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Citations de Aure Hajar (25)


Un jour, ça va péter, puisque ces hommes sont des animaux, que les enquêtes pour viol, n'aboutissent pas, qu'il y a toujours des plaintes et des juges qui ne condamnent pas, et que sans un sursaut, le monde ne changera pas
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Et alors ? aurais-je dû lui répondre. Je ne le connaissais pas; qu'est-ce que cela pouvait bien me faire qu'il me trouve jolie?
Je n'avais pas la maturité, le recul nécessaire pour me rendre compte des mécanismes à l'oeuvre. Je ne savais pas que j'étais flattée parce que les films, les livres, les magazines, les dessins animés, les émissions télévisées, les chansons et les comptines, la famille, les amis, les voisins et les voisines, tous m'avaient savamment inculqué l'idée que ma valeur résidait dans le fait d'être trouvée jolie.
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"Un badaud me repéra, il s'avança vers moi pour me parler, je fis un pas de côté pour m'en éloigner. Il me rattrapa et me dit S'il te plaît, un p'tit sourire, ça m'ferait plaisir. Je levai les yeux et regardai l'homme qui avait prononcé ces mots ; il ne ressemblait à rien. Il avait une vilaine peau, un regard de chien. Qu'espérait-il en s'adressant à moi ? Que je lui sourie, sans doute, et c'est là le drame commun à nombre de femmes : l'on attend d'elles, de toutes, qu'elles se plient en quatre pour satisfaire le moindre quidam, qui confond ses désirs avec des vérités générales. S'il veut que la femme sourie, il faut que la femme sourie, et lorsqu'il l'interpelle il ne peut la déranger puisqu'elle n'a pas d'existence propre en dehors de lui, lui l'égocentré phallocrate qui ne parle que de lui, qui ramène tout à lui, qui ne pense qu'à son petit plaisir dans la vie sans se demander s'il importune son interlocutrice, dont il attend disponibilité et éternel renoncement. L'homme est un encombrant."
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Une de ces journées durant lesquelles le ciel semble retenir ses larmes.
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Je n’éprouvai pas de douleur à proprement parler, plutôt une forme de lassitude d’autant plus grande qu’il réitéra encore, encore, encore. La dernière fois, je lui demandai de me laisser. Ma phrase s’étouffa dans un haut-le-cœur; je continuai d’encaisser, en dépit de la fatigue, de l’amertume, de la nausée. Et tandis qu’il m’écrasait par terre, tandis que je le laissais faire, se produisit un phénomène que je crus d’abord vivre pour la première fois: je me séparais de mon enveloppe corporelle et m’observai de l’extérieur. Je me vis de haut, de loin, recroquevillée dans un coin. Dépouille becquettée par un vautour. Je contemplais ce corps qui n’en était plus vraiment un, qui n’était d’ailleurs plus vraiment moi, tout juste mon contenant. Cela le conforta dans l’idée que cette activité était temporaire et qu’un autre destin m’attendait: un jour, les gens me verraient.
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"Car à bien y réfléchir, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même - et à eux, aux hommes, cela va de soi. Je crevais d'être vue par eux, voulue par eux, admirée d'eux. Leur approbation conditionnait ma vie. Alors je les flattais et leur donnais ce qu'ils attendaient, je croyais ainsi m'émanciper, m'éloigner de ma mère, défier des règles ancestrales ou religieuses. J'étais en vérité leur esclave."
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Je sais désormais que les bêtes tiennent toujours les femmes pour responsables de leurs maux.
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J’enfilai mon t-shirt à l’envers, maladroite comme une enfant, néanmoins déterminée à me faire proie.
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Filles. Par ce mot il désignait à la fois les enfants de genre féminin, mais aussi les putes, les actrices porno et plus généralement l'ensemble des femmes. Les personnes de genre masculin avaient droit à un vocable précis, circonstancié - fils, homme, client, acteur. Mais nous, en toutes circonstances, nous n'étions que des filles.
