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Critiques de Anjali Sachdeva (18)
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Ce recueil est surprenant tant les neuf nouvelles qui le composent balayent le temps, l'espace et le rationnel, du Nigeria au New Hampshire, du passé à un futur dystopique, du réalisme au fantastique. J'ai d’ailleurs éprouvé des difficultés à les relier entre elles - si tant est qu'il faille trouver un fil conducteur, je ne suis pas une habituée des nouvelles.



En fait, il y a des passerelles. Chaque nouvelle se lit comme une fable. Chacune met en scène des personnages, à la recherche d’une rédemption, en se tournant vers la science, la technologie ou la nature, ces nouveaux dieux étant tout aussi capricieux que les anciens. Tous sont animés par une sorte d’espoir, malgré la tonalité peu gaie des textes, mystérieux pour le lecteur mais qui les suit dans leur parcours.



J’ai beaucoup aimé la maitrise de l’auteure à créer pour chaque nouvelle un ambiance, un univers très différent, toujours très évocateur, emplie de surprises et de questionnements quasi philosophiques. A chaque fois, l’histoire commence avec un ancrage dans la réalité, puis glisse vers l’étrange et le merveilleux avec beaucoup de grâce, étreignant subtilement le connu et l’inconnu. Sans jamais perdre le pouls de l’humain, même quand la bascule vers le fantastique est très forte.



L’ensemble est cependant un peu inégal. Disons que sur les neuf, quatre nouvelles m’ont vraiment marquée par les images créées, les autres ont plus glissé sur moi sans laisser une empreinte émotionnelle forte, peut-être parce que j’y ai moins saisi les enjeux développés par Anjali Sachdeva.



- Le Monde la nuit : pleine de poésie avec sa grotte secrète dans laquelle se réfugie une jeune femme albinos abandonnée de tous, jusqu’à s’y perdre.



- Poumons de verre : superbement romanesque avec ce père aux poumons remplis de particules de verre suite à un accident industriel, à la recherche d’un trésor archéologique dans le désert égyptien. C'est celle qui m'a le plus emportée avec sa poésie et ce duo père / fille magnifiquement caractérisée.



- Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu : inspirée de l’enlèvement de lycéennes par Boko Haram au Nigeria en 2004, cette nouvelle est celle qui m’a le plus captivée avec ses deux héroïnes kidnappées, violées et mariées de force, qui reprennent les rênes de leur vie en ensorcelant leurs bourreaux de mari. La réflexion autour du passage de victimes à bourreaux est passionnant.



- Manus : la nouvelle dystopique qui imagine des humains dominés par des extra-terrestres qui exigent une procédure indolore de remplacement de la main par une fourchette métallique. Troublant.

A chaque fois, les fins laissent toute la place au lecteur pour s’attarder, se demander et imaginer la suite. Une auteure incontestablement à suivre.

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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Ce premier roman d’Anjali Sachdeva publié chez Albin Michel dans sa collection « Terres d’Amérique » est un recueil de neuf nouvelles toutes différentes les unes des autres, variant les genres et passant d’une époque à l’autre.



« Le monde la nuit » invite à suivre la solitude de Sadie, une jeune femme albinos hypersensible à la lumière qui, en attendant le retour de son mari, découvre une mystérieuse grotte dont les tunnels s’étirent sur des kilomètres.



« Poumons de verre » raconte l’histoire d’Henrick van Jorgen, un danois émigré à New-York, handicapé par des poumons fragiles suite à un accident dans une aciérie, mais qui décide tout de même de suivre sa fille jusque dans un désert d’Egypte à la recherche d’un tombeau rempli de trésors.



« Logging Lake » invite à suivre Robert, qui après avoir rompu avec Linda, part en randonnée en montagne avec sa nouvelle flamme Terri.



« Tueur de rois » livre les derniers instants d’un écrivain aveugle accusé de régicide, qui dialogue avec sa muse.



« Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu », qui donne son titre éponyme au recueil, livre la vengeance ensorcelée et poignante de deux jeunes nigérianes enlevées par un mouvement islamiste, maltraitées, violées et mariées contre leur volonté.



« Robert Greenman et la Sirène » raconte l’emprise d’une sirène sur un marin, le tout sous l’œil attentif d’un immense requin blanc.



« Tout ce que vous désirez » propose une histoire d’amour entre une fille prisonnière de sa situation familiale et d’un employé de son père, condamné à travailler dans la mine du patriarche pour rembourser ses dettes de jeu.



Dans « Manus » les extra-terrestres sont au pouvoir et obligent les humains à remplacer leurs mains par des prothèses en acier.



« Les Pléiades » invite à suivre la destinée tragique de sept jumelles créées artificiellement par des experts en génétique, mais rappelées à l’ordre par Dieu…



N’étant pas forcément fan de nouvelles, ni de certains genres tels que la science-fiction ou le fantastique, je ne faisais à priori donc pas partie du public ciblé par ce roman. Si les récits plus réalistes et lorgnant plus vers le polar, tels que « Logging Lake » ou « Tout ce que vous désirez », sont parvenus à me séduire, c’était également le cas des autres histoires, même si elles étaient parsemées de vaudou, d’extra-terrestres ou de sirènes.



Il faut dire qu’Anjali Sashdeva, malgré son jeune âge et ce premier roman, s’avère d’ores et déjà une conteuse hors pair. Même si je n’étais pas toujours fan des chutes un peu trop ouvertes de ses nouvelles, j’étais chaque fois envouté par les mondes et les voyages qu’elle proposait. Mêlant poésie, mystères, inventivité et personnages aussi étonnants qu’attachants, elle livre des superbes récits qui flirtent avec le conte.



