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Critiques de Arthur Nesnidal (43)
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La Purge

C’est un ouvrage d’une lecture fort déplaisante, cédant à toutes les facilités intellectuelles pour proposer une « narration » dont le misérabilisme est racoleur. L’écriture est aussi indigeste que le propos est affligeant de rancœur et de haine. Cette tentative ne restera donc qu’un torchon.
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La Purge

Quand on se replongera dans les archives pour tenter de comprendre comment, au début du XXIe siècle, le système s’est délité avant de faillir complètement et d’entraîner conflits et destructions, alors on retrouvera sans doute un épais dossier consacré à l’éducation et à la fabrication des soi-disant élites qui devaient conduire le pays à la réussite. Un chapitre y sera sûrement consacré aux classes préparatoires qui, comme leur nom l’indique, devaient préparer les meilleurs élèves à intégrer les grandes écoles. Peut-être fera-t-il aussi référence à un ouvrage intitulé La purge et qui démontait alors, point par point, ce système défaillant.

Un témoignage édifiant – de l’intérieur – sur les curieux us et coutumes qui présidaient alors dans ce lycée que l’on n’aura guère de peine à situer à Clermont-Ferrand. «Tout, dans cet établissement, dégageait ce délicat fumet de rance et de désuet, de poussière et de moisi, dont nos enseignants se délectaient volontiers, s’extasiant sans retenue sur l’immuabilité réactionnaire des classes préparatoires. Les couloirs vomissaient leur papier peint en lambeaux, le carrelage d’avant-guerre se disloquait à tout-va, et la craie, sur nos tableaux encore noirs, n'en finissait plus d’agoniser en crissements déchirants. » 

Après les infrastructures et le cadre de vie proposé aux élèves et aux enseignants, concentrons-nous sur les méthodes. On trouvera particulièrement motivant la haute considération affichée par le corps enseignant pour des élèves «médiocres, mauvais, incultes, vides». Les professeurs ne vont du reste pas manquer une occasion de souligner leurs propos, allant jusqu’à humilier ces cancres qui n’ont pas assimilé toutes les subtilités du latin, du grec ou des mathématiques : « il annonçait tout haut la note qui tombait; puis, sans élever la voix, il faisait des remarques sur les fautes grossières que l’on avait commises, sur les égarements qu’on eût pu éviter, sur tout ce qui faisait de nos humbles travaux d’immondes petits torchons; on aurait dit une hyène rôdant parmi les chats.»

Arthur Nesnidal s’en donne à cœur joie dans ce roman à charge, flinguant à tout va, massacrant avec cruauté, dézinguant sans discernement. C’est ce qui rend son brûlot tout autant jouissif qu’excessif. Car pour lui, il n’y a qu’à jeter le bébé avec l’eau du bain. On le suit volontiers lorsqu’il dénonce la nourriture qui leur est servie ou lorsqu’il met en avant les absurdités de l’administration. On se régale notamment de cette scène ubuesque lorsqu’il vient expliquer à la comptabilité qu’il s’acquittera de sa dette lorsque l’argent de la bourse lui sera versée: « Maintenant que vous savez que je paierai, et quand je le ferai, pourriez-vous arrêter d’envoyer des courriers de rappel ? 

– On ne peut pas, c’t’automatique, récita-t-elle d’un ton embarrassé qu’une rage incontrôlée faussait de plus en plus. 

Automatique, bien sûr. Comment n‘y avais-je pas songé? Ils avaient certainement inventé pour le soin du service une sorte de rotative à timbrer les enveloppes, et une autre machine plus ingénieuse encore pour reproduire l’écriture manuelle et ses fautes de français. Sans compter le robot à poster, merveille de technique, qui se glissait la nuit pour se faire discret jusques aux boîtes aux lettres les plus proches des bureaux. » 

En revanche, le romancier donne avec son livre la preuve que la théorie du formatage des esprits, du modèle unique, peut très bien voler en éclats pour peu que l’on cherche à s’émanciper de ce modèle unique et stérile. Laissant de côté les « plaisirs d’ignorance, de paresse et d’orgueil » il nous offre un exercice de style vivifiant servi par une plume trempée dans l’acide.
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Sourde colère

Un monde où les plus pauvres s'enfoncent dans leur misère et où les riches s'engraissent chaque jour. Des ogres affamés de pouvoir. Une ville saturée, à différents niveaux de richesses. Un racisme ambiant, une répression sévère. Des flics payés pour déverser leur haine sur le petit peuple. Pour étouffer la colère de ceux qui n'ont rien.



Dans cette ambiance lourde et poisseuse l'inspecteur Andrieux est embauché par Monsieur de Clérivoit afin d'enquêter sur Cartera, un financier qui semble influer énormément sur le gouvernement en place. Magouilles, corruption, les plus élevés de la société semblent prêts à tout dans cet univers futuriste pour arriver à leurs fins.



J'ai vraiment apprécié cette lecture. L'ambiance est rude, dès le départ. On observe la misère dans les rues, la violence dans les manifestations et le dédain des riches.

Une fresque sociale rondement menée qui interroge sur plusieurs sujets d'actualités : écarts sociaux, violences policières, immigration, démocratie.



D'ailleurs sur l'immigration, je souhaite juste citer une phrase qui m'a beaucoup touchée :

"Sur les rivages blancs, les touristes trempaient leurs pieds dans un cimetière ; mais ce désagrément, que l'on savait mineur, valait mieux que de voir surgir la marée noire."



Quelle justesse et quel talent d'écriture ! La fin est tragique et donne à réfléchir. Un très beau texte.
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