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Citations de André Schiffrin (15)


Pour faire face aux très graves problèmes du livre en cette fin de siècle, un groupe d’éditeurs à travers le monde, qui chercherait à cerner les vraies questions et à y apporter des réponses, pourrait jouer un rôle crucial. Si le terrain des idées est abandonné à ceux qui ne cherchent qu’à amuser ou à fournir des informations banalisées, le débat essentiel n’aura pas lieu. C’est ce silence-là qui s’est abattu sur la vie culturelle américaine. Espérons qu’en Europe la lutte contre la domination du marché et la recherche d’alternatives viables seront menées avec plus de détermination.
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Au XXe siècle, il n’a pas toujours été admis que le grand public ne souhaite que du divertissement, même si 1984 d’Orwell et Le Meilleur des mondes de Huxley avaient déjà su prédire un monde où il en serait ainsi. Dans l’Europe et l’Amérique des années vingt et trente, des efforts ont été faits pour atteindre une large audience avec des ouvrages sérieux, efforts dont Penguin Books en Angleterre représente un cas exemplaire. Penguin était à ses débuts une maison politiquement engagée, animée par des idées de gauche, qui cherchait à apporter aux masses à la fois savoir et délassement. Pendant la guerre, dans les territoires non occupés, l’édition a tenu son rôle dans la mobilisation, soutenant l’effort général tout en apportant aux soldats et aux ouvriers épuisés une dose de divertissement. Après 1945, cet optimisme a persisté jusqu’au début de la guerre froide, quand l’édition s’est mise à suivre de plus en plus fidèlement la tendance des autres médias à décrire les champs de bataille d’un monde toujours plus divisé.
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Si l’on met à part les mémoires qui, comme le présent livre, sont toujours sujets à caution, l’histoire de l’édition n’a pas suscité beaucoup de travaux, en langue anglaise tout au moins. Pourtant l’édition représente toujours un microcosme de la société dont elle fait partie, reflétant ses grandes tendances et façonnant dans une certaine mesure ses idées, ce qui fait son intérêt. Elle s’est radicalement transformée dans les dernières années. Pays après pays, elle est passée d’un stade relativement artisanal de type XIXe siècle à une industrie dominée par les grands groupes, des conglomérats exerçant toutes sortes d’activités dans l’industrie du divertissement (entertainment) et de l’information.
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La bataille se déroule également sur le terrain du livre, qui devient peu à peu un simple appendice de l’empire des médias, offrant du divertissement léger, de vieilles idées, et l’assurance que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourquoi diable ceux qui possèdent des machines si profitables dans le cinéma et la télévision accepteraient-ils de faire réfléchir autrement, de faire surgir des difficultés ? Pourquoi même permettraient-ils à de tels livres d’exister ?
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L’une des raisons qui rendent si intéressante l’évolution de l’édition dans le monde, c’est qu’elle représente un véritable microcosme des sociétés où elle se produit et des effets entraînés par le capitalisme. Techniquement parlant, il n’y a guère de raison pour que l’édition aujourd’hui soit très différente de celle du XIXe siècle : jusqu’à une époque récente, elle suivait d’ailleurs le modèle artisanal traditionnel, assez proche de l’entreprise décrite par Balzac dans Les Illusions perdues. Plus important encore : l’édition était considérée comme un métier et non comme un business. Ceux qui s’intéressaient vraiment à l’argent ne choisissaient pas la carrière d’éditeur. S’il fallait évidemment que les éditeurs gagnent assez d’argent pour continuer à produire, ils n’espéraient pas tirer de leur entreprise des profits fabuleux.
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Lors de la parution de L’Édition sans éditeurs en France il y a une dizaine d’années, la réaction de la presse fut unanime : la situation que je décrivais dans le monde anglo-saxon était certes critique et tout à fait regrettable, mais une telle évolution était impossible au pays de l’exception française, où la diversité culturelle fait partie intégrante du système. Pour dire la vérité, la réaction en Espagne, où le livre parut quelque temps après, fut sensiblement la même. Aujourd’hui, ceux qui ont lu le livre me reprochent d’avoir été trop optimiste. C’est que la situation actuelle est bien pire que ce que je dépeignais, pire même que ce à quoi je m’attendais. Car je pensais moi aussi que dans la situation française, le poids des deux grands groupes, Hachette et Vivendi, pourrait rester heureusement équilibré par le troisième groupe, celui des indépendants, assez puissant et influent pour tenir face à la pression des conglomérats et à la tendance à la mondialisation.
