Je dois dire que je ne m’attendais pas à accrocher autant à cette histoire ! Petit pavé de presque 500 pages, Interfeel est le genre de roman que je lis rarement car mon temps n’étant pas extensible, je choisis généralement d’en lire de plus petits. Mais bon, avec le confinement… 500 pages, ce n’est pas grand chose.
L’action se déroule dans un futur assez proche, on ne sait pas exactement quand, mais la génération précédente a le souvenir des ordinateurs et autres technologies avec des fils. Dans le monde actuel, tout fonctionne en réseau, même l’électricité, ce qui a donné de nouvelles technologies très avancées par rapport à celles que l’on connaît (mais tout de même compréhensibles pour nous lecteurs). L’auteur prend le temps de nous expliquer comment fonctionne ce monde, la guerre numérique, l’Etat mondial, les Opales. Interfeel. Ce dernier est un Réseau qui permet à tous ceux qui le souhaitent de partager ses émotions avec les autres, et de contrôler celles qu’ils ressentent. Ainsi, le monde devient un lieu plus sûr puisque chacun essaie de se montrer à son avantage. Toutefois, il existe des personnes réfractaires à Interfeel, les « sans Réseau ». Théoriquement, tout se passe bien entre ceux qui utilisent le Réseau et ceux qui s’en passent. Mais bien sûr, ce ne serait pas une dystopie si tout était aussi parfait que sur le papier…
Nathan, Livia, Hanek, Nadem et Adila sont une bande d’amis qui vivent connectés en permanence à Interfeel. Tout se passe bien dans leur vie, entre vidéo sport et création de films à fins multiples, jusqu’au jour où un incident survient pendant un de leurs cours. A partir de cet instant, leur quotidien est ébranlé, de même que leurs certitudes… Nous découvrons la nette rupture entre les connectés et les sans Réseau, les inconvénients d’Interfeel, le soupçon de mensonge et de manipulation derrière les technologies novatrices. Et là, comme dans toute dystopie, nous basculons dans la résistance !
Mais attention, Interfeel n’est pas n’importe quelle dystopie. C’est un roman sacrément intelligent, avec des retournements de situation et une habile progression. Les personnages, tout d’abord, sont intéressants : au départ, utilisant le Réseau, ils sont tous presque interchangeables. Ce qui les différencie à la rigueur est l’émotion qui prévaut chez eux, ainsi que leurs hobbies. Mais à partir de la deuxième partie du roman, chacun s’émancipant petit à petit retrouve un caractère propre qui s’affirme et les pose en personnage complexe, avec un secret, un objectif, un tempérament. J’ai beaucoup aimé suivre leur évolution. Nathan, le personnage principal, s’impose en moteur de son groupe et de l’aventure. Il est facile de s’identifier à lui, qui a des réactions très humaines (de même que les autres, d’ailleurs), même s’il souffre parfois un peu du syndrome du héros (il est quand même rarement faillible).
Le monde créé par Antonin Atger m’a ravie par sa complexité et sa précision. Alors, ok, on ne sait pas où on est exactement, ni quand ; c’est à dire partout et tout le temps à la fois. Mais j’ai adoré la confrontation des deux mondes, quartier est (sans Réseau) et centre (connecté) ; les figurants étant une bonne critique de la société, ne comprenant pas ce qui est différent d’eux. Les manipulations politiques, elles aussi, sont fouillées et pertinentes. La spécialisation de la police dans la branche des Forces spéciales est appropriée, et reste le reflet de la population : divisée mais puissante.
J’ai été surprise de chaque retournement de situation, surprise de la fin et de l’annonce de la suite ; je suis bien triste de ne pas pouvoir lire le second tome dans le mois à venir ! Je suis très satisfaite de ma lecture. Franchement, n’hésitez pas !
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