Depuis quelque semaines, j’ai replongé dans la musique seventies. Patti Smith, T-Rex, David Bowie, The Clash… j’ai même lu M Train de la première citée, curieuse de découvrir certains de ses souvenirs.
Ainsi, lorsque j’ai vu l’ouvrage de Barry Miles dans la liste de la dernière Opération Masse Critique, je me suis dit que ce serait l’occasion de prolonger l’aventure et d’en apprendre plus sur cette décennie que j’ai toujours imaginée colorée, perdue entre les fumées de cigarettes et les pantalons pattes d’eph.
La réalité n’était finalement peut-être pas si enjouée et la violence était bel et bien présente comme nous le rappelle si bien Barry Miles dès le premier chapitre, alors qu’une bombe explose dans un immeuble, erreur de manipulation de la part de terroristes.
Bien vite pourtant, le lecteur quitte la ville et suit les traces de l’auteur dans une ferme-communauté où les poètes alcooliques sont les bienvenus s’ils veulent tenter une cure de désintoxication. Peu d’électricité au quotidien, un végétarisme prôné et l’amour libre. Barry Miles quitte pourtant assez vite cette ferme du bonheur et voyage, à San Francisco, New York, Londres… d’appartements miteux transformés en squats en soirées largement occupées à sniffer les drogues les plus dures.
Tous les détails y sont, l’auteur est sans concession et n’épargne personne, même les plus grands artistes qu’il a pu rencontrer. Et il en a vu du beau monde pendant sa vie ! Journaliste et écrivain, il a toujours été aux premières loges, à côtoyer les plus grands du moment.
Il nous parle d’ailleurs surtout de Allen Ginsberg et William S. Burroughs, tous deux poètes de la beat generation, gros consommateurs de drogues et ayant eu souvent des démêlés avec la justice à cause de leur homosexualité. Malgré leur vie d’artistes libres et leurs idées attrayantes, très sincèrement, ils m’ont paru assez peu sympathiques à travers les yeux de Barry Miles qui était pourtant un de leurs proches amis.
A vrai dire, si j’ai aimé me plonger dans les méandres de cette décennie à travers les yeux de quelqu’un qui a vraiment vécu au cœur des choses, ne connaissant pas tellement les figures mythiques rencontrées, je n’y ai pas toujours trouvé un intérêt fou. Après cette lecture, j’ai envie de me documenter un peu plus sur elles, donc le pari est gagné ; mais pendant celle-ci, je dois avouer que j’ai parfois trouvé le temps long.
Il faut dire aussi que je m’imaginais peut-être passer plus de temps en compagnie des musiciens de l’époque – que je connais davantage que les écrivains, paradoxalement – ce qui n’est finalement pas tellement le cas. J’ai de ce fait, été plus à l’aise avec les dernières dizaines de pages, sur la fin de la décennie, qui mettent en avant l’émergence de la culture punk. Pour ne citer que Patti Smith – parce qu’elle apparaît tout de même sur la couverture – on ne la croise brièvement qu’à deux ou trois reprises. La plupart du temps elle n’est qu’un nom cité sur la page. Une fois peut-être on la voit vraiment évoluer lors d’une soirée (et ce qu’on apprend de son comportement n’est pas franchement pour la mettre en valeur) mais c’est tout.
Les photos en noir et blanc qui agrémentent le texte apportent une petite touche d’authenticité supplémentaire. C’est aussi l’occasion de mettre des visages sur des noms et de s’imaginer un peu plus facilement ce qui nous est raconté. Ce que, Barry Miles parvient déjà très bien à faire à travers ses seuls mots.
Comme je vous le disais, c’est plein de détails alors le lecteur est très facilement transporté dans les endroits décrits et dans cette atmosphère particulière des seventies. A cette époque, tout semblait permis (et d’ailleurs, certaines choses ne pourraient plus du tout avoir court aujourd’hui) et j’ai l’impression que la jeunesse avait des rêves et savait se battre pour eux. Les hippies, l’amour libre, la paix dans le monde, l’homosexualité, les drogues dures… une sorte d’insouciance libératrice avant l’arrivée des punks à contre-courant.
In the seventies est une aventure intéressante et brillamment documentée. Malgré tout, sa densité en fait un « essai biographique » pas toujours facile d’accès, d’autant plus si on ne connait pas grand chose des artistes (écrivains notamment) des années 70. Peut-être un titre à conseiller avant tout aux connaisseurs mais ce fut un petit déclic pour moi, qui ai dorénavant envie d’en apprendre plus sur les poètes de la beat generation.
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