Karine Reysset - "
L'étincelle"
Quand Coralie reçoit le faire-part d?une amie perdue de vue depuis vingt-cinq ans, les souvenirs longtemps refoulés refont surface. Août 1993, elle quitte son pavillon de banlieue pour la splendide maison de Soline en Dordogne, peuplée d?amis dont la culture l?émerveille. Très vite, les amours virent à la passion, les secrets se révèlent, alors qu?au camping voisin une enfant disparaît?
Karine Reysset livre le roman de cet été brûlant, où une jeune fille en apprendra sur la vie bien plus qu?elle ne l?aurait voulu.
En librairie le 9 janvier 2019
https://bit.ly/2GuWX1o
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Au fond de nous l'étincelle,
Dans le calme orageux
Cet éclair dangereux
Des héros silencieux.
"_Elle voulait voler,voilà ce qui s'est passé.
Notre soeur, c'était un oiseau. Une fée, un papillon, ça ne vit jamais très vieux,c'est trop beau, trop fragile."
Comment vivre avec ce secret? Comment se regarder après ça? Je devais rester la même. Ne surtout pas éprouver de pitié, si c'était ce qu'elle redoutait, mais de la colère, un sentiment profond d'injustice, d'impuissance aussi. J'avais un goût amer dans la bouche. Un goût de sang et de cendres.
[...] il y a trois semaines Garance [14 ans 1/2] est allée à une soirée du côté de Cancale. Je l'y ai déposée avec une copine. J'étais censé les récupérer à une heure du mat' et... en fait c'est l'hôpital qui m'a appelé. (Il hésite un instant avant de continuer.) Ils sont trois à avoir eu un malaise cette nuit-là à cause d'un mélange d'alcools trafiqués. C'est leur nouveau truc aux ados : se mettre minable le plus vite possible et ils semblent prêts à tout pour ça. [... Martin] a voulu jouer les apprentis sorciers à partir de conneries pompées sur Internet.
(p. 23)
Je ne sais plus qui je suis. Cerveau pâte à pizza, coeur troué de part en part, je suis sans contours. J'ai toujours dû m'inventer, me réinventer pour plaire. J'ai toujours voulu plaire à quelqu'un.
Nulle présence si ce n'est celle de la mer, avec son ressac comme un souffle incessant, et de cette minuscule lumière au loin.
Je voudrais m'éteindre pour ne plus m'entendre penser, me débrancher et qu'on n'en parle plus.
La vision des arbres nus me transperce le coeur. J'ai été une enfant des banlieues et des campagnes. J'ai pensé être heureuse à la mer. Je vivote désormais à Paris.
Je suis en paix avec moi-même. J’ai mis de l’ordre dans mes sentiments. Je me reconstruis à chaque fois, avec quelques pièces en plus ou en moins. Je peux me réinventer à volonté. J’ai ce pouvoir, cette faculté.
Je dérivais doucement, me laissant porter par le courant. Je ne souffrais pas tellement de la solitude. Personne ne me connaissait, je me sentais libre.