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Critiques de Bernard Comment (32)
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Pour Isabel : Un mandala

Antonio Tabucchi (1943-2012) acheva l'écriture de Pour Isabel peu de temps après celle de Requiem, en 1996. Les deux romans magnifiques se font écho. Tabucchi publia Requiem (en portugais) de son vivant en 1996 et donna des instructions afin que Pour Isabel paraisse après sa mort (2013) comme s'il voulait nous envoyer un petit signe lumineux depuis l'au-delà.

Requiem se compose de neuf chapitres qui correspondent aux neuf épisodes de la liturgie du requiem. Pour Isabel se compose également de neuf chapitres qui suivent les neuf cercles successifs du mandala. Un mandala est un dessin cosmique circulaire composé de neuf cercles de sagesse qui se resserrent progressivement autour de ce qui recherché.

Waclaw Slowacki alias Tadeus, personnage de Requiem est-ou était- un écrivain. Il prétend en plaisantant venir de Sirius, Constellation du Chien . Il cherche à établir les conditions exactes de la disparition d'Isabel, la femme aimée autrefois au Portugal, à l'époque de la dictature de Salazar. L'enquête débute à Lisbonne auprès de Monica une amie d'enfance qui suggère qu'Isabel est morte en prison mais la vieille nourrice la contredit en expliquant à Tadeus qu'elle s'est enfuie de la prison, sous une autre identité. Des rumeurs prétendent qu'elle était enceinte. Peut-être de Tadeus. L'enquête nous emmène alors à Macao, dans des grottes dédiées au poète Camoes avant de revenir en Europe dans les Alpes suisses chères à Hermann Hesse puis de finir en Italie en compagnie de Dante. En tout il y aura neuf témoins, hétéroclites.

Au début l'intrigue paraît réaliste et témoigne comme dans Pereira prétend des luttes clandestines , de la violente répression et des disparitions de jeunes gens non élucidées sous Salazar. le voyage dans le passé n'est cependant pas triste du tout, on écoute du jazz en buvant des cocktails élaborés par de bons barmen, du Porto blanc, de l'absinthe, breuvage interdit ; on pêche des grenouilles qu'on déguste à la provençale, de délicieux plats portugais ; on sourit aussi beaucoup. Très vite comme dans Nocturne indien, l'enquête sur Isabel a priori réaliste se double d'une quête intérieure à la fois spirituelle et poétique. Les lieux deviennent imprécis, les témoignages sont de plus en plus brouillés, opaques ou sibyllins comme dans un rêve éveillé . le narrateur s'avère être aussi insaisissable qu'Isabel. Il n'impressionne plus les pellicules polaroïds. le Temps s'efface. Des personnages romanesques apparaissent : Magda ou Xavier de Nocturne Indien, un prêtre et un lama extravagants, un poète européen vêtu de blanc comme un fantôme. On en arrive au dernier témoin du dernier cercle. Moment magnifique qui rappelle Dante retrouvant Béatrice.

« Il est temps de rentrer, dit-il, la recherche est terminée. Il s'accroupit et souffla sur le sable. le cercle s'annula ».
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Pour Isabel : Un mandala

Qui était Isabel ? Que lui est-il vraiment arrivé ?





Certains ont fait courir la rumeur de sa mort, de son suicide pour être exact… Mais, pour ses proches, Isabel n’était pas femme à renoncer d’elle-même à la vie. Dans un Portugal en pleine crise politique et identitaire, où il ne fait pas bon de ne pas adhérer au parti unique, les idées révolutionnaires d’Isabel ont pu lui attirer de gros ennuis… Trente ans après l’annonce de sa mort dans le journal, un homme va mener l’enquête, accumulant les témoignages de ceux qui ont connu, de près ou de loin, la jeune femme, afin de se rapprocher au maximum de la vérité… Ses pas le mèneront de Lisbonne à Macao, puis à Naples. Mais qui est-il ? Quelles sont ses véritables intentions et que s’apprête-t-il à découvrir ?





