflits de loyautés intimes qui ajoutent une forme de cruauté déterminée à l’horreur des faits. A travers les personnages d’Alissa et Oumar, elle donne une voix poignante à des destins que le danger met lourdement sous silence, abordant avec justesse et sans complaisance les sujets les plus délicats. Un roman coup de poing, qui remue et révolte.
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Au café de la ville perdue

De cruels et misérables personnages hantent ce livre épique où les cauchemars et les rêves sont tissés d’illusions, de mensonges, de trahisons.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Au café de la ville perdue

Un livre très bien écrit qui nous plonge tout de suite à Chypre, dans les années 70 et de nos jours.

Une histoire de secrets, de non-dits sur un fond de guerre et de partition de l’île.



L’atmosphère est particulièrement bien rendue.

On se croirait assis à l’ombre d’un figuier, à discuter avec les autres, le regard perdu à travers les barbelés



Et même si je me suis un peu lassée vers la fin, le dénouement mérite vraiment d’aller jusqu’au bout.



Merci @babelio pour ce conseil
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Au café de la ville perdue

Au Café de la Ville Perdue, on trouve une jeune écrivaine française, une serveuse chypriote grecque, un passé lourd et des regrets.



L'écrivaine veut raconter Varosha, cette ville "fantôme" dont les habitants ont été chassés en 1974 par l'armée turque, mais elle n'arrive pas à trouver la vérité de Varosha, le ton juste.

Ariana veut retrouver la maison de son père, le 14 rue Ilios, qu'elle n'a jamais connue, et garder vivante cette part de son histoire.

Son histoire à Ariana, c'est Aridné, sa grand-mère chypriote turque qui a quitté enfant et mari pour suivre un soldat en Anatolie. C'est Ioannis, son grand-père chypriote grec, qui n'a pas supporté le départ de sa femme et a embarqué comme marin sur le premier bateau venu.

C'est Giorgos, ami de la famille, seul témoin restant de ce temps-là ; Giorgos, si complexe, révélant au fur et à mesure du roman un visage bien différent de celui du vieil homme nostalgique.



Quelle beauté que ce roman ! Plus j'approchais des dernières pages et plus j'étais triste à l'idée de laisser cette histoire derrière moi : Ariana et ses tatouages comme le fil la liant à son passé, comme "une façon de maintenir Varosha vivante", Andreas, Ioannis, Aridné...



La construction est brillante et a été pour beaucoup dans mon engouement. L'histoire se partage entre notre temps et les années 1960-1970, avec l'histoire d'Aridné et Ioannis.

La mise en abyme de la naissance d'un roman et de son rapport à la réalité m'a fascinée.

Le terreau historique dans lequel prend vie cette histoire familiale est très intense et je dois reconnaitre que je n'en savais malheureusement pas grand-chose.



Voyage dans le passé aux accents de tragédie contemporaine, Au Café de la Ville Perdue est une lecture que je ne suis pas près d'oublier.

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Des hommes couleur de ciel

Je ne connaissais pas du tout l’autrice, ni le thème central du roman. Ce fut une très bonne surprise et une lecture très belle et riche. Le héros qui fuit son pays à cause de son homosexualité, son frère qui le rejoint mais « tourne » mal. Connaît-on vraiment les gens que l’on côtoie au plus près ? Lorsqu’un attentat est commis tous les regards se portent vers eux et on ne peut que lancer dans cette lecture afin de savoir si les soupçons sont fondés. Excellent roman , qui aborde des thèmes forts et d’actualité, tout en douceur et émotions.
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Des hommes couleur de ciel

Alissa est tchétchène. Réfugiée aux Pays-Bas, elle est un modèle d’intégration. Pour y parvenir, elle a pris soin de cacher ses origines. Car ses semblables n’ont pas bonne réputation. Désormais, Alissa enseigne le russe dans un lycée de La Haye. Jusqu’à ce qu’un horrible attentat n’y soit perpétré. Alors Alissa est rattrapée par son histoire. On suspecte deux de ses élèves d’être les auteurs de l’attentat. Les frères Kirem et Oumar Akhmaïev. Eux aussi sont tchétchènes…