Une auteure à suivre, dont je suis d’ailleurs impatient de découvrir le véritable premier roman.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !

Retenez bien ce nom : Anjali Sachdeva est une jeune écrivaine américaine née d’un père d’origine polonaise et d’une mère d’origine bengali. Elle a grandi à Pittsburgh aux Etats-Unis. Son premier livre est un recueil de neuf nouvelles « Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu » et il a été récompensé par le Chautauqua Prize et retenu aux États-Unis parmi les meilleurs livres de l’année 2018 par plusieurs médias, dont la National Public Radio. A la lecture de ce recueil de nouvelles, on comprend, instantanément que Anjali Sashdeva a ce quelque chose de miraculeux en plus, qui fait le sel de la littérature. L’autrice est diplômée du prestigieux Iowa Writers’ Workshop et travaille actuellement à l’écriture de son premier roman. Un recueil de nouvelles publiées chez Albin Michel dans la très riche collection « Terres d’Amérique. » Dès l’entame de ce recueil, « Le monde la nuit« , le lecteur est plongé dans une nouvelle à l’atmosphère sombre et mystérieuse. Nous sommes au temps de la conquête de l’Ouest et Sadie désespère d’attendre son mari parti chercher du travail ailleurs. La maison de Sadie est perdue dans les Grandes Plaines. Un jour, elle découvre une grotte immense et des tunnels sur des kilomètres. Elle est irrésistiblement attirée par les voix qu’elle entend là-bas. Elle décide de s’y engouffrer de plus en plus loin. Que va t’il advenir ? « Poumons de verre » est une nouvelle particulièrement belle, qui nous voit suivre les pas d’un archéologue, d’un père handicapé par une blessure aux poumons qui a d’étranges pouvoirs, et de sa fille. Le point de départ est un musée des Etats-Unis avant de rejoindre le désert d’Egypte et ses mystères, au XIXème siècle, à la recherche d’un tombeau des pharaons. Ou bien encore, dans « Tueurs de roi« , nous voyons un ange au chevet d’un certain John (Cook ?), un homme qui a écrit pour demander la mise à mort du roi d’Angleterre Charles Ier. Ce dernier est jugé puis exécuté par décapitation le 30 janvier 1649. C’est John Cook qui mena l’accusation en tant qu’avocat général lors du procès instruit contre le roi Charles Ier. John a perdu la vue. Une nouvelle sur l’acte de création, la muse qui habite l’écrivain et sa plume. Une mise en abîme formidable sur l’acte mystérieux de la création mais aussi sur le poids de la culpabilité du régicide. Un autre texte, qui donne son titre éponyme au recueil, voit deux jeunes Nigérianes être enlevées par Boko Haram, une nouvelle poignante qui sonne comme un coup de poing afin de nous rappeler l’horreur de ce qui s’y passe. « Robert Greenman et la Sirène » nous conte l’histoire d’un marin pêcheur sur un morutier, au XXIème siècle, irrésistiblement attiré par une sirène au chant mélodieux. Anjali Sachdeva est aussi à l’aise dans le fantastique, que dans le récit historique, contemporain. Dans « Manus » c’est à une SF complètement barrée à laquelle nous avons le droit. Des hôtes extraterrestres cherchent à remplacer les mains des êtres humains par des sortes de prothèses en acier, de pinces, pour mieux les contrôler. L’un après l’autre, les humains sont appelés à subir cette horrible opération. Aucun échappatoire possible. A chaque fois, l’univers est parfaitement décrit et envoûtant à souhait. La science est également une thématique abordée par l’auteure dans « Les Pléiades. » Un style d’écriture mené de main de maître par Anjali Sachdeva et auquel la très belle traduction d’Hélène Fournier rend grâce de façon merveilleuse. Une plume nimbée de mystères, d’étoiles, de fulgurances jaillissant des profondeurs de sa prose. Énigmatique, poétique, fabuleux, il y a longtemps que je n’avais pas lu un recueil de nouvelles, d’une telle qualité dans le fond comme dans la forme. Trop souvent mésestimé les recueils de nouvelles sont pourtant précieux dans la littérature contemporaine. Celui-ci est brillant et l’imaginaire d’Anjali Sashdeva est prodigieusement inventif, subtil, riche. Il demeure en ces mots toutes la beauté, mais aussi la laideur de notre monde, et ce depuis le commencement des temps. On touche à l’humain, à sa gravité, à son désarroi, à sa folie, à son mystère. Chaque nouvelle redéfinit, interroge les malheurs de notre temps et dieu que c’est beau ! Une autrice à découvrir à tout prix. Anjali Sachdeva, c’est paru chez Albin Michel dans la collection « Terres d’Amérique » et cela s’appelle « Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu. »
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Quelle découverte ! Je suis attentif depuis vingt ans aux sorties de la collection Terre d'Amérique, chez Albin Michel, et si je déteste la facilité de faire certaines comparaisons, je dois avouer que je ne résiste pas ici à évoquer d'autres auteurs pour parler d'Anjali Sachdeva.

Il y a dans ces nouvelles très fortes, profondément troublantes, du Dan Chaon et du Craig Davidson (et c'est peu dire de la qualité des textes) mais aussi du Ken Liu et du Ted Chiang (si si) pour la poésie inhérente et les aspects fantastiques qu'on y croise.

