AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Boubacar Boris Diop (74)


La radio-télévision libre des Mille Collines dit : « Mes sœurs hutu, faites-vous belles, les soldats français sont là, vous avez votre chance, car toutes les jeunes filles tutsi sont mortes ! »
Commenter  J’apprécie          00
Selon Spinoza, les idées vraies sont simples, positives, vivantes, tandis que les idées fausses sont confuses, négatives, morbides. C'est pourquoi il ne faut pas perdre son esprit dans la négation mais chercher ce qui exalte. Alors pourquoi traiter de Négrologie ? Peut-être qu'en opposant la négation au sordide on atteint mathématiquement une certaine élévation. Peut-être qu'en débrouillant le confus on découvre le simple, donc le vrai. Une fois la première stupéfaction passée, à lire ce qu'on lit, à entendre ce qu'on entend de ce que a lu, on prend conscience qu'on se trouve face à une machine de guerre et qu'il serait lâche de ne rien dire. Cette machine avance sous sa tenue de camouflage. Malgré cela elle ne saurait tromper grand-monde. Cela permet juste de sauver la bonne conscience des faux naïfs. (11)
Commenter  J’apprécie          00
Aussitôt après avoir posé la question, j’ai compris qu’il voulait parler de la mallette. Cette fois-là, j’ai ri de non cœur. Ce vieux m’était décidément sympathique. Quant à lui, ses yeux pétillaient d’une malice quasi enfantine. C’était vraiment un homme extraordinaire. Cela ne m’étonne pas aujourd’hui que sa fille Mumbi ait fini par tenir l’ancien président sous son pouvoir. J’avais compris dès cette époque que nous n’en finirions pour ainsi dire jamais avec le meurtre de Kaveena. C’était simple : Castaneda n’a pas eu de chance. Il n’a juste pas tué la bonne petite fille.
Commenter  J’apprécie          00
Le quatrième génocide du siècle restait une énigme et peut-être fallait-il en chercher la clé dans la tête d’un fou ou dans les mystérieux mouvements des planètes. Cette orgie de haine allait très loin au-delà de la lutte pour le pouvoir dans un petit pays. Il songea à un Dieu soudain pris de démence, écartant les nuages et les étoiles à grands gestes rageurs pour descendre sur la terre du Rwanda.
Commenter  J’apprécie          00
Tu sais, ce n’est rien, le sang, les poètes ont fini par le rendre presque beau. Verser son sang pour la Patrie. Le sang des Martyrs. Tu parles. Cela ne dit rien, Cornelius, de l’urine et des excréments répandus par terre, des vieilles femmes qui courent toutes nues, du bruit des membres que l’on fracasse et de tous ces regards hallucinés, des gaillards qui se servent des blessés comme boucliers contre les machettes, cela ne dit rien de tous ces malheureux qui se méprisent si forts entre eux qu’ils ne songent même pas à haïr leurs bourreaux. Je les ai entendus supplier, au contraire, de leur laisser la vie sauve. Les Interahamwe étaient vêtus de guenilles, ils puaient la mauvaise bière, mais c’étaient des dieux, car ils avaient le pouvoir de tuer, personne n’était capable de les en empêcher, et il fallait voir leurs victimes aux faces émaciées leur ouvrir les bras dans un geste d’amour désespéré ! A Bisesero, les choses ont été différentes. En résistant aux tueurs, nous les avons obligés à rester des êtres de chair et de sang comme nous. Ils avaient peur de mourir, ces délicats. La seule idée d’avoir quelques bobos leur était insupportable, cela ne faisait pas partie du jeu, leur plan était d’égorger des innocents, d’aller se payer du bon temps, de se transporter ailleurs pour supplicier d’autres innocents et ainsi de suite. Nous leur avons fait sentir que ce n’était pas si simple. Sur cette colline de Muyira, chacun de nous pouvait lire dans le regard de l’autre la fierté de se battre, de refuser de se laisser docilement conduire à l’abattoir comme du bétail. Oh oui, j’ai vu la différence. Et toutes les belles paroles des poètes, Cornelius, ne disent rien, je te le jure, des cinquante mille façons de crever comme des chiens, en quelques heures.
Commenter  J’apprécie          00
