AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Anna de Noailles (313)


J'ai choisi dans le volume I, le premier poème qui rend un merveilleux hommage à la France.

LE PAYS

Ma France, quand on a nourri son coeur latin
Du lait de votre Gaule,
Quand on a pris sa vie en vous, comme le thym,
La fougère et le saule,

Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux,
L'odeur de vos feuillages,
La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux,
Dès l'aube de son âge,

Quand, amoureux du goût de vos bonnes saisons
Chaudes comme la laine,
On a fixé son âme et bâti sa maison
Au bord de votre Seine,

Quand on n'a jamais vu se lever le soleil
Ni la lune renaître
Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils,
Vos chênes et vos hêtres,

Quand, jaloux de goûter le vin de vos pressoirs,
Vos fruits et vos châtaignes,
On a bien médité dans la paix de vos soirs
Les livres de Montaigne,

Quand, pendant vos étés luisants, où les lézards
Sont verts comme les fèves,
On a senti fleurir les chansons de Ronsard
Au jardin de son rêve,

Quand on a respiré les automnes sereins
Où coulent vos résines,
Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein
Le coeur de Jean Racine,

Quand votre nom, miroir de toute vérité,
Emeut comme un visage,
Alors on a conclu avec votre beauté
Un si fort mariage

Que l'on ne sait plus bien, quand l'azur de votre oeil
Sur le monde flamboie,
Si c'est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil
Qu'on a le plus de joie...
Commenter  J’apprécie          10
L’ardeur

Rire ou pleurer, mais que le coeur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu’à l’extase
La force vive ou la langueur.

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie ;

S’en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l’âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent.

Que le coeur s’éclaire ou se voile,
Qu’il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles…
Commenter  J’apprécie          00
LA MUSIQUE
Partout où l'on touche l'homme
on touche le coeur.
Héraclite

O Musique, je connais la magie de vos orchestrations ; je sais quand vous coulez sur les violons comme des sources murmurantes et chaudes, et quand, suspendue, liquide et pénétrante, vous tombez sur le cœur comme du haut d'un roc qui s'égoutte et quand, parmi les cordes des violons confondus, vous n'êtes plus que rumeur haletante et sublime bourdonnement.
...
Voici la harpe romanesque, légère charmille d'automne, transparente, que l'on sent éplorée, où les arpèges vont se suspendre comme des grappes d'acacia qui secouent leur rosée.
Voici le cor aux sons tumultueux, hôte des bois, dont le puissant soupir est si vaste, si obsédant, si lointain, — si triste aussi, — qu'il semble soufflé par les lèvres mêmes de la pâle lune des parcs et des forêts d'été.
Ah! qu'il mesure bien, ce sanglotant cor, fou d'espace, la distance de la terre aux cieux!
Roi des nostalgies, Seigneur des bruyères d'Écosse, pâtre dément qui souhaite de commander au troupeau des astres et prétend les rassembler, il fait ricocher jusqu'aux nues ses échos noyés d'embruns où l'on croit percevoir telles paroles désespérées : « Je me souviens, je regrette, je désire... »


Extraits dans 'Amour' - pp. 71 & 74 (éd. B. Grasset, 1930).
Commenter  J’apprécie          130
Anna de Noailles
La Douleur
        
N'y a-t-il pas comme une guerre
ordonnée aux mortels sur la terre ?
Livre de Job.
        