Une réussite totale, une bouleversante entrée en matière, une auteure que je vais suivre de très près.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Après la traduction de Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah, la collection Terres d’Amérique poursuit sa publication de recueil de nouvelles aux confins de l’imaginaire et de la littérature générale avec Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu de l’américaine Anjali Sachdeva.

Premier ouvrage de l’autrice, très remarqué outre-Atlantique et couronné par le Chautauqua Prize, Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu réunit neuf textes courts qui ont tous en commun de ne pas tenir dans les cases étriquées de la littérature générale…



Dans la solitude de l’être

Pourtant, les choses commencent de façon assez banale avec le premier texte : Le monde la nuit. Dane celui-ci, Sadie, une jeune fille albinos hypersensible à la lumière, vit dans un coin reculé des États-Unis avec son mari, Zachary. Contrairement aux autres, Zachary n’a pas été effrayé par la peau blanche de Sadie mais terriblement fasciné. Malheureusement, les temps sont durs et Zachary doit quitter le domicile pour chercher du travail et de l’argent ailleurs.

Commence alors la longue attente de Sadie, seule et isolée de tout. Pour tromper l’ennui et le désespoir qui l’accable, elle s’aventure à l’extérieur et découvre une grotte. Un soir plus noir que les autres, elle décide de s’y aventurer comme dans un lieu de culte, avec un mélange de fascination et de révérence. C’est avec délicatesse qu’Anjali Sachdeva commence ce recueil, en ouvrant son monde sur une histoire d’amour ambiguë, entre un homme dont on comprend mal les sentiments et une femme malheureuse et tenue à l’écart par sa couleur de peau. En plus de l’ambiance désertique qui pèse sur cette histoire cruelle, l’autrice glisse une référence fantastique avec cette grotte presque mystique où l’on croit voir des ombres et entendre des rires. Où Sadie, déjà dans l’ombre, semble retrouver les siens au fond du gouffre.



Le fantastique s’invite

Cette ambiance surréaliste, presque fantastique, se retrouvera dans beaucoup des textes du recueil. Le suivant, Poumons de verre, commence également comme un pur texte de littérature générale avec Henrick Van Jorgen, un danois émigré à New-York, qui vit avec sa fille, Effie, dont la mère est morte en couches. En travaillant dans une aciérie et suite à une expérience malheureuse pour mélanger fibres de verre et métal, le voilà brûlé au troisième degré dans le dos et les poumons remplis de particules de verre.

Dès lors, Henrick devient une charge pour sa fille, handicapé du souffle, incapable de dire plus de trois mots sans risquer sa vie. Outre l’allure fantastique de ce châtiment, c’est la suite de l’histoire qui prend une tournure encore plus inattendue avec une expédition en Égypte et la recherche d’un tombeau oublié. Encore une fois, Anjali Sachdeva dresse des portraits humains sensibles et poignants, entre un père et une fille, entre un homme diminué et son fantôme passé. Sous les rayons du soleil Égyptien, l’aventure devient mythique, quasi-surréelle, entre l’intime d’hommes et de femmes en quête du passé et l’épique d’une quête d’un tombeau royal et prestigieux.

Peu à peu, cette thématique de l’homme face à l’inconnu se fait plus prégnante, plus acérée. On la retrouve dans Logging Lake et son couple de randonneurs atypiques, avec Robert qui vient de rompre avec Linda et Terri, une femme mystérieuse et bordélique qui transpire le mystique dès la première nuit. On retrouve encore ici cette cruauté du destin, ce châtiment qui frappe au hasard et qui enlève Terri à Robert pour le jeter dans les bras d’une Linda qui trouve un regain d’amour pour son ex suite à ce drame pourvoyeur de mystère, de secret. Comme si, au fond, l’inconnu donnait de l’intérêt au quotidien.



Rencontre(s) avec Dieu

Les drames de la vie, les jugements étranges d’un Dieu imprévisible parsèment les textes d’Anjali Sachdeva, que ce soit durant l’écriture d’un poème épique par John dans Tueur de Rois ou avec les morts à répétitions endurées par Del dans Les Pléiades.

Dans Tueur de Rois, le fantastique se dévoile frontalement avec l’aide d’un ange auprès de John, pamphlétaire aveugle accusé de régicide et qui cherche à secouer le peuple. Mais que se passe-t-il quand le pamphlétaire acquiert une portée divine ? Que se passe-t-il quand l’ange elle-même doute de la probité de son maître ? Texte d’une immense beauté et d’une intelligence redoutable, Tueur de Rois trouve son écho dans Les Pléiades, où sept jumelles créées par le miracle de la génétique, se mettent à dépérir et mourir chacune leur tour sans avoir pu vivre pleinement. Del, la dernière survivante, croise la route de Troy qui l’emmène jusqu’au bout, délaissant la colère divine pour le contact humain. L’américaine, qui dit avoir été passionnée très tôt par les textes fantasy, en profite également pour nous offrir une belle variation sur la figure mythique de la Sirène dans Robert Greenman et la Sirène où un pécheur devient obsédé par une créature qui, elle, n’a d’yeux que pour un requin pour lequel elle vide l’océan. Devant cette beauté et ce piège à double-tranchant, le lecteur pense également au texte suivant, Tout ce que vous désirez, où Gina, autre sirène en d’autres lieux et d’autres temps, est convaincue d’avoir créé puis attiré Michael dans ses filets pour l’exfiltrer de sa situation familiale.

