Depuis mon adolescence et la lecture de Jane Eyre de Charlotte BRONTE, j’ai une passion pour les romans se déroulant à l’époque victorienne, passion qui s’est vue renforcée en classe de première lors du visionnage du film Le Tableau de Dorian Gray inspiré par le livre éponyme d’Oscar Wilde. Autant dire que j’avais bon espoir avec cette série policière de retrouver l’ambiance propre à mes lectures passées. Pari réussi ? Je ne vous ferai pas languir plus longtemps : j’ai adoré, à la limite du coup de cœur ! L’auteur prend le temps d’installer le décor, la bonne société victorienne, le plus souvent dans le grand salon de la famille Ellison et ses personnages. Les femmes tiennent une grande place. D’abord Charlotte, atypique pour l’époque. Elle est spontanée, directe, franche, presque trop, ne sait pas tenir sa langue. Elle se laisse guider par ses émotions et fait preuve de beaucoup de compassion. Elle ne triche pas, est naturelle, ne se sert d’aucun artifice, contrairement à Emily, que j’ai beaucoup aimé aussi mais d’un tout autre genre. Elle est lucide, pragmatique et utilise le protocole des convenances en vigueur à son avantage, est plus sournoise que Charlotte. C’est une ambitieuse qui rêve de faire un beau mariage, une mondaine qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Il ne vaut mieux pas se mettre en travers de son chemin !
Nos petites demoiselles Ellison semblent avoir de qui tenir, même si leur mère, Caroline, est plus effacée, plus discrète, elle sait sortir les griffes quand on s’attaque à ses enfants, notamment à Charlotte. J’ai eu beaucoup plus de mal avec Sarah, son côté dévote et moralisatrice. Une vraie trouble-fête, rabat-joie au possible ! Ne parlons même pas de la grand-mère, une femme acariâtre, détestable et méprisante. A côté, les personnages masculins sont un peu fades, exception faite de Thomas Pitt. Un très bon policier, fin observateur, il cerne très rapidement les personnes qui l’entourent. Impossible de lui cacher quoi que ce soit, d’autant plus qu’il est obstiné, acharné, peu importe les conventions et sa position sociale inférieure à la famille Ellison. J’ai aimé ses échanges cinglants avec Charlotte, leur répondant à tous deux ! C’est aussi lui qui va lui ouvrir les yeux sur une autre réalité, celle des petits orphelins, laissés pour compte, des petites gens dont la vie est très éloignée de celle de Charlotte et qui se démènent comme ils peuvent pour survivre, dans l’indifférence générale. Enfin, nous est offert un beau tableau des relations hommes/ femmes, de la condition de ces dernières dans cette époque austère.
L’intrigue policière passe au second plan, elle est surtout un prétexte pour installer un climat de tension, de suspicion. Le doute s’insinue doucement dans les esprits, tout le monde pouvant être l’assassin. Ce sera l’occasion de faire surgir des secrets enfouis, un révélateur de la vraie personnalité des gens. Chacun se rend finalement compte qu’il ne connait pas réellement celui avec qui il (elle) vit ou est marié(e) depuis de longues années, bien qu’ils se côtoient chaque jour. A ce niveau-là, j’ai trouvé la fin un peu rapide : après avoir épuisé plusieurs pistes sur l’identité du tueur, j’ai eu l’impression que l’auteur nous révélait son nom comme un cheveu sur la soupe, parce qu’il fallait conclure, trois pages avant la fin du livre (bon en fait on commence à suspecter quelqu’un avant mais cela arrive assez tard et en comparaison avec la longueur de l’affaire, la conclusion est très hâtive !)… C’est pour cela que ce ne sera pas un coup de cœur mais il s’en est fallu de peu.
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