Bert Hellinger

Les moutons noirs d'une famille sont en fait des libérateurs de leur arbre généalogique.
Les membres de la famille qui ne s'adaptent pas aux règles ou aux traditions familiales, ceux qui cherchent constamment à révolutionner les croyances.
Ceux qui choisissent des routes contraires aux chemins tout tracés des lignées familiales, ceux qui sont critiqués, jugés et même rejetés.
Ceux-là sont appelés à libérer la famille des schémas répétitifs qui frustent des générations entières.
Ces soi-disant "moutons noirs", ceux qui ne s'adaptent pas, ceux qui hurlent à la rébellion, en réalité, réparent, détoxifient et créent de nouvelles branches florissantes dans leur arbre généalogique...
D'innombrables désirs non réalisés, de rêves inachevés ou de talents frustrés de nos ancêtres se manifestent à travers cette révolte.
Par inertie, l'arbre généalogique fera tout pour maintenir le cours castrant et toxique de son tronc, ce qui rendra la tâche du révolté difficile et conflictuelle...
Arrêter de douter et prenez soin de votre "rareté" comme étant la fleur la plus précieuse de votre arbre.
Vous êtes le rêve de tous vos ancêtres.

Bert Hellinger, psychothérapeute, inventeur des "constellations familiales".

Votre oeuvre est très discutée. Comment réagissez-vous à la critique ?
C'est très simple : si elle contribue à faire du bien, je l'accepte.

Le bien, c'est ce qui soulage, console et éjouit, ou atténue la souffrance. Mais je constate parfois qu'il vaut mieux se tenir à l'écart, ne pas intervenir? Le bien, ce n'est donc pas toujours faire le bie,, c'est encore s'en abstenir.

Dès qu'on remarque de la confusion dans le groupe ou que celui-ci ne fonctionne pas comme il devrait, il faut tout d'abord rechercher si quelqu'un en a été exclu. On l'y réintroduit alors.

Est-il possible de modifier le cours du destin ?
Evidemment. Modifier le cours du destin, ce n'est pas s'y opposer ! Parfois, c'est le destin lui-même qui porte en soi ce qui en corrigera le cours. Mais si je vois que le temps n'est pas venu, je n'interviens pas.

Le destin, c'est encore accepter les conséquences de ses actes et sa culpabilité. C'est accepter qu'on a tel conjoint, telle profession et les enfants qu'on a. C'est consentir à ce qu'on ne vive pas éternellement et qu'on ne puisse éviter les échecs Tout cela fait partie du destin personnel? Je n'interviens pas. Je fais ce que le client doit faire : je dis oui à ce destin. Et, ce faisant, je suis en mesure d'apporter mon aide au client dans le cadre des limites qui sont les siennes.

Chacun de nous a-t-il une mission à remplir ?
C'est un bien grand mot. Je dirais plutôt que nous sommes tous au service de quelque chose. Il faut comprendre cela comme un but vers lequel nous dirigerions nos pas. Nous sommes tous aussi limités par les circonstances, la maladie, notre constitution, le pays où nous sommes nés, le peuple qui est le nôtre. C'est dans le cadre de ce donné que nous nous épanouirons. C'est en agréant ces limites que nous tirerons la force de réussir notre vie.En tant que thérapeute, je m'engage à discerner où la voir d'un client le mène et à en voir les limites. Et je l'amène à accepter ces limites. Je l'empêche de se faire des illusions.

Où commence le patriarcat ?
Il y a prédominance de l'homme et oppression de la femme surtout dans la vie publique. Qu'il y ait actuellement un courant dans l'autre sens, qui veuille rendre sa dignité à la femme justement dans la vie publique, est vraiment un grand progrès. La prédominance de l'homme dans la vie publique est en rapport avec celle de la femme dans la famille. Le fait que ce soit la femme qui domine dans la famille mène l'homme à vouloir s'imposer au dehors. On constate ici encore le besoin de rétablissement de l'équilibre.

Je n'aime pas les considérations d'ordre général. Loin de moi l'intention de poser en forme ce que je ne fais que constater dans le domaine thérapeutique, où les effets sont contrôlables. En travaillant avec des familles, je me demande toujours où et comment il faut placer les membres pour qu'ils se sentent bien. Est-ce l'homme ou la femme qu'il faut mettre devant ? Je cherche la réponse lors des mises en place systémiques. Dans 70% des cas, les membres de la famille sont plus à l'aise quand le père est mis devant, dans 30% des cas seulement quand c'est la mère.

La vision holistique du réel inclut ce qui est perdu, même si cela n'existe plus ou ne peut plus être rappelé à la vie.

Il n'y a surabondance de vie que sur les rivages de la mort. Disons-le tout cru : c'est parce que les progrès de la médecine nous préservent d'une mort prématurée que la plénitude nous est refusée.

Il va de soi que la femme, en raison de l'expérience quelle fait de la grossesse et de l'accouchement, prend conscience de sa signification. Elle n'est pas imbue de sa personne, elle est consciente de sa signification. Le vécu de l'homme n'a pas cette  profondeur. Il la cherche d'une autre façon. Il lui faut toujours mettre sa virilité à l'épreuve, ce dont la gemme n'a pas besoin. C'est le plus souvent dans la société d'autres hommes qu'il le fait.

L'homme et la femme n'ont pas la même portée. Les femmes ont en général une plus grande densité. Je dirai qu'elles sont comme plus centrées en elles-mêmes. L'homme est plus souvent au service de la femme qu'inversement. on le sait au sein des familles.

C'est bien plus souvent la femme qui tient la clé de la solution que l'homme.

... le mode de gouvernement qui règne au sein de la famille, c'est le matriarcat ! La femme en forme le centre et c'est elle qui décide.

En ce qui concerne l'éducation des enfants, on la pense presque toujours plus compétente que l'homme. On le voit lors des divorces. Les enfants sont presque automatiquement confiés à la charge de la mère, et le père s'en va les mains vides. La dignité de la personne humaine en lui est bafouée.

Le bonheur est le fait de l'âme.

... en observant les familles, on se rend compte que c'est la femme qui a la première place, et non pas l'homme. C'est en général la femme qui tient le gouvernail dans la famille, ne serait-ce parce qu'elle se pense supérieure à l'homme. Mais elle ne peut le faire que si elle est consciente de son pouvoir.

On peut dire que les enfants sont heureux lorsqu'ils sont plongés dans leur jeu. Les amoureux sont heureux. Tout cela est admirable. Mais ce qui nous comble, c'est autre chose. C'est briner à l'unisson et avec ce qui nous dépasse, fût-ce la douleur et la mort. Nous sommes alors recueillis, calmes, forts. C'est quelque chose de silencieux. Le bonheur est une conquête. Ce n'est pas l'abnégation. Le bonheur à quelque chose à voir avec la force.

Le bonheur à quelque chose à voir avec la force.