C’est encore une fois sous le prisme de l’emprise et du fantastique qu’Anjali Sachdeva aborde l’amour et la relation amoureuse à proprement parler, une relation souvent éreintante et qui demande d’abandonner une partie de soi.



La révolte des opprimés

Quant au sens du sacrifice, il en faut à Promise et à Adike, deux jeunes filles nigérianes enlevées par des islamistes de Boko Haram, torturées, battues, violées et enfin mariées de force à Bashir et Karim. Puis un jour arrive la libération, avec un fantastique à moitié avoué, une prostituée qui apprend aux deux femmes à ensorceler/hypnotiser leurs maris pour les plier à leur volonté. Malheureusement, en passant du rôle de victime à celui de tortionnaire, que devient-on vraiment ? S’intéresse-t-on finalement à ce qui a mené le monstre à en devenir un ?

Un texte magnifique et militant qui ouvre la voie à la dernière histoire, certainement la plus inattendue et incongrue du recueil : Manus.

Virage à 180° avec cette fois un pur objet de science-fiction dans lequel notre narrateur nous décrit un monde asservi par une race extra-terrestre à la fois grotesque et impitoyable : les Maîtres, sorte de gros organismes gélatineux et zézéyant qui ont la faculté de tuer les gens par simple contact (et par l’intermédiaire d’un champignon hautement contagieux). Cette fois encore, le sacrifice et le châtiment sont là, celui d’une race toute-puissante et incompréhensible qui veut couper les mains des hommes (symbole d’autorité et de pouvoir) pour les remplacer par des appendices en métal surnommés « fourchettes » (et qui donnent un petit côté Limbo à ce récit). Mais Anjali Sachdeva veut montrer la révolte, même quand elle semble futile et inutile, la conservation de l’homme et de toutes ses parties, la fusion dans le sens le plus strict du terme. C’est étrange, effrayant, organique et décalé. Un peu comme l’ensemble de ce recueil sans cesse surprenant pour le lecteur.



Recueil atypique mais délicieux, Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu n’a pas qu’un titre sublime et intriguant, il a aussi l’audace de briser les limites et d’aller chercher le sens de l’humain au cœur de l’injuste pour le tirer vers le mythique et le fantastique. Anjali Sachdeva n’a certainement pas fini de faire parler d’elle…
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Continuons le mois de la nouvelle avec ce recueil d’une jeune autrice américaine d’origine à la fois polonaise et bengali, ayant grandi à Pittsburgh. Ce livre a reçu le Chautauqua Prize et a été retenu en 2018 parmi plusieurs sélections des meilleurs livres de l’année.

Dans « Le monde, la nuit », pendant la Conquête de l’Ouest, une jeune femme albinos préfère vivre la nuit. Alors que son mari est parti au loin pour travailler, elle découvre une grotte où elle prend l’habitude de se réfugier. Cette nouvelle est-elle fantastique ou bien montre-t-elle la grande force de l’imagination, ça peut se discuter.

Dans « Poumons de verre » un père, lourdement handicapé par un accident industriel, se préoccupe de l’avenir et du bonheur de sa fille, ce qui va le mener bien loin, jusqu’en Egypte.

Dans « Logging Lake » un jeune homme va subir, subir est vraiment le mot exact, car le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas partant, une parenthèse aventureuse avec son amie du moment, dans une vie bien calme.

« Tueur de rois » évoque le poète John Milton au soir de sa vie, aidé à écrire par une étrange comparse ailée. J’avoue que je ne connaissais pas trop Milton, ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier la nouvelle.

Dans « Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu » deux jeunes femmes, enlevées par la secte Boko Haram au Nigeria, découvrent au fil des années un étrange pouvoir qu’elles possèdent sur les hommes.



« Robert Greenman et la sirène » est l’histoire d’une pêche miraculeuse et d’une belle créature marine, mais aussi celle d’une emprise.

Rien de fantastique dans « Tout ce que vous désirez » sauf peut-être dans l’esprit de Gina, jeune fille empêchée de vivre à sa guise par un père despotique, et qui cherche par quel moyen quitter sa petite ville du Montana.

« Les Pléiades » montre encore une fois la grande imagination d’Anjali Sachdeva. Elle met en scène ici des parents croyant farouchement à la Science, qui donnent naissance, par la magie de la génétique, à des septuplées, sept parfaites petites filles semblables. L’une d’entre elles raconte leur histoire, son histoire.

Je n’ai pas cité une nouvelle ? Ah oui, il s’agit de « Manus », un texte d’anticipation, où, dans un avenir plus ou moins proche, un peuple de Maîtres remplace des membres humains, comme les mains, par des prothèses plus fonctionnelles. C’est celle qui m’a le moins plu.

L’aspect fantastique n’est pas toujours marqué dans les textes, il est même parfois très discret. C’est la magie de l’écriture, très évocatrice, qui permet de se plonger rapidement dans des mondes dissemblables, et d’y croire immédiatement, malgré un soupçon d’étrangeté, et grâce à une psychologie des personnages très subtilement observée.

Je recommande ce livre aux fans de nouvelles, qui ne manqueront pas d’y trouver leur compte et d’élire leur préférée parmi ces textes originaux et captivants. Pour ma part, j’hésite entre Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu et Robert Greenman et la sirène.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Ce livre est une petite merveille. D'ailleurs la couverture exprime tout-à fait ce qui attend le lecteur qui ouvrira ce recueil, ce sont des nouvelles, certes, mais ce sont surtout des mondes. Des vies.

