Citations de Annie Agopian (18)
A peine sentons-nous
Parfois
A nos narines
L’éternité qui va
A peine osons-nous
Alors
Rêver dans le silence
De capturer le vent.
" Monsieur d'Issy ignore madame D'Laba. Il ne sait rien de son amour rêveur."
Ma chambre devient le théâtre d'exploits affolants, où complote toute une société secrète.
Des Moi ingénieux, un peu poètes, un peu fous.
Prêts à tout...
On n'a jamais pioché de famille mieux que celle qu'on s'est tous inventée pour de vrai...
Un jour, à force d'être des petits, c'est sûr qu'on devient des grands
On s'étonne de tout...
et de rien on se fait une fête.
On se dit que ça pourrait être pire et on voit la vie sous un jour meilleur,
un jour nouveau, un jour si beau.
Avant de grandir, on passe tous par cette hésitation.
Comme si ce qu'on voulait, on le voulait pas vraiment.
Comme si ce qu'on faisait, on le savait pas encore.
Comme si d'un coup, on se retrouvait entre deux nous-mêmes.
Un nous qu'on connaît déjà trop et un autre qu'on ne connaît pas vraiment encore.
Avant, on était nous et le chien. C'était bien.
Puis, il y a eu le jour de la catastrophe. Papa s'est séparé de son côté et maman aussi. Moi et le chien, on est restés entre les deux.
Il s'en va toujours nageant, voyageur au fil des courants, vers la mer douce-amère, bleutée, qui lui a tant manqué. Vagues, écume, cris des oiseaux, algues marines, sable, rouleaux, crabes aux aguets, lents paquebots... Petit poisson libre vraiment prend le large, vif et pimpant.
Bali-balot bouleversé, happé, filtré, lessivé ! Un tourbillon hurlant le prend ! C'est la station d'épuration, comme une grosse machine à laver qui nettoie les eaux souillées.
C'est le silence de la ville, le royaume du tout-à-l'égout... Un royaume d'eaux usées, de bulles de lessive ammoniaquée, de crottes, et de rats, gros comme des chats...
C'est l'heure du bain au 12, rue de la Douchette.
C’est vrai que j’imaginais mal grand-père empaillé, accroché au mur ou posé sur la cheminée. Ma mère m’a expliqué qu’être naturalisé, ça veut dire choisir de devenir français, par exemple, alors qu’on est d’un autre pays.
Je me disais que c’était du pareil au même d’avoir un grand-père né en Anatolie ou une mère née en Afrique. C’était juste du hasard, c’est tout.
Alors, pour ne pas donner l’ éveil, Ange remet tout en ordre.
(...) on a souvent rêvé d'une machine à-attraper-les-bisous-volants. Une machine... une belle mécanique parfaite pour les conditionner sagement comme des cornichons.
Mais on n'y est jamais parvenu.
Les bisous volants ne supportent pas les conservateurs.
Ils perdent tout leur croquant, leur marrant, leur vivant.
Et ils fondent en chaudes larmes horribles.
Les requins du trottoir sont cruels,
et ils adorent la géométrie.
N'importe quelle ligne droite
les excite, et ils guettent
chaque fois qu'il y en a une.
Les requins du trottoir sont terribles,
et surtout terriblement patients.
Ils attendent tranquillement qu'on dépasse,
qu'on mette le pied où il ne faut pas.
Alors, quand, me^me un tout petit peu,
même sans faire exprès, on mord sur la ligne
ils nous mangent. Un point c'est tout.
Les requins du trottoir sont invisibles,
leurs ailerons ne dépassent jamais, eux.