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videos08 septembre 2022
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Enseignement 2016-2017 : de la littérature comme sport de combat
Titre : Introduction

Chaire du professeur Antoine Compagnon : Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie (2005-2020)

Cours du 3 janvier 2017.

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Le cours de cette année répond à celui de 2014 qui portait sur la « guerre littéraire » de 1914-1918, c'est-à-dire sur l'inscription de la réalité de la guerre dans les oeuvres, et sur les différentes postures, souvent paradoxalement pacifiques, que l'expérience de la guerre a prescrites aux écrivains. Il s'agira cette année au contraire d'envisager la production littéraire comme lieu d'une conflictualité sui generis, tantôt sur le mode d'une détermination au combat d'idées, tantôt sur le mode d'une compétition pour la survie au sein de ce que Pierre Bourdieu, dans Les Règles de l'art, a décrit comme le « champ » littéraire. Il s'agit aussi de faire un sort à une figure rencontrée dans le cours de 2016 : celle du crochet de l'écrivain chiffonnier, mise en place par Baudelaire, et qui pouvait toujours se retourner en arme. À partir de Baudelaire et en remontant dans la modernité littéraire, on découvre une généalogie d'images : la plume-épée des Dialogues et entretiens philosophiques De Voltaire, ou la plume de fer par laquelle, bien avant l'apparition de l'objet industriel lui-même, Ronsard décrit son ambition de défense d'une France royale et catholique, dans la Continuation du Discours des misères de ce temps (1563).

La création littéraire se définit régulièrement par comparaison avec les sports de combat, et même plus généralement avec le sport, en tant que le sport a rapport au combat, c'est-à-dire à la compétition. Il y a, chez elle aussi, des championnats, des prix, la possibilité d'un dopage. Tout jeune écrivain, avertit Fontenelle, doit se préparer à entrer en lice ; Maurice Barrès lui-même, qui s'est beaucoup tenu à distance des accidents de la camaraderie littéraire, a l'impression de rejoindre un « match professionnel » au moment de rendre compte de son exploration de l'Égypte. Tous les grands écrivains du XIXe siècle, à peu d'exceptions près, se sont battus en duel, comme si ce moment de duel révélait la valeur agonistique latente de la littérature. La littérature, plutôt ou autant qu'au loisir (otium), n'aurait-elle pas rapport au negotium, au remue-ménage ? La pacification, la consolation comptent parmi ses opérations possibles, mais leur inverse paraît une tendance constitutive de la création et de l'existence littéraire.

L'abbé Irail, dans ses Querelles littéraires (1761), s'intéressait à la figure d'Archiloque, tout à la fois premier poète lyrique et premier poète satirique, qui fait de la poésie avec sa colère et son désir de vengeance. le génie et la querelle sont liés : il n'y a pas eu de siècle de grand talent, observe-t-il, qui ne fût un siècle de grande agitation et de grande jalousie entre les écrivains. Comme dans la théorie économique de Bernard Mandeville, il semble que, dans les arts, les vices privés servent le bien général et que le florissement d'une culture repose sur la querelle permanente de ses représentants.

Notre rapport à la littérature reconnaît implicitement une telle dimension pugilistique, proprement romantique ; c'est la règle du winner takes all. Pierre Bourdieu et Harold Bloom ont été les théoriciens de cette difficulté de survivre en littérature, et de cette dynamique réelle de la littérature, bien différente d'un glissement naturel d'âges, qui fait se heurter d'une part les gloires littéraires acquises, pour qui l'urgence est de durer, d'autre part les aspirants à la gloire, qui savent qu'ils n'acquerront le droit de durer qu'en rejetant leurs prédécesseurs dans le passé.

Sportifs, escrimeurs, prisonniers : ce sont plusieurs figures, au sens de Roland Barthes, de cette agonistique motrice de la vie littéraire entre la Restauration et le Second Empire, qui seront envisagées tout au long du cours.

