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EAN : 9782903721381
62 pages
Lettres vives (01/03/1990)
4.92/5   6 notes
Résumé :
Antonio Ramos Rosa fait l'épreuve du désert, du retrait, de l'absence. C'est ce qui donne à sa voix un accent presque unique dans la poésie d'aujourd'hui.
Toute poésie cherche la présence. Son élément est le chant qui, de quelque manière, l'accueille ou guette sa venue, attend ses signes. Celle de Ramos Rosa me semble déchirée entre un mouvement lyrique qui voudrait être d'adhésion et un affrontement croissant de l'absence, d'une absence qui retient le ... >Voir plus
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
     
Les images se sont dispersées. Rien n'a pris leur place. La respiration est désormais d'une subtile douceur. Rien ne s'est altéré, rien n'est arrivé. Et rien n'arrivera. Je m'enivre d'une eau que je ne boirai jamais. L'événement sera toujours purement à venir ou déjà passé. L'Absence sera la forme la plus pure, parce que nulle, de la Présence. Blanche consomption de quelques mots ténus et flexibles, afin que le cœur obscur puisse par moments devenir la pulsation même de la clarté.
     
     
Les mots s'éteignent un à un dans l'intimité ouverte de la distance. Ou dans le sommeil de la montagne. Ou sous les paupières de l'air.
     
Une couleur perdue, un tressaillement de syllabes.
     
Extrême pauvreté, lampe calcinée.
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Ce n’est pas pour parler que j’écris, mais pour entendre, ou plutôt, être capable d’entendre. J’accueille dans sa nudité douloureuse ce qui est sans nom ni figure.
[..]
Mes paroles aimeraient être une pure confidence. Car mes paroles vont à la rencontre de ce moment inouï où l’inconnu se retourne dans la vive transparence d’un contact subtil.
[..]
J’écris en essayant d’entendre la rumeur de l’inconnu. Ce que j’écris dépend de cette relation ténue à quelqu’un d’invisible qui attend et supplie. C’est donc ce que j’écris qui rend possible la rencontre, le dire diaphane de l’altérité. J’écris, et ce que j’écris ne mène nulle part. Les mots sont pauvres, blancs, transparents. Peut-être qu’ils sont une silencieuse irradiation du vide. Mais c’est ainsi que je m’approche du dieu inconnu.
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Peut-être que je l’entends, solitaire et désemparé, dans son cercle désert. Je l’entends quand les mots sont prononcés au-dessus de moi par une bouche remplie de pierres, et que voilà déjà presque la mer. Quelque chose se désagrège et une pureté nouvelle semble ériger une subtile certitude – mais de quoi ? Des signes blancs ouvrent le cercle en même temps que s’entendent les gémissements de nuits ensevelies. La clarté est celle de la distance ouverte. Par moments je sens que quelqu’un vit à l’intérieur de moi. La transparence règne dans le vide d’un temple abandonné.
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J’écris comme si je voulais dessiner une ligne d’équilibre et de repos. La main, ou l’ombre de la main, caresse une lente et profonde chevelure. Dans l’anonyme fracas, de silence en silence, je trouve [..] des totalités brouillées par des ombres, des embruns d’écume, des voix et des arômes incandescents. Je pénètre dans une matière mobile parmi les fragments désespérés. Je me perds dans le sable des noms, je m’attarde sur les pierres patientes et proches. Voici que l’eau s’écoule claire et légère entre ses propres doigts. Peut-être quelqu’un a-t-il perdu une couleur très simple ou le sang d’un songe.
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Je cherche la chambre la plus profonde où l’on ne sait rien. Dans la tranquillité d’un mystérieux abandon, avec l’autre visage et le secret dans sa nudité inexpugnable et silencieuse…
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Video de António Ramos Rosa (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de António Ramos Rosa
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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