J'ai ouvert ce livre sans connaître l'auteure, Anjali Sashdeva, sans savoir ce qui m'attendait. J'ai ouvert la première porte, et l'écriture, l'histoire m'a emportée. L'histoire de Sadie, visiblement au temps des pionniers, vivant seule et dans le noir, je l'ai comprise comme étant atteinte d'albinisme, je ne sais pas si c'est cela. Elle doit vivre la nuit, car ses yeux et sa peau sont fragiles. Et une nuit elle découvre un puits, un terrier, et comme Alice, elle arrive dans un monde différent, beau, et c'est l'émerveillement. Et aussi le tragique.

Il y a aussi l'histoire de Promise et Abika, deux adolescentes africaines enlevées dans leur école avec une centaine d'autres filles par un groupe armé d'islamistes extrémistes, certainement Boko Haram, et qui survivent au lavage de cerveau intensif, du genre des 99 noms qu'on donne à Allah qui doivent être appris par coeur, les prières, l'esclavagisme. Leur capacité de survie est due à la magie qu'elles apprennent pour domestiquer ces hommes, leur ôter tout pouvoir sur elles.

Il y a aussi ce pécheur, dur à la tâche, qui une nuit voit une sirène... et la beauté, l'émerveillement, la sensation d'être de deux mondes..

Ces neufs nouvelles qui parlent de magie, de force, de rêves, de souffrances aussi sont merveilleusement écrites. Des mondes qu'on peut voir, sentir, goûter. Ce sont aussi des épopées de vies incroyables, poétiques et dures à la fois. Les adjectifs qui me sont venus lors de ma lecture -d'une traite- de ce recueil, sont lumineux, somptueux, poétique, magique, étrange, comme les extraterrestres qui ont pris l'humanité sous leur coupe, et féminisme, tous ces récits, histoires, vies le sont.

J'ai dû relever la tête entre chaque nouvelle, pour reprendre mon souffle, et laisser glisser l'histoire en moi, l'intégrer, avant d'en ouvrir une autre.

Je crois que Anjali Sachdeva a indéniablement un don pour faire exister et vivre pour le lecteur ces vies, ces endroits, ces périodes, de la Renaissance à la Conquête de l'Ouest, le présent en Afrique, et le futur avec ses interrogations sur l'humanité. Une réussite incontestable.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Il n’est pas facile de chroniquer un recueil de nouvelles, genre hélas sous-estimé en France, sans tomber dans les clichés. Vais-je les éviter ? J’essaierai en tout cas !

Dans ce premier recueil, Anjali Sachdeva nous emmène dans des univers différents, des univers qui ne sont pas forcément les miens, et parvient à faire se côtoyer la science-fiction, le policier ou le roman historique – s’il faut voir un lien entre les nouvelles, je vois d’abord une progression chronologique. Je vois aussi l’émotion que peuvent nous procurer les personnages. Je m’attarderai ainsi sur la première héroïne, Sadie. Albinos, elle ne supporte pas la lumière du jour, et effraie ceux qui la croisent – ne pas aller plus loin que ce que la superstition ou la crédulité leur dicte. Elle est pourtant mariée, depuis peu, et attend le retour de son mari, parti chercher fortune ailleurs. Elle est seule, inexorablement mais elle explorera une grotte, qu’elle a découverte, seule, toujours. Son destin, son courage, sa dignité aussi, sont poignants.

Jusqu’où peut-on aller par amour ? Très loin. C’est ce que fait Henrick van Jorgen, l’un des personnages principaux de « Poumons de verre » pour sa fille. Danois émigré à New York, il est resté handicapé après un accident du travail, comme nous dirions de nos jours. Mais nous ne sommes pas de nos jours, nous sommes et c’est avec courage qu’il prendra soin de sa fille, qu’elle prendra soin de lui, et qu’au bout du compte, ils se retrouveront en Egypte, à la recherche d’un tombeau.

Jusqu’où peut-on aller pour survivre ? Oui, les deux héroïnes de « Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu » se vengent, elles se vengent de ceux qui les ont enlevées, violées, torturées, mariées de force. C’est une vengeance extra-ordinaire, une vengeance qui les fait aussi, non pas retourner dans leur vie d’avant, elles savent que c’est impossible, mais de renouer avec elle, peu à peu, sans être constamment dans la crainte.

J’ai trouvé presque drôle, en comparaison, l’aventure de Robert dans « Logging Lake ». Il a rompu avec Linda, sa compagne de longue date, il a rencontré une autre femme, Terri, et voici que lui, le sportif du dimanche (et encore) se retrouve à partir en randonnée. il vivra des péripéties parfois cocasses, parfois tragiques, et restera avec une énigme non résolue, et une vie remise dans… le droit chemin ? Peut-être.

Autre nouvelle qui se teinte de policier, « Tout ce que vous désirez » est l’histoire d’une jeune femme prisonnière de son milieu aisé, prisonnière de son père, et qui tend à s’émanciper, tout en cherchant à obtenir l’homme qu’elle désire. Au lecteur de voir jusqu’à quel point elle suit les préceptes de son père, et à quel point elle peut s’en désolidariser.

