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Citations de Armand Robin (119)


Mon pays


Extrait 5

Et lorsqu’au sol enfin j’accède en égaré,
J’y suis contrebandier d’indicibles souffrances
En me cachant de tous je les porte au marché,
Contre elles dans un coin je demande en silence
De ce vin qu’il me faut pour ne pas trop pleurer,
Mais je n’insiste pas, je suis contrebandier.


/Editions Gallimard, 1940
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Mon pays


Extrait 2

Dans ce pays en dedans des souffrances,
Le chuchotis du Temps n’alourdit plus les branches,
Les mots tombent de moi, sans poids, plus nuls qu’un songe
Où jamais ne s’émut que le remous d’une ombre ;
Trop imagés de mort pour n’être pas présages,
Mes héros délivrés m’ont laissé leurs blessures.



/Editions Gallimard, 1940
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Mon pays


Extrait 1

Je vous viens d’un pays en dedans des souffrances
Où je dois me créer grâce à mes créatures ;
J’y possède depuis mon premier souvenir
Un cheval immobile qui mâche de biais
Son trèfle et j’y possède ce trèfle qui lui tire
En gamin sur les dents pour être enfin mangé.


/Editions Gallimard, 1940
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.
LES DOUZE, II

Le vent fait la noce, la neige voltige,
Voici que s’avancent les Douze.

En noir, les sangles des fusils !
Alentour, flammes, feux, incendies !

Casquette chiffonnée. Aux dents un mégot.
Leur faudrait l’as de carreau des forçats sur le dos.

Tous les droits ! tous les droits !
Et hep ! hep ! pas de Croix !
Tra-ta-ta !

- Il fait froid, camarades, il fait froid !

- Héla ! le Vanka est au café avec la Katka…
- Elle a ses bas pleins d’assignats !

- Le Vaniouchka lui aussi en a maintenant des tas…
- Il fut des nôtres, le Vanka, puis il s’est fait soldat !

- Ha ! Vanka, fis de chienne, sale bourgeois
- Embrasse donc un peu la mienne, on va voir ça !

- Tous les droits ! Tous les droits !
Et hep ! hep ! pas de Croix !
La Katka est avec Vanka
Occupée à quoi, à quoi ?

Alentour, flammes, feux, incendies,
Aux épaules les sangles des fusils ! (…)
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PAS ASSEZ DÉSESPÉRÉ


Il n’a pas vécu la souffrance humaine ;
Il n’a pas su
Qu’avec Dieu sans Dieu
Nous sommes également des créatures bafouées.

Il est calme, il lui manque l’épreuve et la nuit
Et les mille aventures dans les ténèbres.
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CHANTS RUSSES


Une terre poignante, une terre qui danse et chante
Et sait vivre et sait mourir.

Volga, fleuve d’un poème de milliers d’ans,
Berçant de steppe cent patries,
Maternelle mer du monde entier.

Porteurs de pain, loqueteux merveilleux,

Ce n’est plus une patrie, c’est un chant
De gel, de vent, de neige, de courage.
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FRÊLE PASSAGER


Fleurs, nuages, reflets de la lune,
Bourgeons engourdis dans les forêts d’avril,
Chant du coucou, aile fuyante de l’hirondelle
Me font changer.

Les visions légères et passagères du monde,
L’impermanence des jours, la danse rapide des êtres
Des papillons indécis, des pèlerins au carrefour des routes
Bougent dans ma vie.

Je bouge pour une immense, étonnante vie.
Je parle, je bouge aussi pour la mort.
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LA CHAPELLE DE TENDRESSE

Dans un immense ensilencement d'un monde chu en
tombe,
Battement de battant, trop tendrement j'ai carillonné,
Me balançant ombreux, ballant battement.
Dans l'ombre j'ai oscillé, battement de battant.

p.139
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De Profondis quarante fois
III
  
  
  
  
Avez-vous vu,
De steppe en steppe courant,
Dans les brumes des lacs se cachant,
Muffle de ferraille s’ébrouant,
Pattes de fer fondu,

UN TRAIN

Et derrière lui,
Dans la grande herbe,
Ainsi qu’en un gala de galops forcenés,
Ver sa tête lançant ses jambes effilées,
Flammes de crins rougeoyants,

UN POULAIN ?

Le gentil, le gentil, le risible innocent.
Où va-t-il, où va-t-il avec ses courses de concurrent ?
Se peut-il qu’il ignore que les chevaux vivants,
La cavalerie de l’acier les a défaits ?

Qu’il ignore que dans les champs où plus rien n’est semé
Sa course ne fera pas revenir cette ère
Où le Petchénègue livrait une paire
De beautés russes de la steppe contre un coursier ?