Tadeus est un narrateur pour le moins mystérieux, dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il est écrivain. On ignore tout des motivations qui le poussent à mener cette enquête sur une histoire vieille de plusieurs décennies. Néanmoins, difficile de ne pas être pris d’intérêt face à cette étrange affaire. Les témoignages découlent les uns des autres, chacun permettant d’approcher le prochain témoin et ainsi d’enrichir l’histoire de nouveaux indices. Le portrait d’Isabel se fait de plus en plus net, au fur et à mesure des révélations, sans pour autant apporter des réponses satisfaisantes aux questions du narrateur (et aux nôtres !).





L’enquête se construit à la façon d’un mandala, fait de cercles concentriques indépendants mais qui se rejoignent en un point précis pour former un cercle plus petit, chaque information permettant de se rapprocher un peu plus de la vérité. « Pour Isabel » est un texte étrange et fascinant, à la limite de l’onirisme, qui abaisse les frontières du temps et de l’espace pour nous conduire dans son propre univers. La langue de l’auteur y est particulièrement riche et belle. Elle nous imprègne et nous pénètre et rend ce court roman difficile à lâcher !





Entres révélations surprenantes, conversations métaphysiques et raisonnements intimes, Antonio Tabucchi nous entraîne dans une enquête passionnante et énigmatique, sur fond d’histoire du Portugal. Un roman posthume qui donne envie de découvrir l’ensemble de l’œuvre de l’auteur !
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Pour Isabel : Un mandala

Il vague distraitement abandonné, il est quelqu'un qui cherche.



Le narrateur, Tadeus Slowacki est celui qui cherche. Il enquête sur la disparition d'Isabel à Lisbonne durant le régime militaire de Salazar.

Ce roman est écrit comme un mandala qui traverse le temps et l'espace. Dans une tournure ésotérique et métaphysique.



Il se lit progressivement en 9 cercles qui sont autant de témoins ayant connu Isabel à des degrés divers selon les liens qui les unissaient.

Sans repère spatio-temporel et sans point cardinal, chaque cercle fait rapprocher en son centre la présence lumineuse d'Isabel.



Mais qu'est-ce qui existe vraiment ? Qu'est-ce qui est réel et ne l'est pas ? Que cherche le narrateur ?



Comme le disait Antonio Tabucchi dans un entretien en 2009 " Peut-être qu'au fond, notre vie n'est qu'une quête de nous-mêmes".

Ce roman écrit en 1996 sur plusieurs années est ici publié à titre posthume selon la volonté d'Antonio Tabucchi.



J'ai beaucoup aimé "Pour Isabel" qui peu à peu nous détache du visible et nous interroge sur notre réalité. Le présent, le passé et le futur sont abolis dans un instant qui ne demande qu'a être cueilli.



J'ai fortement ressenti l'attachement de l'écrivain italien au Portugal et toute son admiration pour l'oeuvre de Fernando Pessoa dont il était traducteur.

J'ai retrouvé avec plaisir dans la lecture de ce livre la même sensibilité d'écriture et les mêmes questionnements sur la vie.



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Pour Isabel : Un mandala

Pour Isabel : Un mandala est le roman d'une quête, celle de la connaissance. Tadeus Slowacki, le narrateur du récit, est à la recherche d'Isabel Queiroz do Monte, disparue sous la dictature de Salazar il y a une trentaine d'années : qu'est-il advenu d'elle à la suite de son emprisonnement à Caxias, une prison politique du Portugal ? Il va de témoin en témoin, chacun l'orientant vers le suivant, susceptible d'en dire davantage, mais qu'apprenons-nous vraiment d'elle, lorsqu'il s'agit de taire, de protéger, de distinguer le vrai du faux, de faire la part des ouï-dire ? Publié à titre posthume selon la volonté de l'auteur et ramenant des personnages récurrents de son oeuvre (ce qui m'aurait échappé si je ne l'avais pas lu dans la Note sur Pour Isabel de Bernard Comment qui fait suite au texte), ce roman ravive mon envie de me replonger dans la prose élégante de cet écrivain engagé que je considère depuis longtemps comme l'un de mes préférés.
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Neptune Avenue

Étrange période que celle des vacances où on lit sans écrire et où l'on écrit sans lire, où les paysages que l'on traverse et les gens que l'on rencontre viennent brouiller les lignes qui se mélangent, se confondent et se perdent au fil des jours.