En écrivant cet article, j’ai déjà l’impression de beaucoup trop en dévoiler, et de risquer de gâcher le plaisir de lectures, si je parlais trop par exemple de « Robert Greenman et la Sirène » ou de « Tueur de rois » qui sont deux nouvelles teintées de fantastique. Cependant, si vous aimez la science-fiction, les nouvelles « Manus » ou « Les Pléiades » devraient vous interpeler, vous questionner, sur ce que l’être humain est prêt à accepter, ou sur ce que l’être humain est capable de tenter. Pour le meilleur ? Parfois oui. Il est des personnes qui sont capables d’aller très loin pour faire (enfin) réagir les autres.

Un superbe recueil.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Poétique, énigmatique, entre magie et sacré, ce recueil de nouvelles atypiques est un savant mélange qui semble vouloir explorer l’étrangeté de l’expérience humaine et sa modeste place dans l’immensité du cosmos. Au croisement de la littérature de l'imaginaire et de la littérature blanche, les 9 histoires de Anjali Sachdeva couvrent des siècles et des continents, racontent des personnages qui ont en commun une lutte épique avec le destin. Dans la plupart de ces nouvelles, c’est l’intrusion d’une invraisemblance dans une vie banale qui va servir d’intrigue : un pêcheur qui croise une sirène, une rencontre en ligne qui se termine par une disparition inexplicable, deux jeunes nigérianes qui ont le pouvoir d’hypnotiser les hommes…. Et puis dans d’autres, l’auteure nous mène carrément dans l’inconnu, dans la dystopie. Hautement imaginatives, chaque nouvelle met le lecteur en situation d’équilibre instable ; perturbant mais étrangement plutôt agréable.



Traduit par Hélène Fournier
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

En toute sincérité, je suis ressortie un peu perplexe et dubitative de ce recueil. D'un côté j'ai perçu clairement le talent de cette auteure, j'ai pu voir la qualité de sa plume et la force de son imagination mais d'un autre côté ses histoires n'ont pas su pleinement me convaincre, m'interpeller ou me toucher.



Si je suis un peu mitigée sur ce recueil je pense que cela vient du fait que j'ai du mal lorsque le côté fantastique commence à prendre l'ascendant sur le reste au point de perdre le peu de réalisme de chaque histoire, au point de rendre le tout très étrange, un peu mystique et difficile à appréhender. Autant il y a des recueils ou romans qui savent parfaitement maitriser l'équilibre entre réalité et fantastique, pourtant ici j'ai eu cette sensation d'être perdue.



À chaque histoire j'ai essayé de comprendre le but de l'auteure, ce qu'elle voulait nous dire, ce qu'elle souhaitait raconter mais à chaque fois j'ai eu l'impression d'être hermétique au sens du texte et à sa finalité. Le lecteur va faire face à des questions de génétique, de sirène, de grotte mystérieuse, de recherche archéologique et d'autres éléments qui ne s'accordent pas. Il aurait ainsi peut-être fallu un fil conducteur pour relier ces histoires ou alors décider de plonger sans concession dans l'imaginaire et d'affirmer ce recueil comme tel.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Je ne lis que trop peu de recueils de nouvelles et après ma lecture de Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu d'Anjali Sachdeva qu'Albin-Michel a publié dans sa collection Terres d'Amérique, je ne peux que regretter ! C'est un premier recueil qui a paru en 2018 aux États-Unis et qui est incroyablement puissant et diversifié.



Les neufs nouvelles qui le composent vous emmèneront aux frontières de différents genres, ici du nature writing, au large, de la mythologie, là de la science-fiction, et puis même ici un brin de magie. Vous serez trimbalé d'une grotte aveugle en pleine nature américaine à la chaleur du désert égyptien sur les traces de tombes antiques, sans oublier de passer par les profondeurs de l'océan où un pêcheur et une sirène se rencontrent et se fascinent.



En Afrique, il vous faudra subir cet enlèvement de fillettes par une milice armée et puis les voir reprendre le contrôle, partir dans un monde alternatif où des extraterrestres venimeux amputent les mains des humains, tout quitter pour vous enfuir avec un beau parleur jusqu'en Floride avant de vous retrouver seul, être encerclé par les loups dans un parc naturel ou encore voir les septuplées d'une expérience scientifique mourir l'une après l'autre sous le regard impuissant de la médecine.



Quel plaisir que de découvrir une plume si talentueuse, autant d'histoires très différentes qui toutes ont une touche de magie, de sacré, et que l'autrice réussit à faire vivre avec panache et profondeur en quelques pages seulement, dans cet exercice si difficile et exigeant qu'est la nouvelle. Si vous avez envie de vivre neuf belles aventures, précipitez-vous sur ce premier recueil d'une autrice prometteuse que je ne manquerai pas de suivre à l'avenir.



Service de presse adressé par l'éditeur.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Une touche de fantastique, parfois extrêmement discrète, juste une notation qui pourrait passer inaperçue, des êtres imaginaires pleinement assumés: une ange -muse d'un écrivain  proche de la mort, une sirène qui fascine un marin , Anjali Sachdeva, dans les neuf nouvelles composant ce recueil, laisse libre-cours à son imaginaire, variant les atmosphères et les genres.

On passe ainsi des États-Unis à l'Afrique, du présent au passé, voire à un futur qui nous paraît beaucoup trop proche et inquiétant.

La solitude marque souvent ces personnages, qu'elle soit infligée avec désinvolture, redoutée ou non-dite, mais la plainte ne fait pas partie de leur partition. Qu'ils choisissent de s'enfoncer dans une grotte secrète, de se lancer dans des missions apparemment vouées à l'échec, ils nous fascinent toujours et jamais l'autrice ne cède à la facilité de la nouvelle à chute, préférant laisser résonner ses textes bien après que son recueil ait été refermé.

