Un roman essentiel pour comprendre l'évolution de la société en Colombie, happée par la spirale de la violence sociale et politique. A travers le regard désabusé mais lucide d'un poète marginal, riche et oisif, dans la Bogota des années 70, Antonio Caballero dessine un pays dominé par une oligarchie fossilisée dans ses privilèges et une jeunesse impuissante. L'axe narratif de ce volumineux roman s'élabore à partir des conflits intérieurs du poète partagés entre le luxe et l'oisiveté que lui offre sa classe sociale et sa propre évolution politique.
Au-delà du portrait au vitriol de la société colombienne et de la bourgeoisie de Bogota, l'auteur insiste sur la difficulté de l'écriture, le combat avec la langue, la quête d'une parole authentique au milieu d'un bavardage vide de sens des dîners en famille, des discours électoraux ou des engagements maoïstes qui harcèlent le quotidien de son protagoniste, poète sans œuvre, sans parole, sans écrit, dans un monde fondamentalement apoétique.
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C'est un roman colombien, qui se passe intégralement dans le Bogota de la fin des années 70. Son héros, Igniacio Escobar est un riche fils à maman. Il se dit poète, mais passe toutes ses journées à boire, fumer et enchaîner les liaisons sentimentales alors que Fina, son amour, l'a quitté. Il est vaguement ami avec des bobos de l'époque, accrochés aux théories marxistes et maoïstes, mais fréquente aussi, par nécessité, sa famille, bande de grands bourgeois tarés, pour faire simple. Après bien des vicissitudes, alors qu'il est quasi abandonné de tous et qu'il se terre dans son appartement vide, notre poète finira par accoucher dans la douleur d'un long poème (d'où le titre est tiré). Il ya beaucoup d'humour, une vision extrêmement noire de l'humanité. Le ton m'a fait penser à "Marelle" de Cortazar que j'ai lu il y a peu, mais en moins hermétique. Une belle découverte qui restera orpheline puisque Caballero, journaliste et critique, n'a écrit que cet unique roman.
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Antonio Caballero, journaliste et romancier né à Bogotá, est célèbre en Colombie pour ses dessins satiriques et pour la création de la revue de gauche Alternativa.
Un mal sans remède, odyssée fellinienne à l’humour ravageur, brosse un portrait au vitriol de la société colombienne. Réflexion magistrale sur le rôle de l’écrivain, ce chef-d'œuvre, né de douze années de travail, l’a révélé comme un écrivain majeur de la littérature latino-américaine.
C’est son seul roman.
Le titre fait référence à la vie… ce qui est bien trouvé.
J’avoue que c’est bien écrit, il y est question de littérature, de musique, de politique.
C’est l’histoire en 584 pages de quelques mois de vie d’un poète raté (enfin qui voudrait bien être poète) qui baise toutes les femmes qui passent même celles qu’il ne pensait pas pouvoir avoir (je caricature)…
Mais bon, j’avoue que je n’ai pas compris l’humour mentionnée dans le 4eme de couverture.
J’y ai vu de l’ironie (féroce), de la caricature, une dénonciation de la société Sud Américaine mais je m’y suis ennuyée.
C’est certes un bon livre et une écriture magistrale mais je ne peux pas dire que j'ai vraiment accroché. Je l’ai lu jusqu’au bout sans aucune émotion...
Peut être que ce livre qui montre une époque les années 70 est un peu daté encore que je dois avouer que cela me rappelle sinistrement notre actualité avec toutes les affaires en cours… tout en sachant que nous ne sommes pas dans une dictature et que les assassinats et enlèvements ne sont pas notre quotidien.
En y repensant, après 3 autres livres lus, je dois noter que c’est une écriture puissante et que je me souviendrai de ce livre, signe que cela ne peut être un si mauvais livre. Car la mauvaise littérature passe et ne laisse pas de trace. C’est sans doute l’atmosphère que je n'ai pas aimée.
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