AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de António Ramos Rosa (186)


Nous sommes sur le point de vivre quand s’ouvre
l’avenue où notre passage procure
l’immédiate profusion du souffle de l’air
Fourvoyés et sûrs de nos pas nous trouvons
alors l’impossible terre qui se donne
et nous attend dans la solitude du monde
Ainsi nous sommes la transparence
de tout ce qui est opaque ou brillant
en des méandres obscurs et heureux
où l’eau respire et s’incline
Dans l’ombre nous jouissons d’une telle paix
que dans l’équilibre ardent nous nous sentons
de simples éléments parmi des éléments mobiles
Être ainsi tellement heureux dans la lumière
c’est laisser la brise devenir le sens pur
de la claire harmonie qui éclaire la parole
Commenter  J’apprécie          70
GLOIRE D'UN CORPS


Non, un écho non, ni le reflet de la solitude
de la lune ; qui chante doucement dans le feuillage
l'amour fugace et tisse sa forme brillante ?
Ah scintillante merveille, tu es davantage qu'un
vague nuage
et si semblable à la mer, à son écume, à ses oiseaux !
Ton cœur n'est pas immobile comme une pierre
obscure.
Je peux boire par ta gorge ta verte splendeur.
C'est la sève de la vie et le délire d'un songe
sur un visage constellé, sur un corps qui naît
des abysses de la mer, et velours d'ombre
et de sang, il respire avec le silence de la terre
près d'un arbre de pierre sur le sable vif.
Je ne peux retenir cette forme fugitive de la beauté
cette gloire d'un corps où se consume l'univers.

p.119
Commenter  J’apprécie          60
LE MÊME ARC


Je dirais que je ne vois rien et que je ne sais pas.
Quelque chose est en suspend. L'heure en repos.
Je veux être vivant comme une blessure, comme un
signe,
pas davantage que la rumeur d'une chose nue.
En ce moment rien n'est confus ni opaque.
Les labyrinthes sont tremblants, transparents.
On dirait que je traverse un jardin et que la vie
entière
repose parmi les forces de la cendre
et l'éclat des flammes. Et je m'endors
en sentant la beauté et le temps, le même arc
de lumière.

p.96
Commenter  J’apprécie          60
LE SEUIL, LE MONDE


Un mur, un flanc, un bateau
ou un chant silencieux dans la quiétude étale
des eaux et le dos lumineux
qu'on entrevoit dans le feuillage comme la blancheur
d'une nuque, et voici presque un visage, le seuil, le monde,
nous respirons, caressons les flammes
soulevées par le vent en cercles clairs,
au-delà du sens, et le réel est presque
un cristal, pureté d'un vaisseau
que gouverne la confiance.

p.85
Commenter  J’apprécie          60
LA RESPIRATION DE LA MER


Errantes les paroles, les fenêtres,
respiration à fleur de mer au creux de l'arche,
épaule immense et légère, l'espace entier
comme un seul corps où commence le vent.

p.84
Commenter  J’apprécie          60
La feuille même où j'écris serait-elle un pays de mains tendues ?
Commenter  J’apprécie          60
Peut-être que je l’entends, solitaire et désemparé, dans son cercle désert. Je l’entends quand les mots sont prononcés au-dessus de moi par une bouche remplie de pierres, et que voilà déjà presque la mer. Quelque chose se désagrège et une pureté nouvelle semble ériger une subtile certitude – mais de quoi ? Des signes blancs ouvrent le cercle en même temps que s’entendent les gémissements de nuits ensevelies. La clarté est celle de la distance ouverte. Par moments je sens que quelqu’un vit à l’intérieur de moi. La transparence règne dans le vide d’un temple abandonné.
Commenter  J’apprécie          50
Quelqu'un a-t-il déjà vu le cheval ?



Quelqu'un a-t-il déjà vu le cheval ? Je le dessine
dans le jeu des syllabes musculaires.
Haleine longue, volume de désir,
air pulsé des naseaux, jour clair.

