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Citations de Anouk Langaney (28)


Quand on a tellement l'habitude de mentir et de se cacher qu'on en arrive à travailler son texte pour dire la vérité à une personne honnête, c'est sans doute qu'on s'est aventuré un peu loin au-delà des glissières de sécurité.
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J'ai encore appelé Eddy "Émile", mais cette fois sans le faire exprès. À chaque fois que je joue les vieilles folles je ne fais que prendre un peu d'avance sur ce qui m'arrive réellement, c'est passablement déprimant. J'aimerais pouvoir sortir de ce personnage pour incarner une jeune première ou une soubrette délurée par exemple, mais il est un peu tard pour ça.
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Lorsqu'un patient atteint d'une démence d'Alzheimer arrive au stade dit modéré à sévère de la maladie, il peut manifester de l'anxiété et faire preuve d'une agitation inhabituelle.
Sans rire. Comme si le fait de perdre peu à peu l'usage de gadgets superflus comme la mémoire, la pensée ou la parole avait de quoi énerver quelqu'un. Les patients d'aujourd'hui sont vraiment des chochottes.
Tu vas voir si j'attends le stade sévère pour faire des remarques déplacées en public, moi !
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Ça fait un bail que je le sais, que ça ne tourne plus rond là-haut. Mais je n’y pensais pas. J’ai toujours été forte pour ça, pour ignorer ce qui m’emmerde. Jusqu’au jour où ça n’a plus été possible.
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Chez moi, au calme, j’y arrive encore à peu près, pour les factures, ces bêtises-là… mais en public, je perds tous mes moyens. C’est la honte, que je ne gère pas. Les regards. Toute cette saloperie de pitié. « Ah non, ma p’tite dame, vous m’avez donné trop, là… »
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Et puis il y a le pognon, ces saloperies d’euros que je m’éreinte à convertir, moi qui tenais sans effort les comptes de Maurice et de toute la bande. Je jonglais avec les conversions, les placements offshore, les intérêts. Une comptable-née, comme disait notre ami Jeannot. Eh bien la voilà morte, la comptable-née.
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La pauvre chérie, elle en perdra ses joues, mais c’était prévisible. Comme si les touristes allaient en Périgord pour bouffer du tofu. Bref, tout ça je le sais, je le vois, preuve qu’il doit bien me rester deux-trois neurones, mais pas moyen de me souvenir de son nom, ou de l’année de son arrivée d’ailleurs. Et ça, ça me bouffe.
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Et s’il n’y avait que Granger. Mais il y a les autres. Les nouveaux voisins, ceux qui ont racheté le pavillon moche et prétentieux qui fait le coin à l’entrée de l’impasse. Là où les Mesniers (ceux-là, je m’en souviens, mais pour combien de temps ?) ont fini leur pauvre vie mesquine de nouveaux presque-riches entre un aigle en plâtre et deux persans bigles, aussi aigris qu’eux, mais plus racés. Et puis la petite aux joues roses qui a repris la crémerie de la place pour en faire une sorte de troquet de gauche, mi-librairie mi-bistrot, et qui vivote en servant trois tranchettes de terrine de soja aux quelques hippies de passage…
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Comme ce con de docteur Granger. Ça fait deux fois que j’oublie son nom. « Je voudrais voir le docteur… » et rien. Qu’est-ce que j’aurais bien pu ajouter ? « Le joufflu » ? « Celui à lunettes » ? « Celui qui m’a ramassée dans le fossé » ? Et la petite standardiste qui me fixait avec son sourire compatissant de stagiaire-pas-encore-blasée, et que j’avais envie de gifler, tellement j’avais honte. « Celui qui s’occupe des vieilles carnes dans mon genre, vous savez, celles qui perdent la boule », j’ai dit, en la fusillant de l’œil gauche (la cataracte a désarmé le droit). Alors elle a trouvé. « Le docteur Granger ? » Ben oui, lui-même. Et quand je suis entrée dans son cabinet, j’ai tout de suite vu qu’elle m’avait balancée : j’ai eu beau claironner « Bonjour, Docteur Granger ! », ça fleurait la mauvaise arnaque à plein nez, ça sentait la répétition dans l’ascenseur GRANGER GRANGER GRANGER), ça puait la trouille.
