AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Anne Collongues (42)


Il faudrait un interrupteur pour éteindre les villes, le soir à heure dite tout le pays serait plongé dans le noir comme lorsqu'on éteint la lumière dans la chambre des enfants en leur souhaitant bonne nuit et qu'au plafond sont révélées les étoiles phosphorescentes invisibles en journée. À neuf heures bonsoir, comme disait l'allumeur de réverbères, la nuit serait rendue à la nuit. Mais la consigne a changé. Le monde reste allumé jour et nuit. Il n'y a plus ni repos, ni noir, ni silence et quelque chose même en dormant dans la tête continue de grésiller.
Commenter  J’apprécie          290
Il faudrait pouvoir brûler ses souvenirs avec la flamme d'un briquet, aussi simplement que des photos. Mais les souvenirs sont ignifugés, et les sensations intactes en elle.
Commenter  J’apprécie          260
Les villes, les lumières, les champs, les routes traversent le reflet de son visage dans la vitre, des villes qui ressemblent à s'y méprendre à celle d'où elle est partie tout à l'heure, villes sans commencement ni fin, qui se fondent les unes aux autres, grises, maussades, dont le charme se limite aux quelques rues pavées du vieux centre.
Commenter  J’apprécie          260
La journée durant, je fais, comme tout un chacun, des gestes qui m'échappent.
Clarice Lispector,
L'heure de l'étoile
Commenter  J’apprécie          230
Pendant quelques secondes la lumière du dehors éblouit Marie, ses yeux se plissent légèrement, mais ne se détournent pas. C'est fou ce qu'on peut avoir encore d'enfantin au début de la vingtaine, les joues surtout, alors que c'est le moment où l'on est le plus certain d'être adulte. On ne remarque cette rondeur que des années après, quand la distance entre soi et celui de la photo donne l'impression de regarder quelqu'un d'autre.
Commenter  J’apprécie          210
Ce qui n'est pas dit n'est pas pour autant effacé.
Commenter  J’apprécie          210
Ils avaient descendu la première tournée de bières debout au comptoir, venaient de commander deux autres verres quand, en la contournant pour aller aux toilettes, il avait posé sa main sur le creux de sa taille. Ce geste, comme si elle était déjà à lui, aurait pu la raidir, l'avait surtout décontenancée, et séduite aussi par sa fermeté, par le courage des devants qu'il prenait. Cette main mettait en place toute une machinerie, celle des gestes qui se suivent et savent où ils vont, qu'il fallait arrêter maintenant d'une réaction claire, ou bien qui continuerait leur cours vers une fin connue d'avance.
Commenter  J’apprécie          201
Ils sont rares les jours où elle se plaît. Dans le miroir ne voit que ce qu'elle aimerait changer. Hier elle a remarqué que ses oreilles n'étaient pas exactement à la même hauteur, c'est épuisant cette obsession. Laura tente parfois de se raisonner, c'est superficiel et idiot, on lui a souvent dit qu'elle était jolie, mais c'est plus fort qu'elle, elle jalouse les autres filles comme Marie qu'elle examine de la tête aux pieds : jean informe, sac de collégienne, aux pieds de vieilles Converse, et le caban rouge bon marché ; c'est le privilège des jolies de pouvoir s'habiller avec négligence. La décontraction réhausse la beauté.
Commenter  J’apprécie          200
On peut essayer d'interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible, aussi intime soit l'autre.
Commenter  J’apprécie          190
Elle est jolie. Pas maquillée. Nature. Ses cheveux blonds sont pris dans le lainage de son écharpe bordeaux, grossièrement enroulée autour de son cou. Bordeaux et rouge ça ne va pas ensemble, tout le monde sait ça, mais là non, l'écharpe et le manteau ne jurent pas. Forcément quand on est jolie, tout va.
Commenter  J’apprécie          170
C’est rarement par plaisir qu’on se trouve bringuebalé dans la carcasse d’un RER, et ce qui sourd des présences muettes est bien différent de la légère euphorie ou de la quiétude que l’on perçoit parfois dans les wagons des TGV, peut-être parce que c’est le voyage alors, une sorte de luxe, un réel hors du temps et non la traversée de l’ordinaire.
Commenter  J’apprécie          170
Anne Collongues
Nous sommes acteurs de notre vie et par extension de notre époque. Ainsi, l'abandon des rêves à une échelle privée, la démission vis-à-vis de soi-même, influe et impacte la société ; c'est contre cette résignation que j'ai écrit ce livre.