Siméon parla encore des massacres organisés après la mort du président Habyarimana. Qui était responsable de ces actes barbares ? Il avait entendu accuser les étrangers. Certains disaient : tout cela est leur faute. C’était peut-être vrai. Pourtant, lui Siméon voulait, encore une fois, qu’on lui explique l’allégresse des tueurs à Kibungo, à Mugonero ou à Murambi. Leur avait-on aussi ordonné d’être joyeux ? Il croyait connaître l’histoire du Rwanda, mais il n’y voyait rien qui pût justifier une haine aussi féroce. Dans le passé, les étrangers avaient dit aux Tustsi : vous êtes si merveilleux, votre nez est long et votre peau claire, vous êtes de grande taille et vos lèvres sont minces, vous ne pouvez pas être des Noirs, seul un mauvais hasard vous a conduits parmi ces sauvages. Vous venez d’ailleurs. De quoi fallait-il s’étonner le plus ? De l’audace de ces étrangers ou de l’incroyable stupidité des chefs tutsi de cette époque ? Pourtant, ajouta Siméon, il ne servait à rien de gémir, couché par terre. Le vainqueur ne regrettera pas pour autant d’avoir été le plus fort. Il ne dira pas : excusez-moi d’avoir conquis votre pays, c’était une erreur, je suis sincèrement désolé. Il ne pensera même pas avoir commis un crime en s’emparant de vos biens par la force. Non, celui qui a lutté pour soumettre une nation par la ruse ou la cruauté n’a rien à se faire pardonner. Il n’aura pas honte de ses succès. Cela ne s’est jamais vu dans l’histoire des hommes.
Commenter  J’apprécie          00
Quand j’étais jeune, c’est ainsi que les choses ont commencé. Après avoir détruit cette maison, vous allez rentrer chez vous. En chemin, certains diront : ici habite un Hutu, pour nous venger prenons ses biens et tuons ses enfants. Mais après, vous ne pourrez plus vous arrêter pendant des années. Je veux vous dire ceci : vous avez souffert mais cela ne vous rend pas meilleurs que ceux qui vous ont fait souffrir. Ce sont des gens comme vous et moi. Le mal est en chacun de nous. Moi, Siméon Habineza, je répète que vous n’êtes pas meilleurs qu’eux. Maintenant, rentrez chez vous et réfléchissez : il y a un moment où il faut arrêter de verser le sang dans un pays. Chacun de nous doit avoir la force de penser que ce moment est arrivé. Si quelqu’un parmi vous n’a pas cette force, c’est qu’il est comme un animal, il n’est pas digne d’être appelé un humain. La maison de mon frère ne sera pas détruite. Elle va accueillir tous les orphelins qui traînent dans les rues de Murambi. Et je vais vous dire une dernière chose : que pas un de vous n’essaie, le moment venu, de savoir si ces orphelins sont twa, hutu ou tutsi.
Commenter  J’apprécie          00
Quel mauvais Dieu est donc le tien, homme blanc, pour que tu ne puisses me le faire adorer que par la force et non par la persuasion !
Commenter  J’apprécie          00
Notre problème, ce n’est peut-être pas notre pauvreté, mais nos riches.
Commenter  J’apprécie          00
Le gouvernement refusait de sombrer dans le pessimisme et le thèse officielle se résumait à ceci : certes, pendant plusieurs siècles, des étrangers avaient soumis le pays à leur loi de fer et personne n'avait réussi à les bouter dehors. C'était entendu. Mais, en cherchant bien, on trouverait sûrement quelqu'un qui avait au moins essayé. Alors il fallait chercher, en laissant de côté les préjugés et les fanfaronnades, selon les méthodes éprouvées de la science historique moderne.
Le projet de dépistage d'un héros, en dépit de son originalité, entrait dans le cadre des accords de coopération avec l'ancienne puissance coloniale. Celle-ci s'engagea à financer, pour quelques centaines de millions, la construction d'un grandiose monument en l'honneur de l'hypothétique résistant inconnu.
Commenter  J’apprécie          00
Ne t'en fais pas Sera. Ils savent que le monde entier les observe, ils ne pourront rien faire.
Commenter  J’apprécie          00
Si jamais le Rwanda avait été ce lieu paisible et lumineux où le dieu Imana venait se reposer après chaque coucher de soleil, il avait cessé de l'être depuis longtemps en 1998 : la mort continuait à rôder partout, l'odeur des corps en décomposition prenait toujours à la gorge, et les survivants n'avaient pas encore émergé de leur longue sidération.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Boubacar Boris Diop (431)Voir plus

Quiz Voir plus

Comment te dire Adieu ?

Tous les garçons et les filles de mon âge Se promènent dans la rue deux par deux Tous les garçons et les filles de mon âge Savent bien ce que c'est d'être ...?...

deux
affreux
heureux
vieux

10 questions
149 lecteurs ont répondu
Thème : Françoise HardyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}