Bashô Matsuo

Soudain
Une ombre passe
– Le vent.

Nuit brève –
Combien de jours
Encore à vivre.

Dans les jeunes herbes
Le vieux saule
Oublie ses racines.

Un vieil étang
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l’eau.

De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune

Assis tranquillement, sans rien faire,
le printemps arrive,
l’herbe pousse, par elle-même.

Le papillon
parfumant ses ailes
amoureux de l’orchidée

Sur les rochers,
Des fleurs d'azalées rouges
teintes par les larmes du coucou

La voie du Haïku est la voie de la concentration.
Regarde bien en toi-même.

Je suis parti
dans mon rêve un fleuve
la voie lactée

Soseki

Désolation hivernale –
Dans le monde monochrome
Le bruit du vent

Sarrasin coupé
ils sautillent sur le givre
les petits moineaux

quand souffle la bise
sans cesse il cligne des yeux
figure du chat

Un matin de neige
seuls les oignons du jardin
marquent le sentier

La beauté du paysage, sa solitude, on les sent vraiment qui cheminent dans le cœur et le purifient.

Toutefois, pérégriner en des terres perdues, c'est accepter l'impermanence et renoncer au corps.

Dans l'introduction, citation de Yoshimoto :
"On se croit hier et déjà demain est passé, on se croit au printemps et déjà c'est l'automne, on se croit aux fleurs et voici déjà les feuilles rougies."

Le vent me transperce -
résigné à y laisser mes os
je pars en voyage

Une rafale de vent
puis les feuilles
se reposent

dans la bruine
les roses trémières
éclairent le ciel

la saveur de solitude
de la rosée blanche
comment l'oublier ?