Ici le pied ne pèse pas plus que l'ombre
du cheval en liberté lente,
pour que le cheval perde son halo,
pour que la main soit fidèle au regard lent,

et le profil de cendre bleue baigné
d'une clarté hivernale. Haletant, le temps
du cheval est une terre piétinée,

dénudée, aux vertèbres apparentes,
lisez le cheval dans l'ombre, en alerte,
dans la solitude de la plaine. Et d'une montagne.
Commenter  J’apprécie          50
PAR-DELÀ LES SIGNES


Avec la violence du néant, déjà dans le cercle
obscur
où elle se contracte en sérénité obstinée
pour accueillir le silence, comme une figure noire
à la proue d'un bateau, rage voluptueuse
dans le cœur vide comme un tunnel vertical,
négation si profonde qui efface tant d'images,
tant de signes qui ne disent rien de l'attente pure,
par-delà toute chose, c'est la lumière qui naît
et brille à travers les mots, mystérieuse,
offrant des fruits embrasés du couchant
et deux ou trois pierres de l'enfance, le bonheur
ici, dans l'heure longue, avec l'arôme d'une voûte
constellée,
et le puits où scintille le visage de l'identité tranquille.

p.113

Commenter  J’apprécie          50
UNE PLANTE *


Elle pressent que se dissipent les images
et qu'une plante naît dans un vase absent,
sur le joie simple d'une table blanche
où s'étiolent la délicatesse et la fraîcheur.
Avec de minuscules mains elle arrose le petit corps,
simple indice d'un printemps fragile.
Comme elle adore cette paupière de terre !
Elle a ceint
le temps d'un arc de silence
et son chant rend la maison transparente.

p.100
* une plante CHARLIE bien entendu.

Commenter  J’apprécie          50
LA BLANCHEUR


Elle a connu les visages et la beauté nuptiale.
Elle a muri dans l'espace, construit le sens
mystérieux et connu le cri
de la nuit. La main inscrit les signes
dans la pierre, et l'ocre et la cendre
s'exhalent dans le silence, s'effacent dans la blancheur.
Elle ne sait pas et elle sait, car elle est devenue le centre
où elle respire : poisson, colombe, serpent.
Le songe s'est fait espace et son flanc
retient le soleil sous la voûte des arbres.

p.99
Commenter  J’apprécie          50
OUVRIR UN ESPACE


Les nuages, inconstruits, engendrés
dans la quiétude, non pas idées mais formes
qui respirent, cheminent et presque parlent,
son le flux d'un commencement sans fin
et de tout ce qui va naître, dans sa plus vive imminence.
Ainsi un dieu pourrait créer l'espace pur
dans le souffle du désir,
avançant comme une barque dans le silence.
Ainsi, non pour construire, mais pour ouvrir,
à travers l'ombre et la cendre
et par-delà les mots, les portes indécises
et pour que brillent les signes et les figures
indéchiffrables.

p.101
Commenter  J’apprécie          50
DIANE


Comment la décrire, Diane, elle qui brillait
dans le temps, à qui le temps posait la main
sur l'épaule ? Aujourd'hui, je vois son buste
dans un filon de quartz. Comme elle mêlait
la clarté des arbres aux fenêtres, comme elle gravissait
les marches jusqu'aux constellations, jusqu'au silence nocturne !
Pourrai-je lui parler entre des nuages et sur les murs blancs
du temps ? Peut-être entendrai-je sa rumeur
de voyageuse, peut-être entendrai-je l'univers respirer
par sa poitrine.