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Assise en tailleur sur mon lit, je ne lui parlais de rien, rien de ce qui m’importait, car à distance comment aurais-je pu lui dire l’indicible, le mal de soi, et tout ce qui au mieux se suggérait ?
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Conserver les yeux clos. Refuser de voir en face le présent, le défilé de ces hommes plus âgés que mes propres parents. J'installais des cloisons entre mon cerveau et moi. C'était la condition pour supporter tout cela.
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Elle dit, Toute notre vie les hommes nous ont maintenues dans la peur, peur de l’humiliation, peur du viol, peur de la transparence, peur de l’oubli. C’est aussi pour cela que l’on se retrouve ici : l’on choisit d’affronter leur violence pour dominer nos peurs.
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Victor me l’avait bien fait comprendre, il trouvait les putes moins fréquentables que les bêtes. Et Victor, j’en étais sûre, trouvait d’innombrables excuses aux bêtes : ce sont des hommes qui se sentent seuls. Qui ont des besoins. Qui décompressent. Qui se déniaisent. Ce sont des séducteurs. Mais sans doute Victor faisait-il preuve à l’égard des putes d’une moindre indulgence : Elles ne se respectent pas. Elles sont indignes. Elles sont vulgaires. Elles sont malades. Ce sont des femmes à problèmes. Il faut les exclure. Elles ne valent rien.
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"L'automne s'écoula ; une partie de ma jeunesse se dilapida. C'était quasi imperceptible, un sentiment diffus de spleen, une douleur à la poitrine et le coeur qui battait là, presque sur l'estomac, dans cette plaie béante que je refusais de voir et de laisser voir"
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Je trouvais un plaisir vraiment douloureux à faire semblant d’être celle qu’elle aurait vraiment aimée.
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Cette somme me permettrait de payer un loyer et de m’acheter à manger, de quoi travailler moins et passer plus de temps à la faculté. Avec deux rendez-vous mensuels, je pourrai en plus m’acheter des vêtements de marque. Les gens m’apprécieraient à ma juste valeur.
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Très vite, je m’achetai quelques vêtements dans une boutique du 7e arrondissement : Zadig&Voltaire. Agathe ne le remarqua même pas. Mon nouveau style hors de prix lui semblait tout à fait ordinaire. Elle croyait que je m’appelais Lola – au lieu de Lila – et je ne la reprenais jamais.
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C’est dans ces moments-là que naît l’espoir. Pas la rancœur, non : l’espoir. Quand on se fait une promesse à soi-même, que l’on s’engage à fuit le présent. J’aspirais à gagner ma vie rapidement afin de consacrer mon temps à ce que l’on me voie. Ce désir d’exister ne me quitta pas.
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Je mis des années à comprendre pourquoi je ne rebroussai chemin. Pourquoi j’éprouvai le besoin de ne pas décevoir ce type dont je ne savais rien ; j’avais été conditionnée à servir les hommes avant d’en arriver là. 
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Comme chaque nuit, les lumières blanches des réverbères traversaient mes stores et éclairaient les murs de ma chambre. Je ne dormis pas immédiatement. Les yeux à demi clos, j'écoutais le bruit de la ville qui ne dort jamais, celui des touristes attablés aux terrasses des cafés, le vrombissement des pots d'échappement, le murmure du pas des hommes sur le pavé. Il me parut plus puissant que d'ordinaire, je crus d'abord à une tempête de grêle ou à la foudre qui s'abattait sur la cité. Des arbres déracinés. Des toits arrachés. Puis j'ouvris complètement les yeux et tout me parut clair : Tu te trompes, Lila, ça ne peut pas être ça, tu n'entends rien d'autre que ton corps qui gronde, la colère enfouie au fond de ton ventre qui déborde et t'inonde, sa crue qui croît chaque seconde fomente une fronde contre cet ordre qui t'étouffe et que l'on essaie de t'imposer.
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