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videos07 mai 2022
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« Tous les animaux qui n'ont point reçu d'éducation, uniquement attentifs à se procurer des plaisirs, suivent naturellement la pente de leurs inclinations, sans s'embarrasser si ce qui les accommode fait du bien ou du mal aux autres. de là vient que dans l'état de Nature, les créatures qui raisonnent le moins, et qui ont le moins de désirs, sont les plus propres à vivre paisiblement ensemble. Il semblerait donc que naturellement il n'y aurait point de créature qui fût moins capable de vivre longtemps en société que l'homme. Cependant les qualités bonnes ou mauvaises sont de telle nature qu'il est le seul être que l'on puisse jamais civiliser. Mais il faut pour cela le gêner par un certain gouvernement, et le régler par des lois. On peut encore, il est vrai, le dompter par un pouvoir supérieur. Mais il s'aime trop, il a trop de fierté, il est trop rempli de ruses, pour être rendu traitable, et pour être perfectionné autant qu'il peut l'être par la force seule. Pour en venir à bout, il faut le prendre par son foible.
[…] » (Bernard Mandeville [1670-1733], Recherches sur l'origine de la vertu morale, in La fable des abeilles, ou les fripons devenus honnêtes gens, traduit de l'anglais, tome second, à Londres, aux dépens de la compagnie, 1740.)

«  […] Si j'avais eu dessein d'écrire pour les esprits médiocres, je me serais bien gardé de choisir le sujet que j'ai traité. […]
[…] C'est d'ailleurs un livre dont la morale est également sévère et sublime. J'y donne une épreuve difficile de la vertu. En indiquant un grand nombre d'actions très criminelles qui passent dans le monde pour très bonnes, je distingue la vertu d'avec ce qui n'en a que l'apparence, et je fournis une excellente pierre de touche pour faire un distinction si utile. On y décrit la nature et les symptômes des passions humaines, et on y expose leur force et leurs déguisements. L'amour-propre y est suivi pas à pas jusque dans ses plus ténébreuses retraites. J'ose dire qu'il n'y a aucun système de morale qui soit aussi exact que le mien, sur cet important article.
[…] J'ai reconnu, il est vrai, que j'étais dans l'idée, « qu'il était impossible qu'aucune société s'enrichît et se conservât pendant un temps considérable dans cet état florissant, sans les vices des hommes. » Mais ce n'a été qu'après avoir assuré, que je n'avais ni avancé, ni cru que l'on ne pût tout aussi bien être vertueux dans un royaume riche et puissant, que dans la plus pauvre de toutes les républiques. […]
[…] « Quand je dis que les sociétés ne peuvent pas être tout à la fois exemptes de vices et riches, ordonnai-je aux hommes d'être vicieux ? Non sans doute. […] »
« […] ceux qui trouvent toujours des vices dans les autres hommes, apprendront, en lisant cette pièce, à jeter les yeux sur eux-mêmes, à examiner leur conscience, et à rougir de ce qu'ils blâment toujours les choses dont ils se sentent eux-mêmes coupables. En second lieu, ceux qui aiment passionnément l'aise et les plaisirs, et qui recherchent avec tant d'empressement tous les avantages qui accompagnent la grandeur et la prospérité d'un peuple, apprendront à supporter plus patiemment des défauts auxquels nul gouvernement sur la Terre ne peut remédier. Ils verront qu'il est impossible de jouir de ces avantages qu'ils recherchent, sans avoir part aux maux qui les suivent.
[…] « Je conclus cet ouvrage en répétant le paradoxe qui est la substance de ce qui est avancé dans le titre, que les vices des particuliers ménagés avec dextérité par d'habiles politiques, peuvent être tournés à l'avantage du public. »
Ce sont là les dernières paroles de l'ouvrage que je défends, elles en font même une partie inséparable.
[…] » (Bernard Mandeville, Défense de la fable des abeilles, in La fable des abeilles, ou les fripons devenus honnêtes gens, traduit de l'anglais, tome second, à Londres, aux dépens de la compagnie, 1740.


0:04 - La fable des abeilles
22:46 - Générique

Référence bibliographique : Bernard Mandeville, La fable des abeilles, ou les fripons devenus honnêtes gens, traduit de l'anglais, tome premier, à Londres, aux dépens de la compagnie, 1740
https://www.e-rara.ch/zuz/content/zoom/8496443

Image d'illustration :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/40/Unknown_man%2C_formerly_known_as_Sir_James_Thornhill_by_John_Closterman.jpg

Bande sonore originale : Carlos Viola - Wright's Riddle

Site :
https://thegamekitchen.bandcamp.com
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