Citations de Anne Schmauch (122)
Ils sont toute une assemblée à venir s’abreuver de racisme, de misogynie, d’homophobie, d’islamophobie, d’antisémitisme. Leur gourou est spécialiste dans l’art de faire passer la haine pour de l’indépendance d’esprit, et il excelle dans l’art de confondre les victimes avec les bourreaux. (page 224)
Les gens prétendent parfois que le punk est une musique sans nuances. C’est faux. La palette du chaos est d’une étonnante richesse. (page 23)
C’est quoi cette histoire de « pas le premier soir ». Je ne te félicite pas. Encore un truc pour brider les filles. Le sexe, c’est sacré pour les demoiselles mais récréatif pour ces messieurs, c’est ça ? La fille est supposée réfréner ses désirs. Le mec, lui, non. En revanche, il est doté de l’étonnant pouvoir de te transformer en salope si tu cèdes à ses avances ? Pas mal ! Belle construction sociale ! (page 203)
Céleste a les boucles noires en désordre et son insolent sourire post-voluptés. Karim a la tête à l’envers et la chemise débraillée post-ébriété. Pauline, elle, a les yeux en face des trous et le carré bien en ordre. Elle est en survêtement ; tout porte à croire qu’elle a eu le temps de faire du sport entre le lever du jour et maintenant, et sans doute de bosser un devoir de philo. (page 93)
Prudent, c'est pas le mot le plus chiant de la langue française ? Celui qui fait que tu passes à côté des trucs les plus excitants de l'existence ?
Ah non, ce n’est pas le diable, mais la douce voix de ma mère. Depuis que je suis toute petite, elle m’a toujours réveillée comme si elle venait m’interpeller. Déformation professionnelle. Ma mère est flic. (page 75)
Maman, elle voit des signes partout. Elle dit que c'est parce qu'elle est grecque et que les Grecs sont les inventeurs des présages (enfin, dans l'antiquité, ça date). Alors tout y passe : les oiseaux qui passent à sa gauche (mauvais signe), les trottinettes qui passent à sa droite (bon signe), les tartines de beurre qui tombent à l'endroit (bon signe - sauf si c'est du beurre salé - ne me demandez pas pourquoi), les tartines de confitures qui tombent à l'envers (mauvais signe, quelle que soit la confiture). Pour moi, il s'agit juste de superstition. Peut-être parce que je ne suis qu'à moitié grecque, vu que Papa est breton.
Anniversaire assez pourri, en somme. Quand on fête celui des parents, c’est bien pire. Il y a tous leurs potes, on se croirait au commissariat. (page 91)
Ce n'est pas du punk, plutôt du néo-yéyé. " J'aime regarder les filles", ça s'appelle. La première fois qu'on a entendu cette chanson, Céleste, Pauline et moi, on s'est mises d'accord sur un point : on n'a rien contre l'idée qu'un mec regarde passer les filles. C'est juste que nous aussi, on veut mater les mecs qui marchent sur la plage, et le crier haut et fort, sans être aussitôt propulsée dans la sombre catégorie des salopes-qui-l'auront-bien-cherché.
Alors, on l'a réécrite à notre sauce.
Elle pourrait arrêter les guerres, Céleste. Il suffirait qu’elle marche entre les chars, et les soldats se prosterneraient à ses pieds en disant que leur guerre est une insulte à la beauté des courbes de ses hanches, des trucs comme ça. (page 127)
Je l’ai trouvé beau. Il l’est, de loin, quand il n’a pas encore ouvert la bouche pour vomir le flot d’âneries qui lui coule dans le cerveau. À présent, je le trouve d’une ahurissante laideur. Comment j’ai pu désirer ce mec ? (page 111)
Il n’est pas vilain, Bastien. Mais niveau désir, nous deux, ça a toujours été encéphalogramme plat. Je trouve qu’il dégage autant de phéromones qu’une pantoufle ; il me trouve moins bandante qu’un coq mort. (page 12)
Sa voix a les accents d’une caresse. Il n’a pas lâché mes poignets, je reste suspendue à ses lèvres. Son grain de beauté me fait de l’œil sur le haut de sa joue. Nous restons face à face sans bouger. (page 196)
Du côté des foireux, je pense d’abord à Vadim. Ce mec semblait situer le clitoris quelque part dans le pli du genou. J’ai réorienté le tir, et plusieurs fois, en direction de la cible. Rien à faire. Le mec n’a cessé de me titiller le creux du genou, jusqu’à ce que je le vire de peur de choper une tendinite. (page 36)
Nous glissons dans un drôle de K.-O., un genre de coma idyllique au cœur duquel l’espace et le temps n’ont plus cours. Nous restons sur le dos, emmêlés l’un à l’autre. J’ai posé ma tête sur le torse d’Octave et il effleure ma peau qu’il couvre de dessins imaginaires. On se sourit, grisés par l’étendue du monde qu’il nous reste encore à explorer. (page 214)
Elle a l’air si sûre d’elle que je me sens rassurée. C’est drôle, quand elle arrête de faire la diva, elle est presque aimable. (page 294)
- On n'est pas des chevaux, on est des chevals ! a coupé le chef.
- C'est pourtant pas compliqué, à henni Rodogune.
J'ai compris pourquoi ils ne figuraient pas dans mon Encyclopédie des animaux. Il m'aurait probablement fallu une encyclopédie des animals.
Je sors du bar dans un bel état. Plus très sûre de connaître mon propre prénom. Céleste, elle, n'avait rien à oublier, mais elle pratique la cuite compassionnelle.
Le comportement humain est assez proche de celui de l'otarie : tu serais surprise de savoir tout ce que tu peux obtenir d'un Homo Sapiens en échange d'un cadeau ou d'un truc gratuit.
De toute façon, l'amour, c'est quoi ? Selon Lacan, c'est "offrir ce que tu n'as pas à quelqu'un qui n'en veut pas".
- Tu me files le sous-titre ? Je demande. parce que je ne capte rien à cette phrase.
- Ben moi non plus, en fait.