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Citations de Astrid de Laage (13)


Et il y a le couteau, avec sa gaine en peau de chagrin. C'est la description qu’en fera le commissaire, dans le procès-verbal de flagrant délit. Comme une peau de chagrin, son univers a rétréci au point de tenir tout entier dans ce fourreau en cuir.
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A cette époque, en 1783, elle a laissé derrière elle son enfance. Sa sœur pleure. Elle, non. C'est une jeune fîlle âpre, rétive aux larmes. La discipline que l'on inculquait à son frère, à ses cousins, elle prenait soin de se l'appliquer à elle-même. C'est sans doute ce qui faisait dire à son oncle, le curé de Vicques, qu'elle avait « un caractère d'homme ».

Mais qu'est-ce qu'un caractère d'homme ?
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Chère Charlotte,
Je suis au musée des Beaux-Arts de Bruxelles, dans la salle où est exposé le tableau de David, La mort de Marat.
Sur ce tableau, il est à moitié nu, la peau blafarde sur un fond vert sombre. De sa poitrine coule un filet rouge qui se disperse et colore l'eau saumâtre d'où émane une odeur de soufre, de camphre et d'avoine. Le bras droit de l'homme pend sur le côté de la baignoire, la main crispée sur une plume.
Le couteau à manche d'ivoire git à terre, taché de sang.
La lumière glisse sur les muscles des épaules jusqu'au visage où flotte une expression indéfinissable, presque un sourire. Sur le billot de bois, deux billets fraîchement écrits. La plume est noire d'encre.
L'homme tient encore, dans sa main gauche, le billet sur lequel on peut lire :
"Il suffit que je sois malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance."
Le billet daté du 13 juillet 1793,est adressé au citoyen Marat.
C'est toi, ma cousine, qui l'as écrit et toi qui l'as tué...
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Tom se demanda à quoi pensait sa mère, assise sur le muret. Tous les bleus se mélangeaient, celui de l'eau, celui du ciel et celui de la chemise turquoise qu'elle portait souvent les matins d'été. Peut-être qu'un peintre aurait pu saisir cette immobilité. Instinctivement il porta ses mains à hauteur de ses yeux et arrondit ses doigts pour former des jumelles. Le peintre aurait d'abord dessiné l'horizon, une ligne noire recourbée à chaque extrémité comme si le monde était plat. Il aurait tracé ensuite deux grands rectangles bleus, de part et d'autre de cette ligne, deux bleus aux nuances proches. Le reflet du ciel dans la mer.
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Que m'importe qu'il se montre humain envers moi, si c'est un monstre envers les autres.
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Je cherche une présence. Un indice. Quelque chose qui la rendrait vivante, les traces d'une voix plus intime, de celles que l'on trouve dans les lettres - selon Voltaire, l'écriture est la peinture de la voix.
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Le voilà seul. Il inspire un grand coup pour se donner l’élan, emplir ses branchies de l’atmosphère liquide, épaisse, propice à la métamorphose. Laisser la place à cet autre qui vit dans le sombre, comme un poisson-lanterne, et ne surgit à la lumière que lorsqu’il l’appelle. Ce personnage, c’est l’Ami du peuple, celui qui voit. N’avait-il pas prédit la fuite du roi ? Avant même que l’idée ne soit parvenue à la conscience de Louis XVI, l’Ami du peuple avait répandu la nouvelle, tel un devin, tel un Cassandre. Qui l’avait cru ? Personne.
L’Ami du peuple est radical, téméraire, cruel aussi. N’hésitant pas à faire couper des têtes pour que surgisse enfin la Vérité, celle dont il fait passion commune avec Rousseau, Vitam impendere vers. Consacrer sa vie à la Vérité. Cette Vérité que le peuple mérite et dont il a grand besoin après des siècles d’asservissement et de despotisme.
Les mots de la veille sont à peine séchés qu’il trempe sa plume dans l’encre visqueuse, cherchant l’énergie nécessaire au rythme de l’écriture.
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Et comme le disait si bien Molière, On n'exécute pas tout ce qu'on se propose, et le chemin est long du projet à la chose.
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Je relis encore une fois la déposition des témoins. Catherine dit qu'en entrant pour donner un verre d'eau à Marat, elle aurait vu Charlotte pleurer et être consolée par lui.
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Le temps est un mille-feuille, une superposition, un palimpseste.
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Parfois, elle se surprend à penser que tout cela ne sert à rien, à penser qu'aucun mot ne parviendra jamais à rendre le monde meilleur. Que ce n'est qu'une illusion. Chaque jour est un combat pour que les mots adviennent."
"Que vaut la vie ? Parfois moins que rien. Elle écrit à son amie, Mademoiselle Loyer, "on ne meurt qu'une fois, et ce qui me rassure contre les horreurs de notre situation, c'est que personne ne perdra en me perdant.
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Pendant un temps infime, il pense que le bonheur pourrait s'apparenter à la joie d'être en vie. Cela ne dure pas, car il n'est point de bonheur sans justice ni lois. Et que c'est un vain mot, "bonheur", s'il ne sert qu'à rêver et à faire rêver.
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Plonger dans la Révolution française, c'est tenter de démêler les écheveaux d'une histoire complexe dont les nuances apparaissent avec le temps.
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