On était paisible, joyeux, en sécurité, — ou bien irritable, soucieux, actif, indifférent comme on l'est lorsque l'on est heureux, et voici la Douleur. Elle n'était pas, elle est. Un fragment du temps nous séparait d'elle, et voici que nous avons franchi cette seconde formidable, et tout l'univers est changé. Comme une crue de l'océan, la détresse a noyé nos chemins et nous errons devant cette eau impitoyable, tandis que là-bas, sur la rive opposée, règnent le calme, l'abondance, la facilité de vivre. Comment atteindrons-nous à ce salut ? Comment dessècherons ou franchirons-nous cette eau épandue, nous, l'exilé, l'isolé, qui courons sans trouver de gué ni de passage ? O Douleur, nous vous boirons goutte à goutte. Avec nos lèvres désolées, nous épuiserons votre eau sans limite. Le front couvert d'une sueur d'effroi, le regard roidi, hagard, nous aurons du courage, parce que, dans ces moments-là, les poumons voudraient aspirer la mort, — on suffoque, on espère mourir, — mais on aspire du courage. La détresse ressemble à l'agonie d'un vaisseau submergé, on dirait qu'elle s'abandonne, mais elle est robuste et active comme le sapin des cimes quand il fait de l'oxygène avec un zèle de géant et nourrit ainsi tout l'espace.
— Douleur, si vous êtes une bénédiction, vous m'avez comblée de vos bienfaits terribles. Vous m'avez choisie parmi les êtres avec un soin minutieux, moi qui passais, furtive, sous les épais ombrages, ou qui vivais reculée dans ma solitude étroite. Vous m'avez désignée pour votre festin de poisons. Vous avez tendu vers moi votre coupe amère et somptueuse, plus vaste qu'un cirque de montagnes où dort un lac vénéneux ; mais toujours vous commenciez par la joie ; et j'allais à vous, j'avais confiance, je ne pouvais soupçonner vos travestissements. Vous veniez, empressée, maternelle, et vous me disiez : "Donne-moi ton fardeau." Et le fardeau des jours simples, le petit fardeau des jours mornes et graves, que chacun de nous peut porter sans faiblir, je vous le donnais, ô Complaisante ! Et vous me donniez votre main d'amour, vos regards d'amour, vous me portiez sur vos bras, je possédais l'horizon, vous me combliez d'exaltation ou de paisible, de profond sommeil, et je vous bénissais, Douleur déguisée !
Le léger fardeau de mes jours ordinaires, vous le souleviez par surcroît, je n'avais plus à m'en occuper. Nous cheminions ainsi, vous splendide et moi reconnaissante. Et je m'arrêtais pour baiser votre main, Amour, et vous vous y opposiez tendrement, car vous ne vouliez point de mon humilité, vous, Munificence !
Les jours coulaient, et, soudain, à je ne sais quel regard, quelle intonation, quelle réticence, je vis, je vis que vous étiez la Douleur !
Parce que vous êtes supérieure à toute joie, parce que vous êtes absolue, débordante, patiente, finale, sûre de gagner, je vous vénère, Douleur ! Vous me tuez, mais je vous sais un gré infini de ce que votre premier heurt soit si rude : le premier jour on devient fou ; le second jour, le troisième jour on vous accepte ; on succombe sous un atroce labeur, car la douleur est une foudre incessante et ses secousses formidables roulent, éclatent, détonent avec frénésie dans les abîmes ravagés de l'être ; mais on n'est plus révolté, et l'on marche vers la mort comme les Rois Mages vers l'étoile empressée qui annonçait la naissance d'un Dieu.
        
O Douleur, détresse de l'âme, déception, désespoir, bien souvent nous avons prononcé votre nom légèrement au cours des journées difficiles ou moroses, mais ce n'était pas la Douleur. Ceux qui vous possèdent réellement se taisent. Muets, ils connaissent votre suffocation, vos angoisses, votre lucide, aride hébétude, vos regards sur d'infinis déserts. Ils ne respirent plus sur tout l'espace que ce nuage de fumée touffue, meurtrière, qui envahit soudain l'atmosphère quand l'éclat de dynamite a fendu en deux la montagne. Ils connaissent, ces infortunés, le terrible colloque de l'âme et du silence, où l'âme, comme un condamné qu'on mène au supplice, s'épuise à démontrer au sort qu'elle ne peut plus, malgré tout le courage, avancer davantage sur le chemin tranchant.
Mais parce que vous faites tolérer et désirer la mort, qui est l'injure de la nature, Douleur, je vous bénis ; la mort qui fait horreur, qui humilie le coeur et les sens, quand, près d'un cadavre respecté, les yeux baissés, le souffle retenu, épuisés de tristesse et de vénération, nous avons pressenti le moment de l'insidieuse dissolution, réponse effroyable et négative à tous les espoirs, à toutes les pudeurs du rêve.
— O Mort qui me faites horreur, que j'ai refusé de reconnaître quand je défendais contre vous, contre votre notion même, mon visage et mon coeur qui louaient le jour, ô Mort, je vous appelle, et moi-même j'accours ! Venez, panthère joueuse, bondissante, mangeuse séculaire, tête de mort vivace, venue rougeoyante, venez, élancez-vous vers un coeur éclatant ! Détruisez ce coeur qui fut parfait pour la douleur, — lieu d'élection, composé pour elle, prêt à la recevoir, à s'en imprégner, à la diriger, la répandre, la faire fructifier. Dérobez-lui ce coeur ouvert, prospère, qu'elle ensemançait. Mort délicieuse, poignarde en moi le souvenir, dessèche les larmes, romps ce jardin altier où tout était plaintive ordonnance, et tu verras se défaire sous ta dent un univers plus beau que le clair univers. La coupole des soirs purs, avec l'harmonie des astres — lune, étoiles, et leur éternelle méditation ; les matins dans la forêt, quand l'azur, le silence, la solitude semblent s'unir pour porter le poids d'un papillon agreste qui flotte sur l'odeur des ronces ; les blancs hivers des cimes, plus scintillants qu'un été d'Orient, lorsque la neige heureuse étincelle près d'un ruisseau dormant, languide et noir comme une molle encre de Chine ; les rivages des mers du Sud où les épais parfums règnent comme un cinquième élément, — toutes ces saveurs, toutes ces délices que je portais en moi, tu les verras se défaire sous ta morsure, tandis que de mon coeur coulera un fleuve allongé, couleur de sang : Secret insondable de l'être : tendresse ! tendresse ! mélancolie !
      
