Citations de Arthur Dreyfus (85)
Cette nuit-là, le mistral fuse sous la charpente et dans les gouttières, sifflant terriblement : voilà comment les maisons pleurent.
Les animaux nous enseignent à aimer sensoriellement le monde. À distinguer le contenu du contenant. À ne pas confondre l’image et l’essence.
Nous apprîmes à cette occasion que la besace du poilu moyen pesait
30 kgs; sans compter le poids de la gamelle et du fusil.Dans la cour de l'école, un sac de sable de charge équivalente dut ce jour-là être soulevé par chaque élève, afin que nous prissions conscience de l'effort héroïque auquel se pliaient nos aînés.
Quand vint mon tour, j'eus l'impression de soupeser le cadavre de mon père.
Je m'effondrai avec le sac et fondis en larmes.
Comment un homme de Dieu peut-il croire à la guerre ?
Tous les garçons dignes de prétendre au sacro-sain statut d'homme s'évaporèrent du jour au lendemain. Des chapelets de "soldats" que j'avais aperçus jeunes aux champs, ou en classe de morale, rejoignirent balluchon sur l'épaule un pays que les adultes nomment Honneur ou Patrie, que moi je nomme Trépas.
Oui: les animaux nous enseignent à aimer sensoriellement le monde. A distinguer le contenu du contenant. A ne pas confondre l’image et l’essence.
"Le beau de la religion est la croyance, le laid de la religion est la règle."
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Cette si jolie phrase de Breton : L'amour, c'est quand on rencontre quelqu'un qui vous donne de vos nouvelles.
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une lectrice anonyme : En lisant ton livre, j'ai eu envie d'aimer un garçon dans les yeux d'un garçon.
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Arthur Dreyfus
Nous avons tous des comptes à régler avec nos parents. Ce n'est pas pour cela que nous ne les aimons pas, que nous les méprisons : au contraire, c'est ce miracle-là qui permet à la vie d'avancer, et aux humains de se construire, de se redéfinir.
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...son corps flasque d'entrée-plat-dessert.
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Fus-je coupable ou victime ? Je ne saurais le dire, tant il est vrai que le mal ne prospère point sans véhicule.
Il y avait partout dans la ville des gens qui cancanaient, poireautaient, grusinaient, cavalaient...
Lorsque les raisons sont plus d’une, de toute manière, c’est qu’aucune n’est vraie
Nous pensons avec du langage... mais le vide de la mort ne se remplit pas de mots.
l y a quatre ans m’est venue l’idée d’écrire un livre sur l’histoire de ma sexualité, qui s’intitulerait "histoire de ma sexualité".
Tous les matins sont tristes
Et les nuits sans espoir
La lumière ne rassure
Pas davantage que le soir
J’ai peur d’être quelqu’un
Peur de n’être personne
J’ai peur de mourir
Peur de ne pas mourir
Mes écrits n’ont pas une vocation pornographique. Je raconte juste ce qui est, sans me soucier d’aucune morale - sans volonté de choquer. (…) il y a tellement de gays, de jeunes gays qui rencontrent de gros problèmes avec leur sexualité, que je me dis que ça pourrait être utile. Socialement.
J’aimerais qu’on se promène dans ce journal comme dans une forêt : incertain d’y trouver, selon les pages et les bosquets, un champignon rare, une fleur affriolante. J’aimerais que sa lecture ressemble à une flânerie parfois rayonnante, parfois banale. Et que l’on hésite à cueillir, sur le bord du chemin tel ou tel pétale vénéneux
Avec mon corps
Je dis des choses
Que je ne dis pas
Avec des mots