Anaïs Llobet s’est servie de son expérience de journaliste en Russie et en Tchétchénie pour écrire ce roman qui y gagne en authenticité. Actuel et puissant, il aborde l’exil, le terrorisme mais aussi la persécution des homosexuels. Entrer dans la tête d’Alissa et de son élève Oumar nous permet de mieux saisir l’écartèlement entre identité culturelle et désir d’épanouissement que les immigrés peuvent ressentir.
Lien : https://mediatheque-lattes.f..
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Au café de la ville perdue

Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet aux éditions de l’Observatoire nous emmène à Chypre aux abords de la ville fantôme et martyr de Varosha que se sont battue les turcs et les grecs dans la deuxième moitié du 20è siècle. C’est aussi la ville d’où sont originaires Giorgos, Andreas et par filiation, Ariana. Depuis le café où se jouent désormais leurs quotidiens, ils voient les barbelés qui leur interdisent l’accès à la zone. A la zone et à leurs passés. A la résolution des questions restées tant d’années sans réponse. La présence de cette écrivaine sur une petite table du café sera cette fois l’occasion de reconstituer l’histoire.

l permet un voyage dans la chaleur de Chypre. Il donne quelques éclaircissements sur ce conflit majeur de la Méditerranée. Il dépeint des personnalités complexes que l’on imagine parfaitement réelles. La ville de Varosha elle-même est un personnage à part entière. L’histoire familiale se tient et les secrets sont révélés au fur et à mesure, garantissant une tension agréable pendant la lecture. Je suis passée par beaucoup d’émotions et ai fini ma lecture avec une pointe de colère. Inhabituel et donc plaisant !!
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Des hommes couleur de ciel

Lorsque Taïssa,se retrouva seule pour élever ses 2 fils : Oumar,Kirem et Makmoud, le cousin,elle sut qu'Oumar n'était pas comme les autres.

Nous sommes en Tchétchénie la guerre fait rage.

Lors d'une émission de télé, Taïssa voit des images des Pays-Bas.Les gens semblent heureux ,c'est décidé, au prix d'efforts surhumains elle enverra Oumar à la Haye pour étudier et avoir son bac pour elle c'est le Graal!Tu nous reviendras ministre!

À son arrivée Oumar va déchanter la chambre qu'il loue lui sera retirée sans autre explication et relouée à un autre émigré ,véritable commerce.Oumar se retrouvera à la rue,mendiant.

In extremis ,vu son âge : 15 ans il sera récupéré par une association caritative et il pourra poursuivre ses études.

Une femme : Alissa ,professeur de russe ,mais qui ,en réalité est tchétchène comme lui ,le prendra " sous son aile".

Mais Oumar n'est pas comme les autres: il est gay.

Au Pays-Bas ,cela est naturel et n'offense personne,en Tchétchénie ,c'est une honte et une insulte à la famille.

Et sa mère l'avait senti et c'est pour le protéger qu'elle l'a envoyé faire des études au Pays-Bas.Hélas, si Oumar s'épanouit pleinement dans son nouveau pays ,sa nouvelle vie , il s'intègre parfaitement ,les ennuis vont commencer lorsque sa mère, son frère et son cousin l'appellent de l'aéroport : ils sont au Pays-Bas.

À ce moment là il vit en couple avec Hector et se fait appeler Adam,il redoute de dévoiler ses origines tchétchènes car si l'un des siens apprend qu'il est homosexuel il signe son arrêt de mort.Il va rompre avec Hector sans lui donner d'explications.

L'arrivée de sa mère ,de son frère et de son cousin va le déstabiliser complètement, et c'est la peur au ventre qu'il se rendra dans un bar gay faire des rencontres,jusqu'au jour ou un attentat dans son ancien lycée est commis .....

La suite à vous de la lire .Un roman bouleversant,intimiste,où chacun jouera un rôle et où il y aura beaucoup de sacrifices.. Mais face aux événements tragiques ,malgré leurs efforts pour s'intégrer ,leur culture tchétchène reprendra ses droits.A recommander.⭐⭐⭐⭐





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Au café de la ville perdue

De Chypre, je ne sais rien. Cette île n'ouvre en moi aucun imaginaire. Je ne visualise pas sa géographie, ses paysages. Et alors, je ne parle même pas du climat politique. Je sais que l'île est coupée en deux, un côté grec, un côté turc. Et voilà.