« Exactitudes », 1930.
Commenter  J’apprécie          120
Ce n'est pas vous que j'aime ; j'aime aimer comme je vous aime.
Commenter  J’apprécie          20
Je pleure sur le bonheur comme à quinze ans je pleurais sur la jeunesse, parce qu'ils ne sont pas éternels.
Commenter  J’apprécie          10
Le matin marche avec ses souliers de bambou.

(P. 86 "L'enivrement")
Commenter  J’apprécie          40
Commencements

 Je songe quelquefois à mon commencement :
L’azur venait d’éclore,
Et déjà je vivais, avec un cœur aimant,
Éparse dans l’aurore. 

Je suis comme le temps, ma vie est faite avec
La matière du monde ;
Je fis avant l’immense Égypte, avant les Grecs,
Aux premiers jours de l’onde ;

J’ai du naître sur l’eau, dans un matin puissant,
Sous la luisant écume,
Quand l’univers était un volcan plein d’encens,
Un mol azur qui fume.

Je crois me souvenir de ce matin où vint
Sur mes lèvres mouillées
Se poser à jamais le lyrisme divin
Aux ailes éployées !

Et maintenant, je suis le tendre et chaud miroir
De l’époque en allée,
La fraîcheur du matin, la tristesse du soir
Et la nuit étoilée.

Quelquefois je me sens couchée au bord des eaux,
Un dattier noir m‘effleure
Tandis, que lents coteaux balancés, des chameaux
Vont vers l’Asie Mineure.

Quelquefois je m’assieds dans l’or d’un sable amer,
A l’abri bleu du saule,
Et j’attends que revienne Ulysse jeune et clair,
La rame sur l’épaule.

J’habite tout l’espace et je remonte le temps ;
Je m’en vais, attendrie,
Écouter les docteurs ondoyants et chantants
Des soirs d’Alexandrie.

Parfois je suis la chaude Arabe, aux yeux de loup,
Qu’un songe immense creuse ;
J’erre dans les jardins d’un couvent andalou,
Près d’une palme heureuse.

Je ne pourrais jamais exprimer mon désir,
L’ardeur qui me terrasse,
Ni les monts d’argent me prêtaient leur soupir
Soulevé dans l’espace, 

 Ni si le lis brûlant me donnait son odeur
Dans l’azur infusée,
Ni de toute la mer se groupait dans mon cœur
Pour jaillir en fusée !

(p. 88 et 89)
Commenter  J’apprécie          00
L’offrande à la nature

Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L’eau luisante et la terre où la vie a germé.

La forêt, les étangs et les plaines fécondes
Ont plus touché mes yeux que les regards humains,
Je me suis appuyée à la beauté du monde
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.

J’ai porté vois soleils ainsi qu’une couronne
Sur mon front plein d’orgueil et de simplicité.
Mes jeux ont égalé les travaux de l’automne
Et j’ai pleuré d’amour aux bras de vos étés.

Je suis venue à vous sans peur et sans prudence
Vous donnant ma raison pour le bien et le mal,
Ayant toute joie et toute connaissances
Votre âme impétueuse aux ruses d’animal.

Comme une fleur ouverte où logent des abeilles
Ma vie a répandu des parfums et des chants,
Et mon cœur matineux est comme une corbeille
Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants.

Soumise ainsi que l’onde où l’arbre se reflète,
J’ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs
Et qui font naître au cœur des hommes et des bêtes
La belle impatience et le divin vouloir.

Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature !
Ah ! Faut-il que mes yeux s’emplissent d’ombre un jour,
Et que j’aille au pays sans vent et sans verdure
Que ne visitent pas la lumière et l’amour... 