J'ai presque oublié un bon nombre de livres lus cet été : tant pis pour eux. Les journées bien pleines m'ont finalement aidée à y voir clair et à faire le tri…

Il y a tout de même deux livres dont je voudrais vous parler : Neptune Avenue de Bernard Comment et Poésies d'Émile Nelligan. J'ai lu le premier courant juillet et je sens que je le porte encore en moi. Quant au second, c'est un coup de foudre absolu pour les textes d'une très grande beauté d'un auteur québécois (je suis d'ailleurs très étonnée de constater qu'il ne soit pas plus connu… mais c'est comme ça!)

Commençons par Neptune Avenue : un homme à la retraite vit au vingt-et-unième étage d'un immeuble de Brooklyn sur Neptune Avenue. Visiblement assez seul, sans amis, sans famille, il écoute ses voisins se plaindre de la chaleur excessive : 41 degrés sont annoncés pour l'après-midi même. Le narrateur, fatigué et handicapé par la maladie, ne peut sortir. Plus d'électricité. Une panne géante paralyse toute la ville, peut-être même le pays. Les ascenseurs sont tombés en panne. Que s'est-il passé ? Une guerre, une fin du monde ? Les épiceries sont prises d'assaut, l'eau va bientôt manquer, plus d'internet, plus de contact avec l'extérieur. Seule une jeune fille, Bijou, vient s'occuper de lui. Qui est-elle ? Que cherche-t-elle ?

Dans la touffeur de cet été sans air climatisé, l'homme va bientôt se tourner vers son passé qui lui revient par bribes : sa jeunesse en Suisse, sa famille, ses amis, une vie consacrée à l'argent, au désir d'en amasser toujours plus, d'acheter encore et encore pour combler un vide, impossible à remplir autrement que par du vide… Mais aussi un amour fou pour une femme, une rencontre au fond si fugace qu'elle a à peine eu lieu… Et la tristesse infinie qui découle de tout cela…

De ce texte émergent à la fois une grande mélancolie et une grande nostalgie qui m'ont beaucoup touchée. Le narrateur repense à ce qu'il a vécu, ces années soixante-dix/quatre-vingt, une époque heureuse, des moments inoubliables au bord de la mer puis de mauvais choix. En existait-il d'autres ? Peut-être, sûrement même. Ou peut-être pas.

Ce roman ouvre aussi une réflexion sur le monde d'hier et d'aujourd'hui, nos modes de vie, nos choix politiques, économiques, écologiques. Et toute l'inquiétude que l'on peut ressentir devant les grands de ce monde qui semblent parfois diriger sur des coups de tête, comme des gamins immatures, gâtés, capricieux et un peu fous.

« On croyait être débarrassés de la débâcle du vingtième siècle, et ça revient, partout, de la même manière, avec le même culot, la même effronterie, la même brutalité. Et ça finira probablement tout aussi mal. »

