Citations de Anthelme Hauchecorne (206)
Les interprétations étaient infinie. Comme les réactions des soldats.
La plupart regardaient. Certains bâillaient, d’autres critiquaient. Une minorité restait médusée, bouche bée, absorbée dans la contemplation. Un homme se mit à hurler, à prétendre que les écailles se mouvaient, que les angles se tordaient, que la pierre vivait. Un soldat le fit taire d’une gifle et l’assomma d’un bourre-pif. Nul n’y prêta attention. Le hurleur était un artiste. Chacun sait combien ces gugusses-là avaient les nerfs fragiles.
Sur l’instant, Liutgarde prit ce qu’elle crut être la bonne décision.
Dont les conséquences viendraient plus tard…
Imprévisibles.
Dévastatrices.
Car parfois, à vouloir trop bien faire, on causait un mal plus grand.
Ainsi donc se saluaient les mäges.
Avec des sourires resplendissants. Et des arrière-pensées noires comme la nuit.
Ils aspiraient à deux choses contraires
Et leurs âmes étaient divisées
Ils étaient attirés par le bien. Mais aussi par l'or.
De ces obédiences opposées découlaient tous leurs malheurs...
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En eux ces deux aspirations s'opposaient sans cesse. L'amour et l'or
Une damoiselle sans dot trouverait-elle un mari ?
Un parent dans le besoin valait-il qu'on le soigne ?
Un homme sans terres méritait-il qu'on l'écoute ?
La nature était une orfèvre, offrant des bijoux aux aveugles.
Ce pensionnat était bien des choses, sauf un foyer. L'endroit possédait un toit, mais ce dernier ne vous protégeait pas. A l'intérieur, les coups pleuvaient. Le Magistère entretenait un feu, ce dernier n'était néanmoins d'aucun réconfort. On y brûlait les billets doux, les courriers, les dessins, les poèmes, tout réconfort véritable.
La loyauté était dans l’ordre naturel des choses. Elle régnait chez les animaux. Et même chez les monstres. Il n’y avait qu’avec les Humains qu’elle semblait si rare.
Seuls, nous dérivons. Ensemble, chacun devient l'ancre de l'autre.
Rollon soupira.
Son tort était d'avoir cru que sa vie pourrait prendre un nouveau départ.
À ceci près qu'elle ne lui appartenait plus.
La forêt lui avait mangé le cœur.
Il avait beau la supplier, elle refusait de le recracher.
Fuir n'était pas toujours la meilleure idée. Fuir, c'était choisir de devenir le gibier.
Ce n'est pas parce que dame Hölle a le pouvoir de manipuler les rêves des autres que cela lui en donne le droit.
Elle avait le doux visage d'une déesse et les mains calleuses d'une paysanne. Elle avait la tête vide d'une fillette et les fesses pleines d'une femme.
La nature s'était jouée d'elle d'un bout à l'autre, et pourtant, elle ne lui en gardait nulle rancune.
Seule ombre au tableau : j’avais trop tôt épuisé mes réserves d’alcool. Je fus bientôt en proie au manque. Cloué au lit, marinant dans ma sueur, je souffris de visions.
Au plus fort de mon delirium, je crus discerner un serpent m’épiant depuis une fenêtre. Le reptile perçut aussitôt que je l’avais repéré. Il découvrit ses crochets, déploya ses ailes et s’envola. Avais-je rêvé? Venais-je d’entrevoir un amphiptère, tout droit jailli des vieilles légendes?
Une vérité essentielle m'apparut : beauté et laideur étaient des mensonges. Ces concepts n'appartenaient pas à l'ordre naturel, les bêtes n'en avaient cure. Ces fadaises n'intéressaient que l'Homme.
« Tous les chemins vont vers elle.
Du fond des brumes, Là-bas, avec tous ses étages
Et ses grands escaliers et leurs voyages
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
Comme d’un rêve, elle s’exhume.
C’est la ville tentaculaire,
La pieuvre ardente et l’ossuaire
Et la carcasse solennelle.
Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini
Vers elle. » p 80
« Nos appétits nous rendent malheureux. Nos peurs nous empoisonnent. La haine nous dévore et la vengeance nous laisse creux. Seuls nos songes nous insufflent l'énergie d'endurer ce monde. Nos vies commencent et s'achèvent avec eux. »
La haine est un poison qu'on se donne à soi-même en espérant que l'autre en meure. Question poison, mon corps en avait déjà absorbé plus que son compte.
« Je vous offre le rôle de votre vie. N'y voyez pas qu'une métaphore. Ou vous acceptez ce rôle, ou votre vie s'arrête là. »
Bientôt, il ne resterait rien des Oniromanciens. Leurs vestiges pillés rentraient sous terre. Nous étions les fossoyeurs de l'Histoire.
- Sans mémoire, il n'y a pas d'idées d'avenir, a déploré Banshee.
- Pardon ?
- C'est de Theodore Zeldin, un philosophe anglais. Selon lui, nos idées viennent de notre compréhension du passé. Notre capacité à imaginer l'avenir dépend d'une zone du cerveau également consacrée à la mémoire.
« Un humain dort un tiers de sa vie. Un tiens de vie supplémentaire dont nous, Rêveurs, disposons pour progresser. Arts, sciences, nous pouvons atteindre des niveaux inaccessibles au commun des mortels... Nous formons le pont entre l'Ever et l'Éveil. Nous avons le pouvoir de convoyer les rêves d'un monde à l'autre. »