Anne de Bourbon Siciles

Page 257 -
Et aimer quelqu'un, ce n'est pas seulement lui faire de grandes déclarations ou lui offrir des cadeaux.
Aimer une femme, c'est lui tendre la main lorsque tout le monde se détourne d'elle.

Je ne l'ai pas quittée parce que je ne pouvais pas le faire, figure-toi. Elle avait beau être devenue folle, je l'aimais. Et aimer quelqu'un, ce n'est pas seulement lui faire de grandes déclarations ou lui offrir des cadeaux. Aimer une femme, c'est lui tendre la main lorsque tout le monde se détourne d'elle. C'est quelque chose que tu peux comprendre, non ?

Le système commet son lot d'erreurs, mais il fonctionne. Nous évitons à un paquet de gosses de ne pas crever sous les coups de leurs parents. Lorsque l'on prend de mauvaises décisions par excès de prudence, des vies se retrouvent cabossées. Mais lorsque l'on laisse un gamin chez ses bourreaux, il ne s'en relève pas.

Dans les romans orientaux qu’elle avait lus, les femmes étaient souvent initiées à l’amour physique par une amie, par une confidente, par une aînée. Le désir, leur disaient ces femmes, existait pour être apprivoisé. Le tien et celui de l’homme. Ainsi, le moment venu, les vierges savaient comment faire pour se donner à leur amant et recevoir du plaisir en retour.

Lorsqu’un désaccord d’importance survient entre des proches, seules deux attitudes peuvent être adoptées : soit camper sur sa position en attendant que l’autre s’incline, soit céder.

- Tu sais, on avait déjà senti que cela allait péter fort, très fort ! Il y a trop de misère et de profitation dans notre petit pays ! Je viens de terminer Les chiens de garde de Paul Nizan. C’est incroyable, ce qu’il pensait en 1932 est toujours d’actualité. Couté sa (écoute ça) : « La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le faire croire ; M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui »

Mais qu’importe l’avenir qui, inéluctablement, doit faire voler en éclats l’amitié de Louise la Béké et de Man le Martiniquais, descendant d’esclaves. En cette année 1920, ils ont tous deux dix ans. Peu leur chant les conventions sociales et la couleur de leur peau. Peu importe le regard des autres, le poids de l’Histoire, peu importe….

— Tu n’aimes pas les journalistes ?
— Ils sont tout le temps en train de faire des histoires. De remuer inutilement des affaires et de salir les gens…
— Il faut bien informer l’opinion...

Sans les assurances, il n’y aurait jamais eu de gratte-ciel à New York car les ouvriers n’auraient pas voulu travailler à de telles hauteurs au risque de tomber et de jeter leur famille dans la misère. D’ailleurs personne, sans les assurances, n’aurait investi des millions dans des constructions aussi gigantesques ! Et personne n’aurait même acheté la moindre voiture car les citoyens auraient eu trop peur de renverser un piéton, un enfant, une mère de famille nombreuse…

Elle appelait « visiteur » le signe menstruel. Elle aimait beaucoup cette expression, qui lui venait de sa grand-mère Ruth, et que l’on se transmettait en Europe centrale, paraît-il, d’une génération à l’autre, comme une image poétique liée à jamais à la vie des femmes, à leurs préoccupations.

Il n’était pas facile de percer dans la peinture quand on habitait New York, où la concurrence était sans pitié, mais quand de plus on avait grandi à Harlem, et qu’on était noir…