Il y a ici une maîtrise étonnante pour cette jeune femme, dont c'est le premier livre, aussi à l'aise dans l'anticipation que dans la nouvelle "psychologique", toujours un peu teintée de fantastique. On n'oubliera pas ces textes de sitôt.

















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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Avant, j’étais réticente à ouvrir un recueil de nouvelles. C’était avant de découvrir et d’ouvrir ceux des auteur.e.s américains. Ils ont une aisance particulière à vous narrer ces histoires courtes mais d’une puissance inqualifiable qui vous laissent pantois et surtout jamais sur votre faim. Aujourd’hui je vais vous parler d’un recueil extra-ordinaire. Neuf histoires, neuf portes qui s’ouvrent sur neuf univers différents. Neuf contes des temps modernes où il n’y a ni « il était une fois », ni « ils vécurent heureux ». Neuf fragments de possibilités dans un monde bien réel. Fantastique, mythe, magie, façonnent la vie, la construisent, la formatent. Neuf portes ouvertes sur un monde où la désillusion, la mort, la perte, la survie, l’espérance, l’abandon se côtoient, se meuvent, se meurent.





LE MONDE LA NUIT

POUMONS DE VERRE

LOGGING LAKE

TUEUR DE ROIS

TOUS LES NOMS QU’ILS DONNAIENT A DIEU

ROBERT GREENMAN ET LA SIRENE

TOUT CE QUE VOUS DÉSIREZ

MANUS

LES PLÉIADES





Si vous me poseriez la question quel sentiment j’ai ressenti à fermant ce recueil, je vous répondrais sans hésiter la tristesse. Celle qui broie, celle qui décèle la moindre fêlure, celle qui s’infiltre insidieusement, celle qui vous accapare, celle qui vous fait sombrer. La plume d’Anjali Sachdeva vous hypnotise, vous prend dans ses filets et ne vous en délivrera pas. Elle vous transmet cette énergie, cette puissance destructrice, et vous insuffle cette multitude de questions autour des thématiques qui ne vous laisseront pas de marbre. Les limites de la science dans la procréation, l’écologie, l’environnement, les peurs ancestrales, l’art, la possession, la maladie, la différence, l’esclavagisme, la religion totalitaire.





Il y a quelque chose d’empirique, d’effroyable et de merveilleux dans les mots d’Anjali Sachdeva. Il y a ce quelque chose d’unique et d’universel, ce quelque chose qui vous pousse dans vos retranchements. TOUS LES NOMS QU’ILS DONNAIENT A DIEU, est sans aucun doute un recueil de nouvelles qui vous fascinera.





Les neuf nouvelles m’ont toutes plu et je ne pense pas que je me lasserai si tôt de les redécouvrir encore et encore. Anjali Sachdeva est une auteure talentueuse à suivre absolument !
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Son père d’origine polonaise lui a lu tant d’histoires le soir pendant sa jeunesse. Sa mère d’origine bengali était une conteuse, amoureuse des mots. Il n’est donc pas étonnant que Anjali Sachdeva nous emporte à travers le monde et nous berce de ses histoires tantôt magiques, tantôt cruellement réelles mais toujours d’une grande sensibilité.



La nouvelle qui donne son titre au recueil illustre l’enlèvement de jeunes filles chrétiennes par les combattants islamistes. D’une cruelle réalité, l’auteur nous emmène toutefois vers un dénouement teinté de magie et de surnaturel. Et c’est bien la caractéristique de ce recueil, trouver une porte de sortie dans un recours au rêve, à l’imagination.



Même si l’issue conduit vers la mort, l’auteur y met toujours une aura fantastique. Que ce soit Sadie, hypersensible à la lumière, ou Del, seule survivante de septuplés, elles se dirigent vers la fin avec une poésie lumineuse. Mais d’ailleurs est-ce vraiment la fin? Les dénouements de chaque nouvelle sont une ouverture vers un ailleurs poétique.



Anjali Sachdeva maîtrise l’art de la nouvelle. Les chutes de chaque nouvelle interrogent et laissent une part d’interprétation au lecteur. Ses personnages sont rapidement attachants par leurs particularités, leur environnement. Leurs émotions sont palpables. Ils se démarquent par une caractéristique singulière, bien réelle ( adepte du jeu, cécité), exceptionnelle ( hypersensibilité, gémellarité) ou dystopique comme pour Manus aux mains greffées. Tous sont opiniâtres.



Si tu veux vraiment quelque chose, il faut que tu imagines chaque étape qui te permettra de l’obtenir et qu’ensuite tu t’en empares impitoyablement.

Merveilleuse conteuse, Anjali Sachdeva nous embarque avec ses personnages au-delà du quotidien, vers cette part de rêve qui nous ouvre les portes vers ailleurs. Des portes que seuls les êtres dotés d’une grande sensibilité, d’une facilité à privilégier la liberté savent trouver, même dans un monde de colère.


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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Tout d’abord merci à Albin Michel - Terres d’Amérique pour m’avoir permis de découvrir « Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu » , premier recueil d’Angali Sachdeva et traduit par Hélène Fournier.



Lire ce recueil de nouvelles c’est voyager. Voyager dans l’espace. Voyager dans le temps. Voyager entre le réel et le rêve. Le lecteur est toujours en mouvement.



Je peux difficilement faire un topo puisque les histoires sont toutes différentes.