(p. 19 et 20)
Commenter  J’apprécie          20
Anna de Noailles
Soyez bénis, porteurs d’infinis paysages,
Esprits pleins de saisons, d’espace et de soupirs,
Vous qui toujours déments et toujours les plus sages
Masquiez l’affreuse mort par d’éternels désirs !
Commenter  J’apprécie          500
Anna de Noailles
Heureux qui dans sa ville, hôte de sa maison,
Dès le matin joyeux et doré de la vie
Goûte aux mêmes endroits le retour des saisons
Et voit ses matinées d'un calme soir suivies.
Fidèles et naïfs comme de beaux pigeons
La lune et le soleil viennent sur sa demeure,
Et, pareille au rosier qui s'accroît de bourgeons,
Sa vie douce fleurit aux rayons de chaque heure.
Il va, nouant entre eux les surgeons du destin,
Mêlant l'âpre ramure et les plus tôt venues,
Et son coeur ordonné est comme son jardin
Plein de nouvelles fleurs sur l'écorce chenue.
Heureux celui qui sait goûter l'ombre et l'amour,
De l'ardente cité à ses coteaux fertiles,
Et qui peut, dans la suite innombrable des jours,
Désaltérer son rêve au fleuve de sa ville…
Commenter  J’apprécie          120
Allegria

Elle habita longtemps une vallée aride.
Près d'une route blanche où le soleil brûlant
Faisait tourner l'ombre d'un liège au tronc sanglant
Devant une maison mélancolique et vide.

Elle partit un jour avec des muletiers
Porteurs de bagues et de capes écarlates.
Vers un pays de fleurs > de fruits et d'aromates,
Et vécut de l'amour des hommes étrangers.

On la voit maintenant à Palma de Majorque
Dans une cour pleine d'eaux vives et d'odeurs.
Avec des perroquets atrocement jaseurs,
Un négrillon, et des bijoux à pendeloques.

Allegria connaît là-bas des jours heureux,
Comme un oiseau chanteur dans une belle cage ;
Elle passe son temps à peindre son visage
En savourant des fruits entre deux amoureux.

Pierre Camo
Commenter  J’apprécie          50
Il fera longtemps clair ce soir

Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit.
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...

Les marronniers, sur l'air plein d'or et de lourdeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;
On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.

De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière, qu'un peu de brise soulevait.
Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.

Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie.
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie :
Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir...
Commenter  J’apprécie          00
La Poésie est perfection. En elle le monde trouve ou doit trouver Sa raison d'être, les lois ont leur substance et la vie son épanouissement. Les sciences, analytiques, perspicaces, multiples, pressent les vérités de toutes parts. Elles amènent l'homme au bord de la vérité. Cette vérité, l'art seul l'étreint.
Commenter  J’apprécie          10
Jamais la vérité ne m'a coûté à dire ; le sentiment de l'évident, du raisonnable, de l'équilibre communique à qui possède une fierté qui ne comporte ni hésitation ni regret.
Commenter  J’apprécie          10
Au seuil des paradis, à l'entrée de tout bonheur, aux portes des chambres heureuses, ne croyons-nous pas voir toujours cet énigmatique ange italien, qui cri. le doigt posé sur les lèvres, le regard engagé dans le splendide avenir, et, sous sa longue robe aux plis pesants, un pied qui déjà, mais à peine, se soulève, car le fallacieux promeneur sait bien que la persuasion et l'insistance sont immobiles là est son charme, sa dangereuse magie.
Commenter  J’apprécie          30
Pauvres abeilles des jardins, agitées, cahotantes, ivres de passer votre anneau d'ambre à tout l'azur, qui portez un miel qui n'est point pour moi, qui n'est pas celui dont je puisse être enivrée, se peut-il que je vous aie autrefois tant aimées? Je considère avec indifférence votre vol désordonné. Mon regard jadis bondissait avec vous et pénétrait les calices et le ductile éther ruche d'azur aux alvéoles bienveillantes comme vous, je faisais alliance avec l'univers, qui est sans âme et sans dessein.
Commenter  J’apprécie          00
Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...

Les marronniers, sur l’air plein d’or et de lourdeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;
On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.

De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière qu’un peu de brise soulevait,
Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles ;

Nous avons tous les jours l’habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie ;
Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir...
Commenter  J’apprécie          192
Qu’est-ce qu’il y a au bout des trains qui courent, qui fuient ? Des pays ? quels pays ? Quels visages dans ces pays...
Commenter  J’apprécie          40
La Mort dit à l'homme

- Pauvre âme, comme au jour où vous n'étiez pas née,
Vous serez pleine d'ombre et de plaisant oubli,
D'autres iront alors par les rudes journées
Pleurant aux creux des mains, des tombes et des lits.

D'autres iront en proie au douloureux vertige
Des profondes amours et du destin amer,
Et vous serez alors la sève dans les tiges,
La rose du rosier et le sel de la mer.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Anna de Noailles (233)Voir plus

Quiz Voir plus

Poèmes en musique

Heureux celui qui meurt d'aimer

Aragon et Jean Ferrat
Aragon et Jean Jacques Goldman
Aragon et Benny B
Aragon et Elsa

10 questions
44 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , musiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}