Sans @manonlit_et_vadrouilleaussi aucune raison que j'achète ce roman. Sans @b.a.books et @point.a.laligne aucune raison que je le lise. Mais les planètes s'alignent parfois. Et me voilà embarquée dans cette lecture.



J'ai au départ un peu de mal avec les personnages. Je ne cerne pas leurs contours, ils passent entre les lignes et je n'accroche pas. L'écrivaine française notamment, cette narratrice qui est là en passeuse mais dont je me serais bien passée. Plus ma lecture avance et plus je me rends compte que j'aurais aimé que le texte soit resserré autour de la partie non-contemporaine, autour d'Aridné, de Ioannis et de Giorgos. Ce trio m'intéresse, m'interroge. Et il porte en lui la complexité du conflit. C'est par lui que je commence à comprendre ce qui se joue, bien plus que par le biais de l'ecrivaine française qui pourtant m'est plus proche.



La lecture du roman est fluide malgré tout, mes camarades enthousiastes (plus que moi) alors je continue. Je m'accroche à Aridné. Cette femme libre qui par amour pour Ioannis accepte de baisser la tête. Qui par amour pour lui va vivre l'inacceptable. Je m'accroche aussi à cette maison, comme tous les personnages. Ce 14 rue Illios dans le no man's land, lieu de tous les souvenirs, de tous les fantasmes. C'est rare mais l'histoire d'amour qui se noue dans une soirée chypriote ne m'émeut pas. Je veux juste savoir ce qu'il advient d'Aridné. Et la fin est surprenante et finalement assez bouleversante. Donc réussie.



J'aurais aimé aimer plus ce roman. Il rejoindra la liste déjà longue des lectures mitigés de ce début d'année.



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Au café de la ville perdue

Voici un livre qui n'aurait jamais atterri entre mes mains si je n'avais pas la chance de connaître la lumineuse @manonlit_et_vadrouilleaussi !!

En effet, je ne l'ai quasiment pas vu passer sur les réseaux et encore moins en librairie (mais ça, c'est de ma faute, je vais moins en librairie qu'avant, une sombre histoire de PAL à réduire, tout ça tout ça...)

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Et qu'est-ce que je suis contente de l'avoir lu !!!

.

J'ai tout aimé dans ce roman, à commencer par le lieu : Chypre et son histoire politique si obscure à mes yeux, Chypre la belle île méditerranéenne qui semble cacher bien des secrets, Chypre, une seule île pour deux peuples...

Et puis au sein de Chypre, il y a Varosha, cette ville en ruines, ancienne station balnéaire, détruite en 1974 par la bêtise humaine, puis abandonnée, qui se meurt chaque jour un peu plus derrière ses grillages...

.

Mais au delà d'un lieu, c'est avant tout une histoire de famille que nous conte Anaïs Llobet, une famille qui, comme cette île, garde en mémoire de nombreux secrets...

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Dès le début, j'ai eu la sensation de rentrer dans un univers à la Elif Shafak (et c'est un sacré compliment venant de moi, c'est une de mes autrices préférées ! mais c'est aussi un comble puisqu'Elif Shafak donne la parole aux femmes turques quand ici, Anaïs Llobet laissera la parole aux grecs principalement 😉), où chaque personnage a des choses à dire, où les femmes sont mises à l'honneur (même si celui-ci est parfois bafoué au sein même de leur foyer) et développent souvent un caractère bien trempé.

Que j'ai aimé Ariana et ses tatouages, qui défend l'histoire familiale comme si sa vie en dépendait, alors qu'elle n'a jamais vraiment réussi à communiquer avec son père Andreas...

Que j'ai aimé sa grand-mère, Aridné, femme chypriote turque qui aura tenté, jusqu'au bout, de s'intégrer dans sa belle-famille chypriote grecque...

Que j'ai aimé Ioannis, son mari, même si sa loyauté lui aura fait perdre ce qu'il possédait sûrement de plus précieux...

...

Et que j'ai cru aimé Giorgos, ce petit vieux à la langue pendue,... jusqu'à ce que...