p.120
Commenter  J’apprécie          50
LA DEDICACE ARDENTE

Ambiguë et nulle avec une graphie fugace,
la figure fragile se consume dans l’instantané
et signe une dédicace ardente
sous les pieds d’une licorne blanche.
C'est un acte parfait comme un fagot de bois
ou le plexus solaire. Les volutes grises,
la multitude des images, les essences
retournent à leur origine, à leur oubli.
Le texte coule comme un métal d’eau
parmi les rues vides d’un autre temps.
Ce que nous sommes maintenant est l’ombre de ce
que nous sommes
dans les paroles nocturnes d’un idiome blanc.

p.136
Commenter  J’apprécie          50
La construction du poème c'est la construction du monde.
Ni des symboles, ni des images, de simples créatures
de l'air, des évidences obscures, des énigmes lumineuses,
les formes du vent, les silences du sommeil.
Les mots sont les battements d'un corps enseveli.
Commenter  J’apprécie          50
Ecrire c'est poursuivre
ton vol invisible
qui prolonge le sépulcre de l'air
Commenter  J’apprécie          50
Telle une ondulation sous les arcades d’ombre
la nuit efface la route unanime et ardente
Et le lointain étend jusqu’à nous sa longue intimité
qui fait scintiller en nous ses cristaux éloignés

Car il n’est ni adieu ni solitude ni oubli
ce bleu de ténèbres qui est un tissu autour
du cœur silencieux où s’enflamme le oui
Être ainsi c’est fleurir la substance

des amants et accepter l’empreinte soyeuse
du crépuscule Là où nous sommes se tiennent la certitude
liquide et le diamant Dans la parfaite densité
du couchant qui éternise son empire
Commenter  J’apprécie          50
Ce n’est pas pour parler que j’écris, mais pour entendre, ou plutôt, être capable d’entendre. J’accueille dans sa nudité douloureuse ce qui est sans nom ni figure.
[..]
Mes paroles aimeraient être une pure confidence. Car mes paroles vont à la rencontre de ce moment inouï où l’inconnu se retourne dans la vive transparence d’un contact subtil.
[..]
J’écris en essayant d’entendre la rumeur de l’inconnu. Ce que j’écris dépend de cette relation ténue à quelqu’un d’invisible qui attend et supplie. C’est donc ce que j’écris qui rend possible la rencontre, le dire diaphane de l’altérité. J’écris, et ce que j’écris ne mène nulle part. Les mots sont pauvres, blancs, transparents. Peut-être qu’ils sont une silencieuse irradiation du vide. Mais c’est ainsi que je m’approche du dieu inconnu.
Commenter  J’apprécie          40
Ô bouche blessée, bouche inconsolable
qui ne sait que gémir entre le silence et le cri.
Le cheval prostré ne se relève pas.
C'est ici que l'on dort du sommeil de pierre.

Voici le fouet du silence, la noirceur du sommeil.
Comment réveiller la pierre, comment faire
exploser l'œuf,
où le soleil et la lune renaîtront rougeoyants ?

Une étincelle réveille soudain
le cheval qui m'égale à ton corps solaire.

p.52
Commenter  J’apprécie          40
DANS LA PURE INTÉRIORITÉ


L'énigme est parfois la pure tranquillité
ou la courtoise vacuité des ombres. Le travail des
arbres
chasse les monstres et les masques. Une hirondelle
blanche
traverse les champs de chasteté. Rigueur et abandon,
battent à l'unisson dans les veines du sommeil.
Rien ne perturbe ce silence d'horizon.
L'absence est aimée en transparence
dans cette chambre bleue. Le souffle des couleurs
incendie les ruines du visage. Au cœur de la moelle
des signes s'embrasent comme de petits navires.
D'un minuscule cercle inanimé,
une adolescente cristalline se dresse entre deux
mondes.
Elle a la simplicité de l'eau et la sérénité végétale.
Résultat de la blanche révérence, géométrie ailée,
avec une corne unique et noire sur son front
délicat.

p.142
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de António Ramos Rosa (32)Voir plus

Quiz Voir plus

Monde

Comment est le monde de Branwell Brontë selon Daphné DuMaurier :

Génial
Infernal
Merveilleux

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}