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Ce con de docteur s’appelle Granger. Granger, Granger, Granger. Affreusement banal, comme sa tête d’ailleurs. Même à vingt ans, ce type me serait sorti de la mémoire en moins de deux.
Oui, mais non.
À vingt ans, même la dernière des buses avec une gueule de rat m’aurait marquée, si elle m’avait sauvé la peau. Comme ce con de docteur Granger. Ça fait deux fois que j’oublie son nom. « Je voudrais voir le docteur… » et rien. Qu’est-ce que j’aurais bien pu ajouter ? « Le joufflu » ? « Celui à lunettes » ? « Celui qui m’a ramassée dans le fossé » ? Et la petite standardiste qui me fixait avec son sourire compatissant de stagiaire-pas-encore-blasée, et que j’avais envie de gifler, tellement j’avais honte.
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(...) Cuisiner un individu de tempérament sanguin incite, instinctivement, à travailler la viande en lui conservant toute sa saveur par une cuisson brève.
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La gueule dans le fossé, le dentier de guingois, le Beretta échoué dans la haie de ronces à côté d'un escarpin orthopédique...
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J’étais une bonne mère. Artiste ratée, socialement inadaptée, sentimentalement ruinée et physiquement usée, soit, mais malgré tout – et d’autant plus – une très bonne mère. N’est-ce pas une noble fonction ? Un destin valable ? Pour l’admettre, il a fallu que je réajuste certains des repères mis en place par ta féministe grand-mère. Si elle n’était pas déjà morte depuis plusieurs années, son cœur aurait sans doute lâché à l’idée que sa fille ait la maternité pour vocation exclusive !
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Je n’en sais rien, en fait. À vrai dire, je nous confonds. Nous nous ressemblons tellement ! Tu es plus belle, cela dit. Je n’étais pas mal non plus, à ton âge, mais belle à ce point ? Pas sûr. J’ai vu tes photos sur Facebook. (Ne me demande pas comment : j’ai eu du mal, mais j’ai fini par réussir.
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J’ai mes défauts – ce n’est pas à toi, mon ange, que je prétendrai le contraire – mais l’inertie n’en est pas un. Si moche que soit le monde dont on hérite, il faut le sauver : c’est ce que j’ai lu, j’applique.
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Notre vie est un Livre dont vous êtes le héros auquel il manque des pages.
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Mère et fille, main dans la main. La dream team. Quelle chance pour Clark, et pour moi ! Ç’aurait été la voie royale.
Mais peut-être pas. Peut-être que l’histoire aurait déraillé. Peut-être que tu m’aurais regardée comme une cinglée, comme tu as fini par le faire quelques années plus tard. Peut-être que tu aurais bondi vers la chambre pour tout répéter à ton frère, et qu’à compter de ce moment tu aurais cherché à ruiner mes efforts.
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Je viens de comprendre le problème de Louna : sa tête va plus vite que le reste du monde ! Tu m'étonnes qu'elle s'emmerde en temps normal. Elle est en décalage permanent avec la vie ! Sauf en cas de grosse crise comme aujourd'hui.
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Il ne reste plus que les tuyaux, une dizaine au moins, qui se rejoignent au niveau de la canalisation  principale. J'essaie de suivre Louna des yeux, et j'ai l'impression d'être au ralenti. Comme si je défilais image par image. C'est elle qui a le bon tempo, à présent. Rien ne la surprend, rien ne la prend de court..
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Elle continue à s'activer, avec toujours ce regard tranquille que nous ne lui connaissions pas. Elle vérifie les nœuds qui nous retiennent, ainsi que le corps de la prof. Elle tâte la cloison, la tapote en y collant son oreille. Elle dégage de sous une dalle du faux plafond plusieurs tuyaux de caoutchouc, qu'elle nous demande de tenir, et que je reconnais : ce sont ceux qui courent sous les fenêtres, prévus pour irriguer la somptueuse façade végétalisée du collège, dont l'architecte était si fier, et qui a séché au bout de quelques mois
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