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Critiques de Arthur Adamov (7)
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L'Homme et l'enfant

Arthur Adamov, réduit à aller, avec sa valise, de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel- lui qui connut les palaces et l'aisance, entreprend cette autobiographie sans concessions et sans complaisance quelques mois avant son suicide.



Le père d'Adamov , un magnat du pétrole, avait été ruiné par les bolcheviks, et avait joué ce qui lui restait de fortune au jeu: il s'était tué à côté de la chambre de son fils en 1933. Par un effet de symétrie cruelle, Adamov mettra ses espoirs politiques dans le communisme dont il attendait -sans vraiment y croire - un antidote à l'esprit bourgeois et mettra fin à ses jours, en pleine misère, en 1970.



C'est une vraie descente aux enfers : misère, gains soudains dépensés en une nuit avec des largesses de prince russe, cuites mémorables et nuits sans mémoire dans des bordels glauques avec des prostituées qui le dépouillent, trahisons, hontes, chagrins..



Adamov ne s'épargne et ne nous épargne rien, comme pour signer, avant son geste fatal, un solde de tout compte.



Ce qui rend le récit pathétique, au-delà des faits et de la posture de poète maudit qui est sa dernière coquetterie, c'est la sincérité de sa souffrance, sa soif d'être entendu, avant de sombrer dans le néant.



J' ai lu ce livre il y a fort longtemps, mais j'en garde un souvenir déchirant. Et plein d'effroi.



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Si l'été revenait

Le théâtre d'Adamov n'est presque plus joué et c'est incompréhensible, tant il est en dehors des modes et des courants, tant il laisse de liberté aux metteurs en scène. A part son célèbre Ping-Pong, assez beckettien pour garder les faveurs du public, on ne représente plus Adamov.



J'ai gardé le souvenir ébloui d'une représentation de Si l'été revenait à un des nombreux théâtres de la Cartoucherie, à Vincennes . Le plateau était couvert de sables blonds dans lesquels marchaient les personnages, des rêveurs, et d'où émergeaient, comme les ruines d'une civilisation disparue, des objets hétéroclites, quotidiens, attendrissants.



La poésie du texte, l’étrange atmosphère qui se dégageait de cette mise en espace onirique ,avaient une force poignante et désolée. Comme si on assistait à ses propres pensées, à ses propres efforts pour retrouver une mémoire perdue.



Un de mes proches est mort il y a peu de la cruelle maladie d'Alzheimer: je ne connaissais pas cette maladie quand j'ai vu la pièce, mais celle-ci a marqué mon esprit, ma sensibilité et j'en garde un souvenir déchirant, comme si on m'avait donné un avertissement que je n'avais pas su interpréter.



En revanche, j'avais vu la pièce quand j'ai approché de très près cette maladie qu'à présent chacun connaît et fréquente avec effroi :c'est , en tous les cas dans mon souvenir, une métaphore de la souffrance qu'il y a à interroger des objets qui ne vous parlent plus, des êtres que vous ne reconnaissez plus mais qui vous demeurent étrangement familiers, tendrement proches, même si votre esprit s'efface comme les pas du comédien sur les sables mouvants de la scène.



J'ai souvent voulu relire ce texte, mais j'ai bêtement peur qu'il me déçoive et trahisse le souvenir , si fort, de sa représentation...
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Théâtre, tome 1: LaParodie - L'Invasion - La ..

Arthur Adamov. Le théâtre d'Adamov. Je découvre ces cinq pièces , les lis, les entend et les aime infiniment. Crissements rayonnants de l'absurde à travers « La Parodie » . Tout le monde se parle, personne ne se comprend, tout le monde se cherche, et tout le reste se perd. Parodie de vie, de comportements, d'humains, autisme global, interchangeables personnages, gargarisme livide des sentiments. Régurgitation stérile d'un cannibalisme bourgeois dans l'Invasion, lâcheté, obéissance, compromission, tout se vaut tout se retranche rien ne se retient ( « la grande et petite manœuvre »), illusion, farce, petits egos sous dimensionnés qui ne cessent de s'estimer à la valeur de leurs titres, de leur place, de leur pouvoir et de leur or, petits vers peu reluisants qui astiquent les meubles du passant.

Il n'y a pas de héros au théâtre d 'Adamov. Et si il devait en avoir un il aurait l'intelligence de quitter la scène. Fuite ou suicide, ce qui revient au même, il faut être surhumain pour faire face à l'absurde, théâtre de l'absurde peut être, mais d'une efficacité redoutable. D'une acuité, d'une précision, d'une actualité étonnante.

Écrites au début des années 50, le lecteur ne peut qu' y retrouver son pesant.

Cela fonctionne, on bascule, quitte à en avoir le vertige, la nausée.

La pièce « Tous contre tous » est pour moi la plus sidérante. J'ai cru qu'Adamov était parmi nous. Avant de comprendre que pleins de la jeunesse de notre nouveau siècle nous n'avions en fait pas changé, nous n'avions rien changé, surtout rien de ce que nous portions en nous.

