Bashô Matsuo

De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune.

Ne cherchez pas à suivre les pas des hommes qui vous ont précédés.
Cherchez ce qu’ils cherchaient.

Puissé-je à la rosée
Petit à petit me laver
Des poussières de ce monde?

Mes larmes grésillent
En éteignant
Les braises.

Neige qui tombait sur nous deux -
Es-tu la même
Cette année ?

Sur une branche nue
un corbeau est descendu
le soir d’automne

La fraîcheur -
J'en fais ma demeure
Et m'assoupis.

Avec chaque souffle
Le papillon se déplace
Sur le saule !

Dans ce jardin
Un siècle
De feuilles mortes !

L'automne s'en va -
Une bogue de châtaigne fendue
comme des mains entrouvertes

888.

Ivre de fleurs
la femme armée d’une épée
porte une veste d’homme

Dans le champ de colza
Les oiseaux font mine
De contempler les fleurs.

Du cœur de la pivoine
L’abeille sort,
Avec quel regret !

Arc pour battre le coton
aussi apaisant qu’un luth
derrière les bambous

Les lunes et les fleurs :
voici les véritables
maîtres.

Sous la pluie d’été
Raccourcissent
Les pattes du héron.

Ce chemin
Seule la pénombre d'automne
L'emprunte encore.

Avec de jeunes feuilles
j’aimerais essuyer
vos gouttes de larme

380.

Faisant du rossignol son âme
sommeille
le saule gracile

Nuit glaciale
La cruche qui éclate
Me réveille.