AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Antoine Vitkine (11)


On a même demandé Bruce Willis, le vrai ! On l'a vu ! Mais, on n'a pas eu le droit de l'acheter !
Commenter  J’apprécie          290
Dans les pays où le nationalisme s’exprime sans la retenue que donne l’expérience de l’Histoire, dans des nations neuves, Mein Kampf est désormais un succès populaire. C’est ainsi le cas en Inde : on y trouve Mein Kampf, en version intégrale, en hindi, en anglais et en plusieurs langues régionales indiennes, soit une dizaines d’éditions différentes, disponibles dans la plupart des librairies, chez les marchands de rue, dans les kiosques de gare. Une enquête du Time dans la capitale, Delhi, rapporte que le livre est un best-seller chez une majorité de vendeurs ambulants, au coude-à-coude avec Barbara Bradford et John Grisham… L’un de ces vendeurs, Vinod Jain, explique à l’envoyé du journal : « Je ne sais pas pourquoi ils le veulent tous, mais c’est un supercarton, a red-hot seller. »

Il est malaisé de connaître les chiffres de vente à l’échelle du pays, mais il ne fait pas de doute que le phénomène est massif, au point d’être devenu une curiosité pour les touristes et les journalistes du monde entier. En 2006, le Chicago Tribute révélait que, dans la seule ville de Bombay, la plus grande librairie en vendait 35 exemplaires par semaine. Enquêtant pour Marianne sur le nationalisme hindou, Martine Gozlan note ainsi qu’à Ahmedabad, capitale du Gujarat, « la plus grande librairie de la ville propose Mein Kampf en différentes éditions avec le portrait de Hitler en couverture. Il y en a à tous les prix, pour tous les goûts. La littérature nazie est un must ces jours d’avant moussons ». « Il est proposé en format poche dans tous les stands offrant une littérature grand public », remarque sur son blog une universitaire américaine, professeur d’histoire en voyage. Quant à Georg Martin Oswald, écrivain allemand en résidence à Bangalore, il a eu la surprise d’entendre un de ses amis indiens, brillant médecin de trente-deux ans, polyglotte, lui dire qu’il avait expressément appris l’allemand pour lire Mein Kampf en version originale et l’avais lu plusieurs fois en anglais. Il voulait comprendre quelle sorte d’homme était Hitler : « Quelqu’un qui a eu autant de partisans ne peut pas être le simple clown décrit par la propagande américaine. » « Hitler a beaucoup d’admirateurs en Inde », finit par lâcher ce jeune homme. (pp. 260-261)
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi, aujourd'hui, dans notre société prospère et civilisée, au cœur d'un continent pacifié qui se rêve "hors de l'histoire", faudrait-il se soucier de Mein Kampf, ce livre hérité d'un temps lointain pourtant toujours présent ? Quelles leçons tirer de la trajectoire hors du commun du livre d'Adolf Hitler, de la cellule de Landsberg au panthéon du IIIe Reich, des ruines de Munich aux rues d'Istanbul ?

Première leçon : la destinée de ce livre appelle à accorder de l'attention aux projets politiques fanatiques et violents, et à ne jamais les sous-estimer, surtout quand ils sont rendus publics et en particulier lorsqu'ils sont portés par des hommes susceptibles de les mettre en œuvre. Il n'y a guère de systèmes d'idées fascisant, ultranationaliste, raciste ou antidémocratique qui ne demeurent sans conséquences. Les mots ont un sens et affectent la réalité, parfois de la pire des façons.
Page 289
Commenter  J’apprécie          20
(p.323 - l'interview d'un libraire turque vendant Mein Kampf)
Le type en chemise blanche intervient :
- On ne peut pas être neutre sur Adolf Hitler. Avec le recul, on peut se dire qu'il avait tort, mais, à l'époque, il avait raison.
- Ce n'est pas qu'on aime Hitler, surenchérit Emre, mais, à l'époque, ce qu'il a fait aux Juifs, c'est ce que les Juifs font aujourd'hui aux Palestiniens.
- Et quel est le rapport avec Mein Kampf ?
- Mein Kampf aide à comprendre la politique des Juifs aujourd'hui. C'est comme dans les films américains : les Américains sont toujours les gentils. Or, dans la réalité, c'est l'inverse. Eh bien, Mein Kampf, c'est pareil. Hitler révèle la vraie image des Juifs, conclut Emre.
Commenter  J’apprécie          10
(p.167)
Hitler, qui sur précédemment tirer profit de la république de Weimar pour parvenir au pouvoir, décrit à des proches, avec sagacité, le piège dans lequel il a su enfermer les puissantes démocraties occidentales et dans lequel elles semblent s'être précipitées. Il évoque "la confusion mentale, les sentiments contradictoires, l'indécision, la panique" comme ayant été ses plus utiles alliés. A la fin des années 1920, n'avait-il pas dit à l'un de ses lieutenants : "Notre stratégie consistera à détruire l'ennemi par l'intérieur, à obliger l'ennemi à se vaincre lui-même" ?
Commenter  J’apprécie          10
(p. 318)
La reconnaissance d'un génocide arménien perpétré entre 1914 et 1919 continué d'être jugé inacceptable par la majorité des Turcs. Mais Hitler n'a-t-il pas dit à ses généraux, le 22 août 1939, alors qu'il leur exposait ses projet pour l'Est : "Qui parle encore aujourd'hui de l'extermination des Arméniens ?"
Commenter  J’apprécie          00
(p. 156)
Bien avant les accords de Munich, on ne peut s'abstenir de penser qu'en 1934 le jugement du tribunal de commerce fut une défaite au nom du droit. Une défaite au nom des normes ordinaires de la civilisation, et à cause d'elles. Une défaite juridique annonçant les défaites politiques et militaires à venir.

