Citations de B. Michael Radburn (29)
Le téléphone était un vieux modèle en bakélite noire des années cinquante, avec un cadran aux chiffres presque effacés et un combiné qui sentait le tabac froid. Tout dans ce cottage était ancien, et une odeur de renfermé planait sur le moindre recoin. Taylor se demandait quelles odeurs et quelles textures resteraient de lui après son départ. Il en laisserait que des traces minimales, avec son passé enfermé dans les cartons de la chambre d'amis qu'il ne déballerait probablement jamais.
Très agité, il fit le tour du cottage en allumant toutes les lampes. Il s'assit, se leva, marcha de long en large tandis que ses larmes refroidissaient sur son visage. Lorsqu'il se fut ressaisi, il retourna dans sa chambre et prit le téléphone près du lit pour composer le numéro de Maggie. Inutile d'essayer avec son portable : il n'y avait pas de réseau dans la vallée. Pour capter, il fallait monter dans les hauteurs ou s'éloigner le long de l'autoroute. Mais Taylor appréciait l'isolement que cela offrait, une façon de se protéger contre les appels malvenus. Quand le téléphone sonnait au cottage, c'était soir Parcs & Nature qui vérifiait si tout allait bien, soit l'une des rares personnes à qui il avait donner le numéro. Maggie, par exemple.
Très agité, il fit le tour du cottage en allumant outes les lampes. Il s'assit, se leva, marcha de long en large tandis que ses larmes refroidissaient sur son visage. Lorsqu'il se fut ressaisi, il retourna dans sa chambre et prit le téléphone près du lit pour composer le numéro de Maggie. Inutile d'essayer avec son portable : il n'y avait pas de réseau dans la vallée. Pour capter, il fallait monter dans les hauteurs ou s'éloigner le long de l'autoroute. Mais Taylor appréciait l'isolement que cela offrait, une façon de se protéger contre les appels malvenus. Quand le téléphone sonnait au cottage, c'était soir Parcs & Nature qui vérifiait si tout allait bien, soit l'une des rares personnes à qui il avait donner le numéro. Maggie, par exemple.
Il avait besoin de parler.
Au lieu de ça, il pleura.
Dans ses rêves, il cherchait toujours Claire. Elle portait la même parka rouge que le jour où elle avait disparu dans la neige. Lorsqu'il fermait les yeux, Taylor revoyait sa silhouette écarlate découpée sur les collines blanches, s'éloignant de lui sans rien laisser d'autre que des traces dans la neige et la chaleur d'un baiser sur sa joue froide.
L'abandonnant pour toujours.
Taylor s'écarta de la fenêtre. Il avait hâte que la lumière de l'aube apparaisse et que la chaleur du soleil touche son visage. Après tout, seule la promesse du jour rendait les nuits supportables. Sa cheville lui faisait mal ; il se l'était tordue en marchant dans son sommeil un peu plus tôt. Ses crises de somnambulisme devenaient de plus en plus fréquentes ; ses déambulations, de plus en plus longues, l'emmenaient de plus en plus loin et le laissaient un peu plus épuisé chaque jour.
Un abribus antique se dressait au niveau de la sortie d’Eldritch Falls. Quelques planches manquaient, et de l’herbe sèche poussait entre celles du banc. Taylor mis son clignotant et s’engagea sur la route mal entretenue qui se dirigeait vers la ville. Le flanc de la montagne était strié de trainées noires et de cendres grises, et on apercevait la cime du Pic de Jacob dans la dernière ligne droite. Sur une butte qui surplombait la ville, un panneau clamait : BIENVENUE Á ELDRITCH FALLS. La beauté des lacs immenses s’estompait derrière lui, et le paysage calciné semblait l’aspirer dans les ténèbres.
Marsden se méfiait des stagiaires, qui ne restaient jamais bien longtemps : dès qu’ils le pouvaient, ils réclamaient une mutation en ville. Il n’était pas trop vieux pour avoir oublié que lui aussi aspirait à plus d’action autrefois. Difficile d’être excité par la perspective de dégager des routes bloquées par les vaches ou de servir de baby-sitter aux mêmes ivrognes tous les samedis soir. Mais c’était bon d’avoir une paire de mains supplémentaire pour nettoyer les cellules le dimanche matin.
– … Si je réduis la liste aux fillettes âgées de sept à dix ans, il en reste six, dont Jody Norton. La première disparition remonte à 1972.