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Mais je ne peux vous en révéler plus, sous peine de trahir les protagonistes si bien dessinés par Anaïs Llobet, et qui m'ont tous convaincue, sans ambiguïté...

Mes comparses de lecture @hanyrhauz et @point.a.laligne y ont parfois décelé quelques imprécisions ou quelques questionnements (ce qui ne les a pas empêché d'aimer aussi ce roman) mais pour ma part, j'étais tellement embarquée dans cette fresque familiale que je me suis laissée porter sans me poser aucune question. Tout m'a plu !

Si vous aimez les histoires de famille, n'hésitez plus !

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La plume d'Anaïs Llobet m'a enchantée, j'ai trouvé son écriture fluide et son texte parfaitement équilibré ! J'espère lire ses autres romans très prochainement !!

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Encore merci à Manon pour cette découverte !! 🤩

.

PS : j'avais abandonné un titre de Philippe Jarzaguet qui se passait à Chypre, où tout était trop emberlificoté à mon goût, mais là, ce texte m'a donné envie de lire d'autres fictions se déroulant sur cette île.

Je vais évidemment me précipiter sur le dernier d'Elif Shafak que je n'avais pas encore acheté, mais si vous avez d'autres conseils, je suis preneuse !!

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Des hommes couleur de ciel

Un attentat terroriste dans un lycée qui fait apparaître de dangereuses vérités



Alissa, jeune professeure dans un lycée de La Haye, aux Pays-Bas, dissimule ses origines tchétchènes à tous. C'est également le cas d'Oumar, son ancien élève, rebaptisé Adam, qui vit son homosexualité en cachette. Le jour où Kirem, l'élève de l'une et le frère de l'autre, tue une vingtaine de personnes, ils font tous les deux face à leurs mensonges.



J'avais eu un coup de cœur magistral pour le troisième roman de l'autrice Au café de la ville perdue, et j'ai retrouvé sa plume avec une immense joie.



Les mots sont magnifiques, et le sujet tellement poignant.



Anaïs Llobet rend ses personnages vivants dès les premières lignes, elle nous parle de l'horrible violence sans jamais tomber dans le sensationnel ou le glauque.



La Tchétchénie, je n'en savais rien ou si peu, et j'ai eu un aperçu ici des guerres subies, des violences perpétrées sur les homosexuels, de l'histoire terrible de cette république dictatoriale sous l'emprise russe. C'est ce que j'aime avec les romans de cette autrice, elle maîtrise totalement son sujet et on ressort de notre lecture plus instruit !



Des hommes couleur de ciel : un beau titre pour une terrible réalité. Un roman qui prend aux tripes, qui éveille, qui remue.
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Au café de la ville perdue

Ariana a grandi à l'ombre de la maison familiale, située au 14 rue Illios, que sa famille a perdue pendant l'invasion de Chypre en 1974, lorsque l'armée turque a entouré de barbelés la ville de Varosha. Tandis qu'elle débarrasse les tables du café de son père, elle remarque une jeune femme en train d'écrire. L'étrangère enquête sur cette ville fantôme, mais bute contre les mots : la ville, impénétrable, ne se laisse pas approcher.

Ariana lui propose alors d'interroger les anciens du village, ceux qui ont gardé la ville vivante dans leurs mémoires.

Mais quand la jeune fille apprend que son père, désirant exorcisé le passé fait de non-dits et de lourds secrets, décide de vendre la maison aux promoteurs, elle ne comprend pas. Pourquoi se défaire de la maison dans laquelle on vécu Aridné, chypriote turque, et Ioannis, chypriote grec, ses grands-parents, jusqu'aux tragiques événements du 12 août 1974?Cela ne signifie-t-il pas qu'il renie l'histoire de ce couple atypique dont le parcours semé d'embûches, retrace celle de l'île? Montrant que parfois les motifs de se déchirer sont plus forts que les raisons de s'aimer. Page après page, Varosha se laisse déchiffrer et, avec elle, la tragédie qui a ensanglanté la famille d'Ariana et l'île oubliée.



