“D’une manière ou d’une autre, nous revenons tous les deux de la mort… Le désert et la politique, c’est la même chose, deux terres sur lesquelles rien ne pousse.”
Le courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur mais c’est au contraire de pouvoir résister à notre peur.
Le présentateur qui m’interviewait était un garçon doux, l’un de ceux dont on s’imagine que, même la nuit, ils dorment en costume-cravate.
“Chacun, que ce soit par sa seule volonté ou par ses actes, fabrique lui-même son bonheur et son malheur.”
Je regardais ses mains et je savais qu’il disait vrai. C’était comme ça depuis le début. Quand il parlait, je ne regardais pas son visage mais j’examinais plutôt ses mains, ou bien je regardais les choses qui l’entouraient. Il avait une grande capacité à jouer avec son visage. Tous les autres fixaient leur attention sur son visage, c’est pour cela qu’ils ne comprenaient jamais s’il disait la vérité ou non.
Rien n’est plus proche au monde du courage que le désespoir…Un homme courageux est un homme désespéré. Tous les gens qui ont un espoir sont des personnes peureuses.
les hommes naissent tous aveugles… tous les hommes sur cette planète… il n’existe personne qui puisse voir à la naissance. Ne crois pas que ceux qui ont des yeux puissent voir. Rien n’est plus difficile au monde que de voir. L’homme peut avoir deux yeux brillants et lumineux mais ne rien voir…
Sous cet arbre j'ai senti que le coeur du dernier Saryas battait lui aussi d'une façon différente. Il tira la peau brûlée de dessus ses yeux et regarda ce paradis infini comme il n'en avait jamais vu jusque-là. Comme s'il avait compris la magie de cet arbre, il me prit la main, posa la tête sur ma cuisse et s'endormit face à ce paysage. Aujourd'hui, je ne me rappelle plus combien d'heures il a dormi. Ce dont je me souviens, c'est que sa tête sur mes genoux me donna la sensation que j'étais une partie de l'univers, de la voûte céleste et du rêve de ces enfants. Ces étreintes et ce sommeil étaient le signe de mon retour dans leur monde spirituel céleste. Là, j'avais la sensation que je ne prenais pas seulement sur mes genoux la tête du dernier Saryas mais aussi que tous ceux qui étaient morts reposaient la tête sur ma cuisse.Là, j'entendis la musique fabuleuse que Mohammad Delchoucha avait entendue sous cet arbre, je vis les images étranges de la voûte céleste et du ciel que les Saryas avaient vues, je sentis les jours, les soirs et les nuits qui avaient embrasé cet endroit.
Nous étions trois pauvres malheureux, une femme, qu’est-ce que c’était ? Dans notre vie, il n’y en avait pas. Pardonne-moi, et je dis qu’aucun d’entre nous n’avait effleuré des seins, baisé des lèvres, caressé des cuisses. Le grand Saryas appelait cela l’honneur, moi j’appelais cela la malchance, et Delchoucha l’impatience…
Te voilà finalement ici parmi nous. Tu es devenu l'un des nôtres... Dans le désert la terre est pauvre et misérable, c'est pour cela que l'homme a beaucoup de temps pour penser à la voûte céleste. Il a un temps interminablement long pour penser au ciel, aux étoiles, au soleil et à Dieu, pour regarder le sable sans fin... Mais ici, au milieu de cette forêt tumultueuse et de ces terres riches qui ne sont qu'arbres et miracles, qui ne sont qu'oiseaux et importante matière à réflexion et à méditation, qui ne demandent que des hommes et du temps pour réfléchir et pour rêver, la terre fait de nous ses prisonniers... nous devenons propriété de la terre... la propriété de choses éphémères, petites et imprévues. Ici, l'homme se perd dans les détails et oublie les questions profondes. Tu as de la chance d'être revenu d'une terre où tu ne pensais qu'aux significations profondes de la voûte céleste et de la vie.