L'Autre, cette altérité effrayante, cet autre qu'on accepte qu'on prend qu'on remercie qu'on congédie qu'on chasse qu'on repousse qu'on refuse qu'on utilise qu'on extermine, cette altérité qu'on soumet à la grimace à force de lui demander de nous ressembler sans jamais nous confondre. Folie sacrificielle, paranoïa viscérale, générale « Ma terre, mon or, ma femme, ma place, ma peau, mon eau, mon ciel, mon air,... » ...Possédés. Possédés par l'absurdité généralisée. Une pandémie. « Tous contre tous », un monstrueux jeu de massacre. Une pièce qu'on aimerait tellement voir jouer en ce moment. Une nécessité.

Qui a dit que le théâtre de l'absurde n'était pas réel ? Au théâtre c'est comme dans la vie, c'est pas parce qu'on est en avance que le drame ne va pas se jouer.

Arhtur Adamov donc. Étonnamment seul. Incroyablement contemporain.



Théatre I : La Parodie ( 1947) -L'invasion ( 1949) - La grande et la petite manœuvre ( 1950) – Le professeur Taranne ( 1951) - Tous contre tous ( 1952) -

Reste à découvrir le reste de son œuvre.



Astrid Shriqui Garain

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Théâtre, tome III : Paolo Paoli - La politiqu..

Paru en 1978 à la Nrf, ce troisième tome de la réédition complète des œuvres théâtrales d'Arthur Adamov contient trois pièces : "Paolo Paoli", "La politique des restes" et "Sainte Europe".

Dans "Paolo Paoli, une de ses pièces emblématiques, Adamov, à travers l'histoire de trois personnages bourgeois et de leurs relations avec leur entourage et au gré des événements, nous dévoile une société d'arrangements et de petites combines.

Paolo Paoli, qui semble lui un homme honnête, est un entomologiste passionné. Il entretient des relations d'affaires avec Mr Hulot-Vasseur, industriel plumassier, qui lui au contraire est prêt à toutes les compromissions et les perfidies pour servir son intérêt ; quant à l'abbé Saulnier, il lui sert sur un plateau, de manière parfaite, de petits arrangements à sa conscience un peu barbouillée.

Paolo Paoli, quitté par sa femme, Stella, est amoureux de Rose, l'épouse de Robert Marpeaux - l'ancien bagnard, évadé et réfugié au Vénézuéla afin de chasser des papillons pour le compte de Paoli.

Robert rentre en France, Stella part pour l'Allemagne - qui se prépare à la guerre contre une France qu'elle sait troublée et l'intrigue se met en place.

Les différents tableaux sont entrecoupés de petits entrefilets parus dans les journaux de l'époque et qui résument la situation du pays et situent les événements avec lesquels se débattent les personnages.

Arthur Adamov fait passer, dans cette pièce, son pacifisme, son indignation et nous montre deux nations qui se font face : celle des petits intérêts et celle qu'il ne fait que suggérer, celle des hommes de bonne volonté, tels Robert Marpeaux avec sa révolte et Paoli refusant la malhonnêteté.

Au final Arthur Adamov nous offre une excellente pièce, superbement bien écrite, imaginative, parfois assez drôle, souvent attristante et quelquefois cynique.
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Le printemps 71

Arthur Adamov nous offre une pièce magnifique en trois actes, vingt-six tableaux, neuf guignols et un épilogue. Dans celle-ci il donne l'image d'un drame qui n'a pas trouvé sa place dans l'histoire officielle de France : la commune de Paris. Mais il ne nous offre pas pour autant un drame historique où les grands noms s'affrontent, ses personnages sont d'obscurs acteurs de ce moment capital de l'histoire.

Des scènes de guignol assurent l'intermède entre les actes, les allégories (jouées par des comédiens) sont Bismarck, Mr Thiers, l'assemblée, le conciliateur et la commune personnifiée. Il est à signaler que presque toutes les paroles que l'auteur leur fait prononcer sont des phrases authentiques, sinon elles sont faites pour expliquer les évènements.

Les personnages sont nombreux, la pièce exige environ vingt-cinq acteurs.

Le rideau se lève sur l'air du temps des cerises, nous sommes le 18 mars 1871 - ce sont les premiers jours de la commune -

Ce moment de théâtre est une pièce brillante, intelligente, profondément humaine et érudite.

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La commune de Paris

Une anthologie de textes courts sur la commune de Paris. Intéressante car véritable source d'écrits de contemporains des évènements qui ont de près ou de loins participé à l'extraordinaire foisonnement révolutionnaire, républicain et intellectuel. Outre les grands noms d'hommes et de femmes connus, ce livre met également l'accent sur les Versaillais, ces ennemis de la révolution ouvrière. Les commentaires des textes par l'auteur qui a rassemblé les écrits sont toutefois très subjectifs.
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La Parodie

Dans sa première pièce de théâtre, écrite en 1947, Arthur Adamov s'inscrit dans la veine du théâtre de l'absurde. Il sera alors associé à Ionesco et Beckett.

On est ici plongé dans un univers où les personnes se parlent mais sans s'entendre. Les dialogues sont en fait des monologues, des soliloques. Un désespéré qui cherche à mourir croise un excité qui cherche à aimer. Mais le temps file. Et on n'arrive à rien dans cette ville...

Adamov souligne ici l'incommunicabilité entre des êtres qui tous se débattent dans une parodie de la vie.

C'est à la fois drôle et glaçant.

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