Un roman sensible, tout en délicatesse, revenant sur la guerre civile qui a opposé les Chypriotes grecs aux Chypriotes turcs pendant vingt ans, de 1955 à 1974, date à laquelle l'île fut coupée en deux. Dans un subtil ballet d'allers-retours entre le passé et le présent, l'auteur retrace l'histoire de Giorgios et Ioannis, deux adolescents avec la vie devant eux, pleins de rêves et d'espoirs, brisés par la terrible guerre civile qui déchire encore Chypre.

Beaucoup d'émotion pour cette lecture qui ne vous laissera certainement pas indifférent.
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Au café de la ville perdue

C’est une histoire vieille comme le monde, celle de deux communautés prétendant ne pas pouvoir cohabiter. Celle-ci plonge ses racines dans l’antagonisme historique entre Grecs et Turcs, qui s’est douloureusement cristallisé à Chypre. Aujourd’hui, l’île est divisée en deux territoires : au sud-ouest, la République de Chypre ; au nord-est, la République turque de Chypre-Nord. Varosha, jadis florissante cité balnéaire de la côte orientale devenue une zone militaire en ruines, est l’amer symbole de cette scission. Et le coeur de l’excellent roman d’Anaïs Llobet déjà très remarquée pour Les hommes couleur de ciel.



Ariana vit dans le souvenir de la maison du 14, rue Ilios qu’elle n’a pourtant jamais connue. Son père Andreas était enfant, en 1974, lorsqu’il avait précipitamment dû fuir la ville au bras de sa tante Eleni sans même prendre le temps d’emporter quelques affaires. Depuis l’attaque militaire turque qui en avait chassé tous les habitants, Varosha est restée fermée, sombrant peu à peu dans le délabrement et interdisant toute possibilité de retour.



Mais ce drame n’était sans doute rien pour l’enfant qui n’a jamais revu ses parents. Le couple composé d’un père chypriote grec et d’une mère chypriote turque n’a en effet pas résisté au contexte de tension extrême régnant entre les deux communautés. Pour sa famille paternelle, qui n'avait jamais vu cette union d'un bon oeil, il ne fait pas de doute qu’Ariadni s'est enfuie avec un Turc. Ioannis s’est quant à lui enrôlé dans la marine pour ne jamais revenir…



Avec l’histoire de cette famille et à la faveur d’allers-retours entre l’époque contemporaine et les années 60 à 70, Anaïs Llobet bâtit une remarquable architecture narrative qui permet progressivement au lecteur de comprendre - et peut-être même de découvrir - l’histoire complexe de cette île qui a intégré l’Union européenne en 2004 en dépit des échecs successifs de réunification. Parfaitement documenté et ne négligeant aucun détail historique, ce roman ne sacrifie pourtant rien à la qualité de la fiction et au plaisir de la lecture, et confirme ainsi le talent de cette jeune auteure.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Des hommes couleur de ciel

Kirem, un jeune immigré tchétchène, fait un attentat dans son lycée de La Haye. Il s'est échappé, mais la police arrête son frère Oumar. Oumar ressemble physiquement à son frère, mais il a une personnalité à l'opposé de celui-ci : transformé en Adam, il est extraverti, occidentalisé et homosexuel. Dans l'histoire est prise aussi Alissa, leur professeure de russe, mais qui cache son origine tchétchène. Oumar et Alissa préfèrent de garder silence par différentes raisons, mais jusqu'où ?

Roman poignant sur l'immigration, sur l'intégration ou son refus, sur la reconnaissance de ses origines ou les envies de les oublier, où se mêle la question de l'homosexualité dans la société ultraconservatrice tchétchène.
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Des hommes couleur de ciel

Comment concilier d'un côté une vie aux Pays-Bas de jeune homme homosexuel parfaitement intégré, et de l'autre la pression de sa famille, le poids de la culture et de la tradition de son pays d'origine, la Tchétchénie, pays dans la langue duquel on n'évoque l'homosexualité que par des périphrases ? Quand sa famille comprend qu'elle a été abusée, et alors que le pire advient, que le fossé entre son frère et lui devient impossible à combler, Oumar ne peut se résigner à dénoncer sa famille. Le récit d'un jeune homme tiraillé entre intégration, désir de vivre sa vie en accord avec ses envies, et l'obligation morale de fidélité à tout prix.
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