Commenter  J’apprécie          100
Elle avait oublié à quel point il est agréable de s’assoir dans un train, de se confier au mouvement, l’apaisement instantané que procure ce détachement ; le fauteuil rend spectateur et la vitesse léger.
Commenter  J’apprécie          100
Cela n’arrivait qu’une fois l’an et Alain guettait dès avril le moment de l’éclosion. Le matin où il découvrait les champs devenus vermillon pendant la nuit, c’était chaque année la même agitation, les mêmes gestes devenus rituels avec le temps. Il s’approchait du lit, murmurait à l’oreille d’Hélène encore endormie, c’est le jour des coquelicots, ce qui faisait affleurer sur son visage un sourire qu’elle esquissait sans ouvrir les yeux. D’un pas rapide il sortait de la chambre, depuis le couloir ameutait les enfants, Aurore, Lucas, debout!, devançant la sonnerie du réveil de presque une heure. Sans leur laisser le temps de mettre leurs chaussons, il les pressait, vite, vite, allez, jusqu’à la chambre ou Hélène se levait en le regardant, amusée, glisser une chaise sous la fenêtre et y jucher les enfants, pour qu’ils voient, malgré leurs yeux encore gonflés, les coquelicots fleuris. Vous avez vu comme c’est beau !
Ensuite c’était la course, pas question de regarder les dessins animés, il se rappelle leurs plaintes, attends, papa, j’ai pas fini mon lait, qu’il n’écoutait pas, trop impatient de les emmener voir les champs avant de les déposer à l’école, dépêchez-vous, je vous achèterai un pain au chocolat sur la route. Dans la hâte, ils oubliaient le sac de sport pour l’après-midi ou un cahier sur le buffet du salon.
Commenter  J’apprécie          70
Il glisse dans le passé, pourtant le train avance, progresse imperturbable vers la minute suivante, vers demain, vers l'été. Que le temps continue sa course quand pour lui tout s'est fissuré le 23 juin, il ne le comprend pas. Comment se peut-il que la disparition de son fils n’arrête pas une seconde les aiguilles de tourner, juste une seconde, que le monde n'ait aucun égard pour une vie interrompue, que cela n'ait pas plus d'importance qu'un stylo qui tombe, qu'un métro qui passe.
Commenter  J’apprécie          60
Je dors depuis une semaine sur le canapé du salon, au milieu de tours de carton qui créent un paysage étrange, entre ruine et construction.
Commenter  J’apprécie          50
Liad tâte sa poche et en sort la khamsa que sa mère lui a glissée dans la paume à l’aéroport. Pourtant ils ne sont pas religieux et il ne part pas à l’autre bout du monde. C’est Paris, maman, pas la jungle tropicale, je n’ai pas besoin d’être protégé par un gri-gri. Trop tard. A l’instant où sa mère lui a donné cette main de métal, vendue par centaines sur les étals des marchés, elle s’est chargée de valeur empoisonnée de la superstition. Ce n’est pas l’amulette qui va veiller sur lui, mais lui qui va régulièrement s’assurer que l’objet est toujours là, dans la poche intérieure de son blouson, et malheur à lui s’il le perd.
Commenter  J’apprécie          50
On peut essayer d’interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible, aussi intime soit l’autre (…).
Commenter  J’apprécie          50
La Croix au cou de Chérif a ramené Cigarette vingt ans en arrière, à des souvenirs enfouis comme des armes ou des lettres d'amour dans une boite en carton au fond d'une armoire, car le bonheur dont ils sont chargés est aussi dangereux qu'un canon à retourner contre soir. Des années qu'elle n'a pas pensé à lui. A ce que sa vie aurait pu être. Il faudrait pouvoir brûler ses souvenirs avec la flamme d'un briquet, aussi simplement que des photos. Mais les souvenirs sont ignifugés, et les sensations intactes en elle. Son excitation et cette chaleur, à croire qu'à dix-neuf ans pour la première fois son sang circulait. Ce matin-là, elle aurait voulu que le trajet dure longtemps, car tant qu'elle était dans le RER, ils étaient encore un peu ensemble, pareillement assis dans le roulement d'un train.
Commenter  J’apprécie          30
Des déceptions, il y en a toujours, personne ne vit sans espoir même inconscient
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Anne Collongues (138)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz qui n'est pas littéraire

Parmi ces trois métaux, lequel se trouve à l’état liquide dans les conditions ambiantes ?

le manganèse
le mercure
le béryllium

10 questions
14 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}