Portant plainte au tribunal, Hitler montre une fois encore à quel point il sait tourner les armes des démocraties contre elles-mêmes. Telle est aussi la nature particulière, unique, de l'entreprise hitlérienne : un mal issu de la démocratie même.
Commenter  J’apprécie          00
« Rien ne sert d'interdire Mein Kampf, inutile de le tenir à distance ou de l'enfouir dans les tréfonds des inconscients collectifs, quand bien même cela serait possible. Mein Kampf est parmi nous, et pour longtemps encore.
Mieux vaut, en Occident comme ailleurs , en tirer d'utiles leçons. Mieux vaut apprendre au plus grand nombre à le décoder, à en comprendre la portée, à percevoir les conditions historiques qui ont permis à ce livre de devenir ce qu'il est devenu. Ce livre, qui aujourd'hui encore fait figure de modèle aux yeux de certains, contient son propre antidote. Il s'agit de ne jamais l'oublier »
Commenter  J’apprécie          00
"Cette gangrène [l'essor du nazisme], qui allait atteindre toute la nation, n'a pas été totalement décelée dès son apparition, les meilleures forces du pays s'employant alors à la limiter. Mais bientôt elle s'amplifia et finalement, par l'effet d'une corruption générale, triompha. L'abcès creva, empuantissant le corps entier. Les anciens opposants se cachèrent, l'élite allemande se tint dans l'ombre" [Hans & Sophie Scholl pour le réseau de la Rose blanche].
Commenter  J’apprécie          00
L’intérêt du Führer pour la question arabe perdurera jusqu’aux derniers jours du Reich. En 1945, dans son bunker berlinois, Hitler dicte à son fidèle Martin Bormann un testament politique dans lequel il ne renie rien et où il fait un bilan de sa carrière. De nombreux passages sont consacrés aux Arabes. Il y avoue un regret : avoir trop écouté les Italiens et les diplomates qui conseillaient de ménager les intérêts français au Levant et au Maghreb. « C’est ce qui nous a empêchés, en Afrique du Nord, par exemple, de faire une politique révolutionnaire. […] Seuls, nous aurions pu émanciper les pays musulmans dominés par la France. Cela aurait eu un retentissement énorme en Égypte et dans le Proche-Orient asservis par les Anglais. D’avoir notre sort lié à celui des Italiens, cela rendait une telle politique impossible. Tout l’islam vibrait à l’annonce de nos victoires. Les Égyptiens, les Irakiens et le Proche-Orient tout entier étaient prêts à se soulever. Que pouvions-nous faire pour les aider, pour les pousser même, comme c’eût été notre intérêt et notre devoir ? […] Il y avait une grande politique à faire à l’égard de l’islam. C’est raté. […] Cette politique aurait suscité l’enthousiasme dans tout l’islam. C’est en effet une particularité du monde musulman que ce qui touche les uns, en bien ou en mal, y est ressenti par tous les autres, des rives de l’Atlantique à celles du Pacifique. »

Surtout, Hitler dit à Bormann, à l’heure où la bataille est perdue : « Les peuples régis par l’islam seront toujours plus proches de nous que la France, par exemple, en dépit de la parenté du sang qui coule dans nos veines. » (pp. 270-271)
Commenter  J’apprécie          00
Déjà, en 1934, à l’initiative de nationalistes panarabes favorables aux Allemands, un journal irakien, Le Monde arabe, publiait des extraits de Mein Kampf en feuilleton, avant de réunir sous la forme d’un livre.
(…)
En outre, de nombreux nationalistes, désireux d’aller à l’encontre du déclin et d’unifier les Arabes dans un même ensemble, se montrent intéressés par l’idéologie nazie, dont ils partagent le nationalisme, l’exécration de la démocratie, le culte du chef, l’exaltation du sang, la défense de la terre, la justice sociale pour les membres de la communauté.

Dans ses mémoires, le Syrien Sami al-Jundi, l’un des fondateurs du parti Baath, futur parti au pouvoir dans l’Irak de Saddam Hussein et en Syrie, dresse un tableau de l’atmosphère régnant à Damas dans les années 1930 :

« Nous étions racistes et pleins d’admiration pour le nazisme, nous dévorions ses publications et les ouvrages dont il s’était inspiré. […] Nous fûmes les premiers à vouloir traduire Mein Kampf. Quiconque a vécu à Damas durant cette période se souvient de l’engouement général pour le nazisme, qui paraissait la seule force capable de servir la cause arabe ; le faible admire toujours le fort. »

En ces années, des mouvements fascisants voient le jour dans tous les pays arabes, comme le Misr el-Fatah, mouvement ultranationaliste égyptien, situé plutôt à gauche, qui s’inspire du fascisme et du nazisme et adopte le slogan « un peuple, un parti, un leader », ainsi que, pour ses milices de jeunesse, un code vestimentaire identique à celui utilisé alors à Rome ou à Berlin. En fait partie le jeune Gamal Abdel Nasser, futur chef de l’État. Quasiment au même moment, en Syrie, est créé le Parti social nationaliste syrien, dont le drapeau est une variante du drapeau nazi et le salut semblable au salut nazi. Ce parti prétend à une Grande Syrie, du Sinaï à l’Irak, unifiant tous les Syriens, sur une base ethnique.

De leur côté, les Allemands comprennent tout le parti qu’ils peuvent tirer d’auxiliaires qui harcèleraient les Anglais et les Français sur leurs arrières. Des contacts se nouent, des émissaires se chargent de diffuser la propagande nazie auprès de leurs interlocuteurs, en particulier Mein Kampf, sous forme de brochures résumant certaines idées du livre. En 1938, une radio allemande émettant en arabe est même créée. (pp. 265-266)
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Antoine Vitkine (120)Voir plus


{* *}