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Citations de Anne Collongues (42)


Qu’est ce qu’ils ont dû penser? Elle cherche une vitrine où s'apercevoir et bientôt un reflet flou confirme ses craintes. Avec cette tête en plus! Elle s’exaspère de réagir ainsi. Quelle importance? je ne les connais pas, ne les reverrais jamais. Ça arrive à tout le monde de perdre quelque chose. Pourquoi m’être sentie si ridicule? Toujours cette foutue conscience du regard extérieur, c’est dingue, j’aimerais pouvoir m’en détacher, ne plus y chercher constamment un contour manifeste de moi-même, un reflet valorisant auquel correspondre.
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Il suffit d’être une femme immobile pour avoir l’air disponible, vacante - à disposition. Surtout si le regard est libre; ne pas laisser le regard traîner parfois cela fonctionne: on finit par apprendre des trucs pour éviter les approches rarement élégantes, à rétorquer aussi; elle s’est endurcie ces dernières années.
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Je dors depuis une semaine sur le canapé du salon, au milieu de tours de carton qui créent un paysage étrange, entre ruine et construction.
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Voilà trois jours que je fouille, nettoie, range, trie toutes ces choses restées des années ensevelies, trois jours que je suis devenue une sorte d’archéologue et qu’au milieu du garage j’exhume des vestiges de vieux cartons de supermarché. Il me faut parfois un certain temps pour identifier tel objet bizarre, associer un bout de plastique à son usage ou un bibelot que je ne reconnais pas à une époque.
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Elle ne savait pas. Comme d'habitude. Pourquoi est-elle seulement excitée par l'enthousiasme des autres, jamais par elle-même, pour elle-même ? Cette incapacité à savoir ce qu'elle veut, aime, pense, la pousse à s'inventer, afin que personne ne découvre qu'il lui manque - elle en est persuadée et honteuse - ce qu'on appelle de la personnalité.
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La nuit poudre la banlieue immobile d’un noir granuleux, la nuit tous les chats sont gris et les banlieues se ressemblent, il pourrait presque être encore en Israël, vers Lod ou un endroit comme ça. Mais le froid est différent.
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Ce n’est pas vraiment une douleur, plutôt une sensation désagréable, les ongles rongés tourmentent comme un remords et le cœur palpite au bout des doigts. Laura coince ses mains l’une contre l’autre entre ses cuisses. Un jour elle paierait, comme dans l’histoire du garçon qui crie au loup. Elle savait qu’il finirait par y avoir des conséquences aux mensonges
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Le RER longe une départementale embouteillée qu’il distance bientôt, tout se floute et le temps se dilate avec l’impression ou l’envie, peut-être les deux, que le train ne s’arrêtera jamais, quand soudain elle est brutalement expulsée de ses rêveries. Tout a disparu, tranché d’un coup. Un train a surgi en sens inverse, supprimant net le paysage, avec la violence d’une collision qui a secoué le wagon et aussitôt dégrisé Laura revenue au présent de ce trajet, à la perspective de la clinique.
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Il glisse dans le passé, pourtant le train avance, progresse imperturbable vers la minute suivante, vers demain, vers l'été. Que le temps continue sa course quand pour lui tout s'est fissuré le 23 juin, il ne le comprend pas. Comment se peut-il que la disparition de son fils n’arrête pas une seconde les aiguilles de tourner, juste une seconde, que le monde n'ait aucun égard pour une vie interrompue, que cela n'ait pas plus d'importance qu'un stylo qui tombe, qu'un métro qui passe.
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Pendant quelques secondes la lumière du dehors éblouit Marie, ses yeux se plissent légèrement, mais ne se détournent pas. C'est fou ce qu'on peut avoir encore d'enfantin au début de la vingtaine, les joues surtout, alors que c'est le moment où l'on est le plus certain d'être adulte. On ne remarque cette rondeur que des années après, quand la distance entre soi et celui de la photo donne l'impression de regarder quelqu'un d'autre.
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Ce qui n'est pas dit n'est pas pour autant effacé.
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On peut essayer d'interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible, aussi intime soit l'autre.
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La journée durant, je fais, comme tout un chacun, des gestes qui m'échappent.
Clarice Lispector,
L'heure de l'étoile
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Ils avaient descendu la première tournée de bières debout au comptoir, venaient de commander deux autres verres quand, en la contournant pour aller aux toilettes, il avait posé sa main sur le creux de sa taille. Ce geste, comme si elle était déjà à lui, aurait pu la raidir, l'avait surtout décontenancée, et séduite aussi par sa fermeté, par le courage des devants qu'il prenait. Cette main mettait en place toute une machinerie, celle des gestes qui se suivent et savent où ils vont, qu'il fallait arrêter maintenant d'une réaction claire, ou bien qui continuerait leur cours vers une fin connue d'avance.
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Il faudrait pouvoir brûler ses souvenirs avec la flamme d'un briquet, aussi simplement que des photos. Mais les souvenirs sont ignifugés, et les sensations intactes en elle.
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Les villes, les lumières, les champs, les routes traversent le reflet de son visage dans la vitre, des villes qui ressemblent à s'y méprendre à celle d'où elle est partie tout à l'heure, villes sans commencement ni fin, qui se fondent les unes aux autres, grises, maussades, dont le charme se limite aux quelques rues pavées du vieux centre.
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Elle est jolie. Pas maquillée. Nature. Ses cheveux blonds sont pris dans le lainage de son écharpe bordeaux, grossièrement enroulée autour de son cou. Bordeaux et rouge ça ne va pas ensemble, tout le monde sait ça, mais là non, l'écharpe et le manteau ne jurent pas. Forcément quand on est jolie, tout va.
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Ils sont rares les jours où elle se plaît. Dans le miroir ne voit que ce qu'elle aimerait changer. Hier elle a remarqué que ses oreilles n'étaient pas exactement à la même hauteur, c'est épuisant cette obsession. Laura tente parfois de se raisonner, c'est superficiel et idiot, on lui a souvent dit qu'elle était jolie, mais c'est plus fort qu'elle, elle jalouse les autres filles comme Marie qu'elle examine de la tête aux pieds : jean informe, sac de collégienne, aux pieds de vieilles Converse, et le caban rouge bon marché ; c'est le privilège des jolies de pouvoir s'habiller avec négligence. La décontraction réhausse la beauté.
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C’est rarement par plaisir qu’on se trouve bringuebalé dans la carcasse d’un RER, et ce qui sourd des présences muettes est bien différent de la légère euphorie ou de la quiétude que l’on perçoit parfois dans les wagons des TGV, peut-être parce que c’est le voyage alors, une sorte de luxe, un réel hors du temps et non la traversée de l’ordinaire.
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Il faudrait un interrupteur pour éteindre les villes, le soir à heure dite tout le pays serait plongé dans le noir comme lorsqu'on éteint la lumière dans la chambre des enfants en leur souhaitant bonne nuit et qu'au plafond sont révélées les étoiles phosphorescentes invisibles en journée. À neuf heures bonsoir, comme disait l'allumeur de réverbères, la nuit serait rendue à la nuit. Mais la consigne a changé. Le monde reste allumé jour et nuit. Il n'y a plus ni repos, ni noir, ni silence et quelque chose même en dormant dans la tête continue de grésiller.
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