La 4ème de couv’ est suffisamment complète et je vous évite donc un résumé de mon cru. Soupirez d’aise…
Que les hasards livresques sont heureux! À sa sortie, je n’ai même pas jeté un œil sur ce roman! Avec un titre pareil, je n’en avais même pas lu la 4ème de couv’ et même les réactions enthousiastes de l’époque n’avaient éveillé mon intérêt! Il a fallu le trailer de l’adaptation ciné, plus sobrement nommé « Le cercle littéraire de Guernesey » pour que ma curiosité soit titillée!
Avec près de mille avis sur Babelio, inutile de vous préciser que je ne vais pas vous faire de grandes révélations avec mon article! Mais bon, mieux vaut tard que jamais tout de même!
Ce roman épistolaire se dévore avec le sourire!
Et pourtant, nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et l’évocation de l’occupation de l’île de Guernesey par les allemands ne donne guère à réjouir. C’est un contexte historique peu connu que l’abandon des îles anglo-normandes, par décision de Churchill, aux mains des allemands, sans même combattre. Au fil des lettres échangées, l’auteur nous parle de ce sentiment d’abandon mais de la confiance loyale préservée pour la victoire anglaise.
Il y a l’occupation par l’ennemi, le conflit mondial mais il y a aussi confrontation d’êtres humains. Il y a des pommes pourries dans chaque panier et si certains sont fidèles à l’image animale et diabolique du parfait nazillon, il y a aussi des hommes qui n’ont pas demandé à être de ce combat. Et l’histoire de la petite Kit est juste émouvante quand elle aurait pu être dramatique. Cet enfant que les événements historiques n’ont pas ménagée trouvera le bonheur grâce à l’affection et la cohésion de ces lecteurs improbables réunis pour la première fois autour d’un cochon!
Il y a l’ennemi, la nation, la guerre… mais aussi ces enfants que l’on veut protéger, que l’on doit éloigner de soi, qu’on ne reverra pas pendant cinq ans… Évoqué pudiquement, il n’en reste pas moins un traumatisme pour beaucoup…
Événements dramatiques et pourtant nous gardons le sourire. Ce sourire tient dans le portrait du personnage principal, Juliet. Elle est enthousiaste, pleine de fraîcheur et d’autodérision et glisse toujours un trait d’humour parfois caustique dans ses missives.
Ce n’est pas de la candeur mais davantage une nature optimiste et ouverte qui nous porte au fil des pages, sans juger, juste en observant et en ne repoussant pas les aléas de l’existence, en toute lucidité.
Des échanges avec ses amis fidèles, Sophie et Sidney, le panel épistolaire s’étoffe avec des inconnus de passage venus narrer une anecdote alors que des liens plus étroits se tissent avec des personnages hauts en couleurs comme Isola, Eben ou Amelia. Un cercle littéraire créé par la circonstance dramatique donne naissance à une bande d’amis, une famille au sens élargie du terme, rassemblant des personnalités diverses qui toutes ne sont pas, à la base, attirés par la lecture. Et pourtant… de scènes cocasses en situations plus tendres, ce sont bien les livres qui les unissent.
Elizabeth est la grande absente par ses mots mais elle est omniprésente en chacun. Un destin qui m’a émue, tant son histoire avec Christian, lui aussi absent, éprouve son humanité et sa force. Une femme dont on aurait aimé être l’amie. Une femme comme trait d’union au sein de sa communauté et qui le sera avec Juliet également.
Ce roman épistolaire jette des anecdotes par ci par là au travers des confidences des uns et des autres et l’ensemble retrace le portrait de cette communauté coupée du monde libre pendant cinq ans face à l’adversité. Les drames exacerbent le meilleur de chacun et malgré la faim, les ruines, les privations et les morts, le tout respire l’optimisme et l’espoir.
Alors pour chipoter un peu, j’aurais aimé juste un peu plus de développement dans l’histoire entre Dawsey, que je trouve un peu trop discret, et Juliet…
Et puis une petite mention spéciale jouissive à la langue de vipère (parce qu’il y en a toujours au moins une!) qui ne cesse de déblatérer et vomir sa méchanceté.
Et une appréciation pour le clin d’œil à Oscar Wilde, un de mes auteurs « classiques » préférés!
J’ai mis le temps pour découvrir ce roman mais je ne le regrette pas un instant tant je l’ai dévoré!
C’est pô tout ça mais quelqu’un à la recette de la tourte aux épluchures de patates?
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