« Je devine au loin, à travers le voile de brume, la découpe de la skyline de Manhattan, celle de Downtown, sur la gauche, portée vers le ciel par la tour One, la plus haute de toutes, et à droite celle de Midtown et Uptown… J'adore regarder cet horizon et réfléchir à la ville, à sa folie des grandeurs, à sa rage ascensionnelle, à toute cette condensation de gens, d'argent, de pouvoir. Bijou a raison, il y a trop de tout dans notre monde, on aurait pu faire avec beaucoup moins depuis deux siècles. C'est l'électricité qui a donné l'énergie nouvelle de consommation éperdue, et d'un coup le monde s'écroule, plus de jus, plus de courant, le silence et l'obscurité. Je devine les arbres, çà et là, tous ces squares et parcs qui irriguent Brooklyn dans son étendue infinie, eux n'ont besoin de rien d'autre que l'alternance de la pluie et du soleil pour traverser les siècles. Ils nous survivront. »

On suit le cours des pensées du narrateur qui revient sur sa vie, celle qu'il a vécue, celle qu'il aurait voulu vivre.

Sensible, touchant, troublant parfois et d'une très grande humanité, Neptune Avenue laisse entendre la voix mélancolique d'un homme qui regarde sa vie tout en observant Bijou, une jeune femme, elle, tournée vers l'avenir, vers un monde où l'on sait que l'argent et les biens ne sont plus tout à fait les clefs du bonheur… Le narrateur aimerait en faire son héritière en lui transmettant ce qu'il possède mais Bijou refuse cet argent, elle a d'autres valeurs, d'autres aspirations. Les mouvements incessants de la jeune femme s'opposent à l'immobilité de l'homme, coincé dans un passé qu'il n'a pas su (pu?) vivre et un présent dont il ne peut rien faire

Un livre sur le temps, la transmission (possible ou impossible), la maternité et la mort. Un très beau texte.

Je voulais aussi vous dire quelques mots sur les poèmes d'Émile Nelligan. L'auteur, né à Montréal en 1879, a souffert toute sa vie de troubles schizophréniques. Il a donc très tôt été interné. Lors de mon voyage au Canada, j'ai eu l'occasion d'entendre, par hasard, un de ses poèmes. Je vous le livre ici.



Un soir d'hiver



Ah ! comme la neige a neigé !

Ma vitre est un jardin de givre.

Ah ! comme la neige a neigé !

Qu'est-ce que le spasme de vivre 

À la douleur que j'ai, que j'ai !



Tous les étangs gisent gelés,

Mon âme est noire : où vis-je ? où vais-je ?

Tous ces espoirs gisent gelés :

Je suis la nouvelle Norvège

D'où les blonds ciels s'en sont allés.



Pleurez, oiseaux de février,

Au sinistre frisson des choses,

Pleurez oiseaux de février,

Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,

Aux branches du genévrier.



Ah ! Comme la neige a neigé !

Ma vitre est un jardin de givre.

Ah ! Comme la neige a neigé !

Qu'est-ce que le spasme de vivre 

À tout l'ennui que j'ai, que j'ai !...



On retrouve dans tout le recueil cette même beauté aux notes verlainiennes et baudelairiennes. Allez y jeter un petit coup d'oeil et dites-moi ce que vous en pensez !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Pour Isabel : Un mandala

Tabucchi, écrivain italien phare, souvent adapté au cinéma- notamment par Alain Corneau et son éblouissant Nocturne Indien- ne cesse de livrer des perles même après sa mort.



Illustration avec Pour Isabel, ce roman écrit sous forme de mandala écrit en 1996 exhumé après sa mort en 2012 et que Folio a ressorti pour ce début d'été 2017: un plaisir de redécouvrir sa voix singulière, et pleine de mystère qui ne peut se bouder



Pour Isabel est visiblement d'après l'éditeur un livre délibérément posthume puisque Tabucchi a expréssement voulu qu’on le publie après sa mort.



En neuf chapitres, qui sont autant de cercles, de plus en plus resserrés, le narrateur – un certain Waclaw Slowacki, venu de Sirius – tourne autour d’Isabel, figure de femme, énigmatique, aimée et disparue pendant la dictature de Salazar.