9 nouvelles constituent ce recueil passionnant. Les personnages sont complexes et attachants et Angali Sachdeva met en scène à travers eux la variété de l’être humain ainsi que sa délicatesse, sa force et sa fragilité. C’est un recueil résolument psychologique que nous offre l’auteur. Et le lecteur choisira s’il veut réfléchir ou simplement rêver et se laisser emporter.



J’ai particulièrement aimé l’écriture poétique tout en douceur même pour certains sujets difficiles.

A la limite du conte ou de la fable, chaque nouvelle vous emmènera quelque part, et ainsi la couverture prend tous son sens.



J’ai passé un très bon moment de lecture et je me replongerai volontiers dans la lecture de certaines nouvelles avec le temps.

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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Un recueil coup de coeur.

Neuf nouvelles, aussi différentes que passionnantes les unes que les autres.

Passé, présent, futur, sur un continent ou sur un autre, chacune d’elle raconte une histoire profonde et délicate.



Avec Tous les Noms qu’ils donnaient à Dieu, Anjali Sachdeva nous offre une galerie de personnages étonnants et attachants, complexes et humains.

Impossible, bien entendu, d’écrire un résumé puisqu’il s’agit de nouvelles. Je ne peux donc que m’attarder sur le style et tout ce qui s’en dégage.

Et rien qu’à ce sujet il y aurait déjà tellement à dire...



En refermant un recueil j’ai toujours pour habitude de me demander quelle nouvelle retient ma préférence.

Ici je suis bien incapable de le dire avec certitude, car elles renferment toutes un message ou une image étonnamment saisissant(e).



Il va être question de mythes, de croyances, de sciences, de magie, d’Histoire et d’avenir, des sujets aux antipodes les uns des autres et qui, cependant, s’emboîtent avec une justesse et une élégance rares.



La plume est belle, sans fioritures, et pourtant d’une beauté poétique difficile à imaginer.



Le genre de recueil qui réclame au lecteur d’ouvrir son esprit sans poser de question, et qui, en contrepartie, lui offre une multitude de possibilités en lui ouvrant les portes sur des mondes insoupçonnés et néanmoins parfaitement envisageables.

La couverture du livre illustre d’ailleurs à la perfection le ressenti du lecteur durant ces 273 pages.



Pleine d’espoirs ou profondément noire, chacune de ces neuf nouvelles vous entraînera sur un sentier que vous ne regretterez pas d’avoir emprunté, et dont vous garderez un souvenir marquant.



Un recueil différent, magnifique et magnétique, aussi sombre que lumineux, qui vous ouvrira des perspectives qui tour à tour vous feront rêver ou trembler.

Un premier ouvrage parfaitement abouti, et qui ne peut que nous donner envie de suivre cette auteure de très près.



À découvrir sans tarder, pour réfléchir, rêver et s’évader.
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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Anjali Sachdeva, jeune écrivaine américaine née d’un père d’origine polonaise et d’une mère d’origine bengali, a grandi à Pittsburgh. Ce premier livre et recueil de nouvelles, Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu qui vient de paraître chez nous, a été récompensé et retenu aux Etats-Unis parmi les meilleurs livres de l’année 2018 par plusieurs médias. Anjali Sachdeva, diplômée du prestigieux Iowa Writers’ Workshop, travaille actuellement à l'écriture de son premier roman.

Neuf textes, neuf nouvelles toutes très différentes les unes des autres, sans unité de lieu ou de temps. Vous passerez des Etats-Unis d’aujourd’hui à l’Angleterre de Charles 1er ou même carrément dans le futur. Ici dans le désert égyptien une jeune femme et un archéologue n’auront pas droit à la gloire qu’ils méritent, éclipsés par Carter et le tombeau de Toutankhamon (Poumon de verre) ; là, un écrivain proche de sa fin de vie dialogue avec sa muse, ange de la mort le conjurant d’écrire son grand œuvre avant qu’il ne soit trop tard (Tueur de rois) ; là encore, deux jeunes nigérianes enlevées par un mouvement islamiste, genre Boko Haram, sont mariées contre leur volonté (Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu)… On passe d’univers crédibles à du quasi fantastique (Robert Greenman et la sirène) ou voire de la S.F. (Manus) à moins que ce ne soit une nouvelle au léger goût de polar (Tout ce que vous désirez).

S’il n’y a pas – me semble-t-il – de fil rouge reliant même indirectement ces textes, ils sont pourtant liés par une écriture très originale menée à un rythme alerte. Toutes ces histoires sont parfaitement construites et « pleines », c'est-à-dire sans temps morts ou phrases sans intérêt qui seraient par opposition des « creux ». Mais ce qui caractérise particulièrement ce recueil et en fait toute la saveur, il flotte autour de ces neufs nouvelles une sorte de léger mystère ou d’étrangeté, avec des épilogues pas vraiment très clairs ou nets car ouverts.

Un bouquin fort bien écrit, des textes vous plongeant dans des univers différents les uns des autres par l’imagination délirante d’Anjali Sachdeva, du rythme et un soupçon d’étrangeté généralisé, bref, un recueil qui mérite largement qu’on s’y intéresse.

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Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu

Une fois refermé, on garde un excellent souvenir de ce recueil, qui fait partie de ces ouvrages dont on se dit qu’ils ont su nous apporter quelque chose de plus, un soupçon d’âme et de caractère qui contribue à entretenir le goût de la découverte de nouvelles plumes, qu’importe les déceptions ou les mauvaises surprises en cours de route.
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
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