Quelques années plus tard, dans Le Contrôle de la parole, je décrivais les premières phases de l’écroulement du vieil édifice. Par une ironie de l’histoire, c’est la décision prise en 1998 par la Générale des Eaux de devenir, sous le nom de Vivendi, un grand groupe de communication et de divertissement lancé dans le jeu de la mondialisation, qui entraîna sa chute et ébranla tout le système. Les achats de studios de cinéma et de maisons d’édition américaines menés par le PDG de Vivendi, Jean-Marie Messier, furent particulièrement malencontreux. Alors qu’il savourait ses louanges chantées par la presse aux États-Unis comme en France et coulait des jours heureux dans son appartement sur la 5e avenue, son empire ne tarda pas à s’écrouler. Il avait acheté pour 2,2 milliards d’euros Houghton Mifflin, grande maison d’édition de Boston. Il fut obligé de la revendre en perdant quelque 700 millions d’euros, somme colossale dont la presse française ne fit guère mention. Si Messier avait enjoint à toutes ses maisons d’édition de ne plus publier que de la poésie et des romans difficiles, jamais elles n’auraient pu perdre ne serait-ce qu’une petite fraction d’une telle somme.
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En 8 années d'une stratégie obsédée par le profit, le rythme de croissance s'était donc nettement ralenti. Newhouse avait réussi ce tour de force de ruiner le capital intellectuel de la maison, de ternir sa réputation et de perdre de l'argent en même temps.
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"Le monde des mots dans sa relation avec l'argent subit les grands changements qui ont transformé nos pays et nos cultures. Mais ces changements ne sont pas forcément définitifs. D'autres voies sont possibles, et c'est à nous de les choisir et de les suivre."
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Lors d’un récent passage à Rome, j’ai été frappé par l’énorme différence entre les livres proposés dans une grande chaîne comme Mondadori et ceux que l’on trouvait dans une librairie indépendante. Il n’y avait pratiquement rien de commun entre les deux. Dans les grandes chaînes, on ne voyait que très peu – voire pas du tout – de titres « exigeants » (demanding). En revanche, on y trouvait les derniers best-sellers, à prix cassés. A New York, quand la grande chaîne Barnes and Noble a ouvert un magasin juste à côté d’une des dernières librairies indépendantes, la librairie St. Mark, ses propriétaires étaient légitimement inquiets. Mais quand ils ont regardé de près l’offre de leur nouveau concurrent, ils ont constaté qu’on n’y trouvait que 4 % des livres de leur propre stock.
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Les livres pouvaient être un moyen d’introduire de nouvelles idées auprès d’un large public. Ce pouvait être aussi une façon différente de s’impliquer en politique.
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Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit.
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.
Rien n’est plus difficile, poursuit-il, que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise.
Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d’audience. Nous sommes le seul produit au monde où l’on « connaît » ses clients à la seconde, après un délai de vingt-quatre heures.
(Patrick Lelay, ex-PD-G de TF1)
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Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, le contrôle des médias et de notre manière de penser par les conglomérats n’est pas une fatalité liée à la mondialisation, mais un processus politique auquel on peut s’opposer, et avec succès.
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Si Murdoch avait eu à négocier des droits radiophonique pour l'Allemagne dans les années trente, on peut imaginer un lancement de Mein Kampf aux Etats-Unis avec une immense campagne publicitaire dans les principales villes du pays.
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Random n’était pas ce que RCA escomptait ou ce que Raytheon attendait, pour citer les autres acquisitions importantes de l’époque. Tous ces regroupements allaient se défaire en quelques années, laissant les maisons d’édition échouées comme des baleines sur le sable, sans savoir qui pourrait bien venir à leur secours.
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Quand les éditeurs ne peuvent plus être fiers de leur production, quand ils ne peuvent plus justifier leur carrière par les livres qu’ils ont mis au monde, alors ils cherchent les plus cyniques des compensations pour colmater cette brèche morale.
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