Un livre d'une poésie infinie et d'une élégance rares, porté d'entrée à la fois exigeante qu'accessible à l'oeuvre d'un auteur phare du 20ème siècle.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pour Isabel : Un mandala

Roman posthume de l'auteur et, à ce titre, l'on ne sait jamais si cette non-publication était volontaire, si l'auteur l'aurait publié ou l'aurait publié tel quel sans retouche.



La langue, j'ai la chance de le lire en V.O., et le style sont ceux auxquels Tabucchi nous a habitués, clairs, limpides, avec son amour pour le Portugal où il a vécu et pour l'Inde, à l'instar d'Herman Hesse.



Mais, il m'est resté un sentiment d'inachevé. Certes les cercles concentriques du mandala créent une unité, mais l'utilisation du je parfois pour des tiers parfois pour le narrateur embrouille quelque peu. Il manque des liants. Et l'onirisme dont l'auteur teinte son histoire m'a laissée de marbre. Donc, oui, j'ai aimé, mais ne referme pas ce livre avec l'enthousiasme que d'autres ouvrages avaient fait naître.
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Tout passe

Plusieurs nouvelles sur ce qui reste d'une vie. De courts récits où l'on devine plus qu'on ne touche du doigt les évènements d'une existence, où le dénouement offre une perspective inattendue sur le récit. Des situations mélancoliques, de personnages en transition, des histoires de famille qui cachent des gouffres. Les évènements marquants ne sont pas ceux que l'on croit. L'auteur a une écriture très abstraite et descriptive à la fois où une seule tache de couleur, une simple perception sensorielle suffisent à caractériser un personnage. Le caractère évanescent voire l'absurdité d'une existence s'imposent comme une évidence à la lecture de ces beaux textes.
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Pour Isabel : Un mandala

Le bon avec les bibliothèques c'est que vous tombez sur des auteurs et des livres que vous n'auriez probablement jamais eu l'idée de lire... Des textes parfois un peu anciens que vous ne trouveriez pas forcément dans les rayons des librairies plus orientées à nous vendre les dernières nouveautés littéraires. C'est donc une belle trouvaille que ce roman, construit autour de différents niveaux de rencontres - en cercles concentriques comme un mandala - autour de différents personnages, qui permettent au protagoniste principal, tel un détective, de se rapprocher d'Isabel. Une quête à la fois humaine et spirituelle, mais organisée comme un roman policier d'un style un peu rétro, basé sur la psychologie, le dialogue et l'intuition. Parce que l'important c'est de chercher, peu importe qu'on trouve ou qu'on ne trouve pas.
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L'ongle noir

Quatrième de couverture :

Semblable à un roi dépossédé qui erre dans son palais, le directeur d'un prestigieux Institut culturel français à l'étranger est accablé par l'exposition d'un artiste conceptuel dont les sculptures - vivantes - sont des chômeurs en fin de droit. Il fait chaud. Leurs ongles tardent à tomber... Conte cruel à la Swift, L'ongle noir est une satire féroce du monde moderne et des académismes, officieux ou non, qui tentent de le justifier.

Romancier, essayiste, Bernard Comment est également co-scénariste d'Alain Tanner. Il a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome.
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Tout passe

Petits textes courts porteurs chacun d'une atmosphère différente. Le fils qui à l'enterrement de son père découvre qui il était. L'homme qui enterre sa fortune pour que ses enfants n'en héritent pas. L'homme qui a tué sa femme à coup de marteau en apprenant sa maladie et qui refusait de la voir s'abandonner à d'autres hommes après lui. Un entraîneur de football qui abandonne son équipe pendant le match le plus important de la saison. Un homme qui vit sur un cargo échoué, seul. Chacun de ces textes est un univers à lui tout seul. A découvrir.
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Tout passe

Comment Bernard - "Tout passe" – Bourgois, 2011 (ISBN 978-2-267-02167-7)



La technique d'écriture est irréprochable, le rendu voulu est impeccablement obtenu, ainsi dans la première nouvelle du recueil, "Flottement", où le texte même rend bien la sensation de flottement dans la piscine de la vieille dame flottant aussi dans des bribes de souvenirs.