Différemment le destin sur les marchés a maquillé
Nos larges, calmes eux par de grinçante dents réveillées :
Et contre des quintaux de la chair et de la peau des chevaux
On achète une locomotive désormais.
                                    1920.


// S. Essenine (21/09/1895 – 28/12/1925)

/ Traduit du russe par Armand Robin
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Prière II
  
  
  
  
Il faut me croire, bon petit Dieu,
S'il est si dur pour vous, c'est qu'il n'est pas heureux.
Il vit parmi des signes, très noirs, qui ont une vie,
Et dont s'occupent les beaux messieurs très riches ;
Il les dessine sur du papier le soir sous notre lampe
Et c'est tout tacheté comme une pomme de novembre.
Vous êtes bien témoins, je lui disais les premiers soirs :
« C'est mal , Armand, de ne pas aller dormir,
« De ne pas suivre cette ombre que Dieu nous donne
« Pour qu'entre lui et notre peine il n'y ait plus personne. »
Mais il n'a pas voulu et maintenant c'est lui qui gronde :
Tout un vitrail de joie traverse nos pauvres murs,
Et, regarde, mère, il n'y a plus de lassitude,
Me dit-il sans bouger pendant que je tricote,
Mais moi je ne vois rien qu'un miracle bien triste
Et je m'en vais toute petite pleurer sur lui près des talus.
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L'insensé d'un temps d'insensés
  
  
  
  
Surgi des illettrés, je n'ai eu personne pour m'expliquer
Combien il faut mentir pour être sauvé ;
J'ai dit devant n'importe qui ce que je croyais vrai,
Il faut désespérer de m'apprendre à tromper,
Je ne serai jamais un civilisé.
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En tout, partout, je tiens debout
  
  
  
  
En tout, partout, je tiens debout
(...)

Jamais je n'ai séparé les terres.
Tous les cris bafoués dans ma bouche ont remué,
Ont repris vie
Furent à neuf sur mon sang respectés.
(…)
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Domaine terrestre
Dans un temps où l'homme
  
  
  
  
Dans un temps où l'homme est soumis à de telles épreuves je ne suis qu'un privilégié dont le chant ne saurait, en ce moment être sincère. Je dois avouer que mes poèmes ont une qualité, une seule : c'est qu'ils sont poignants ; mais cela je le dois à tant d'autres : j'ai eu la chance d'être né dans le peuple, d'avoir entendu de simples gens improviser sans en avoir conscience des chants épiques authentiques comme du granit ; il me fut donné de converser longuement avec les plantes et les bêtes ; aujourd'hui ma chance est encore plus grande d'avoir pour femme un être qui est entièrement poésie.(...) Si mes poèmes valent quelque chose, ils sauront attendre. Qu'ils se préparent patiemment pour un ordre universel et général !
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L’homme qui fit tous les tours



extrait 1

Quand j’aurais rendu visite aux hommes du monde entier,
Quand à travers leurs mots, leurs chants, leurs plaintes
     j’aurai partout passé, ayant comme laissez-passer
Auprès d’eux tous ma fatigue et mon effort de nuit et de jour,

Quand, pour comprendre un mot de plus d’un frère éloigné,
J’aurai donné aux aurores, mon sommeil, mes songes pendant
  dix années

          (Que fait-il en Chine, cet homme-là
          Et celui-là que fait-il dans l’Arabie ?
          Qu’ont-ils fait dans tous les temps, dans tous les pays ?)
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Mon pays


Extrait 4

Seuls les jeux des oiseaux, des ruisseaux, des herbages,
M’aident lorsque je veux descendre en votre sang
Pour céder tous mes cris à l’amour des vivants,
(Oh ! pleurs, détruirez-vous d’eux à moi la distance ?)
À l’amour des passants, moi qui suis de passage
Et qui ne prétends plus qu’à mon trop haut tourment.



/Editions Gallimard, 1940
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L’offre sans demande


Extrait 2

Mes miens, si Purs, si Grands, si Vrais,
Je n'écris plus de livre ; les livres sont tous souillés;
Je lance quelques mots dans les vents et les nuées.

Ainsi que sont vos cœurs tous mes poèmes sont étouffés;
Poèmes dans les rives d'une rime en « é »
Poèmes d'un homme trépassé.

Qu'ils soient la Parole et non des paroles,
La Parole muette qui seule sait parler,
La Parole condamnée qui seule peut sauver,
La Parole niée qui seule peut affirmer.
La Parole qui ne peut jouer aucun rôle.
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