Citations de Brian Panowich (122)
Cette terre est ancrée en eux. Ce n'est pas une chose qu'ils ont méritée, ou remportée après une lutte. Ils sont nés là, et ils sont prêts à tout si on menace de leur prendre ça. Ca fait partie intégrante de qui ils sont -- de qui nous sommes.
- Je suppose, oui.
- Je déteste ce mot.
- Lequel ?
- Supposer. Soit vous comprenez, soit vous ne comprenez pas. C'est un mot inutile que les gens balancent pour faire prétentieux. Vous voulez jouer à ça avec moi, monsieur Wilcombe ?
Elle avait les traits tirés et burinés par les années, le stress et les cigarettes, mais Clayton vit dans ses yeux qu’elle avait été belle. On l’avait dépouillée de sa beauté comme on arrache le charbon à la terre, ne laissant rien qu’une coque vide et desséchée où plus rien ne repousse.
Elle ferma les yeux et se balança doucement, en silence, attentive aux bruits nocturnes de la montagne qui se battaient pour la bercer.
Ce moment partagé de tristesse infinie oppressa Kate au point de lui couper le souffle. C'était la tristesse due à ces étapes qui, une fois franchies, vous menaient là où vous ne pouviez plus retrouver le chemin de votre maison.
-- Toutes mes excuses, monsieur Burroughs. Si j'avais su que vous viendriez avec un ami de couleur, je vous aurais prévenu.
-- Mais puisque nous venons de Géorgie, vous vous êtes dit qu'on se baladait tous avec une capuche blanche, pas vrai?
Seuls de minces rais de lumière perçaient l’épais feuillage des chênes et des pins sylvestres. Gamin, Rye croyait que ces rayons qui le réchauffaient étaient les doigts de Dieu, descendus jusque-là pour bénir cet endroit – pour veiller sur sa maison.
Le soleil avait déjà décliné dans les plaines, mais à cette altitude, le ciel était encore orangé derrière les crêtes des Blue Ridge Mountains qui se succédaient à perte de vue. Le feu du couchant berçait lentement les géants, dérobait leurs détails. Les arêtes et les ravins avaient disparu, ne laissant que les Goliath de pierre se dresser dans le lointain. C'était beau - et révélateur. Ce ciel ne durerait que quelques minutes. C'était l'exemple parfait de la fugacité de la beauté par ici, qui ne tardait jamais à être engloutie par les ténèbres.
Il posa son gobelet sur la table de la salle d'attente et feuilleta un exemplaire de Cycle World, en regardant à la dérobée la seule chose qui en valait la peine dans cette pièce, la bombe aux cheveux de jais assise derrière l'accueil.
Il savait que toute cette histoire de récompense qui nous attendait dans l'au-delà, c'était des conneries. Mort, ça voulait dire mort - ni plus, ni moins. Mort, c'est tout. Ceux qui prétendaient en savoir plus long sur le sujet étaient rien que des pauvres gourdes qui voulaient donner du sens à leur vie parce qu'elle rimait à rien.
Juste là, de l'autre côté du jardin et de la clairière qui s'étendaient devant elle se trouvait la vie dont elle rêvait depuis presque dix ans. Une vie qu'elle avait méticuleusement préméditée. Une vie pour elle et son fils, loin du sang et de la colère qui composaient son univers. L'air de l'extérieur refroidit sa nuque humide de sueur et elle s'autorisa à nouveau à inspirer à fond.
Serait-il l'homme au sommet de la montagne ou celui qu'elle écraserait ?
- C'est un connard.
Nicole se pencha près de son oreille.
- Merde shérif, montrez-moi un mec bourré qu'en est pas un.
Femme sans soucis, vie sans soucis.
Ça c'est un lion, dit-elle en appuyant sur le tatouage. Paresseux - arrogant - faible. Tous ceux qui savent lire savent aussi que ce sont les lionnes qui chassent et tuent.
Elle avait entendu dire un jour que la définition de la folie, c'était faire la même chose plusieurs fois, encore et encore, et s'attendre à des résultats différents. Si c'était vrai, alors son mari était fou. Mince, elle l'était peut-être aussi. Après tout, cette histoire d'homme de loi était son idée.
La terre froide. C'était l'odeur qui régnait le matin sur la montagne. L'air était tellement saturé de cette odeur de terre humide que ça bouchait le nez de Gareth.
Le simple fait qu'une chose ne nous tue pas ne veut pas nécessairement dire qu'elle nous rend différent.
Il arrive que le monde rassemble la juste dose de vice pour nous amener aux portes de la mort, mais qu'on ne meurt pas. On continue, on se remet. Et ce rétablissement n'est pas le résultat d'une nouvelle force intérieur, ce n'est que le refus obstiné de souffrir davantage.
Ce qui ne nous tue pas nous anesthésie, ça cadrait mieux avec la réalité.
- Tu sais Choctaw, je te trouve bien prompt à juger pour quelqu'un qui est issu d'une minorité.
- Mais chef, je suis amérindien qu'à cinquante pour cent. Pour le reste, je suis cent pour cent plouc à l'ancienne.
- ça fait cent cinquante pour cent.
- Hum.
Elle ferma les yeux et se balança doucement, en silence, attentive aux bruits nocturnes de la montagne qui se battaient pour la bercer.