Dans la deuxième nouvelle, intitulé "Un fils", un homme d'une cinquantaine d'année apprend par un notaire que son père vient de décéder ; ce père l'avait abandonné dans sa jeunesse pas dans Babelio : tout en le maintenant tout de même comme son héritier aujourd'hui ; et finalement le notaire lui révèle que ce père avait fait faire des tests montrant que "son" fils n'était pas de lui].

Dans "Hors jeu", un entraîneur d'équipe de foot abandonne son poste au cours d'un match décisif, en passant par le zoo, [en se remémorant un air de Schubert apprécié de sa mère, qui avait acheté un petit piano blanc lorsque son mari l'avait abandonnée avec ses deux enfants.]

La nouvelle intitulée "Fugue" évoque par bribes les retrouvailles, après dix-ans d'absence, entre une femme devenue alcoolique et son ancien amant de jeunesse, Pierre.

La plus longue des nouvelles s'intitule "Ne rien laisser" : un homme devenu riche s'est mis en tête de ne rien, rien laisser de sa fortune à ses enfants. [Pour ce faire, il change tout ce qu'il peut en billets qu'il stocke dans des boîtes à biscuits au fond d'un tunnel creusé sous la pelouse, en sachant pertinemment que cet argent devient inutilisable avec les changements successifs de monnaies ; pour finir, il va vendre toutes ses propriétés et récupérer des sacs de billets.]

La sixième nouvelle intitulée "L'annonce" décrit le sort d'un mari tellement jaloux qu'à l'annonce de sa mort prochaine du cancer, il a assassiné son épouse qu'il aimait par-dessus tout pour qu'elle ne puisse pas refaire sa vie avec un autre [il s'avère que le médecin ayant posé ce diagnostic de cancer foudroyant s'était trompé].

Vient ensuite "En mer", récit d'un homme réfugié sur un rafiot cassé et qui voit arriver une ancienne connaissance devenue à peu près folle, souhaitant s'installer elle aussi dans ce bateau.

Dans "Corrections", un vieil écrivain quelque peu oublié s'est vu proposer un véritable pactole par une fondation états-unisienne désireuse d'hériter de toutes ses archives littéraires [ ; comme il écrivait pratiquement d'un seul jet et sans rature, il se met à confectionner de faux brouillons remplis de repentirs et d'annotations pour faire plaisir à ces américains].

La dernière nouvelle, "Panne", évoque une panne électrique dans une future bibliothèque entièrement électronique, rendant toute lecture impossible...

Ce recueil de nouvelles appelle quelques remarques décousues. Pratiquement tous les personnages masculins sont négatifs, mauvais, égoïstes si ce n'est malfaisants : chacun pour soi, la plupart des héroïnes féminines ont été abandonnées de leur mari ; telle est la mode aujourd'hui, cet auteur n'y coupe pas. Deuxième remarque : ces textes bien construits, qui se veulent de la grande littérature incontestablement bien écrite, évoquent le plus souvent des situations tellement originales que, même si elles peuvent surgir dans la réalité, elles sont en dehors de la vie courante, comme c'est le cas dans les nouvelles "En mer" ou "L'annonce" ou "Ne rien laisser" ; c'est là l'une des principales différences avec le roman policier ou le roman noir, deux genres qui s'attachent au contraire à malaxer la vie courante des gens ordinaires.

La nouvelle la plus drôle finalement est bien celle qui est intitulée "Corrections"...

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Pour Isabel : Un mandala

la recherche plusieurs années après d'une amie disparue, ceci sous forme de quête le héros va de témoins en témoins et le cercle se resserre de plus en plus pour un dénouement banal. Cependant le style est merveilleux et surtout pour l'ambiance (modiano) ou (l'ombre du vent). Un excellent moment pour un tout petit livre.
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Pour Isabel : Un mandala

Court roman de cet auteur italien qui s'est pris, dès son plus jeune âge, de passion pour le Portugal et ses auteurs, notamment Fernando Pessoa.

