Une Femme Trop Honnête sous-titrée « ou tout est dans la façon de le dire… » est une farce en trois actes d’Armand Salacrou. Auteur phare de la première moitié du XXe siècle, le répertoire de Salacrou est associé à Charles Dullin. Maintenant Salacrou est tombé, à tort, en désuétude, et ses pièces méritent d’être redécouvertes, notamment des chefs d’œuvre comme Patchouli, Les Frénétiques ou La Terre Est Ronde.
Une Femme Trop Honnête met en scène Marie-Madeleine, l’épouse d’Albert, les parents de celle-ci, Georges et Guiguitte, l’ami d’enfance d’Albert, Roger, l’amant de Marie-Madeleine, Jacques, la maîtresse de Georges, Renée et la domestique, Joséphine. Ils passent quelques jours à la maison de campagne d’Albert et Marie-Madeleine.
La trame est simple et effarante : Marie-Madeleine décide de faire assassiner son époux par Roger parce qu’elle l’aime trop. Ne supportant plus de le tromper, et donc de perdre sa « pureté » (ou son honnêteté) aux yeux de son mari, celui-ci doit mourir en restant inconscient de la faute de sa femme, et ainsi quitter ce monde heureux tout en permettant à Marie-Madeleine d’épouser Jacques et recouvrer sa pureté. Pour cela, elle prémédite un « accident » de chasse au petit matin. C’est le meilleur ami qui doit l’exécuter. Là-dessus, Roger hésite, même s'il veut bien empocher l’argent (dix mille pièces d’or). Mais Marie-Madeleine obtient finalement gain de cause.
Au matin, alors qu’on se demande si Roger va tuer ou non Albert, l’infidélité conjugale de Georges éclate, d’où des scènes cocasses entre les parents, leur fille et la maîtresse. Au bout du compte, Roger se blesse en voulant tuer Albert, et tous deux reviennent accompagnés de gendarmes. Les quiproquos se fusent, les bons mots aussi. Ensuite, Albert s’aperçoit qu’il lui manque ses dix mille pièces d’or. Se croyant ruiné, il veut mettre fin à ses jours. Mais Marie-Madeleine a changé d’avis, elle ne veut plus qu’il meure… alors elle avoue ! Et là encore c’est une succession de scènes hilarantes, délirantes, surréalistes.
Même si ce n’est pas une de mes pièces préférées d’Armand Salacrou, j’ai bien apprécié sa lecture. Il s’agit d’une comédie assez jubilatoire, avec des passages à se plier en deux de rire. Mais, derrière la farce, il y a aussi une réflexion sur le couple, l’amour conjugal et l’amour passionnel, l’amour de l’argent, l’amitié, la « pureté », les apparences bourgeoises, ainsi que la sournoiserie et l’aveuglement.
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