« Y a-t-il rien de plus terrible que d’attendre que la vie s’écoule ? » p101
Témoignage poignant d'un fermier islandais entêté en fin de vie. Il écrit à celle qu'il a tant aimée, mais pour qui il n'a jamais pu quitter sa ferme, ses moutons, son village, sa vie de chef de coopérative. Même la fille qu'il a eue avec cette Helga et qui est maintenant présentatrice à la télé nationale ne l'a pas décidé malgré le fait qu'il n'a pas eu d'enfant autre, sa femme refusant toute relation sexuelle. Il a vécu un enfer émotif toute sa vie durant, mais il craignait trop le changement pour changer de vie et aujourd'hui, il meurt dans le regret de ce qui aurait pu être une vie heureuse.
Parer l'amour de belles paroles, chère Helga, n'augure généralement rien de bon, car on n'est pas loin alors de se retourner contre lui. J'ai pu l'observer chez plus d'un. J'en ai vu composer de beaux poèmes sur l'amour et chanter ses louanges lors des réunions, mais à peine revenus à la vie de tous les jours, c'est comme si la plupart se dépouillaient du costume des belles paroles et dénigraient l'amour autant que faire se peut, pour moisir sans lui dans leur coin, le plus clair de la vie. C'est ainsi qu'il m'apparaît, le phénomène - l'homme, et moi en premier, quand j'en parle sans ambages. C'est comme si le penchant de l'homme n'était jamais pur, ni en harmonie avec le beau que la vie a essayé de lui inculquer.
Et je compris que le mal, dans cette vie, ce n'étaient pas les échardes acérées qui vous piquent et vous blessent, mais le doux appel de l'amour auquel on a fait la sourde oreille - la lettre sacrée à laquelle on répond trop tard, car je le vois bien à présent, dans la clarté du dénouement, que je t'aime moi aussi.
N'est-ce pas ce qu'on devient, à côté de celle qu’on désire le plus, Helga ma belle, un vieux tronc de bois flotté qui se dérobe au grand amour?
Peu après, je me suis mis à suivre la croissance de ton ventre. De loin. Ici s'avéra le bien fondé du dicton selon lequel on n'éteint pas en un soir le brasier de la passion.
On discuta de l’occupation militaire américaine –si ce n’était pas un sacré coup pour la nation – ça tu peux le dire ! Vous allez voir qu’on va tous redevenir les vassaux, non pas des seigneurs ou des évêques, mais des grandes puissances étrangères. Oui comme au Moyen-âge.
le désir de toi était dans ma chair.