Ce court roman a été conçu comme un mandala: chacun des chapitres nous emmène, en une succession de cercles, vers le centre.

Au départ, Tadeus qui part, pour une raison inconnue à la recherche d'Isabel - femme énigmatique, disparue pendant la dictature de Salazar - et rencontre Monica... premier maillon qui le conduira plus loin dans sa recherche, vers un autre personnage qui, lui, lui donnera accès au suivant, etc.

D'une approche très concrète, par monts et par vaux, lors des cercles extérieurs, la recherche se fait plus de plus en plus mystérieuse et fantastique pour, au final, devenir presque complètement introspective.

J'ai été happée par la quête de Tadeus et complètement conquise par Tabucchi et l'incroyable ambiance qu'il parvient à distiller au fil des pages.

Deux bémols:

D'abord, j'aurais aimé que ce livre soit un peu plus long que ses 150 pages.

Ensuite, il s'agit d'un roman édité, selon les désirs de l'auteur, de façon posthume. Après recherche, il semble que ce livre forme une sorte de testament de l'auteur, regroupant quelques personnages de ses ouvrages précédents... ce qui me laisse à penser que je n'aurais, peut-être, pas dû commencer par celui-là.



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Pour Isabel : Un mandala

Romanzo postumo, abbozzato anni prima dalla sua scomparsa e ripreso poco prima dall’ autore, Per Isabel non è per questo meno piacevole o meno ben fatto che gli altri scritti di Tabucchi. Tabucchi sa scrivere e le pagine in cui parte alla ricerca di Isabel, non sono altro che una Ricerca del tempo perduto ( ma molto più godibili!), in cui dubbi irrisolti della giovinezza s’intrecciano con considerazioni dell’età matura, in una perpetua ricerca di se stesso. Facili da leggere e intriganti, le pagine scorrono sinuose lasciando lievi solchi da rigolo leggeri.

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Pour Isabel : Un mandala

Antonio Tabucchi a souhaité que ce « Pour Isabel » ne paraisse qu’après sa mort. C’est un livre qu’il a porté de nombreuses années et dans lequel il a réuni des personnages de ses anciens romans et ses thèmes favoris, comme la quête et la porosité entre les frontières du rêve et du réel.



Toutefois, même si l’on ne connaît pas l’œuvre de cet écrivain italien majeur fasciné par

Fernando Pessoa, le poète portugais, qu’il a traduit encore et encore durant toute sa vie, on peut lire aisément ce « Pour Isabel ».



C’est un texte magique qui, à la manière d’un conte et selon la construction d’un mandala, propose neuf cercles qui sont autant d’étapes de la recherche d’Isabel, disparue du Portugal sous la dictature de Salazar.



Le narrateur est un certain Waclaw Slowacki, venu de Sirius … c’est tout dire.



La quête commence dans un café de Lisbonne, le Tavares (miroirs dorées et sièges de velours), mais très vite le lecteur est entraîné à Macao, en Inde, dans les Alpes suisses au fil des rencontres : une nourrice, un prêtre, une astrophysicienne …



Texte fascinant que ce « Pour Isabel », car il ouvre mille et une voies à la rêverie, tandis que le ton de douce mélancolie et de légère dérision laisse le lecteur dans un état de grand bien-être et de reconnaissance.



« Obsessions privées, regrets personnels que le temps érode mais ne transforme pas, comme l’eau d’un fleuve émousse ses galets, fantaisies incongrues et inadéquation au réel, tels sont les principaux moteurs de ce livre. Mais je ne pourrais nier comme influence sur celui-ci le fait d’avoir vu un moine vêtu de rouge qui par une nuit d’été, avec ses poudres colorées, dessinait pour moi, sur la pierre nue, un mandala de la Conscience. »

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Tout passe

Voici donc mon avis sur chaque nouvelle :

==> Flottement:

Cette histoire là fait partie de celles que j’ai appréciées. J’ai trouvé cette vieille dame qui est à la piscine et qui réfléchit sur sa vie et sur ses secrets assez attachante. On arrive trop vite à la fin de cette nouvelle et on voudrait rester dans l’univers de cette personne.

==> Un fils :

C’est l’histoire que j’ai préférée de toutes. On se sent plus proche du personnage principal car la nouvelle est racontée de son point de vue. On ne peut que ressentir son malaise et le comprendre. J’ai également aimé le sentir très attaché à sa femme et à ses enfants même si ils n’apparaissent qu’un court moment.

==> Hors-jeu:

J’ai trouvé cette nouvelle très brouillon et j’ai eu beaucoup de mal à accrocher au point où je n’ai trouvé aucun intérêt à l’histoire.

==>Fugue:

J’ai bien aimé les personnages de cette nouvelle par contre j’avoue que la fin m’a laissée un peu sceptique je ne vois pas trop où l’auteur a voulu en venir. Peut-être que j’ai raté quelque chose en cours de lecture, je ne sais pas trop.

==>Ne rien laisser:

J’ai eu beaucoup de difficulté à accrocher à cette nouvelle ainsi qu’à ses personnages. J’ai eu cette impression qu’il manquait un petit quelque chose que j’ai du mal à définir.

==>L'annonce:

J’ai trouvé cette nouvelle très difficile à comprendre et je ne saurais pas vous en dire grand-chose.

==>En mer:

J’ai bien aimé l’histoire et le personnage principal qui nous raconte la nouvelle de son point de vue ainsi que Louise. Ces deux protagonistes ont un côté assez attachant. J’ai également beaucoup apprécie le fait que cette histoire soit découpée en petit chapitres.

==>Corrections:

J’ai beaucoup apprécié découvrir l’univers de cet auteur et de son manuscrit. Je dirais même que cette nouvelle fait partie de mes préférées également.

==>En panne:

Cet homme qui est perdu sans livres m’a bien plu parce que j’avoue que je suis un peu comme lui, quel ennui de me retrouver coincée quelque part sans avoir un bouquin sur moi.



En bref, comme vous pouvez le voir j’ai aimé certaines nouvelles et je n’ai pas du tout accroché à d’autres, mais j’ai envie de relire ce roman dans un autre état d’esprit, peut-être que ça me permettra de mieux accrocher. Si je devais vous faire un top 3 de ces différentes histoires, je mettrais en premier « Un fils », puis en deuxième position « Corrections » et, enfin, en troisième « En panne »
Lien : http://lestribulationsdunele..
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Les fourmis de la gare de Berne (Minizoé)

Intriguée par le titre et la couverture, ce livre m'a fait envie...

J'y ai découvert l'étonnante histoire de ce marginal de la gare de Berne qui avait des soucis avec des billets de 1000.- et l'histoire de M. Forel qui trône sur le dit billet.



Ce court roman m'a rappelé quelques souvenirs de noms de banques aujourd'hui disparues ainsi que des monnaies n'ayant plus cours...



Une manière de voir la société suisse que j'ai trouvé intéressante à découvrir.

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Tout passe

Recueil plutôt sympathique
Lien : http://paysdecoeuretpassions..
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Tout passe

Dans ce recueil, neuf nouvelles au ton mélancolique mettent en scène des personnages impactées par la question que laissera-t-on après nous ? Si les empreintes du temps qui passe marque notre corps, si notre façon de concevoir le présent et nos actions passées évoluent, à un moment donné cette question nous effleure tous l’esprit. Un fils distant assiste à l’enterrement d’un père peu connu, un homme enterre dans son jardin son argent, une femme fugue pour retrouver les souvenirs de sa mémoire.





La suite sur :

http://fibromaman.blogspot.com/2011/12/bernard-comment-tout-passe.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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